Retour sur la photo du moment. Ou devrait-on dire les photos? Car il y en a une série. Nilüfer Demir, la photographe qui reconnaît avoir l’habitude d’arpenter cette plage avec son Nikon en main, en propose une série. La mort d’un enfant est terrible. Mais rien n’oblige à pleurer sur les enfants morts sans réfléchir un minimum. Nouveau décryptage. (Cliquer sur les images pour les agrandir).
Nilüfer et Aylan, le couple de l’année
Elle d’abord. Sur la première photo elle prend la pose. Elle nous regarde comme pour dire: je suis une vraie pro, n’est-ce pas? Étrange manière de se mettre en scène.
Sur la deuxième elle fait de la publicité (sangle de l’appareil photo bien visible) pour sa marque, Nikon. Autre mise en scène, l'appareil photo pointé comme un canon.
Revenons ensuite un instant sur Aylan. Une série d’images – combien? – pour n’en sortir que les plus esthétiques. Aylan vu sous plusieurs angles – mais pas depuis la mer. Privilège du voyeur: elle organise la mise en scène. Nous croyons en l'innocence de l'image alors que son oeil a décidé pour nous.
Sur la quatrième photo, plus bas, on voit deux sauveteurs et un bout de l’arrière de la plage. Cette image n’a pas fait le tour du monde. Elle est nettement moins jolie. Aylan est dans un coin. Pourtant c’est le même enfant mort, le même visage dans le sable.
Non, pas cette image, se disent les rédactions des médias. Le corps seul avec la mer, ou avec un sauveteur, c’est mieux. Choisissons la belle mort. Le reste n’apparaît pas: les rochers sales, le touriste en arrière-plan, les algues qui jonchent la plage.
Image parfaite = culpabilité assurée
Tout est choisi et mis en scène. Pour déclencher un ennième réflexe émotionnel? Pour nous rendre coupable de cette mort?
Pourtant, comme l’écrit Slobodan Despot dans Causeur et qui parle même de pornographie de l’image:
« Le père d’Aylan avait vu onze proches assassinés par l’État islamique. S’il a embarqué sa famille dans cet exode, est-ce à cause de nous, citoyens d’Europe, ou à cause de Daech et de ses sponsors ? Comment se fait-il que les mêmes instances qui nous demandent aujourd’hui d’accueillir tous ces malheureux soient celles-là mêmes qui, par leur politique du chaos, ont provoqué leur exode, qui n’ont pas levé le petit doigt contre la filière des passeurs en Méditerranée et qui aujourd’hui encore s’opposent à toute intervention armée décisive contre l’État islamique ? »
Nous ne sommes par coupables, vous et moi, simples citoyens, pas responsables de la mort d’Aylan, ni de celle de milliers de réfugiés. Ni de celle de migrants qui viennent en Europe pour un Eldorado illusoire et qui vident leurs propres pays des forces vives dont ils auraient tant besoin.
Ceux qu’il faut pointer du doigt aujourd'hui sont d’abord les tenants d’un islam sanglant – minorité très active prétextant la religion pour asseoir une ambition régionale tant politique, militaire qu’économique. Ce sont aussi les dictateurs nationalistes ou religieux, arabes ou assimilés, laïcs ou musulmans. A cause d’eux la situation économique et morale de plusieurs de ces pays est dramatique. Le niveau de frustrations (politiques, sexuelles, intellectuelles) est haut et je suppose que la guerre contre l’occident est un dérivatif, un défouloir de ces frustrations.
S’il te plaît, dessine-moi un Galip
Aylan pointe aussi du doigt les passeurs qui deviennent millionnaires et inscrivent la morts de leurs frères aux profits et pertes.
Mais Aylan est bien seul sur cette plage. Il fallait qu’il soit beau et irréel pour produire son effet. Car plus loin on a retrouvé son frère, Galip, dont je ne mettrai pas ici la photo. Elle est beaucoup moins esthétique. On le voit étendu sur le dos, en habits foncés. Pas de quoi émouvoir. Un mort sans visage.
