Sarkozy, on aime ou on n’aime pas. Ce personnage, quand il attire la critique, n’est pas seulement une cible pour son action et ses choix, mais aussi pour son style. Il est rare qu’une mise en pièce de sa ligne politique ne soit pas accompagnée de petites phrase et considérations sur ses manières de faire et son caractère.
Il y a prêté le flanc. J’apprécie la désacralisation de la fonction présidentielle qu’il opère. Après un Mitterrand et un Chirac immobilisés dans une posture hiératique, j’aime assez voir le petit Nicolas bouger, se démener, faire des gaffes. Après tout un président est aussi un humain. De plus je le crois doté d’un fonctionnement mental rare à ce poste: mobile, rapide, capable de gérer de nombreux dossiers simultanément, et décidé à changer quelque chose dans la France immobile et récriminante. Après on aime ou pas, on est d’accord ou pas, c’est autre chose.
Mais il y a des gaffes qui sortent de l’ordinaire. Surtout venant du Président de la République, garant des règles du jeu via les institutions, et qui plus est ancien avocat.
Avoir déclaré à la télé: «Après deux ans d'enquête, deux juges indépendants ont décidé que les coupables devaient être traduits devant le tribunal correctionnel. » est grave. Très grave.
A ce niveau, je ne crois pas une seconde à un lapsus. Sarkozy sait parler, sait tenir le verbe selon son interlocuteur. Cette provocation est forcément délibérée. Il est sorti complètement de son rôle. On n’est plus dans la désacralisation mais dans le déni et le sacrilège.
La présomption d’innocence est un élément fondamental de l’Etat de droit. Sans cela, pas besoin de tribunaux: le western suffit. On tire d’abord, on pleure ensuite, et on recommence.
Tant qu’une affaire n’est pas jugée le prévenu n’est pas coupable. Point barre. Hors de cela c’est l’Etat barbare. Et ce qui est très, très gênant, c’est que ses propos montrent une attitude à la tête de l’Etat: il faut des coupables à tous prix.
Sarkozy aurait pu s’expliquer, présenter ses excuses. Point de, nenni. Persiste, et signe en lettre de mort la fin de l’Etat de droit et le retour à l’Etat Sauvage. Bon sang, il mérite la destitution.
J’ai vu Outreau, j’ai vu Genève, j’ai vu comment la justice dérape et privatise le droit pour une vendetta. Ce n’étaient que des incompétents, des seconds couteaux soucieux de se faire une carrière sur le dos d’innocents. Mais là le dérapage est initié et validé par le Président lui-même.
Alors, si le Président se moque du droit fondamental d’une démocratie, il n’a plus de légitimité à dénoncer les criminel et les voyous de banlieue. Il doit se taire et gérer la propreté des toilettes de l’Elysée. Ou retourner faire ses classes en fac de droit.
Il y a quelque chose de suicidaire chez Nicolas Sarkozy.
PS: Les otages suisses de Kadhafi aiment-ils Sarkozy? Il n'ont pas la liberté de le dire. Quand l'autocrate de Tripes-au-lit daignera-t-il cesser de faire son caractériel?
Commentaires
Napoléon Sarko. On le savait... Il n'est pas dans la démocratie. Il est dans l'empire. Tous ces médias à sa botte qui le suivent comme des caniches prêts à tout pour arracher une part du gâteau. C'est pour cela que je voyais Ségolène Présidente. Mais elle a prouvé qu'elle était aussi décevante que lui. Qui sera le ou la prochaine présidente, en France? Je ne vois personne poindre à l'horizon d'assez solide et d'assez sûr pour prendre la relève. C'est grave, docteur John? bonne journée.