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Malheur aux vaincus

La politique est un champs de bataille sans pitié. France 2 présentait hier soit une émission sur les derniers jours de Pierre Bérégovoy. Emission touchante sur cet homme mort le 1er mai 1993.

Béré1.jpgLe parcours ce cet ancien ouvrier est exemplaire et dramatique. Il commence à travailler à 16 ans en usine, puis devient cheminot, entre dans la Résistance, et s’engage très tôt dans le socialisme.

Compagnon fidèle de François Mitterrand, il monte les échelons politiques et devient Premier ministre en avril 1992. Il prononce son discours d’investiture sur le thème de la corruption. Et très vite on lui reproche d’avoir reçu d’un grand industriel un prêt pour l’achat de son appartement. Prêt à taux zéro. On le soupçonne donc lui-même de corruption.

Son année à la tête du gouvernement est pourrie par cette affaire, que personne n’a pu valider pourtant en terme de corruption. Lui qui se rêvait Président, il descend dans l’esprit de ses amis, en particulier des ouvriers qui le conspuent à chaque apparition publique.

Il mène péniblement la campagne des élections législatives en 1993, élections que la gauche perd: un désastre électoral sans pareil.

L’émission d’hier montrait les images de la fin du dernier Conseil des ministres. On voit Ségolène Royal pleurant comme une enfant pendant de longues minutes, et Mitterrand qui la soutient.

Puis Pierre Bérégovoy vient en dernier serrer la main du président, en deux secondes, sans qu’il reçoive de lui un seul mot de soutien ou de réconfort. Lâché par tous, il sombre dans la dépression, prend des médicaments. Seul, désespérément seul, s’accusant de la défaite et de tous les maux du monde. Et à part sa famille, personne pour le soutenir.

On le trouve mort le soir du 1er mai, au bord d’un canal, une balle dans la tête. L’enquête conclut au suicide. Certains développent une théorie du complot, et affirment qu’il a été assassiné. Cette thèse s’est effritée au fil du temps, même s’il reste quelques zones d’ombres.
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Terrible destin. Un homme qui s’estimait intègre, attaqué avec une violence terrible, et qui se défend mal. Un homme qui commence à douter de lui, qui devient le pestiféré après avoir été adulé. Les humains sont si versatiles. Il n’est pas le premier à être ainsi l’objet de la plus grande violence politique. On pense à Salengro, suicidé; à Dreyfus, condamné sur de fausses accusation, puis réhabilité. Les affaires sont certes différentes, mais on peut relever un dénominateur commun: l’acharnement contre ces hommes, en particulier par la presse.

A la fin de cette émission, je me disais que plus que jamais il ne faut rien croire sans vérification, et être très prudent avant d’accuser quelqu’un. Je me disais aussi que même dans mes billets sur Ségolène Royal, et bien qu'elle ne soit pas accusée comme Bérégovoy, il faut peut-être un peu plus de retenue. La politique est une arène, tous les coups sont permis. Difficile à accepter.

 

 

 

 

Quelque part en Haute-Provence, un été de canicule...

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Catégories : Politique 1 commentaire

Commentaires

  • Merci pour votre article.
    Quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage...

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