Il m’a fait penser à une image emblématique de la culture occidentale moderne: celle du Petit Prince. Celui-ci demande au narrateur de lui dessiner un mouton. Ce dessin n’est jamais assez beau et le mouton représente un danger pour sa rose. Il se déclare enfin satisfait quand l’aviateur dessine une boîte fermée percée de trois trous et lui dit: ton mouton est dedans.
Rendre invisible. Cacher le mouton. Refuser la mort. La mettre en boîte – en photo ou dans un cercueil. La mort doit être esthétique.
C’est aussi cela le Petit Prince. Aylan est la rose, Galip le mouton.
Il y a deux jours je soulignais l’esthétisme au service d’une émotion. Aujourd’hui je suis mal à l'aise de ce qu’un seul enfant sur une belle image remplace toutes les morts moches ou invisibles.
L’occident a réagi à la beauté de l’image, pas à la mort d’Aylan – car des enfants morts dans la mer ou en Syrie il y en a des milliers.
Alors, pour rappeler les autres, les sans-visages, je mets quand-même une image de Galip, le frère invisible d'Aylan. Enfin, presque.
De même que le mouton du Petit Prince est enfermé dans sa boîte et invisible, Galip est dans une boîte. Une autre sorte de boîte. On ne le voit pas. Il est dangereux. Il est le visage moche, réel, de la mort d’un enfant. Celui qu’on ne veut pas voir. Celui pour lequel on n'a pas d'émotion.
C’est pour cela qu’Aylan a gagné sur son frère. Il est beau. Il est la rose.
La photographe avait l’oeil du botaniste.
Commentaires
Nous sommes une civilisation d'image. Nous ne croyons que ce que nous voyons, mais nous croyons aussi tout ce que nous voyons. Quand on est soi-même photographe ou cinéaste, on sait à quel point on passe son temps à faire mentir l'image. On étudie le cadrage pour ne faire resortir que ce que l'on veut faire voir et provoquer l'émotion qu'on veut provoquer. On associe des éléments parfois sans rapport direct dans une même image pour donner l'impression qu'ils sont liés.
Bref, l'image est menteuse. C'est la tragédie de notre civilisation qui croit tout savoir mais qui ne sait rien, car elle ne prend plus la peine de comprendre. Elle pense tout savoir parce qu'elle peut tout voir.
Nous sommes une civilisation d'image. Nous ne croyons que ce que nous voyons, mais nous croyons aussi tout ce que nous voyons. Quand on est soi-même photographe ou cinéaste, on sait à quel point on passe son temps à faire mentir l'image. On étudie le cadrage pour ne faire resortir que ce que l'on veut faire voir et provoquer l'émotion qu'on veut provoquer. On associe des éléments parfois sans rapport direct dans une même image pour donner l'impression qu'ils sont liés.
Bref, l'image est menteuse. C'est la tragédie de notre civilisation qui croit tout savoir mais qui ne sait rien, car elle ne prend plus la peine de comprendre. Elle pense tout savoir parce qu'elle peut tout voir.
C'est cet article, le tien John, qu'auraient dû écrire des journalistes ayant leurs cartes des presse et leurs diplômes ...
Cet article, mérite amplement d'être relayé par tous les moyens ...
Mais !
Oseront-ils le faire ???
Ouf, je pense qu'ils restent assez dans leur pré carré. Les blogueurs sont des concurrent. Mais je sais que certains me lisent et parfois s'inspirent des sujets que je traite.
"Les blogueurs sont des concurrentS.
Écrit par : hommelibre | 07 septembre 2015"
Ouais ... et même de très sérieux concurrents !
