L’oligarque Porochenko a gagné la présidentielle. Mais qui est Petro Porochenko? Il est milliardaire, comme le président démis par le coup d’Etat de février, Viktor Ianoukovitch. Comme le premier ministre de transition. Ces gens sont soutenus par une milice fascisante, qui a fait le coup de force contre des élus légitimes dans plusieurs villes d’Ukraine.
Milice qui est probablement à l’origine du massacre d’Odessa. En occident des politiciens soutiennent ce pouvoir amené entre autre par les milices ultra-nationalistes. En même ces politiciens dénoncent la poussée souverainiste aux élections européennes.
Quelques pistes trouvées sur le net, en particulier sur Politico et Francetvinfo, mentionnent son parcours politique assez sinueux. «En 1998, il est député du Parti social-démocrate unifié qui soutient le président Leonid Koutchma. En 2000, il crée son propre mouvement Solidarité pour un an plus tard participer à la fondation du Parti des régions, avant de se rapprocher de Viktor Iouchtchenko, avec qui il participera à la révolution orange, en 2004». Il retournera vers le président renversé, dont il sera ministre. Opportunisme? Difficile à dire, mais pour le moins présent partout.
De son bureau luxueux, il ordonne à sa chaîne de télévision privée de prendre le parti de l’insurrection de février. On peut supposer qu’un rapprochement avec l’Europe serait bonne pour ses affaires. le «roi du chocolat» est la septième fortune d’Ukraine. Milliardaire, il a commencé très tôt:
«... il est encore étudiant en relations internationales et en droit dans une université de Kiev quand il se lance dans le cacao. Il installe alors des usines en Ukraine, en Lituanie, en Hongrie et dans le sud-ouest de la Russie voisine.»
Comment trouve-t-on l’argent pour financer des usines dans trois pays alors que l’on est simple étudiant en droit? Personne ne le sait.
Sa maison - son palais devrait-on dire - peut rivaliser avec celle de l’ancien président. Semblable à la Maison Blanche - ce qui est en soi un symbole - elle s’étend sur une propriété de plusieurs hectares à Kozyn dans la région de Kiev, sur les bords du Dniepr, et dispose de sa propre chapelle. Bien que ce soit illégal, il a fait interdire les bords du fleuve sur sa propriété et dans les environs. De hauts murs et des portails métalliques enferment le domaine et isolent son propriétaire de la population. Il vit là avec quelques autres richissimes ukrainiens, symbole des fortunes issues d’arrangements opportunistes entre le monde politique et la finance.
Il vit donc comme un roi, un nabab, dans ce pays où les retraités ne mangent pas à leur faim et où le salaire moyen est de moins de 400 dollars par mois. Je n'ai rien contre les gens riches, qui créent de l'emploi et de la richesse. Mais comment a-t-il fait fortune? On est en droit de le demander quand il s'agit de l'élection d'un président.
L’article de Politico résume assez bien le paradoxe et le mystère de ce parcours:
«Comment est-il possible que quelqu'un qui a été dans la constellation politique depuis des décennies, a fait des milliards depuis l'effondrement de l'Etat soviétique, puis qui a refusé son rôle, ait émergé comme le choix par défaut pour diriger le pays dans cette crise? Les oligarques font partie du problème de l'Ukraine; sur cela, pratiquement tout le monde est d'accord. Alors pourquoi un oligarque est-il présenté comme la solution pour l'Ukraine?»
La révolution ukrainienne doit en faire sourire de satisfaction plus d’un aujourd’hui.
La révolution, c’était la blague de 2014.
Commentaires
J'ajoute que la Russie n'a pas envahi l'Ukraine! Divers commentateurs prévoyaient l'intervention avant le 25 mai: ils ont pris leurs angoisses pour la réalité. C'est raté. Ils auraient tellement voulu que Poutine soit un nouvel Hitler. Ils peuvent maintenant se questionner sur la propagande anti-russe qu'ils ont relayée à tort.
Dans l'urgence je vous communique ce lien pour les dernières nouvelles en Allemagne.
Serions nous capables d'une telle solidarité en Suisse?
"La colère monte en Allemagne autour de la situation en Ukraine. Les pacifistes allemands de tous les bords politiques se retrouvent dans des villes tous les lundis pour manifester."
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_05_27/En-Allemagne-un-projet-de-bataillon-pour-combattre-Kiev-0789/
Monsieur Burkhalter! Légitimez vous cette présidentielle-farce en Ukraine?
Moi pas!!!
Hé oui tout ça pour ça !
Les morts de Maïdan et les morts d'Odessa, sont juste des dégâts collatéraux pour des politiciens qui jouent au monopoly mondial ou encore à counterstrike par procuration.
On est revenu à la case départ dans une situation pire qu'avant. Au cynisme se rajoute l'amateurisme.
Les américains sont devenus les maîtres pour sous évaluer les réalités locales, lorsqu'ils projettent d'investir une part du monde. Ces dernières années, ils n'ont laissé que la ruine et la désolation derrière eux.
Comme le dit cette femme ukrainienne à 5'25'' dans une suite de témoignages
qui préludaient le drame d'Odessa
https://www.youtube.com/watch?v=d2gFSK4qKs4
En quelques mois on a vu cette répétition stratégique que synthétise si bien Michel Collon:
1. Cacher les intérêts. Nos gouvernements se battent pour les droits de l’homme, la paix ou quelque autre noble idéal. Ne jamais présenter la guerre comme un conflit entre des intérêts économiques et sociaux opposés.
2. Diaboliser. Pour obtenir le soutien de l’opinion, préparer chaque guerre par un grand médiamensonge spectaculaire. Puis continuer à diaboliser l’adversaire particulièrement en ressassant des images d’atrocités.
3. Pas d’Histoire ! Cacher l’histoire et la géographie de la région. Ce qui rend incompréhensibles les conflits locaux attisés, voire provoqués par les grandes puissances elles-mêmes.
4. Organiser l’amnésie. Eviter tout rappel sérieux des précédentes manipulations médiatiques. Cela rendrait le public trop méfiant.
Comme disait l'autre; si Poutine a un siècle de retard dans sa mentalité, c'est précisément parce qu'il croit encore à la bonne vieille diplomatie.
Or la manière forte n'est pas venue de lui en l'occurrence, par contre il peut s'auréoler de la patience diplomatique dont il fait preuve dans les deux crises majeurs successives initiées par les forces atlantiques.