Un angle de vue n’a pas été abordé dans la chasse aux dealers: où se déplacera le marché et qui le contrôlera une fois les dealers chassés des rues?
J’avais voté en faveur de la dépénalisation du cannabis, qui offrait des avantages à mes yeux. Je pars du principe que les produits psychotropes ont toujours fait partie des sociétés. La pénalisation du cannabis ne date que du milieu du 20e siècle, avant cela il était consommé tranquillement par de nombreux artistes, entre autres. Il côtoyait l’alcool, autre drogue, drogue forte, qui par tradition est beaucoup plus répandu en Europe.
On peut bien sûr rêver d’une société sans drogues et passer à une prohibition dure. Les consommateurs se retrouveraient en prison pour des mois, le vendeurs pour des années. Ok, admettons. Les rêves d’une société «pure» refont généralement surface en périodes troublées. Mais par logique, et au vu des dégâts engendrés, l’alcool devrait bien évidemment être interdit lui aussi. Et là on sait où mène la logique de l’interdit et de la prohibition: à ce que des mafias de mieux en mieux organisées prennent le marché avec des produits de moins en moins contrôlés.
Je ne vais pas refaire ici le débat sur la liberté individuelle et sur les atteintes à la santé. Je dirai seulement que, de même qu’il est permis d’atteindre à sa santé par le tabac et l’alcool, je comprends mal pourquoi ce ne l’est pas avec le cannabis. Laissons l’individu responsable de ses choix et de ses actes. D’autant que dans ces domaines, tout est affaire de mesure et de qualité.
La dépénalisation aurait donc eu l’avantage d’avoir un contrôle de l’Etat sur la qualité, sur les filières d’approvisionnement et sur les bénéfices tirés de la vente. On ne trouverait pas de cannabis avec des taux de THC capables d’assommer un rhinocéros. Aux Etats-Unis, des voix connues le disent, et ont chiffré les pertes financières pour la collectivité dues à la prohibition.
Bien, je reviens à la chasse aux dealers. Dans la situation actuelle, la police connaît les dealers, et opère indirectement un relatif contrôle sur la chose. Elle peut parfois remonter vers les gros trafiquants par la surveillance des petits vendeurs, et effectuer de grosses prises grâce à des mois d’infiltration. Si les dealers sont chassés des rues, où se passera le trafic, et par qui? Dans les collèges? Dans quelques appartements cossus? Qui aura encore un oeil sur ce qui se vend? Plus personne.
Alors, je comprends le désagrément vécu par certains de voir des dealers aux endroits de grand passage. Mais le fait de ne plus les voir ne changera pas la consommation. D’autres filières et lieux de ventes se mettront en place. Les rues seront «propres»? Peut-être, mais quelle hypocrisie.
A défaut d’une dépénalisation et d’un contrôle d’Etat, qui ont été refusés par le peuple suisse, n’y aurait-il pas avantage à laisser la ventre s’effectuer dans des espaces délimités, hors des endroits très passants voire touristiques, et bien sûr loin des lieux où il y a des enfants? Désigner aux dealers quelques endroits en périphérie?
La police pourrait ainsi rester infiltrée et avoir un relatif contrôle sur les personnes et la qualité des produits vendus.
Chasser les dealers des rues sans solution de rechange ce n’est pas difficile. Les lois existent, la police existe, rien d’exceptionnel à les chasser en 45 jours. On pourrait même mettre moins de temps. Mais ce n’est que déplacer le problème.
Et cela ne répond pas au pourquoi du besoin de consommer des drogues, comme de se biturer à mort jusqu’au coma éthylique. Dans une société qui ne propose pas de projet propre à susciter l’enthousiasme, la consommation - synonyme de sensations fortes - remplace les sensations fortes produites par un grand projet de vie. Le cycle consommation-répression est une voie sans issue. Mais à défaut de mieux, il me paraît préférable que la consommation soit encadrée.
PS: Pas de dealer, pas de fumeur autour des deux otages suisses prisonniers du clan Kadhafi depuis 16 mois et séquestrés dans un endroit isolé depuis 6 semaines.