La vraie histoire, pas celle qu'on veut nous suggérer par les photos, est que la famille d'Aylan vivait depuis 3 ans en Turquie quand le père avait décidé, contre l'avis de sa femme, de partir pour la Grèce pour se faire refaire ses dents. L'argent pour la traversée, 4000€, lui avait été préalablement envoyé par sa sœur qui vit au Canada.
Oui, les circonstances de la mort de ce petit garçon, de son frère ainé et de sa mère sont tragiques. N'oublions pas qu'au Proche Orient, il y a tous les jours des centaines de morts sous des circonstances aussi tragique, sans parler de la destruction de villages et de villes. Qui va les arrêter, ces barbares fanatiques, et quand?
Il est intéressant de réfléchir sur le phénomène déclenché par cette photo. Il en dit davantage sur le monde médiatique, que sur la tragédie elle-même. On peut réfléchir à ce qui est montré très explicitement, ce qui est censuré, ce qui est suggéré.
(En cela, le mot "porongraphie" n'est pas absurde, mais je ne suis absolument pas d'accord avec l'idée que les Européens doivent se sentir coupables ou responsables de ce qui arrive au Moyen-Orient. Les membres de Daesh ont l'entière responsabilité de leurs actes, ils ne sont forcés par personne de s'en prendre à des populations civiles, ni personne d'autre d'ailleurs non plus.)
Beaucoup se sont exclamés: Cet enfant pourrait être le mien / le vôtre ! Auriez-vous aimé que l'image de votre enfant soit diffusée partout ? La photo d'un enfant sera toujours plus "parlante" que celle d'un adulte, donc on va l'exploiter.
Il est clair, que certains ont besoin d'une telle image pour réaliser ce que cet exode signifie réellement. Toutes les autre images n'ont donc pas suffi.
Et cette photographe si agaçante. Nous a-t-elle vraiment imposé sa photo ? Ne sont-ce pas plutôt les médias, qui ont compris le potentiel de cette image-là et qui ont instauré le matraquage. Dans le flot d'images, sa photo a été choisie, et pour moi, il s'agit davantage d'un choix éditorial que du scandale de la série de photographies faites. Les photos "moches" sont aussi de cette même photographe, n'est-ce pas ?
Justement, le petit garçon sur la plage a été mis en boîte, dans l'appareil de la photographe, la mort a été montrée grâce à cette boîte-là, et cela a produit son effet.
Le cercueil ne provoque rien, pas d'émotion. Mais votre billet permet de penser au grand frère et c'est bien. Il est l'emblème de tous les anonymes, qui ont disparu sans laisser de traces.
A la fin, j'aurais envie de dire : laissons cet enfant et sa famille tranquilles. Rendons-leur leur intimité. Faudra-t-il donc finir par connaître tous les détails de la vie privé de cette famille! Est-ce vraiment nécessaire, ne tombons-nous pas définitivement dans un voyeurisme médiatique exagéré ?
Les médias ont choisi, oui, Calendula. Ils ont tous sorti une ou deux images en même temps. Une troisième est venue ensuite.
Nous fonctionnons ainsi. Est-ce un bien ou un mal? Je ne sais pas exactement. J'aimerais que la mort soit la mort même sans fioritures. Mais l'esthétique est une émotion naturelle, aussi. L'esthétique ici fixe un ensemble.
La photographe a fait son boulot. Elle a saisi l'opportunité. J'aimerais quand-même savoir ce qu'elle avait en tête en arpentant régulièrement la plage, et ce qui s'est passé en elle quand elle a commencé à cadrer le petit corps.
Le phénomène déclenché est complexe. Son effet à plus long terme peut être inattendu, car l'émotion prime. Emotion, movere ex, sortir de. Pour aller vers quoi? Hormis l'aide ou le rejet immédiat (les deux sont sur ces blogs), nous n'en savons rien à plus long terme.
Il y avait un bon article dans le Matin dimanche, une interview du philosophe Droit. Il nuance les réactions: il y a en nous et l'empathie et la résistance, et le partage d'une humanité universelle et la défense de notre environnement immédiat.
