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La libération en dix centimètres

Ils parlent depuis un moment. Quand je dis un moment je veux dire: un bon moment. C’est quoi un «bon» moment? Y a-t-il des bons et des mauvais moments? Des mauvais moments ce sont des moments absents, peut-être. Ou des moments simultanés.

rhum3-bateau.jpgCe n’est pas aussi simple qu’on le pense. On ne prévoit pas le bon moment. On le sent. On le sait. On se l’exprime. C’est le cas ici. Des pensées venues par hasard, ou pas, poussent dans leurs têtes. Des pensées précises. Pourquoi ces pensées-là? On peut penser à un autre chose bien sûr. Nous sommes libres de ce que nous pensons. Quoique: sommes-nous vraiment libres?

 

Non, surtout ne pas disserter sur ce thème-là: la liberté. On sait quand on y entre, on ne sait pas quand on en sort. On parle de liberté et après tout devient équivalent. C’est cela, la liberté: tout est équivalent. Bon, d’accord, mais est-ce vraiment souhaitable? Et cette interprétation de la liberté est-elle opportune? Tout est équivalent. Ou pas. Si l’on sélectionne une chose plutôt qu’une autre, on écarte l’autre. Ou est alors la liberté de l'équivalence? «On peut être libre et privilégier un choix sélectif», dit l’un. «Ou pas», dit l’autre.

 

Ça y est, j’ai dit de ne pas aborder ce sujet. La liberté c’est de la merde. Enfin, dans un débat où tout le monde donne son avis. Car tous les avis sont a priori équivalents. Quelle foire d’empoigne! Personne pour prendre en mains le fil, pour recadrer si nécessaire. Tout est équivalent. Dur dur: comment prendre un cap si le nord est le frère jumeau contraire du sud, si l’est est à l’opposé de l’ouest? Un cap exclut l’autre. Tout n’est donc pas équivalent. Et débrouillez-vous avec cela, semblent dire les anges en souriant doucement. Les anges ont de l’humour. Ils aiment bien nous voir peiner sur nos travaux intellectuels, nous perdre en conjectures. Ils ne sourient pas pour se moquer de nous: en réalité ils attendent le moment où la parole dite n’est plus sujette à controverse ni à dialectique.

 

rhum3-cascade.jpgDonc ils parlent depuis un bon moment. Sans qu’ils s’en rendent compte les centimètres défilent. Comme une cascade. Une chute imperceptible et pourtant vertigineuse. Mais tomber n’est pas jouer. Il faut ne pas considérer son état réel, les yeux qui convergent en un strabisme éthylique. L’important n’est pas ce qui est bu mais ce qui est dit au bout de dix centimètres. Dix centimètres c’est la longueur de temps pendant laquelle des rêves éclosent. Le temps pour que des paroles soient dites, non sujettes à controverse ni à dialectique. Alors des portes s’ouvrent. Au bout de ces dix centimètres des mots sont lâchés: faire de la musique ensemble.

 

Ils se le disent au moment où la cote des dix centimètres est atteinte. C’est un moment de joie - donc un bon moment - clôturant avec puissance et délicatesse une journée bien remplie. Il n’y a pas de controverse possible à ce point, ni de dialectique: il n’y a qu’un rêve qui prend forme, un désir partagé, un projet à accrocher aux étoiles. 

 

Chanter ensemble, prêter une chanson pour la jouer en duo, créer ensemble un groupe avec d’autres musiciens: un rêve prend forme. Au bout de dix centimètres, ces paroles, précises dans l’intention, ces paroles sont dites. Des paroles qui engagent, vu la nature des lascars. Avaient-ils besoin de ces dix centimètres pour que le rêve devienne parole, proposition, projet? Peut-être que non. Peut-être que oui. Peu importe. Dix centimètres en hauteur dans la bouteille, dix centimètres en moins dans la bouteille de rhum. Du rhum à 55° quand-même. Avec du gingembre pour l’un, du miel pour l’autre. 

 

Dix centimètres de rhum, d’une grande bouteille transparente, et le rêve déboule dans leurs vie comme une pluie d’orage: comme une libération de quelque chose. Une tension joyeuse qui donne naissance à un programme pour plusieurs années.

 

Dix centimètres de rhum et la naissance d’un projet...                                      

 

 

Catégories : Divers, Humour, Liberté 0 commentaire

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