L’humain est un curieux mélange d’ancrage au territoire - la maison, le pays - et de vagabondage. Je ne parle pas du vagabondage estival où les migrations rituelles font déplacer des dizaines de millions d’individus. Je pense à un vagabondage plus ancien et plus fondamental.
Homo sapiens a colonisé l’ensemble de la planète. Au commencement il était poilu. Après avoir cohabité et même un peu mélangé ses gènes sans gêne avec d’autres hominidés cousins comme Néanderthal, il est le seul survivant de cette lignée qui a conduit l'homo erectus à l’homme-Gillette et à la femme-Loréal: l’humanité moderne! C’est d'ailleurs grâce à Gillette qu’il est devenu nu, et non en mangeant une pomme. Plutôt agréable par ces temps de canicule.
Aujourd'hui où qu'il aille sur la Terre jamais il n’est perdu, toujours il trouve Gillette et Loréal. Sauf peut-être au pôle Nord. Mais bon faut pas chipoter: on ne trouve pas non plus de chipolatas ou de barbapapa à la latitude 90°.
Parce que, imaginons que les hommes trouvent dans chaque pays une marque différente: en France Gillette, en Suisse Razgratis, en Belgique Poildebique, à Cuba Poilagrata, et imaginons que les dames trouvent en France Vous le valez bien, en Argentine Besame Mucho, au Japon Tétoubon: comment savoir quelle marque prendre quand on change de pays?
Il y aurait bien sûr la solution de ne pas changer de pays. Chacun chez soi et l’écologie sera bien gardée: pas d’avions, pas de pollution touristique, pas de nature bitumée et bétonnée, la vraie vie d’avant, quoi, celle où Jane et Tarzan étaient peinard, sans personne pour les embêter.
Vraiment?
Pas si sûr. Homo sapiens est voyageur. Il ne s’est pas cantonné à l’Afrique. Pour des raisons que nous ignorons il s’est déplacé, et comme Ulysse beaucoup plus tard il fit un beau voyage. Pensez donc: Afrique, Moyen-Orient, Europe, Asie, Amérique, plus une kyrielle d’îles où il croyait avoir trouvé la paix jusqu’à ce que Nicolas Hulot débarque.
Et il a fait du tourisme écolo, tiens, Sapiens: à pieds, sans club Med, sans 4x4. C’est pas beau? Certes, certes, mais il faut noter qu’en se déplaçant il a envahi la Terre entière. Homo est mondialiste, il l'a été, et il l’est toujours. Son besoin de nouveaux territoires, son goût de la conquête le poussent en avant. Avoir de nombreux échanges avec le reste de la planète est dans ses fibres: Homo est inexorablement tourné vers le vaste monde. Et presque tous les sapiens ont fait la même chose: quitter leurs pénates pour aller manger (je n’ai pas dit fumer) l’herbe du voisin. Avec ou sans son accord. Il n’y a guère que les pygmées qui sont plus ou moins restés chez eux. Ça ne leur a pas réussi: ils sont peu nombreux, une petite épidémie et ils disparaissent à jamais, ils n’ont pas de Rolex, pas de iPhone, de Science & Vie, rien de ce qui fait d’Homo un homme libéré.
Car l’expansion c’est la liberté. On peut enfin quitter son bout de savane où les voisins nous guettent derrière leurs rideaux (de feuilles), faire ce qu’on veut, ne rien devoir à personne. Que c'est bon la vie loin du village natal. Comme elle sent bon la liberté cette vie ailleurs!
Mais l’Homo mondialistus est en voie d’arriver au bout de sa vocation. Quand plus aucun pays ne pourra supporter le moindre accroissement de population, cela s’arrêtera. La croissance zéro par la force des choses. Plus vraiment libre: toujours quelqu’un devant son nez. Car si la mondialisation est naturelle, si elle fait partie de l’humain depuis toujours, elle n'est pas sans limites.
