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Climat : l'apocalypse est un état d'esprit

L’envol de l’écologie politique à partir des années 1960 doit beaucoup à René Dumont en Europe francophone. L’ancien candidat à la présidence de la république française avait fait son programme sur le thème: « Changeons de société ».

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Ce qui signifie clairement son opposition à un mode de vie issu de la technologie triomphante. Bien sûr on peut critiquer le consumérisme - sans oublier qu’il crée de l’emploi et que nous en profitons tous. On peut aussi critiquer la pollution. Au début de l’ère industrielle l’objectif était d’améliorer la vie; on ne savait pas à l’avance qu’il y aurait des inconvénients à ce progrès. Il est donc injuste de condamner une société parce qu’elle n’a pas installé des devins au pouvoir. Une société apprend de son propre développement.

René Dumont a posé presque tous les standards idéologiques de l’écologie politique. Il s’est inspiré du rapport du Club de Rome qui abordait déjà, il y a 40 ans, les questions de la limite de la croissance mondiale et du développement durable. Ce rapport a trouvé un public pour lequel la course à l’argent et à la consommation ne représentaient pas un mode de vie. De nombreux écologistes de la première heure se sont formés dans cette pensée.

Le problème est la contamination de l’ensemble du mouvement écologiste par une forme précise de pensée, forme qui a imprégné l’émergence du thème environnemental: la forme apocalyptique, comportant révélation et menace. Cette pensée est caractérisée par les gimmiks suivants:

- nous avons tort
- nous faisons tout faux
- nous sommes des prédateurs universels
- la Terre mourra au XXIe siècle si nous ne changeons pas tout tout de suite
- le profit c’est le mal
- le capitalisme c’est le mal
- le libéralisme c’est le mal
- etc.

C’est encore une chance que la liberté individuelle ait pu faire son chemin dans ce fatras d’injonctions comminatoires, de mise en stress collectif, de culture de la peur, de mode de penser négatif, de nouveau moralisme d’interdiction, de culpabilisation de l’occident, et surtout d’une prétention inouïe: celle de croire que le volontarisme politique en faveur de l’écologie serait sans conséquences néfastes, ou que ses conséquences éventuelles seraient mieux anticipées. Il n’en est rien: personne ne peut prévoir ce que l’on ignore.



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Au début, et bien que le discours anti-libéral pointât déjà, ceux qui allaient s’appeler les Verts proposaient une nouvelle réflexion sociétale, plutôt hors du clivage droite-gauche. Le goût du pouvoir si naturel aux humains a-t-il pris ensuite le dessus? Le désir de s’orienter vers une société « propre » ne peut se concevoir que dans une certaine forme de pensée, manichéenne, où propreté, pureté, Bien, se confondent peu à peu dans une confusion des niveaux de réflexion et un amalgame de remontrances.

Le mouvement a rapidement su désigner des « ennemis », ceux-ci étaient forcément les producteurs et les capitalistes. Les Verts sont devenus rouges. Erreur fatale. Désormais l’écologie apparaît comme une branche radicale du socialisme. Alors que ses initiateurs la voulaient universelle, elle se particularise au point de devenir un succédané de la lutte des classes. L’écologie politique a échoué dans sa mission de fédérer au-dessus de la mêlée.

Ce glissement politique rend désormais les Verts suspects d’être opposés à la société non pour la réformer mais pour la contraindre un peu plus. Les tenants de l’écologie politique se servent du jugement moral à forte dose, conditionnent les enfants dans les écoles, séduisent les politiciens en quête de voix.

J’ignore quel était le degré de sincérité des premiers écolos. Plutôt élevé, à mon avis. Ils ont tracé un sentier. Malheureusement la trace a été faite sur une vision de désastre en arrière-plan.

A aucun moment il n’y a eu de question sur une éventuelle opportunité positive du réchauffement climatique. Tout s’est construit sur un ton plus que sur une pensée: le ton du drame, de l’indignation, de l’imprécation, du déni de ce que la société technologique apporte de bon et d’utile au monde. Le retour au Larzac n'était-il que le luxe d'une société prospère où personne ne mourrait plus de faim? C'est court de le dire ainsi, mais je laisse la piste ouverte.

