Si j'avais pu voter en France en 2007, après Bayrou au premier tour j’aurais voté pour Nicolas Sarkozy au deuxième tour. Parce qu’il était le seul à sembler vouloir faire bouger la France. Et aussi parce que j’étais favorable au «Tout sauf Ségolène», l'illuminée de service.
Pourtant Sarkozy ne satisfaisait pas mon idée sociale. Il ne correspond pas non plus au dialogue avec les français que je trouve nécessaire. Mais il avait une énergie, une dynamique, une audace et une volonté que l’on n’avait pas vu depuis longtemps - depuis De Gaulle. J’aimais aussi sa manière de désacraliser la fonction présidentielle.
Et puis il y a eu des accrocs. Pas mal d’accrocs. Le Fouquet’s le soir de son élection, alors qu’il aurait été mieux de se mêler aux français. Chirac avait bien compris cela. Le fameux "Casse-toi pauvre con" n'était pas du meilleur effet. Sur sa politique il m'est difficile d'évaluer son action car on ne peut juger du résultat sur seulement trois ans. Mais au plan des réformes qu'il a entreprises il semble que leur efficacité soit très contestable. Ainsi la réforme des régimes spéciaux de retraites en 2008, dont l'objectif annoncé était en particulier de faire faire des économies de plusieurs milliards à l'Etat d'ici à 2030, semble en réalité avoir des effets nuls à cause des compensations accordées aux corporations intéressées. Lire ici sur la question des régimes spéciaux et ici sur l'inefficacité des réformes de Nicolas Sarkozy. Il semblerait que l'actuel président soit en passe d'échouer dans la politique pour laquelle il a été élu.
La puissance des corporatismes en France rendrait-elle toute réforme impossible? Nicolas Sarkozy et son gouvernement ne sont-ils pas assez autoritaires? La France est-elle à ce point ingouvernable?
Pour revenir aux coups d'éclats sur les violences sociales, Sarkozy n'a pas tout tort, quoi que l'on pense par ailleurs de son style. En France on a laissé pourrir les banlieues et on a fait l'autruche sur l'immigration depuis 30 ans, sous la gauche comme sous la droite. On a laissé le discours sur l’immigration à Le Pen depuis plus de 20 ans en s’effarouchant comme une pucelle contre lui. Une certaine «intelligentsia» a cru de bon ton de défendre ou de justifier des casseurs par une sorte de mansuétude sociologique. Cette attitude a produit des racistes anti-français genre Houria Boutelja.
Mais où en est Sarkozy aujourd’hui? Le président qui dit «Casse-toi pauvre con» fait envoyer ses chiens de garde contre un gamin assez con pour vouloir rivaliser avec le chef de l’Etat question injures. Le gamin est blessé, condamné en urgence et Sarkozy est content. Mais il se montre incapable de faire preuve d'une véritable autorité autre que par la menace de sanctions - nécessaires mais insuffisantes à elles seules - et incapable de prendre une vraie hauteur, ou de dialoguer pour amener un débat au-delà de l’injure. L'autorité n'est pas la menace, elle est la force intérieure qui confère respect et ascendant non coercitif. Nicolas Sarkozy, qui ne subit aucune sanction en injuriant un citoyen par son célèbre "Casse-toi pauvre con" mais laisse condamner un gamin qui l'injurie à son tour, manque singulièrement de la vraie autorité. Même si ce gamin n’a pas inventé la poudre, car faire comme celui que l’on critique ne vaut guère mieux. Mais l'exemple vient de haut.
Triste présidence.
Le président Sarkozy n’inspire plus de respect. Sa manière de répondre aux injures est triste. Cela dit, quand Chirac parlait de l’odeur des voisins il ne faisait pas mieux. Et quand Mitterrand le «grand démocrate» paranoïaque surveillait ses «ennemis» par des écoutes illégales, il bafouait honteusement la démocratie. Et quand Jack Lang et consort léchaient les bottes du même Mitterrand, ils faisaient de la République une caricature nauséabonde. Et Mitterrand a fait des enfants qui se réclament de lui, dont Ségolène.
Au secours, la gauche la plus bête du monde pourrait revenir!
