« On ne va pas salir l’islam avec cette personne ». Phrase d’un responsable de la mosquée de Saint-Étienne-du-Rouvray. Il assume le rejet total de l’assassin du père Hamel par ses coreligionnaires, qui refusent son inhumation dans le carré musulman.
« L’enterrement est considéré comme un droit pour le mort et comme une obligation pour sa communauté», explique Nadir Bourkani des Pompes funèbres musulmanes. C’est aussi un moyen de soustraire le corps aux animaux. »
Ce refus d’inhumer est donc une manière de ne pas reconnaître le terroriste comme musulman. Il n’est pas des leurs. Ou eux ne sont pas de lui.
Puisque ces assassins se réclament de l’islam, cette délimitation paraît nécessaire et est réclamée par des non musulmans. Chaque groupe doit poser ses marques, y compris à l’intérieur de l’islam où les courants concurrents produisent la guerre religieuse entre chiites et sunnites salafistes.
Mais quelle autorité, s’il y en a une, reconnaît et valide le statut de musulman? Et quelle autorité peut éventuellement retirer ce statut et refuser l’inhumation?
Selon les historiens la civilisation humaine débute avec les rites funéraires: respect des ancêtres, foi en une pérennité de l’âme, reproduction des règles de vie transmises par nos géniteurs. Pas d’inhumation pour l’assassin à Saint-Étienne-du-Rouvray: où est la civilisation?
Depuis l’assassinat du père Hamel la maison musulmane brûle. Certains lui reprochent d’ailleurs de ne brûler que d’un côté. Incendie sélectif? À voir: dans un rappel des attentats commis en France, ni le ministre Najat Vallaud-Belkacem ni les organisations musulmanes n’ont cité la mort des enfants juifs, exécutés par Mohamed Mérah à Toulouse. Trou de mémoire sélectif?
« Ne pas salir l’islam »: cette référence à une propreté, soit une pureté religieuse pour rejeter le terroriste, me paraît plutôt malvenue dans la mesure où le djihad se justifie lui aussi d’une pureté de l’islam originel. Quand on parle de pureté en politique ou en religion, le révolver, le couteau ou la guillotine ne sont jamais loin.
Lors de l’hommage aux victimes de Nice, aucune fleur n’a orné le bout de trottoir où le chauffeur est mort dans son camion. Je comprends l’émotion et la difficulté à mentionner un criminel après sa mort en le considérant de la même manière que ses victimes. Mais ce déni ne nous ôte-t-il pas une part de notre humanité?
Une enfant demandait pourquoi il n’y avait pas de fleurs pour le chauffeur:
« Dimanche 17 juillet, les insultes fusent et les crachats sont applaudis par la foule, indique Le Monde. Le lieu souillé du sang du meurtrier se transforme en brasier. « Et lui papa, il ne faut pas lui donner de fleurs ? », demande une fillette. « C’est compliqué… », répond son père, embarrassé. »
Comment expliquer à un enfant que, comme on le constate, tous les morts n’ont pas la même valeur? Que les uns sont des bons morts, ceux que l’on pleure, et l’autre un mauvais mort, celui que l’on hait? Les humains sont ainsi: l’amour universel recommandé par les religions n’est plus de mise quand on a été touché de près.
Un groupe de musulmans danois propose cependant d’inhumer le terroriste au Danemark si la famille le souhaite. Cela me semble normal. Ce n’est pas un hommage au djihad pour autant.
Commentaires
Il est évidemment beaucoup plus facile de rejeter hors de l'Islam quelqu'un qui nuit cette religion, que d'accepter que que cette personne fait partie du très grand nombre qui d'accepter le simple fait, mille fois avéré, que n'importe quelle religion peut être détournée pour justifier la violence.
En écrivant "détournée" j'accepte le principe que dans leur essence toutes les religions prônent la paix et oeuvrent à l'établir, cela même si l'histoire me donne évidemment tort.
C'est étrange de refuser l'inhumation de quelqu'un.
Qu'ont -ils prévu pour lui ?
Il doit exister des solutions pour les criminels.