Le passage des Verts au rouge leur a peut-être permis de s’affranchir de l’image pastorale du retour à la bougie. Placés à gauche, ils pouvaient se réconcilier avec le progrès puisqu’en même temps ils le critiquaient mais désignaient les patrons capitalistes comme responsables de son mauvais usage. Les écolos étaient purs et blancs comme neige. Ce sont les autres, les capitalistes pollueurs, qui sont coupables, coupables de sacrifier le monde à leur intérêt et de le polluer.

Ce constat est navrant. Pourquoi, en environ 50 ans d’écologie politique, personne n’a jamais défendu à large échelle le bienfait possible du réchauffement? Pourquoi avoir d’emblée soutenu une vision apocalyptique? Parce qu’elle pré-existe en nous et qu’elle émerge facilement, comme une défense contre ce qui nous stresse? Parce que nous nous sentions coupables de l’abondance matérielle? Parce que nous avons besoin de nous peindre le diable sur la muraille, comme des enfants qui jouent à se faire peur?

Remarquez: l’imprécation et l’annonce du malheur produisent plus d’effets médiatiques que le bonheur. Pourquoi écoutait-on les prophètes au temps de la Bible? Parce qu’ils annonçaient du malheur et des catastrophes. Les écolos l’on vite compris, instinctivement. Ils ont repris le même flambeau, la même posture, le même ton. L'apocalypse est un état d'esprit.

Mais pourquoi personne n’a dit à la télévision: « Le réchauffement est une chance »? Il est aussi probable que ce soit une chance que le contraire.


Catégories : Environnement-Climat 7 commentaires

Commentaires

  • Bon, juste une question : nous sommes au Primaire ou au Quaternaire ? Non, encore une autre : toutes les lois qui régissent l'environnement sont des exponentielles.
    Quand une espèce domine trop son milieu, elle le tue. C'est une loi générale. Pourquoi y échapperions-nous ? (Si on trouve une solution à un problème, on en crée d'autres selon une loi exponentielle...).
    Mais cela n'a pas d'incidence politique directe. La meilleure preuve que les écolos divaguent, c'est qu'ils parlent de sauver la planète...

  • Très bon article cependant cependant ces grands rêveurs d'un monde de plus en plus propre et non plus blanc que neige comme celui des Pentecôtistes aura eut pour effets secondaire de réveiller des affaires de corruption dont Al Capone lui -même rougirait d'envie
    Il semble que plus on cherche à éliminer les poux de la verdure ,plus la corruption prend l'ascenseur
    La France nous pompe l'air avec sa transition énergétique qui pénaliserait les plus démunis tandis que des Temples de l'Alimentation sont construits aux abords de grandes villes comme Paris
    Finalement ceux dirigeants l'UE ou ailleurs se prennent pour des acteurs de Hollywood et ne savent plus faire la différence entre ce qui fait partie de leur devoir et la Canebière
    Qu'on cesse de nous faire croire qu'ils ne sont pas tous entrain de planer ,Plastic Bertrand doit être aux anges

  • Il manque un aspect ou un angle de vue (à mon humble avis) à cette analyse très intéressante; c'est que ce glissement politique que vous exposez n'est au fond pas le vrai problème.

    Ce mouvement écologiste, par le timing de sa croissance semble bien plus accompagner, le malaise identitaire que confère le dévelopement techno-économico-financier.

    En effet en quelques décennies le monde est passé globalement d'une conscience identitaire locale et même rurale ( pour une ville comme Genève par exemple) à un arrachement de la terre, à un effacement de l'identité corporelle de l'environnement, pour faire place à la vitesse du virtuelle qui s'est infiltrée absolument dans tous les secteurs de vie.

    Dans les premiers développements industriels, l'être humain s'est senti perdre progressivement son statut d'homme pour se transformer en fourmi dans l'agitation de la fourmilière.

    Aujourd'hui, les mégalopoles nous renvoient l'image de grande puce électroniques, des processeurs dont les ions d'informations seraient des humains qui s'agitent aux service de qui et de quoi ? Quel logiciel ? Je tire cette image du film "Koyaanisqatsi" qui nous propose cette mise en abîme.