Commentaires
Quelques considerations en vrac:
- A mon avis il vaut mieux pour la population que les rues soient "hypocritement" propre que deliberement sale. Le deal s'approprie rarement le terrain seul, quand le sentiment d'impunité, de zone de non droit, s'installe il est toujours suivi d'autres delinquances (tapage nocture, vandalisme, brigandage) au detriment de la population. Alors que les camés aillent s'empoisonner en cachette dans des "appartements cossus", tant mieux pour le reste d'entre nous.
- Prendre des substances Psychotropes (y compris l'alcool) releve de la liberté individuelle. Tout a fait d'accord. Mais alors les consequences aussi releve de la responsabilité individuelle, et ce n'est pas a la collectivité d'entretenir inconditionnelement (voir luxueusement) toxicos et alcolos dechus a travers des aides sociales et l'AI.
Eastwood, en partie d'accord avec vous, à savoir que ce n'est pas agréable de traverser un parc ou de passer dans une rue avec la pression du regard et de l'attente de dealers. Par contre ce n'est pas eux qui commettent des violences dans la rue, à de rares exceptions près, selon deux personnes habitant dans des rues avec dealers. Je ne pense pas qu'il y ait besoin de zones de non-droit pour voir des gens en venir aux mains à la sortie d'un café, rouler trop vite, s'insulter au volant, etc. La suppression de dealers dans certaines rues peut être une bonne chose. Mais encore une fois le problème ne sera que déplacé sans qu'aucun contrôle ne puisse plus être effectué.
Sur la deuxième partie de votre comm, cela mériterait un débat à large échelle: jusqu'où sommes-nous prêts à payer pour des personnes qui se démolissent volontairement? Personnellement j'ai été favorable par exemple à l'introduction d'un bonus-malus dans les primes d'assurance, considérant que ceux qui coûtent le moins en terme de soins médicaux pourraient payer moins de prime. Mais cela n'est pas juste car nous ne sommes pas égaux devant la maladie.
Par contre au cas où quelqu'un se démolit volontairement, que faire? Et qui devrait être placé dans cette catégorie? A part l'alcoolisme ou la toxicomanie, il y a d'autres conduites à risque: le tabagisme, les excès de vitesse habituels, la malbouffe, l'excès de sucres dans l'alimentation, etc, donc pas mal de domaines où l'excès est du ressort de chacun. Le débat devrait porter sur tout cela et non seulement sur l'alcool ou l'héroïne.
On peut évidemment douter de l'efficacité des interdictions pour lutter contre un fléau. Mais finalement on se satisfait des interdictions dans quantité d'autres domaines, comme la circulation routière.
Le principal problème en matière de stupéfiants vient du fait que la plupart des gens croient que la consommation de stupéfiants n'est pas punissable. De fait, il n'y a qu'à l'armée que la LStup est appliquée.
Si réellement l'insécurité est un problème dans les rues (et cette question, il faut la poser aux vieilles dames), et si réellement on ne peut pas agir efficacement contre les dealers parce qu'ils n'ont pas pignon sur rue et parce que la sanction pénale est sans effet sur des personnes qui n'ont pas envie de s'intégrer, alors il faut s'en prendre aux consommateurs.
S'il n'y avait pas tous ces consommateurs, il n'y aurait pas tous ces dealers.
@ Lord Acton:
les consommateurs, il faut les motiver vers autre chose, c'est cela qui manque. Parce que les mettre en prison ou à l'amende ne marchera pas. Il y a 30 ans c'est ce qui se passait: ils étaient embarqués par la police, gardés à vue, condamnés à l'amende, parfois à la prison, et cela n'a pas empêché la consommation de s'étendre.
La relative tolérance des autorités tient compte de la réalité. Une prohibition sure ferait certainement beaucoup de dégâts alors que la situation actuelle permet un relatif contrôle.
Mais proposons aux consommateurs de cannabis ou d'alcool un projet enthousiasmant, plutôt que d'interdire sans effet.
Ne pas confondre :
Le jeune dealer africain
Le zizou armé d'un couteau qui tire le sac des mamys, vide les voitures
Les bandes organisées lyonnaises ou ex bloc de l'est
A chaque mal son remède
Petit clin-d'oeil :
Est-ce à la collectivité d'entretenir les non-fumeurs, non-buveurs, qui s'installent en EMS jusqu'à 110 ans ?
