Disparition d’îles.
Belle-île-en-Mer, si joliment chantée par Laurent Voulzy, ou l’île de Sein, en font partie. Les îles du Ponant sont une série de petites terres émergées au large de la Bretagne. L’une de ces îles est en cours de disparition: l’île Molène, à hauteur de Brest et du Finistère, et au sud-est d’Ouessant.
« Célèbre dans le pays de Trébeurden (Côtes-d’Armor) en Bretagne, l’île Molène vit ses dernières années avant d’être engloutie par les flots. Cet îlot ne fait plus que trois cent mètres de long sur cent mètres de large à la suite d’une tempête en 2016. »
En 2016 une tempête a chassé plus de 10 % de sa réserve de sable et de dunes. L’île est considérée comme perdue.
« Ce minuscule bout de sable ne peut être protégé des vagues et de la montée des eaux engendrée par le dérèglement climatique, déplore la géologue : «il n'y a rien à faire, on est face à des cycles» et estime «qu'elle disparaîtra dans moins de 30 ans».
Le réchauffement ne serait qu’un cycle, et donc destiné à se résorber? Une autre raison plus probable est l’extraction massive de sable coquillier dans la baie proche de Lannion. Car l’extraction de sable dans la mer, proche des côtes, peut changer la topographie sous-marine, déranger les courants et accentuer l’érosion.
Cela dit, pour que l’île Molène disparaisse il faut engloutir une hauteur de 26 mètres. Si l’on considère par exemple que l’océan est monté d’environ 20 cm en 150 ans, il faudra 15 000 ans pour qu’elle disparaisse.
Est-ce la variation climatique qui est à l’oeuvre ici? Peut-être. Difficile à certifier. Les îles au vent, peu protégée des tempêtes, des houles et des grandes marées, sont naturellement vulnérables à l’érosion.
On a évoqué comme explication de cette érosion l’augmentation des tempêtes. Mais le document de météoFrance en image 3 ne montre pas d’augmentation. D’autre part laBretagne est la région la plus exposée de France aux tempêtes après le nord de la Corse.
La disparition d’îles n’est pas nouvelle. Ainsi Holland Island, petite île située au bout du fleuve Susquehanna dans la baie de Chesapeake, en face de la ville de Washington. L’île disposait encore en 1900 d’une école, d’une église, et de nombreux bâtiments.
Ses habitants l’ont abandonnée en 1920 car l’île s’enfonçait sous le coup des tempêtes et des pompages des nappes phréatiques. L’océan n’ayant alors monté que d’environ 20 cm depuis que la Terre est sortie du Petit Âge de Glace, et l’île atteignant au maximum 41 mètre d’altitude, on peine à imaginer que cette élévation ait eu raison d’un rocher sableux haut de 41 mètres et d’une étendue non négligeable.
Cet article dit que l’élévation du niveau des océans était alors en cause. Cela se discute. À cette époque la montée était très faible. Comment cette ile culminant à 41 m aurait-elle pu être avalée par la montée des eaux, mais pas les terres alentour?
Selon cet article l’érosion dure en fait depuis des milliers d’années. L’île est morte de sa mort naturelle, y ajouter le réchauffement semble plus un effet du hasard qu’une réalité pertinente.
« Le socle rocheux sous le Chesapeake Bay la région s’enfonce depuis l’ère glaciaire, et l’île Holland était faite d’argile et de limon. Ces facteurs ont rendu l’île plus sensible aux tempêtes et aux marées, qui ont érodé la terre, provoquant l’île à disparaître. Mais avec le changement climatique, les eaux ont également augmenté. Dans la baie de Chesapeake, les niveaux d’eau ont augmenté d’environ un pied (20,5 centimètres) au cours des années 1900, soit environ deux fois plus vite qu’au cours des milliers d’années précédentes. »
20 cm pour anéantir une structure de 46 mètres, je pense qu’il y a matière à discussion. L’histoire de Holland Island est celle d’une courte période de terre habitée par l’homme, une communauté de pêcheurs.
« En 1910, l’île comptait près de 360 personnes, 60 maisons, sept magasins, une église et une école de deux pièces, selon les dossiers. Mais au début du 20 ème siècle, les vagues d’ouest dans la baie se rapprochaient des maisons en bois des insulaires. Les familles ont remarqué et ont commencé à s’éloigner. »
« Les gens parlent de l’élévation du niveau de la mer, mais pour nous, qui vivons ici depuis des générations, ce n’est pas nouveau", dit Todd. "Nous avons eu l’érosion et l’élévation du niveau de la mer pendant 200 ans. Les communautés balnéaires y ont fait face. .. On peut littéralement le regarder. »
Holland Island et l’île de Molène sont situées dans des bassins où l’on a extrait le sable du sol. La consommation de sable est actuellement énorme sur Terre: pour la construction, la poldérisation, et de nombreuses autres utilisations industrielles.
L’extraction de sable modifie la ligne de côte et le sol sous-marin, la faune et la flore, et peut réorienter des courants locaux. On a heureusement découvert que le sous-sol marin peut se reconstituer.
L’enfoncement des iles a donc plusieurs causes possibles. Faute de mieux on y colle le réchauffement. Ça ne mange pas de pain.
À croire que l’érosion vient d’être inventée.
Commentaires
Il n'y a en effet pas forcément de corrélation entre le recul de la côte et la montée des eaux résultant du réchauffement et de la fonte des glaces. Dans mon coin de Bretagne, je vois en certains endroits un recul du rivage, et dans d'autres (à quelques dizaines de km.) une avancée de la plage. Il y a donc d'autres facteurs qui expliquent ce phénomène.
La région a beaucoup bougé. La mer allait à l'intérieur des terres il y a quelques siècles.
https://www.accueil-vendee.com/decouvertes/autrefois-la-mer/
Aujourd'hui elle revient peut-être.
L'enfoncement des îles me semble plus convainquant que leur inondation à cause du réchauffement, décidément cause globale de tout ce qui nous impacte ;-) Bien à vous!
PS Excellente chanson de Laurent Voulzy!