Le problème de Sarkozy est qu'il suscite de moins en moins l'adhésion. On peut être en désaccord sur certains points et voter quand-même pour un candidat. Mais les régionales de 2009 ont montré qu'une partie de son électorat ne joue plus le jeu. Inefficacité, sentiment d'injustice, Nicolas Sarkozy est réellement menacé de non réélection en 2012. Ce qui laisserait malheureusement un boulevard à la gauche française, une des plus bêtes du monde. Comment l'hôte de l’Elysée pourra-t-il remonter la pente en deux ans? Il en a fait tellement que ce temps ne suffira peut-être pas. Et qui pourrait encore le soutenir avec enthousiasme? De moins en moins de monde. Il avait tout, il l’a en bonne partie gâché. Et pendant ce temps les requins dinosauresques et joufflus de gauche attendent la curée pour tenter de prendre le pouvoir et se la péter. Quand au FN, même sans Le Pen, il sent toujours aussi mauvais. Quand aux écolos, trop doctrinaires, trop inféodés à la gauche caviar, prêt à se déchirer quand ils seront au pouvoir, ils ne font guère envie.
Pour qui voter en 2012? Des narcissiques incompétents, à gauche, à droite, au centre. Plus personne pour incarner des valeurs et une volonté réelle, adaptée au monde moderne. La France s'est à ce point apauvrie intellectuellement et humainement. Et de cela, Sarkozy n'en est que le symptôme, pas la cause. La sclérose intellectuelle et le manque de courage politique ne sont pas nouveaux.
Serait-il temps que la France meure? La gauche est sclérosée, la droite est épuisée, le centre est insignifiant. C’en est fini. La France est un pays désémergent, un pays en chute libre. Entre Sarkozy et son style fatiguant, Anelka et son Aston Martin, Chérèque l’électoraliste, Royal l’illuminée, DSK qui fait le beau, Marine Le Pen sans imagination ni vraie dimension, Bayrou inexistant, le jeune con qui insulte le président, la facho-raciste Boutelja que SOS Racisme ne fait pas poursuivre pénalement, la gauche prout et alcoolo, la droite boum boum tralala, tout cela fait un sacré foutoir dont on se demande comment cela marche encore.
Bon. Je ne vote pas en France. Cela m’arrange. Mais cela n'arrange pas les français, ni l'Europe.
Une suggestion: supprimer pendant 10 ans tout gouvernement en France, laisser les corporations s'entre-déchirer et les intérêts politiques divergents faire leur ménage, et reprendre ensuite en main une France naturellement assainie. Irréaliste, bien sûr. Mais si jouissif et - qui sait - peut-être la plus efficace des méthodes pour faire passer le pays des stigmates du 19e siècle à la pensée plus globale du 21e siècle.
Commentaires
"Si j'avais pu voter en France en 2007, après Bayrou au premier tour j’aurais voté pour Nicolas Sarkozy au deuxième tour."
C'est exactement ce que j'ai fait. Et si j'ai voté pour Sarkozy, c'est surtout par défaut. Parce que voter pour Ségolène, je ne pouvais tout simplement pas. (ce que vous appelez le Tout sauf Ségolène) Seulement à posteriori, je me dis que le résultat final est le même et que Ségo n'aurait pas fait pire.
Ce qui me déplait le plus chez Sarkozy, c'est cette manière de pipoliser la Présidence et de défendre son image contre toute forme de moquerie. Alors que la France possède une longue tradition de la caricature des personnes qui sont au pouvoir, il ne supporte pas cette forme d'humour.
Dernièrement, ce qui m'a beaucoup déplu, c'est l'utilisation de la défaite de la France dans la coupe du Monde comme diversion, pour qu'on ne parle plus des réformes des retraites. Il pratique d'ailleurs beaucoup l'art de la diversion et c'est si voyant que ça en devient lassant.
Pour 2012, même si ça ne fait pas partie de la tradition française, je pense toujours que le consensus pourrait être le seul moyen de faire avancer les choses. S'il y a des personnalités, à gauche comme à droite, qui peuvent incarner ce consensus, je les suivrai. Mais ça ne risque en tout cas pas d'être Nicolas Sarkozy.
Kad, d'accord avec vous: "S'il y a des personnalités, à gauche comme à droite, qui peuvent incarner ce consensus, je les suivrai."
A propos de Ségolène, je craindrais son féminisme. Mais quand on voit la loi anti-hommes sur la violence conjugale votée ce printemps, cela pourrait bien être bonnet blanc et blanc bonnet.
Le statu quo et la défense des acquis prévalent en France et cela tant à gauche qu'à droite. Le clientélisme politique est roi. La société française ne veut pas se réformer alors que tous les feux sont au rouge... pourtant cette société est également dynamique, pleine d'idées, innovants, percutante mais la lourdeur et l'immobilisme des institutions sont plus fortes que les réformes pourtant absolument nécessaires notamment sur la retraite, le trou de la sécurité sociale, l'allégement des charges sociales pour les entreprises. En un mot, plus de flexibilité, d'innovation,plus de transparence. Heureusement la France, celle des régions métropolitaines avance loin des querelles parisiennes, politiciennes et syndicalistes stériles et des habituels outils de contestations (grève, durcissement..).
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