    Ici un lien d'un dithyrambe édifiant, livré par un spectateur conquis

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm-33233/critiques/spectateurs/


    La direction décorporalisée de l'économie et des activités humaines en générale est bien plus perturbante pour nos complexes neuronaux que l'on pourrait croire.

    Nous nous sommes développés et avons pris conscience de notre conscience à travers des centaine de millier d'années d' expériences sensorielles reliée à la terre, au sol, à notre capacité de nous adapter à une région, pour apprivoiser sa respiration bien particulière, sa pulsation vitale cyclique, avec le grouillement végétal et animal qui se manifestent en synchronicté et qui lancent des repères sur notre espace-temps.

    Cette dissociation et le malaise qu'elle véhicule je la rencontre tous les jours dans l'intimité de l'espace thérapeutique.
    Il me paraît évident que les crises identitaires multiples ( religion, ethnie, genre, philosophique et politique et bien plus) se répandent aux pro rata de notre développement virtuel et la dissolution de nos repères inscrits dans nos gènes depuis si longtemps.


    Pour varier ici un lien sur l'acteur JP Daroussin qui explique pourquoi il a dû écrire un livre pour conter le terreau dans lequel il a poussé.

    http://www.mediaterranee.com/2232015-jean-pierre-darroussin-la-gauche-na-jamais-ete-au-pouvoir.html



    Dans les générations nées après 1990, qui aura encore un terreau à raconter dans le fond de son coeur ?

  • @aoki,
    Je partage votre analyse. Le développement est si rapide qu'il est difficile à suivre. Adopter les changements sans grincements n'est pas à ma portée.
    De mon vivant ( j'ai bientôt 60 ans) le monde a profondément changé. J'ai commencé ma vie dans une maison à la campagne finlandaise. Elle n'avait pas eau courante et ça implique pas mal de problèmes au quotidien, surtout en plein hiver. Les valeurs, le mode de vie, les priorités sont littéralement à mille lieues de mon monde actuel.
    Il est possible que nous soyons déjà entourés de générations n'ont plus besoin de référence à la terre et qu'elles seront bienheureuses dans un monde que je n'imagine même pas ! Elles n'enquiquineront pas le mode avec des craintes d'un autre âge.

    @ hommelibre,
    Il manque dans votre fresque la dimension "Vert libéral" et puis cette affirmation de beaucoup de politiciens, qui affirment que l'écologie fait désormais partie des programmes de tous les partis.
    Actuellement les partis se disant "Verts" ne sont pas du tout en train de prendre le pouvoir, donc je ne vois pas tellement de menace de ce côté-là.

    La crainte de l'apocalypse est probablement une structure profonde de beaucoup d'humains, de ceux qui se sentent fragiles ou qui perçoivent les forces naturelles comme très puissantes. Et le christianisme a cultivé cette notion avec beaucoup de générosité ! Comment ne pas en être un peu contaminé ?
    Nous avons vécu, il y a une quinzaine d'années, une phase quasi-apocalyptique :
    Deux-trois ans avant l'an 2000, on a commencé à nous stresser avec l'idée que le passage de 1999 à 2000 allait très mal se passer, parce que les ordinateurs n'avaient pas été conçus en vue de ce changement majeur dans programmation de la datation. C'était "le bug de l'an 200".
    On nous a dépeint une vision de fin du monde, avec des avions qui chuteraient, des réseaux électriques morts, des salles d'opération en panne, des congélateurs dégoulinants etc.
    Rien de cela n'a eu lieu, parce que les informaticiens avaient pris les précautions nécessaires et trouvé comment surmonter le bug potentiel.
    Ensuite, on s'est moqué de tout ça, de toute cette peur "inutile".
    Et si cette peur avait permis d'éviter des plantages ? Il est indéniable que des gens ont tout mis en oeuvre pour que ça se passe le moins mal possible.
    Le sensationnalisme, le besoin de se faire peur ne sont pas des procédés en voie de disparition. Ca permet de faire du buzz, de créer de l'émotion.
    Et puis, dans l'ombre, des gens bossent , pour que ça tourne malgré tout. Il s n'ont pas besoin de leur quart d'heure de célébrité, leur motivation doit se trouver dans des résultats concrets d'un travail bien fait.

