Comme prévu Ségolène Royal a annoncé sa candidature à la primaire socialiste. La présidence de la République l’intéresse toujours. Bien. C’est un bon point pour elle. Je pense qu’il faut en vouloir pour briguer cette charge: ambition, très haute estime de soi, volonté de marcher sur la tête des autres ou à tout le moins être disposé et capable de les flinguer. Mais cela ne suffit pas.
Il faut ajouter une crédibilité. La connaissance des dossiers est indispensable, ainsi que la volonté affichée de les prendre en main. C’est la crédibilité politique. Il y a aussi la crédibilité de personnalité. Et sur ce point, Ségolène Royal est retombée dans son même travers: l’affectivité.
Dans son discours d’hier elle a tenté de reconstruire son personnage de 2007. Même ton prêcheur dont on peut prévoir qu’il glissera ensuite vers l’émotionnel plus que vers l’argumentaire. Mêmes phrases remplies d’une accumulation de mots symboliques mais sans contenu réel: «Oui, je veux être une présidente équitable pour construire avec tous les Français un nouvel ordre social juste, appuyé sur la force citoyenne de chacun d'entre vous.» Cette phrase mérite le Champignac d’honneur.
Le top dans sa tentative de reconquête fut son mea culpa: «Oui, j'ai compris mes erreurs. J'ai appris que je n'ai pas toujours su me faire comprendre, 2012 ne sera pas 2007». Pas toujours su se faire comprendre, vraiment? Au contraire l’a-t-on très bien comprise: la bravitude, ou les déclarations du genre «Je ferai ce que vous déciderez», soit cette attitude qui, en se voulant démocratique, montrait une absence de projet fort auquel s’accrocher, cela a été compris. Malheureusement pour elle. Elle dit avoir donné l’impression d’improviser. Sur le salaire minimum à 1‘500 euros c’était plus qu’une impression!
Ses démons resurgissent - à moins qu’elle ne dispose encore une fois d’un très mauvais conseiller en communication: elle donne dans l’affectif egotique. Elle dit «la plénitude et le bonheur qu'elle ressent en décidant de s'engager dans la campagne présidentielle.» Je ne crois pas que ses états d’âme donnent un quelconque crédit à sa candidature. En 2007, c’était nouveau, on n’avait pas encore d’anticorps. Là c’est une resucée. Elle reprend ce qui a fait sa défaite: des émotions et de l’affect.
Je ne dis pas que l’émotion est forcément contre-productive en politique. Mais c’est à manier avec beaucoup de précaution à dose homéopathique. Et comme un bon interprète, le ou la candidat-e ne doit pas montrer ses propres émotions, mais suggérer les mots qui font surgir celles du public. Plus on utilise de mots à connotation affective ou émotionnelle, moins il faut les souligner par le ton ou l’attitude. Sans quoi il n’y a pas de dialogue, mais plutôt une surenchère dénotant l’insécurité intérieure de celui ou celle qui parle.
L’insécurité de Ségolène Royal est transparente pour qui sait l’entendre. Son besoin de se légitimer en se déclarant hier «redevable» d’une fidélité à ceux qui avaient voté pour elle en 2007 est pathétique. En se référant à cette illusoire «redevabilité» elle n’assume pas d’y aller carrément. Elle s’appuie à nouveau sur les électeurs, pas sur sa propre force. Elle est donc déjà perdante; de plus elle se légitime d’une défaite, et de votes qui seraient de toutes façons allés à n’importe quel candidat de gauche - pas à elle spécifiquement. Cette manière de coller les électeurs, de les mettre en co-dépendance affective, est l’un des plus sûr mécanismes de sa défaite de 2007. Elle le reprend, comme si ce passé - bien que déçu et visiblement pas encore digéré - légitimait son présent. Il est probable qu’elle veuille prendre une revanche. Mais cela ne fait pas un programme ni une candidate crédibles.
Enfin l’annonce de sa candidature a été faite là où elle avait accueilli François Mitterrand en 1992. Encore un retour au passé pour tenter de se légitimer. Mais Mitterrand est mort et il n’est pas certain qu’il ait laissé un si bon souvenir.
Le plus problématique chez Ségolène Royal est sa visibilité. Ses ficelles sont grosses - affectivité déplacée et légitimation par le passé - et elle ne tente même pas de les cacher un peu. On peut mettre à son actif qu’elle a tenté une certaine transparence. L’expérience montre que cela ne marche pas, surtout en politique. En recommençant elle montre qu’elle n’a pas appris grand chose de ses erreurs. Les français l’ont compris, qui la placent assez loin dans les sondages. Elle pourra remonter un peu, certes. Mais elle n’offre plus l’effet de surprise ou de nouveauté.
Aujourd’hui on la connaît trop.
Commentaires
La campagne est ouverte !