Tiens, cela me fait penser à l'écologie qui défend l'agriculture de proximité, le cercle le plus proche, comme d'autre en politique défendent leur commune ou leur pays... Contradictions, complexité. Mais la tâche des politiques n'est pas facile car il faut décider et agir vite, pas le temps de méditer trois ans...
@hommelibre,
C'est le métier de photo-reporter, qui est remis en question.
N. Demir fait partie d'une équipe, qui se relaye sur la plage de Bodrum.
( ma source :tempsreel.nouvelobs.com)
Je ne crois pas qu'elle avait quelque chose de particulier en tête, elle était de service et c'était un peu un jour comme un autre. Quel métier ! Nous n'avons pas idée.
Cet enfant a pu être identifié, ce qui a donné une dimension narrative à la photo. Il aurait probablement été préférable que l'enfant reste anonyme, que son histoire et celle de sa famille ne soient pas livrés sur la place publique.
En se focalisant sur l'histoire particulière, il y a le risque d'en oublier le cadre général. C'est peut-être un peu ce que dit l'article du Matin : on peut à la fois pleurer le petit garçon, mais rejeter ceux qui n'ont pas connu son sort.
J'ai entendu à la radio, mais ne me souviens malheureusement pas de la station, que ce genre de drame se produisent quasiment tous les jours sur la plage. Un habitant de Bodrum en parlait avec découragement et fatalisme.
Ce genre de reportage radiophonique a le mérite de replacer la photo dans son contexte et malheureusement, cela n'en est que plus terrible. Les personnes qui vivent réellement au contact des "migrants" sont dans une position très très différente de la nôtre. Nous n'aimerions pas être à leur place...
Si nous nous focalisons uniquement sur cette photo, nous passons à côté de la vraie information.
Je me demande, si la vague de compassion suscitée par la photo n'est pas le signe de notre propre dépassement et de notre sentiment d'impuissance. On est capable d'aborder le destin d'un individu en tant qu'individu. Une émotion vient d'elle-même. Appréhender le destin de milliers de réfugiés, c'est un défi qui demande des efforts d'information, de réflexion, de recul considérables.
Et il y a des temps différents, des vagues successives : la découverte de la photo - la découverte de l'histoire de vie- le déferlement médiatique - l'émotion planétaire et les changements de politique qu'elle provoque - et puis le temps du recul, de la discussion, du débat et peut-être de la réflexion.
NIKON, SVP, pas NIKKON!!!!
Je suis très cynique, mais selon moi, la vague de compassion tient surtout du narcissisme. Chacun veut montrer qu'il a bon cœur et qu'il est dans le camp des gentils et des justes. Les gens se repassent le film de la Deuxième Guerre mondiale. Sur Facebook, c'est particulièrement insupportable, tout le monde y va de son poème, de ses petits cœurs, abondamment arrosés de larmes.
On en est à dire que le père de Steve Jobs était Syrien et que sans la Syrie, nous n'aurions jamais eu l'iPhone. A méditer longuement, tellement c'est profond. L'inné, l'acquis, tout ça..... Une religion qui n'encourage ni l'éducation, ni la réflexion, ni l'esprit critique.... C'est marrant, parce la Syrie devrait être un pôle d'innovation bouillonnant. Ou alors, il doit y avoir quelque chose qui m'échappe.
Quand leur voisin ou leur collègue est dans la mouise, tous ces bons cœurs sont moins prompts à sortir leurs violons.
Heureusement je ne suis pas sur Facebook.;-)))))
Pas d'existence sans présence médiatique, du moins pas d'existence qui déclenche une vague d'attention mondiale. C'est la loi des médias depuis la nuit des temps (d'avant les médias. Faut-il regretter ce temps-là? Non. Notre monde a changé et changera encore grâce ou à cause des médias. En bien? En mal? En gris. Le noir n'est pas tout noir. Le blanc n'est pas tout blanc. Jamais. Il y a toujours une composante qui n'est pas reluisante. Le plus grand des artistes peut aussi soudain passé pour un salaud dans une phase de son existence. Le plus saint des hommes ou la plus sainte des femmes à sa part de zone d'ombre. L'important, dans cette image, c'est qu'elle a réveillé quelque part la conscience que nous sommes tous de la même planète, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs d'humanité.