  • Aoki,

    Les senteurs de bitume auront remplacé celles de la mousse humide. Il y a un charme dans le bitume, sec ou humide, chaud ou froid. Pas de bon polar sans pluie et bitume.

    Son parfum change finement d'une rue à l'autre. On pourrait, avec un peu d'entrainement, reconnaître le nom de chacune d'elles en gardant les yeux fermés, uniquement informé par notre odorat. Et par nos oreilles aussi. Les sons, les échos, l'herbe qui étouffe, la fenêtre, le sens du vent.

    ... :-)

    "Il me paraît évident que les crises identitaires multiples ( religion, ethnie, genre, philosophique et politique et bien plus) se répandent aux pro rata de notre développement virtuel et la dissolution de nos repères inscrits dans nos gènes depuis si longtemps."

    ..., oui. L'humain vivant aujourd'hui en majorité dans des villes celles-ci se mettent au diapason du naturel. Genève y fait de bonnes choses en ce qui concerne les parcs par exemple. A ce propos on m'a signalé une belle expo au Jardin Botanique.

    Ces crises identitaires sont fortes parce que la république qui devait réunir, en réalité dilue les particularités. En France en tous cas, moins en Suisse. Mais l'écologie politique peut-elle répondre à ce morcellement des identités à une époque où les choses se pensent plus globalement (idéal écolo d'avant, me souvient-il...)? Contradiction difficilement surmontable.

  • Calendula,

    "Et puis, dans l'ombre, des gens bossent , pour que ça tourne malgré tout."

    Oui, je plussoie.

  • @ John

    Sauf à l'adolescence, je n'ai jamais pensé qu'il fallait attendre quoique ce soit d'un programme politique; pas plus des Verts que des Libéraux. Chaque courant non équilibré par son contraire contient en puissance un très fort pouvoir de nuisance ou de destruction.

    Leçon de la nature qui démontre qu'un équilibre minérale dans de l'eau de mer permet la vie de micro-organismes, mais ils suffit que l'on en retire qu'un, que les autres deviennent des toxiques pour ces mêmes organismes...

    A l'instar de l'observation de Calendula, je pense qu'il y'a ceux qui bossent pour que les choses tournent, et que le monde politique ne fait que suivre avec finesse ou non en validant ou en récupérant certaines tendances issues de cette masse besogneuse et créatrice.
    Bref, contrairement à l'adage qui dit que gouverner c'est prévoir, le monde politique n'est, à mes yeux, qu'un vient ensuite ou un vendu corporatiste, au pire un idéaliste tyrannique.

    Être acteur créativement sans attendre son quart d'heure de célébrité, me semble bien plus attrayant au fond.

    Dans ce sens-là, je trouve que le contrepied au catastrophisme est plutôt sain, tant il est vrai que le négativisme emprunt de nostalgie ne mène finalement qu'à la paralysie et la déprime.
    Mais cela ne doit pas empêcher de s'observer collectivement, bien au-delà des partis pris politiques.
    Pour tirer des vraies sonnettes d'alarmes afin d'agiter un chiffon rouge et faire réagir.

    Car après tout il est vrai, comme le dit Géo, qu'une espèce devenant trop dominante et ne parvenant pas à s'auto-réguler crée les conditions de sa souffrance régulatrice ou de sa disparition...

    Aussi vrai que la disparition programmée des grand mammifères (baleines, éléphants, rhinocéros, ours et même les grands félins) comprend d'avance un appauvrissement intérieure de l'humanité qui ne sera pas remplacé par le grouillement de cancrelats urbains ...

    Aussi vrai que l'industrie pharmaceutique ne remplacera pas le totum d'une plante qu'elle a pâlement copiée. Ou que certain minéraux recomposés ne raconteront pas la même histoire au corps humain que des sels formés par des millénaires de cycle catalytique.

    Ceci pose des questions sur le destin humain qui dépassent largement des questions de philosophies politiques.

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