Oui cette "Campagne 2011/2012" est enfin ouverte et tous les candidats/tes sont quasi déclarés. Mardi c'est à Mme Aubry d'enfin nous dire ce qu'elle a dans les "tripes". En ce qui concerne sa grande rivale, S. Royal, elle ouvre le bal en annonçant très clairement ses objectifs, dans un discours ma foi très gaullien des années de la libération de la France : Solidarité, Honneur et Volonté collective pour relever le pays collectivement.
Oui des programmes vont se confronter, des idées et des stratégies vont se dégager au cours des mois qui viennent, mais ce sera pour mieux illustrer le combat de Mme Royal. Ce qu'elle fait déjà dans sa région, ses prises de position courageuses (Aide aux sinistrés de Xynthia, Banque Régionale d'aide aux TPME, SCOOP, Heuliez, LGV Poitiers Limoges, Photovoltaïque... ) c'est déjà l'application d'un programme de redressement pour la France.
Alors que les Français s'informent et qu'ils viennent déposer un bulletin les 9 et 16 octobre prochain ! Pour Ségolène Royal, mais oui !
Tous les politiques français sont ringards! Et les élections 2012 nous promettent une belle empoignade comme à l'image de ce qu'est devenue - ou plutôt ce qu'elle n'est plus -la France!
Ségolène Royal est pro féministe radicale, on sait ce que ça vaut.
elle appuie aussi le terrorisme intellectuel de la gauche. qui fonctionne comme ceci.
extrait du terrorisme intellectuel de jean sévilla
"Contre ce principe de réconciliation, le terrorisme intellectuel entretient un réflexe d'ostracisme. La men¬talité de nos censeurs contemporains relève de la Terreur — dans l'acception historique du terme. « Y a-t-il guillotine aujourd'hui ? Oui, car il y a toujours tra¬hison », disait un sans-culotte. « Depuis la Révolution, souligne Alain Finkielkraut, les adolescents et les intel¬lectuels sont perpétuellement tentés de concevoir la politique comme la poursuite de la guerre par les moyens de l'injure. [...] Le démocrate a laissé place ; démocratiste. Incarnant l'Histoire en marche, le démocratiste s'indigne de rencontrer tant de momies, tant de rebuts, tant de vestiges de l'Ancien Régime parmis ses contemporains. A défaut de pouvoir leur couper la tête, il leur fait savoir qu'ils devraient être morts (Le Figaro, 14 novembre 2002).
Cette logique d'exclusion a été celle du jacobinism du communisme, du nazisme — de tous les systèrm totalitaires. Elle se fonde sur le rêve d'une société hab tée par des purs, délivrée de tout opposant, de toi contradicteur. Cette utopie folle attise une haine perpétuelle : puisqu'il y aura toujours des rebelles à l'ordre établi, il y aura toujours des individus à éliminer. Sar doute, dans le cas du terrorisme intellectuel, l'épuration s'opère-t-elle par les mots et l'image, mais l'effet reste le même. Il aboutit à considérer celui qui ne se plie pas au discours dominant comme un citoye indigne de ce nom. Alors que la citoyenneté consiste admettre que ceux qui ne partagent pas ses idées son néanmoins des citoyens.
Le redécouvrir est une impérieuse exigence. Vouloir mouler tous les Français sur un modèle uniforme, c'es travailler contre la paix civile. Car l'uniformité est 1e contraire de l'unité : quand l'unité rassemble, l'uniformité divise. Or la politique, ce n'est pas la guerre civile. C'est au contraire l'art de faire cohabiter différentes familles de pensée autour d'un dénominateur commun. Et alors que l'Europe ne constitue pas une communauté achevée, la nation reste le lieu géométrique où se résout la dialectique de l'universel, de l'identité et du particulier. Mais encore faudrait-il que soit rendu à « la vieille population française », par-delà ses divisions, le sentiment d'une destinée commune. Et encore faudrait-il enseigner à la nouvelle population la conscience d'entrer dans une aventure millénaire : celle de la France. C'est sûrement difficile, personne ne possède la recette miracle pour y parvenir, mais il n'est pas d'autre issue pour l'avenir que de métamorphoser
en citoyens français les immigrés nés ici et qui ne repartiront pas. « Le maître mot et l'objectif final de la politique gouvernementale, martèle Rachid Kaci, ne doivent plus être l'intégration, mais l'assimilation l0. »
Cela suppose enfin de redécouvrir la notion de bien commun et d'intérêt général. Si l'individu est roi, comment relier les individus entre eux ? Au terme des débats que le terrorisme intellectuel a obscurcis ou interdits, on trouve donc la question ultime du lien social. Qu'est-ce qu'être français ? Qu'est-ce que la France ?
Décembre 2003.
et sans oublier les dégats quelle a fait au corp enseignant. en donnant autant d'importance à la parole de l'enfant, même à des rumeurs.