Re-pti clin d'oeil de Renault:
Oui parce que avant d'avoir 110 ans ils ont probablement contribué par leur travail a la prosperité de la société et ont eux meme cotisé pour ceux qui avaient alors 110 ans.
PS: Ma remarque n'était pas en faveur d'un hygienisme abstinentiste (loin de là!) mais visait uniquement ceux qui perdent leur autonomie, qui n'arrivent plus a subvenir a leurs besoins, parce qu'ils sont incapable de trouver la limite entre fun et decheance.
Les raisons pour une dépénalisation des drogues.Par un prix nobel d'économie
http://leblogdjetliberte.blog.tdg.ch/archive/2009/10/23/peut-on-legaliser-les-drogues-part1.html
http://leblogdjetliberte.blog.tdg.ch/archive/2009/10/24/peut-on-legaliser-les-drogues-suite-et-fin.html
D.J
Drogues dures et délinquance sont intimement liées et rendent dépendant !
C'est une raison suffisante pour pourchasser les dealers, car les drogues tuent l'être humain à petit feu. Ils - les drogués - deviennent pour la plupart du temps des loques, des assistés, touchant une obole auprès l'Hospice générale pour se nourrir soi-même et son compagnon de chien. Vois-je juste ?
@ Eastwood: Nous somme d'accord sur la question de l'autonomie et de la responsabilité des individus.
@ D.J.: merci d'avoir remis les liens, je les cherchais justement.
@ EdeN: tous les fumeurs de cannabis ne finissent pas en loques, comme tous les buveurs de vin ne finissent pas dans le caniveau. Loin de là.
*(Etoile)hommelibre, je parlais de drogues dures ! Quant à Stauffer, connu chez nous à Onex, c'est une GE qui déterre des choses pas très catholiques, mais n'apporte pas de solutions. Facile, il compte sur les autres pour en apporter !
Merci Hommelibre d'abonder dans le sens que je transmets depuis si longtemps, chasser le dealer de manière irréfléchie provoque d'inutiles guerillas. Attention. Il faut voir l'aspect général du problème, ancré dans les gênes de l'humain et le poussant aux abus, de ceci ou cela importe peu en fait. Nos diverses stimulations de neurotransmetteurs et nos bidouillages personnels du circuit de la récompense créent-ils ou non des difficultés à la Société? Suis-je ou non un danger pour autrui ou/et pour moi lorsque j'ai consommé, acheté ou vendu ceci ou celà? Comment, dans un cadre surveillé je puis me réinsérer vraiment, être soigné et désintoxiqué? Voilà ce que doit réaliser le petit dealer de rue qui se fait arrêter. Ce qu'il convient de travailler, au moyen, sur accord du détenu, de ces nouveaux remèdes qui bloquent certains neurotransmetteurs et désactivent les effets de la cocaïne ou du tabac, par exemple. Travaux de recherche d'utilité publique. Ce n'est pas en les brutalisant, enfermant sans but, ou les forçant à se disperser, soit survivre en proposant leur merde plus souvent à plus de gens et d'endroits divers, faisant plus de nouveaux adeptes qui n'y auraient même pas songé .. mais l'occasion faisant le larron .. pour fêter mes quinze ans, un truc exceptionnel .... Stop! Attention! Marche arrière conseillée! Je suis persuadé qu'aucun de ceux qui vendent dans la rue n'est un gros trafiquant, qui ne fume même pas et ne vise que le profit, mais tous sont prêts à entrer dans un système sous contrôle médical qui vendra, au profit de l'etat, des produits propres aux consommateurs adultes et correctement responsabilisés. Avec preuves d'absence de nuisibilité pour autrui due à tel "vice". Patience, les esprits des plus cloches finiront pas monter au diapason de la logique ,prônée dorénavant par l'Administration Obama. Si l'helvétique guerre civile n'éclate d'ici-là, entre rambos pâquisards & collabos contre victimes de mondial déséquilibre, coupables de tenter de s'en sortir d'une mauvaise manière, susceptibles de se radicaliser sous les attaques démesurées contre leur actuel seul moyen de survie. Il suffit. La prohibition est un coûteux leurre dangereux. La chasse intensive coûtera bien plus que des soins adaptés par dispense précise de certains produits prescrits, en vue d'une possible désintoxication progressive, en tous cas d'un changement d'habitudes et de besoins.