Merci pour l'info sur l'équipe de photographes Calendula.
Rien n'est simple. Mais je trouve quand-même que cela a quelque chose du prédateur, et le résultat – prévisible – est forcément réducteur. Cela lui donne force mais écarte singulièrement la réflexion nécessaire.
Sentiment d'impuissance, possible, probable même. Mais selon moi pas seulement. Malaise devant ce qui se passe en général dans cette région du monde que l'on pourrait voiture vouée à s'autodétruire durablement – d'ailleurs c'est peut-être voulu.
Mais aussi malaise à cause du piège du clivage entre les bons altruistes et les méchants égoïstes. Le discours intra-européen se crispe un peu plus. J'en ai fait un billet que je viens de publier.
De plus Daech est une sorte d'arme anti-Assad, aussi... Malaise supplémentaire de voir ce qui se passe là-bas.
Déblogueur: oups... J'ai corrigé.
Mon dernier billet va dans le sens d'explorer ce paradigme du gentil et du méchant qui s'installe et qui produit un clivage. C'est en effet détestable!
J'avais les mêmes infos que Calendula sur l'équipe de photographe ...
Mais voici le doute qui s'installe :
http://www.wikistrike.com/2015/09/voici-ou-a-vraiment-ete-retrouve-le-petit-aylan.html
Ah be non, les chaussure ne sont pas les mêmes, et il s'avère qu'il s'agit du "petit" grand frère ...
Mea culpa
Je comprends votre recherche Aoki.
J'ai aussi cherché dans ce sens, mais je n'ai qu'une petite piste trop incertaine pour en parler.
La vérité finit par éclater avec un peu de patience. Je me devais de faire connaître ces précisions:
Posté par C le 8 septembre 2015 à 16h23
Kenan Rahmani, sur sa page Facebook, souligne que l’information « Son père voulait se refaire les dents » ne reflète qu’une toute partie de la réalité et tient à préciser ceci (4 septembre : https://www.facebook.com/kenanrahmani/posts/3881155945086?fref=nf ) :
1) Abdullah Kurdi, le père, a été détenu 5 mois au Service de renseignements de l’Armée de l’air à Damas. Il a été torturé et on lui a arraché les dents. Il a dû vendre son magasin à Damas pour soudoyer les officiers et se faire libérer. Cela lui a coûté l’équivalent de 25’000 dollars.
2) Il s’est ensuite réfugié à Alep avec sa femme et ses deux fils. Mais la situation est devenue trop dangereuse à cause des bombardements aériens incessants et il s’est réfugié à Kobané, sa ville natale.
3) Quand l’Etat islamique a attaqué Kobané, ils sont allés en Turquie. Là, ils ne recevaient pas d’aide de l’Etat. [J’ajoute : il recevait une aide de sa sœur, comme celle-ci le dit dans l’interview.] Ils ont alors payé 6000 dollars pour 4 places sur un canot pneumatique pour Kos.
4) La mer était mauvaise et le canot a chaviré. Les gilets de sauvetage qu’on leur avait donnés étaient des faux. Sa femme et ses fils se sont noyés sous ses yeux, dans ses bras.
5) Abdullah Kurdi et son frère voulaient en fait se rendre au Canada, où vit déjà leur sœur. Mais la demande de son frère a été rejetée et ils ont décidé de payer un passeur par la Grèce. Maintenant que la photo du petit Aylan a fait le tour du monde, il paraît que le Canada lui a offert la citoyenneté. Mais il ne veut plus aller au Canada ni en Europe. Il va aller enterrer sa famille à Kobané et y rester pour combattre l’Etat islamique, car il a tout perdu et, dit-il, il n’a plus d’autre raison de vivre.
