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Dominique Cottrez : énigme ou monstre ?

Après une semaine de débats le procès très médiatisé de Dominique Cottrez touche à sa fin. Le procureur des assises de Douai a requis 18 ans de prison contre cette femme qui a tué 8 de ses bébés en 10 ans. Après des années pendant lesquelles elle s’est présentée en victime, elle doit maintenant faire face à ses responsabilités.

 

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Lors de ces journées elle a raconté comment elle dissimulait ses grossesses. Son obésité l’y aidait. Mère de deux filles vivantes, fruits de ses premières grossesses, elle relate la manière, réelle ou subjective, dont son premier accouchement s’est déroulé:

 

« Elle a 23 ans, elle a pris 30 kg pendant sa grossesse, la sage-femme qui l’accueille la rudoie et la tutoie. « Elle m’a traitée de gros boudin, je me suis sentie humiliée. Après, le médecin est arrivé, pas de bonjour, rien, sans expliquer ce qu’il faisait, il était froid, presque méprisant, j’avais l’impression qu’on me prenait pour une bête. »

 

Dès la troisième grossesse elle décide de ne plus consulter. Elle accouche seule, chez elle, et étrangle ses bébés enveloppés dans un linge. Elle les sent renifler et mourir. Un expert psychiatre dira d’elle : « Dominique Cottrez n’a pas donné la mort à ses nouveau-nés, elle ne leur a pas donné la vie. » 

 

Une phrase qui fait penser à Marguerite Duras quand elle écrivait, dans l'affaire l'affaire Grégory : « Sublime, forcément sublime. »

 

 

 

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Dans sa défense elle a argué pendant des années que ces enfants étaient le fruit d’une relation incestueuse avec son père.

 

« Elle a 8 ans quand son père, dont elle est la préférée, tente pour la première fois d’avoir une relation sexuelle avec elle. Elle en a 12 quand il la viole. Les rapports incestueux se poursuivent pendant l’adolescence, Dominique Cottrez grossit de plus en plus, elle pèse 85 kg à 15 ans. A 19 ans, elle vit sa première histoire d’amour avec un garçon du même âge qu’elle, qui devient son mari. »

 

Elle aurait continué cependant à avoir une relation avec son père. Relation consentie, dit-elle. Mais les hommes ne trouvent pas grâce à ses yeux. Elle accentue sa posture de victime en parlant ainsi de son mari : « un homme qui se "fout de tout", des grossesses, des sentiments de sa femme qui n'a aucun plaisir avec lui. Elle le satisfait tant qu'elle peut. "Moi la sexualité c'est pas mon fort, je voulais qu'il me laisse tranquille, mais pour lui, il fallait". Il fallait, trois, quatre fois par semaine. Et si Dominique Cottrez lui disait non, qu'elle n'avait pas envie, il s'en moquait, il continuait en lui attrapant les épaules. »

 

Au procès, il y a deux jours, la présidente du Tribunal a poussé Dominique Cottrez dans ses retranchements. Celle-ci a fini par reconnaître qu’elle a menti : son père ne l’a jamais violée ni touchée et n’a jamais entretenu de relation sexuelle avec elle. Pour celle qui avait même tenté de faire valoir la prescription pour échapper à la justice – stratégie qui n'a pas pris – la posture victimaire s’est effondrée.

 

Elle ne subira aucune conséquence pénale de cette fausse accusation de viol paternel.

 

 

 

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Le procureur s’acharne cependant à diminuer sa responsabilité et charge le mari :

 

« Tous les bébés sont ceux de Pierre-Marie Cottrez. Le procureur de la République l'a pourtant rappelé : à trois reprises durant l'instruction, il a demandé vainement sa mise en examen. "Pourtant, l'affaire est éminemment familiale", dit-il. Un homme qui s'en sort bien, assis pendant tout ce procès sur le banc des parties civiles, entouré de ses deux filles. L'avocat Pierre-Jean Gribouva a d'ailleurs proposé lors de sa plaidoirie cette seule alternative aux jurés concernant son client Pierre-Marie Cottrez: soit il est "le dernier des cons", parce qu'il n'a rien su voir ; soit "le dernier des salopards", parce qu'il a pu aider sa femme. »

 

Sans succès. Dernier baroud d'un magistrat – encore peut-être imprégné de la posture victimaire – pour tenter d’humaniser cette femme, tant les stéréotypes interdisent de penser qu’une mère puisse commettre de tels actes ?