Bien cordialement
Ali GNIOMINY
Une bonne partie des dealers sont indics de la police...alors ils ne sont pas dérangeants pour Moutinot et utils pour la justice.
Il faut leurs trouver une occupation-un emploi car ils préféreraient travailler plutôt que d'user le macadame avec la mort dans leurs poches.
@ Ali G:
Je crois vous avoir déjà lu sur ce sujet en effet, et je vois que nos analyses vont plus loin que le simple effet d'annonce électoral. La question d'adultes responsabilisés et raisonnables est aussi importante, en ce sens je rejoins aussi Eastwood. J'entends parfois dans un bistrot pas loin de chez moi des gens parler des drogués - quand eux-mêmes en sont au 5 ou 7e ballon de rouge... La perception des choses est ce qu'elle est. Ne pas encourager à la consommation est une chose, et comme vous le dites: à 15 ans, stop! No way! Pour le reste, un peu plus de raison ferait du bien. Mais encore une fois: ne pas encourager à la conso, ni d'alcool ni d'autre chose, ne pas en faire une valeur sociale, et tenter de trouver des objectifs de vie assez motivants pour mettre son énergie ailleurs.
Heureusement, ce n'est qu'un rêve, je n'habite pas là! je serais draguée par des dealers en bas de chez moi, le trottoir décoré par des drogués, jr jouant à gagner le quartier au monopoly tout en fichant dans la cible du frigo, des seringues ramassées devant l'école, se demandant comment se débarrasser du frère de son voisin de classe, qui attend d'avoir sa part.
Je parle de mon exp. en la matière. Déjà à l'époque du mur de Berlin, études & etc. furent faites de différents modus operandi. Le cas des dealers n'est qu'un aspect du problème.
- un dealer est 1 commercial, qui veut et sait comment faire du fric.
- un drogué est un drogué est un drogué.
- le dealer ne touche pas à sa came.
- le dealer n'a pas de scrupules. sinon il ne dealerait pas.
- 1 dealer n'a aucun problème a exercer son activité, est souvent sans papiers avec expérience dans la délinquance, voire plus.
- Le dealer utilise, pour développer son commerce, des sans-papiers, des requérants d'asile ou tout autre point de vulnérabilité.
Un drogué devient vite dealer, pour payer ses doses et n'a pas l'énergie pour faire plus.
Un drogué devient dealer dès qu'il perd son job.
A part la TV, le chocolat etc, il n'y a plus de drogues "douces".
Le cannabis/chit est xx fois + fort et rend xx fois plus vite dépendant qu'il ne l'était il y a 20 ans.
Un drogué veut s'en sortir, tout en se droguant. Ne pas pénaliser les dealers équivaut à abandonner les drogués à leur sort.
Les mesures d'intégration des drogués restant drogués ne sont que du balayage sous le tapis.
Les professionnels dignes de ce nom le savent, depuis les années 1972 (fin du programme méthadone à NewYork, repris plus tard pour ces motifs d'intégration d'un problème non maîtrisé).
Le dealer de crac, de chit, de coke, d'héro etc fait son business, coûte que coûte (rien à cirer des lois etc. seul compte le territoire de vente).
Avec la police dans les rues, une volonté politique et la présence ferme de la police, soutenue par des mesures judiciaires, etc, les dealers vont ailleurs.
Les dealers se regroupent sur d'autres banlieues ou cités moins policées, des états où la pénalisation du trafic de drogue est contournable ou superficielle, comme actuellement à Genève.
Jusqu'à ce qu'un état de non-droit soit instauré.
où plus aucun bus ne circule, pas de patrouille de police, etc etc.
C'est pas ce que vous voulez chez vous, non?
Les drogués ont besoin de la police. Les citoyens, de barrières face à l'augmentation de la petite délinquance et de protection contre les dealers.
La police exécute les instructions. Les juges appliquent les lois. Les politiques décident des lois à appliquer. Les électeurs élisent les politiques.
Les citoyens ne peuvent plus accepter l'aggravation de la situation, l'hypocrisie et laisser-faire des politiciens.
A chacun de faire son boulot. sauf si vous êtes célibataire, avez tout vendu, préparé un hold-up et votre départ sur une île.