La Tribune développe l’information sous la plume de Serge Gumy: après le premier ministre mardi, le ministre turc des affaires européennes s’en prend à la Suisse. Monsieur Egemen Bagis incite les musulmans à retirer leur argent des banques suisses.
«Je suis convaincu que cette décision (des électeurs suisses) incitera nos frères musulmans à revoir leur décision de garder leur argent dans les banques suisses», a-t-il déclaré.
«Comme lui, le premier ministre turc, Recep Erdogan, qui dirige un gouvernement islamiste conservateur, avait demandé la veille au Conseil fédéral de réparer la votation de dimanche, qu’il qualifie d’«erreur» et dans laquelle il voit «le reflet de la montée d’une vague de racisme et de l’extrême droite en Europe».»
Les avoir turcs dans les banques suisses se montent à environ 5 milliards de francs. La Turquie est le 15e partenaire commercial le plus important de la Suisse.
Je constate qu’en Turquie, en Libye, et même en Suisse, on parle de racisme. Qualificatif totalement hors de propos: depuis quand l’islam est-il une race? Depuis quand les musulmans sont-ils une race? C’est un peu rapide de se défausser de cette manière, alors que la vraie question est: qu’est-ce qui a conduit une forte majorité de suisses à voter contre les minarets? Le gouvernement turc fait un peu vite l’impasse sur l’image dominante d’un communautarisme musulman et de la violence terroriste anti-occidentale que la partie la plus bruyante de cette communauté pratique depuis longtemps.
On peut comprendre la position turque à la fois comme l’expression du sentiment de blessure des musulmans en tant que communauté liée par la même religion. On peut aussi la comprendre comme une volonté de dicter à la Suisse ce qu’elle doit faire, en demandant au Conseil Fédéral de «réparer» la votation de dimanche.
Drôle de conception de la démocratie pour un pays qui veut enter dans l’Union Européenne. La Turquie, historiquement à cheval entre l’Europe et l’Asie, s’était modernisée, en particulier en séparant la religion et l’Etat. Alors venant de membres d’un gouvernement islamiste conservateur qui valorise le port du voile et tente à petits pas de remettre la religion au pouvoir, on peut penser que cette réaction donne un peu plus raison à ceux qui ont accepté l’initiative, dont je ne suis pas mais dont je peux comprendre les raisons.
De plus, en terme de racisme, c’est l’hôpital qui se moque de la charité: la Turquie a mis un temps déraisonnable à reconnaître le génocide arménien. Elle traite sa minorité kurde avec des blindés. Et il y a fort peu de temps que les crimes d’honneurs contre les femmes sont dénoncés.
Le gouvernement turc peut donc balayer devant sa porte avant de nous donner des leçons. L’attitude de son gouvernement dans cette affaire devrait être questionnée par les pays de l’UE.
On peut aussi retirer les investissements suisses en Turquie, ne plus y passer de vacances - car dans les stations balnéaires l’argent des «racistes» suisses semble ne pas avoir d’odeur…
Le vote de dimanche doit faire se poser les vraies questions, dont celle-ci: la compatibilité de l’islam avec les démocraties occidentales. Ce n’est pas la religion en tant que tel, ni les musulmans qui sont visés: c’est l’interprétation faite du Coran par nombre d’imams qui prêchent le Jihad contre l’occident.
D’une manière générale les réactions du monde musulman sont à ce jour très modérées. Peut-être prennent-ils la mesure de ce que le vote suisse à révélé. Et au vu des sondages réalisés en Europe depuis lundi sur la question, la crainte d’une vague de fond anti-minarets et de remise en question de l’islam est bien réelle.
Bien qu’ayant voté contre l’initiative, je ne peux considérer ses partisans comme des fascistes et des racistes.
Ceux qui disent cela, ceux qui ont honte de la Suisse, escamotent les vrais problèmes - problèmes que l’initiative ne résoudra pas mais qu’elle a mis ouvertement en avant. Et je ne vois pas au nom de quoi on refuserait le débat sur l’islam, comme je ne vois pas au nom de quoi on refuserait de questionner les croisades et l’inquisition.
Le malaise existe. Des amis musulmans vivant en Europe m’ont dit comprendre ce malaise, étant eux-même déboussolés par l’image violente que l’intégrisme islamiste donne de cette religion.
La honte n’est pas un argument de débat. Les imprécations contre la Suisse ne changeront pas le malaise exprimé. Plus: elles sont suspectes au mieux d’angélisme, au pire de valider l’agressivité anti-occidentale et ce qu’elle génère.
A lire ici l’article paru dans un journal koweitien.
Pendant ce temps, quoi qu’en disent nos autorités, l’avenir s’assombrit pour otages suisse en Libye. Kadhafi est en train de refermer son piège.
Commentaires
Existe-t-elle une culture universelle?
L'initiative anti minarets, proposée par les partis de l'extrême droite, et que 57% de population l'ont soutenu, ouvre nos yeux à une grande surprise celle que le monde européen dit moderne, prenant la suisse comme petit et simple exemple, s'est influencé par la propagande médiatique plus encore qu'une population moins civilisée!
Un article intéressant du même thème:
http://ftelina.unblog.fr/2009/12/03/ce-que-dit-la-presse-algerienne-ecrite-en-arabe-a-propos-danti-minarets/
Bonjour Hommelibre !
Oui, on sait la Turquie être un pays très susceptible et très nationaliste.
La réaction du gouvernement turc à la votation sur les minarets rappelle au monde que la Turquie, contrairement à l'image qu'elle veut donner d'elle-même, n'est pas un état laïc dans les faits, car comment comprendre autrement une telle réaction ?
