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Libéralisme (9): quelques mots de «Libres»

Réflexion d’une centaine d’auteurs réunis sous le nom du collectif La Main Invisible, voici un livre original. Il repose les fondements de la liberté et du libéralisme tel qu’il faut l’entendre en dehors des préfixes pompeux et inutiles: néo ou ultra libéralisme. Ces auteurs proposent une vraie réflexion sur la société, les relations humaines, l’économie, la place de l’Etat, de manière accessible et claire.

liberté,libéralisme,Etat,libre,On est d’accord ou non, cela a le mérite de replacer le débat de la liberté. Inma Abbet en a déjà parlé sur son blog. Je cite ici quelques extraits de la préface de Frédéric Bastiat, qui est une partie vive de l’ouvrage. Vous le verrez, le ton est rapidement donné!

« L’homme répugne à la Peine, à la Souffrance. Et cependant il est condamné par la nature à la Souffrance de la Privation, s’il ne prend pas la Peine du Travail. Il n’a donc que le choix entre ces 2 mots.

Comment faire pour éviter les deux ? Il n’a jusqu’ici trouvé et ne trouvera jamais qu’un moyen : c’est du jouir du travail d’autrui ; c’est de faire en sorte que la Peine et la Satisfaction n’incombent pas à chacun selon la proportion naturelle, mais que toute la peine soit pour les uns et toutes les satisfactions pour les autres. De là l’esclavage, de là encore la spoliation, quelque forme qu’elle prenne : guerre, imposture, violence, restrictions, fraude, etc., abus monstrueux, mais conséquents avec la pensée qui leur a donné naissance. On doit haïr et combattre les oppresseurs, on ne peut pas dire qu’ils soient absurdes.

L’esclavage s’en va, grâce au Ciel, et, d’un autre côté, cette disposition où nous sommes à défendre notre bien, fait que la Spoliation directe et naïve n’est pas facile. Une chose cependant est restée. C’est ce malheureux penchant primitif que portent en eux tous les hommes à faire deux parts du lot complexe de la vie, rejetant laPeine sur autrui et gardant la Satisfaction pour eux-mêmes. Reste à voir sous quelle forme nouvelle se manifeste cette triste tendance.

L’oppresseur n’agit plus directement par ses propres forces sur l’opprimé. Non, notre conscience devenue trop méticuleuse pour cela. Il y a bien encore le tyran et la victime, mais entre eux se place un intermédiaire qui est l’État, c’est-à-dire la loi elle-même. Quoi de plus propres à faire taire nos scrupules et, ce qui est peut-être plus apprécié, à vaincre des résistances ? Donc, tous, à un titre quelconque, sous un prétexte aux sous un autre, nous nous adressons à l’État. Nous lui disons : « Je ne trouve pas qu’il y ait, entre mes jouissances et mon travail, une proportion qui me satisfasse. Je voudrais bien, pour rétablir l’équilibre désiré, prendre quelque peu sur le bien d’autrui. Mais c’est dangereux. Ne pourriez-vous me faciliter la chose ? Ne pourriez-vous me donner une bonne place ? Ou bien gêner l’industrie de mes concurrents ? Ou bien encore me prêter gratuitement des capitaux que vous aurez pris à leurs possesseurs ? Ou élever mes enfants aux frais du public ? Ou m’accorder des primes d’encouragement ? Ou m’assurer le bien-être quand j’aurai 50 ans ? Par ce moyen, j’arriverai à mon but en toute quiétude de conscience, car la loi elle-même aura agi pour moi, et j’aurais tous les avantages de la spoliation sans en avoir ni les risques ni l’odieux ! »

Comme il est certain, d’un côté, que nous adressons tous à l’État quelques requêtes semblables, et que, d’une autre part, il est avéré que l’État ne peut procurer satisfaction aux uns sans ajouter du travail aux autres, en attendant une autre définition de l’État, je me crois autorisé à donner ici la mienne.

La voici :
L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.

Car, aujourd’hui comme autrefois, chacun, un peu plus, un peu moins, voudrait bien profiter du travail d’autrui. Ce sentiment, on n’ose l’afficher, on se le dissimule à soi-même ; et alors que fait-on ? On imagine un intermédiaire, on s’adresse à l’État, et chaque classe tour à tour vient lui dire : « Vous qui pouvez prendre loyalement, honnêtement, prenez au public, et nous partagerons. » Hélas ! L’État n’a que trop de pente à suivre le diabolique conseil ; car il est composé de ministres, de fonctionnaires, d’hommes enfin, qui, comme tous les hommes, portent au coeur le désir et saisissent toujours avec empressement l’occasion de voir grandir leur richesse et leur influence. L’État comprend donc bien vite le parti qui peut tirer du rôle que le public lui confie. Il sera l’arbitre, le maître de toutes les destinées : il prendra beaucoup, donc il lui restera beaucoup à lui-même ; il multipliera le nombre de ses agents, il élargira le cercle de ses attributions ; il finira par acquérir des proportions écrasantes.

Mais ce qu’il faut bien remarquer, c’est l’étonnant aveuglement du public en tout ceci. »



«Libres», Collectif La Main Invisible, Editions Roguet.

Catégories : Liberté, Philosophie, Politique, société 2 commentaires

Commentaires

  • A quand un billet sur les libertaires et leurs écoles.
    Anarcho-capitalisme, minarchisme, objectivisme et les sous groupes uttilitaristes, jusnaturalistes puis les géolibertaires qui défendent le droit à la propriété mais pas à la terre.
    Pour n'en mentionner qu'une partie...
    Vous qui êtes si prolifique, vous pourriez contribuer à la culture générale des genevois en matière de liberté, du moins dans son acceptation philosophico-politique.

  • Bonnes idées, merci. Je n'ai pas oublié non plus la question du tantrisme, bientôt prêt. Cela prend quand-même du temps! :-) Et ces jours j'ai quelques problèmes de connexion.

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