Merci à Agnès Korn.
Patoucha,
le JDD lui a posé des questions et il ne parle pas du tout de cela:
www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/Le-pere-d-Aylan-Si-vous-me-donnez-le-monde-entier-maintenant-a-quoi-cela-me-servira-749651?ref=yfp
Il dit aussi avoir essuyé un refus d'asile du Canada, il semble que le Canada démente. Même interview à peu près, en anglais, et avec une vidéo de la plage:
www.theglobeandmail.com/news/world/they-died-in-my-arms-father-of-drowned-migrant-boy-speaks-out/article26207543/
Images et interviews ici: pas plus de mention de cela:
www.bfmtv.com/mediaplayer/video/document-bfmtv-apras-avoir-inhumac-sa-famille-en-syrie-le-pare-d-aylan-alerte-le-monde-625872.html
Ce serait la soeur au Canada qui n'aurait pas transmis à temps la demande d'asile:
www.france24.com/fr/20150904-syrie-kobane-enterrement-funerailles-aylan-kurdi-mere-frere-refugies
Sur cette demande au Canada encore:
www.huffingtonpost.ca/2015/09/03/kurdi-syrian-refugees-canada-citizenship_n_8084544.html
Bref...
C'est lui maintenant que l'on instrumentalise? L'enfant est déjà oublié, il faut relancer et étoffer la telling story?
Anyway cette histoire est terrible. Mais c'est la mise en scène de la photo et l'absence du frère qui ont retenu mon attention.
Selon l'agence Aljazeera, le père aurait déclaré: "Abdullah Kurdi spoke on Thursday outside the morgue where the bodies of his sons Aylan and Galip, and his wife, who was believed to have been called Riham, were being held.
"We want the world's attention on us, so that they can prevent the same from happening to others. Let this be the last," Kurdi said, according to the Reuters news agency.
In a statement to police obtained by the Hurriyet newspaper, Abdullah said he had twice paid smugglers to take him and his family to Greece but their efforts had failed.
They had then decided to find a boat and row themselves but it began to take in water and when people stood up in panic, it capsized."
Tirer des conclusions hâtives en s'appuyant sur les informations rapportées par les médias et donc forcément biaisées peut induire en erreur. Mais quoi qu'il en soit, M. Kurid a au moins atteint son but, celui d'attirer l'attention du monde et particulièrement d'Angela Merkel, de J.-C. Juncker, de F. Hollande et de B. Obama.
Une réflexion à la veille de la COP21 si chère au président normal: Si on utilisait les 100 milliards de dollars que la COP21 veut réunir pour lutter contre le climat (encore faudra-t-il savoir à qui on veut les distribuer par la suite pour apaiser le climat) pour établir des villages pour accueillir les réfugiés dans des zones en dehors des champs de bataille et protégées par les Nations Unis (ou désunis) et l'Europe?
Irak/Turquie, information diffusée par le journal "20 Minutes" en date du 11 septembre 2015 à 18:10.
«Le père d'Aylan est un trafiquant»
Zainab Abbas, une Irakienne qui a perdu deux enfants dans le drame qui a vu mourir le petit Aylan il y a un peu plus d'une semaine, accuse le père du garçon de trafic d'êtres humains.
Elle a déclaré que sa famille avait voyagé jusqu'à Istanbul puis vers Bodrum, sur la côte turque, essayant pendant près de deux semaines de se rendre en Grèce.
«Tout le monde parlait de cet itinéraire, donc on a décidé qu'on partirait, pour une vie meilleure», a-t-elle déclaré dans un premier temps.
Quand je lis de tels chiffres, je suis en droit tout de même de me poser des questions ...
"Elle explique également avoir payé 10'000 euros (€) pour effectuer le voyage entre Bodrum et Kos."