Et oui un jour il n’y aura plus de place ici-bas. Mais Homo sapiens est intelligent. Il construira de grandes arches pour partir coloniser d’autres mondes dans la galaxie. Et quand celle-ci sera trop pleine, il y aura d’autres galaxies. Pensez, des milliards de milliards de galaxies dans l’univers.
L’avenir n’est plus la mondialisation, mais à la galactisation!
Commentaires
Avant L'Oreal, ou Gillette, ou même Zara ou Kellog's, il y avait des choses toutes bêtes, comme les céréales qui ont colonisé le monde avec l'aide de l'homme (qui certes n'agissait pas pour le bien des céréales, mais pour le sien propre, toujours est-il que cela les a mondialisées). A la longue, cette scie de se plaindre de la "mondialisation", comme si c'était nouveau, cela deviant d'un lassant, mais d'un lassant! ;-)
Rappelons que, par le passé, les langues variaient à l'échelle d'un canton suisse, ainsi que la culture, et qu'il y avait moult frontières, et que la simplification de tout cela a permis de beaucoup améliorer l'existence de beaucoup de monde.
Ensuite, oui, pourquoi pas, les galaxies. Il y a encore du boulot cela dit, nous sommes loin d'être assez avancés pour y aller.
Les estimations sont de "seulement" 100 milliards de galaxies dans l'univers. Mais à 100 milliards d'étoiles chacune, dont chacune avec dix planètes, cela laisse tout de même de quoi faire...
Ah, crotte, seulement 10 milliard de galaxies, pas mille. Emporté par mon enthousianme j'ai juste multiplié par 10.
100 milliards, cela fait quand même... 100'000'000'000 de galaxies, Beaucoup, quoi, Fois 100 milliard d'étoiles par galaxie... Fois dix planètes par étoile... Pfouuuuu!...
Bien d'accord avec vous, antoineb.
Raaaahhhh... rooohhhhh... pas 10 milliards: 100 milliards!
Bon antoine, votre compagne s'habille-t-elle chez Zara? Encore heureux que ce n'est pas chez Zahia...
(-_ø)
Sans vouloir rafraichir votre enthousiasme, la galactisation ne se fera que si et seulement si nous trouvons un moyen d'aller vachement plus vite que la lumière ou toute autre onde électro-magnétique...
Parce que sinon, à coup de millions d'années de voyage, jamais personne n'arrivera nulle part.
D'où l'importance de ne pas trop compter sur l'extérieur de notre planète pour notre avenir, et plutôt de trouver moyens de s'en contenter encore un bon bout de temps.
Ceci dit, l'homme a déjà de la peine à admettre qu'il est mortel, alors pour que les gens comprennent que l'humanité aussi est d'ores et déjà irrémédiablement condamnée...
Ah, Greg, m'enfin!... Il y a encore peu de temps à l'échelle humaine nous avançions à la vitesse de l'âne, puis du cheval, puis du vélo, puis... Et aujourd'hui on va dans l'espace à des milliers de km/h. "La Porte des Etoiles" n'est peut-être pas loin... :o)
Mais en effet, combien de temps reste-t-il à notre espèce? Dans quelques milliers d'années, nouvel âge glaciaire possible. Donc repli sur l'Afrique et l'équateur. Quelques bonnes guerres en perspectives, après celles due au réchauffement... De toutes façon, diminution de la population. Ouf, on respire!
Bon, d'accord, ce n'est pas si simple et nous ne sommes pas encore en route pour Proxima du Centaure.
Juste en passant, on estime à des centaines de milliards de galaxies, mais dans l'Univers observable ! Vu qu'il nous est impossible de connaître l'étendue réelle de l'Univers, il se peut que ce chiffre soit multiplié par un facteur 10, 100, 1'000 :-)
et que la simplification de tout cela a permis de beaucoup améliorer l'existence de beaucoup de monde.