L'interdiction des minarets en Suisse, que je condamne personnellement et contre laquelle j'ai voté, tend bien évidemment à créer une discrimination sur le PLAN RELIGIEUX. Il est donc surprenant, voire choquant, de constater que le gouvernement d'un pays qui se prétend laïc, intervienne en menaçant la Suisse d'un boycotte économique pour un problème qui concerne l'ordre religieux ?...
En agissant de la sorte, le gouvernement turc laisse tomber le masque et admet implicitement que l'islam est bien sa religion d'Etat !
Une remarque encore lorsque vous écrivez :
" la Turquie a mis un temps déraisonnable à reconnaître le génocide arménien. "
Mais sauf erreur de ma part, la Turquie n'a jamais reconnu (?) ce génocide commis par ailleurs sous l'Empire Ottoman. Or la Turquie actuelle a autant à voir avec l'Empire Ottoman, que l'Autriche d'aujourd'hui avec l'Empire Austro-Hongrois de la même époque au début du XXème siècle, vers 1914 ...
@ Jean:
Oui, qu'un ministre pale au nom de la religion indique bien l'inféodation de l'Etat à la religion.
Pour le génocide, j'ai fait une erreur en effet, Ankara parle bien du "massacre" des arménien mais refuse encore d'admettre la notion de génocide. Ce génocide a bien commencé sous l'empire ottoman finissant. On ne peut indéfiniment faire porter le poids du passé aux générations suivante, toutefois je pense qu'en terme d'Etat, même si le système a changé avec Ataturk, il serait réparateur d'assumer une mémoire collective - au moins moralement.
A propos de la Turquie, peut-on savoir pour quoi les européens lèvent le drapeau du refus face à l'adhésion de la Turquie (ce pays d'une majorité musulmane) à l'Union européenne, durant des dizaines d'année?
Le club "chrétien" refuse-t-il d'accepter un "corps" étranger décrit comme "fanatique"?
"c’est l’interprétation faite du Coran par nombre d’imams qui prêchent le Jihad contre l’occident."
Ces imams ont une très réelle influence ici en occident.
Par exemple, je comprend mieux aujourd'hui, pourquoi Tarik Ramadan utilise parfois un langage "tarabiscoté" sur des questions sensibles: Il a réellement été condamné à mort pour ses positions progressistes par un "savant" wahabit de Ryad. http://tawhid-wa-al-jihad.over-blog.com/article-24653882.html
J'ai été surpris en creusant l'affaire, des nombreux commentaires sur des blog français validant cette position. Des petits jeunes à l'esprit rigidifié par la doctrine, sincèrement investis du devoir moral fondamentaliste.
Du coup, T. Ramadan me parait plus sympa et si je n'ai pas voté, je suis au fond satisfait du signal envoyé par notre démocratie directe à la face des gouvernements.
Cher aoki
Je doute que vous maitrisez assez l'Arabe, la langue du Coran, qui a été une révélation de Dieu, pour que vous pussiez arriver à l'explication, ainsi que l'interprétation du Coran!
"La réaction du gouvernement turc à la votation sur les minarets rappelle au monde que la Turquie, contrairement à l'image qu'elle veut donner d'elle-même, n'est pas un état laïc dans les faits, car comment comprendre autrement une telle réaction ?"
A ce moment là,il n'y a pas que les turcs.Il y a tout ces blaireaux qui ont manifestés en suisse et certain hommes politiques en Europe outrés.Mais bon ça leurs passera comme ça leurs a passés pour l'affaire des caricatures et du voile à l'école en France.
D.J
@suisselibre
Vous avez parfaitement raison et je ne prétend, ni ne fait une telle chose.
Par contre, je constate que beaucoup de discours de la part de dignitaires Islamiques/stes, se chargent d'un langage hégémoniste , expansionniste et prosélyte.La condamnation à mort pour crime d'apostasie (c'est un bon moyen de faire de l'expansion), sans même se soucier de la souveraineté du pays dans lequel cela se déroule, est définitivement incompatible avec une suisse qui veut rester libre de ses choix.
Cher aoki, vous ajouez:
La condamnation à mort pour crime d'apostasie (c'est un bon moyen de faire de l'expansion), sans même se soucier de la souveraineté du pays dans lequel cela se déroule, est définitivement incompatible avec une suisse qui veut rester libre de ses choix.
je dis simplement:
D'après mes modestes informations, cela n'a rien à voir avec le Coran. Du pouvoir? peut-être! Le simple exemple ici se montre au fil des siècles, quand les musulmans "guidés par une élite de savants de diverses domaines " étaient à la tête du pouvoir d'Est en ouest, ils n'avaient rien tracé quand même d'exemple similaire à qui vous venez de citer, ... l'Andalousie nous éclaircît l'exemple "le plus exemplaire".
Pardon/ Cher aoki, vous ajoutez
Je dis simplement: BRAVO à cette analyse de JG!
"A propos de la Turquie, peut-on savoir pour quoi les européens lèvent le drapeau du refus face à l'adhésion de la Turquie (ce pays d'une majorité musulmane) à l'Union européenne, durant des dizaines d'année?
Le club "chrétien" refuse-t-il d'accepter un "corps" étranger décrit comme "fanatique"?"
Simple: Chypre, le génocide arménien, la guerre civile contre les Kurdes, les traditions toujours en vigueur dans les campagnes et jusqu'en Allemagne (assassinats de soeurs ou de filles, mariages forcés, etc.), l'endogamie, and last but not least, ce n'est pas un pays européen. Ni historiquement, ni culturellement. Grâce à Mustepha Kemal, ils ont eu fait de formidables efforts, mais la greffe n'a pas pris.
"la Turquie a mis un temps déraisonnable à reconnaître le génocide arménien."
Elle ne le reconnaît toujours pas.
C'est bien aussi pour çà qu'on en veut pas dans l'Europe.
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