"«C'était un trafiquant d'êtres humains et il était le capitaine du bateau, affirme Lara Tahseen sur Skynews Australie, repris par le «Daily Mail», en se basant sur le récit de sa tante. Il naviguait comme un fou. Le bateau allait beaucoup trop vite et il a chaviré à cause d'une haute vague»."
Mise en garde pour ceux qui voudraient cliquer sur le lien ci-dessous, les photos sont vraiment insoutenables, donc, âmes sensibles s'abstenir ...
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/-Le-pere-d-Aylan-est-un-trafiquant--20948468
Victor, difficile de savoir quel crédit donner à cette info. Je trouve que ça part dans tous les sens. Ça manque de solidité.
Agnès Korn a donné le lien dans son texte ci-dessus:
https://www.facebook.com/kenanrahmani/posts/3881155945086?fref=nf )
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Vous pouvez donner du crédit à l'info de 20mn. Ils étaient plus de 16 dans cette embarcation? personne n'en a fait état, sauf pour la mise en scène de l'enfant sur la plage sans honte ni vergogne!
« Quel passeur Turc?! Il n’y avait pas de passeur Turc. C’est lui qui conduisait »
Une information révélée par Zaïd Benjamin, correspondant à Washington de Radio Sawa (Qui a été reprise par plusieurs journaux:
Traduction complète :
Il est parti piloter prenant deux enfants avec lui et son épouse. C’est Abu Ghâlib, dont les médias parlent ; le père de l’enfant Aylan. Les medias ont diffusé leurs photos. Il a pris ses enfants et il les a enterrés cote à cote.
Abu Ghâlib dit que la famille irakienne s’est noyée. Pourquoi il dit ça? Comment nous nous sommes noyés?
Il disait: « celui qui pilotait est un Turc qui s’en noyé en se jetant à l’eau ». «Quel passeur Turc?! Il n’y avait pas de passeur Turc» Tout ça est faux. C'est lui qui pilotait."
Reportage de Skynews + traduction :
« Zaynab Abbas, présente sur l’embarcation qui a chaviré, affirme que le père d’Aylan est un passeur et qu’il l’a suppliée de ne pas le dénoncer aux autorités. Elle ajoute qu’Abdulah Kurdi a menti après que la photo de son fils de 3 ans a été diffusée dans le monde entier en soutien aux réfugiés syriens. Après la tragédie, Mr Kurdi avait déclaré qu’il avait pris l’initiative de guider l’embarcation après que le capitaine ait paniqué et sauté à la mer. Mais selon Zaynab Abbas, c’est Mr Kurdi qui était en charge de mener l’embarcation et l’homme qu’elle a payé pour faire la traversée lui avait assurer que la traversée serait sûre parce que le responsable de la traversée amenait sa femme et ses enfants. »
"La femme qui parle dans la video s’appelle « Zaynab Abass ». Elle est de Karbala en Iraq. Elle a perdu deux de ses enfants. Voici sa photo ici
"Abdullah Kurdi aurait proposé de rembourser l’argent du passage à une une maman dont les deux enfants sont morts avec son fils Aylan.
(…) The Sun
"«C’était un trafiquant d’êtres humains et il était le capitaine du bateau, affirme Lara Tahseen (NDLR : nièce de Zaynab Abbas) sur Skynews Australie, repris par le «Daily Mail», en se basant sur le récit de sa tante. Il naviguait comme un fou. Le bateau allait beaucoup trop vite et il a chaviré à cause d’une haute vague»."
20min.ch
D'autres infos circulent sur les différentes versions données par ce père!
Les corps de Zainab, une fille de 12 ans, et Haidar, un garçon de 8 ans, ont été portés en terre dans la ville sainte chiite de Kerbala au sud de Bagdad.
Aylan, 3 ans, son frère aîné Galip, 5 ans, sont montés à bord dune embarcation de fortune avec 16 autres personnes dans la nuit de mardi à mercredi.