 

Que s’est-il passé dans la tête de Dominique Cottrez ? Quelle était sa motivation ? Les questions resteront sans réponses. Elle dit avoir eu peur. Si les bébés étaient de son père la consanguinité aurait pu produire des monstres, dit-elle. Mais les analyses ADN des bébés morts, qu’elle avait gardés chez elle dans des sacs en plastic, démontrent qu’il n’en est rien. Tous sont de son mari. Elle le savait. 

 

Le mot monstre est ici troublant, comme peut-être une lucarne de lucidité sur elle-même.

 

Mais les monstres ont aussi droit à la rédemption. En effet l’avocate générale tend la main à la criminelle en parlant « d'une femme enfermée dans une spirale criminelle qui l'a conduite à garder auprès d'elle une autre famille, cette famille cachée, dans un coin de la chambre, dans le garage de sa maison. On en appelle à votre humanité, mesdames et messieurs les jurés, a clamé la vice-procureure. De l'humanité pour ces bébés, mais aussi pour ramener Dominique Cottrez parmi nous. »

 

Ramener Dominique Cottrez parmi nous : pourquoi pas ?

Les bébés, eux, ne reviendront jamais.

 

 

Catégories : société 3 commentaires

Commentaires

  • Cette femme est à la fois une énigme et un monstre.
    J'ai souvent pensé que tout meurtre ou assassinat était le signe d'une sorte de manque d'humanité et d'une incapacité à considérer que le respect la vie d'autrui est sacré et que le commandement "tu ne tueras point" n'est pas dépassé.
    Tuer des nouveaux-nés, qui plus est ses propres enfants, est totalement incompréhensible. L'infanticide est contre l'idée même de civilisation.
    Ces considérations me font pencher pour l'hypothèse d'une maladie mentale et d'une sorte de déconnexion de la réalité.
    Ramener Dominique Cottrez parmi nous - c'est le travail des aumôniers, des thérapeutes en prison, mais pas forcément de la cours de justice, au moment de prononcer le verdict.
    Comment sanctionner cela ? On n'a probablement pas mieux que la prison. C'est davantage un message pour la société, qu'une solution du problème.
    Cette femme n'est certainement pas dangereuse pour son entourage, au-delà de ses bébés. Le mal est fait.
    Comme vous l'écrivez : les bébés ne reviendront pas à la vie.

    Les images du mari et des deux filles adultes sont également énigmatiques.
    J'ai entendu à la télé française, qu'ils étaient présents pour soutenir Dominique Cottrez.
    La situation des deux filles me semble particulièrement compliquée. Comment être l'enfant de ? Quelle loyauté avoir ? Quel modèle ont-elles (car un parent est toujours un modèle, pour le meilleur et pour le pire...)?
    Dans ces cas d'infanticides répétés, la position du mari et père est inimaginable. Est-il pénalement responsable de quelque chose ? Il est bien sûr humainement dans une position atroce.
    Imaginer, que dans le garage familial, il y avait de tels sacs-poubelle, pendant des années ... Non vraiment, ce genre d'histoire est au-delà de l'entendement.

  • L'adoption n'aurait pas pu être envisagée ?

  • C'est en effet le crime le plus insensé contre l'espèce et la civilisation.

    Elle a été condamnée à 9 ans de prison, compte tenu d'une responsabilité restreinte. Les jurés ont je pense réfléchi à la situation particulière. Ont-ils voulu la ramenait ? Je l'ignore mais je suis d'accord avec vous: ce n'est pas leur rôle. Je n'ai pas plus à dire sur ce jugement. Je n'en ai pas la compétence.

    Peu de temps non plus pour répondre davantage.
    Belle journée depuis le sud où je passe quelques jours!

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