Un nouveau courant de gauche vient de voir le jour en France: La Gauche Moderne. Il est lancé par Jean-Marie Bockel, socialiste passé dans le camp de Nicolas Sarkozy. Son objectif: soutenir la politique libérale en insufflant des valeurs habituellement défendues par la gauche: solidarité, justice sociale, aide aux plus démunis. Ce mouvement qui tient congrès ces jours affirme entre autres dans sa profession de foi: “Nous croyons à la possible synthèse de l’efficacité économique, du progrès social et de la préservation environnementale.”
http://www.lagauchemoderne.org/gauche-moderne/manifeste/manifeste.html
“Pour 55% des personnes interrogées, le PS est "en crise" et 60% ne lui font pas confiance pour trouver des solutions au chômage. Quelque 47% d'entre elles se déclarent insatisfaits du type d'opposition choisie par le PS, 40% lui reprochent de trop critiquer le gouvernement et le président, 72% le trouvent "plutôt pas dynamique". Elles pensent aussi en majorité qu'il ne pourra pas répondre à l'insécurité (58%), aux problèmes des banlieues (57%), au pouvoir d'achat (57%), aux problèmes des retraites (55%) et de l'immigration (55%).”http://fr.news.yahoo.com/4/20081114/tts-france-ps-sondage-ca02f96.html
La Gauche Moderne a ceci d’intéressant qu’elle rompt totalement avec la vieille gauche, celle qui soutenait un pouvoir économique centralisé en remplacement de l’économie de marché:
“Nous assumons le choix d’une économie de marché solidaire, fondée sur une croissance durable et innovante, sur la vitalité d’entreprises responsabilisées, sur une politique de l’emploi conciliant fluidité et sécurité, sur de fortes incitations favorables à l’augmentation du pouvoir d’achat et à la résorption de la précarité.”
Quel avenir pour un tel mouvement? Y a-t-il assez de socialistes en France qui ont viré leur cuti centralisatrice pour accepter l’économie de marché sans états d’âme? Peut-on voir émerger une gauche à l’image des gauches européennes, qui elles ont su faire le deuil du centralisme depuis belle lurette? La politique française pourra-t-elle sortir du clivage libéralisme-étatisme, et pratiquer un libéralisme éclairé avec un volet social, intégré non seulement comme un fondement de la pensée politique et comme un fait social humainiste, mais comme une régénération du fait politique français?
Pendant ce temps la gauche traditionnelle continue à se diviser. Olivier Besancenot, qui visiblement se rêve un destin national, prend la relève du PC avec une ixième réédition de la fin du capitalisme, pendant que les lieutenants socialistes se disputent le parti sans avoir de véritable chef. Ségolène Royal se pose en rassembleuse alors qu’elle n’en a ni la personnalité ni le fonctionnement. Delanoë qui se voulait libéral et socialiste n’a pas eu le courage politique de maintenir le mot “libéral” dans son discours depuis la crise financière. François Hollande, plus confus et inaudible que jamais, n’a plus que l’imprécation anti-Sarkozy pour préserver l’illusion d’une quelconque influence sur le PS.
François Mitterrand n’a laissé aucun héritage politique, idéologique, moral à la gauche. Sa personnalité a été fédératrice: aujourd’hui, le PS devient une simple mouvance patchwork en lambeaux.
La gauche française dans son ensemble vit toujours en rêvant au grand soir, à changer le monde. Alors que le politique, en étant partisan, ne peut pas changer le monde. Et que changer le monde n’est pas si simple: c’est l’affaire de tous, et surtout d’un travail sur soi pour modifier les structures de pensée et les mécanismes de comportement qui ont prévalu jusqu’à ce jour. La révolution ne change rien si elle reprend les mêmes comportements dans d’autres habits.
Mais y a-t-il en France une personnalité de gauche assez libre d’esprit, intelligente et charismatique, pour fédérer les mouvances et permettre cette révolution intellectuelle dont elle a besoin?
Je ne vois personne à l’horizon. Jacques Delors aurait peut-être été cet homme-là. Il n’en a pas envie. En l'absence du père, les enfants vivent de grandes solitudes. La mort symbolique du père prônée dans les années 70-80 n’était peut-être pas un si bon plan.
La gauche est encore et toujours orpheline d’un père. D’un vrai père, car Mitterrand ne le fut pas: c’était un père opportuniste qui prenait à son compte la gloire de ses enfants.
Mitterrand était un ogre. On ne se relève pas facilement d’avoir nourri un ogre.
Commentaires
"La politique française pourra-t-elle sortir du clivage libéralisme-étatisme, et pratiquer un libéralisme éclairé avec un volet social, intégré non seulement comme un fondement de la pensée politique et comme un fait social humainiste, mais comme une régénération du fait politique français?"
Ben dites donc mon bon monsieur, si ça c'est pas d'la langue de bouâ...
Ah bon? Je ne vois pas en quoi.