Cela me rappelle l'époque, où le suicide était considéré comme un acte si contraire à la religion chrétienne, qu'il ne pouvait pas y avoir de messe, en théorie du moins. Je me demande, si l'Eglise a changé cela.
Il y a environ 40 ans, j'ai assisté à la messe de l'enterrement d'un ami, et il n'a jamais été dit qu'il s'est suicidé. "Il nous a été enlevé." disait le prêtre.
Le terroriste Merah a bien été enterré. Pourquoi pas celui de Saint-Étienne-du-Rouvray ? Quelque atrocité qu'ait commis un individu, il a droit à une sépulture. On ne se venge pas d'un mort.
Erratum : commise
L'histoire des religions est quelque chose d'étrange pour moi, Mère-Grand. Je comprends le besoin de donner un sens à l'Univers, élaborer une cosmogonie. C'est comme un récit fabuleux ajouté d'une dimension mystique. Je n'y cherche pas une vérité objective mais une manière de dire les choses. Qu'est-ce qui sort des textes et de la tradition? Qu'est-ce qu'ils disent de l'humain?
" Le terroriste Merah a bien été enterré. Pourquoi pas celui de Saint-Étienne-du-Rouvray ? Quelque atrocité qu'ait commis un individu, il a droit à une sépulture. On ne se venge pas d'un mort."
Hormis pour ses proches et pour ses fans dont je me soucie comme d'une guigne, la sépulture n'a aucun sens pour le mort et donc toute vengeance à son encontre n'en a pas plus. En revanche, je pense qu'il serait judicieux, dès lors où leurs pays d'origine refuse leurs cadavre, de prendre au mot tous les responsables musulmans qui n'ont de cesse que d'affirmer, en pareils cas, que ces assassins ne sont pas musulmans, d'incinérer les terroristes et de disperser leurs cendres afin de compromettre quelques vocations motivées par la "prime" post mortem. Par ailleurs, je crois malsain de laisser se constituer un circuit pèlerinage djihadiste.
Pour mémoire, l'Eglise catholique d'il n'y a pas si longtemps prétendait que les enfants non baptisés n'iraient pas au paradis mais dans les "limbes"...!
l'islam progressiste affirme qu'il faut revoir le coran en ses sourates anachroniques non conformes à nos sociétés dites de progrès.
Le problème étant de savoir combien de temps prendra cette forme d'intervention chirurgicale psychique, sociale et morale, d'une part, et, de l'autre, quelle sera la "réponse" de l'Arabie saoudite ou du Qatar puissances d'esclavage et de cruauté.
L'EI est dirigée par des gens ingénieux extraordinairement organisés.
Faut-il partir en guerre au point, Obama dixit, d'en arriver à se retourner contre la Russie qui devra selon Obama en fin de mandat et sans doute désireux de faire entrer sublimement son nom comme celui des siens dans l'Histoire... Russie, donc, qui "répondre de ses crimes devant la scène internationale".
Sucre d'orge, guimauve ou gourmandise la geste américaine?
Puisse la Suisse qui vit en paix "comme par vocation" ne pas rejoindre l'Europe de par une démarche fédérale, annoncé par une conseillère fédérale, consistant à faire entrer le peuple "qui refuserait l'adhésion" en "biaisant"!
Puissent d'autres pays à commencer par la Grande-Bretagne se joindre à la Suisse.
P.S.
Une pensée d'Edmond Kaiser, certaine, parce qu'à moi dite: que "la Suisse, libre, indépendante au sein des nations, a les moyens d'être un pur diamant!"
Pur joyau porteur de justice et de partage et de paix.
Bla bla bla...Le jour où un de vos proches sera touché, vous ferez partie de ceux qui crachent sur le terroriste ou sur sa tombe, s'il en a une.
Comme d'habitude, le savant montre la lune et l'idiot regarde le doigt...
"L'histoire des religions est quelque chose d'étrange pour moi"
Je faisais allusion à l'Histoire générale (avec H ou h), telle qu'elle fait partie de notre bagage culturel. Nous savons tous, du moins ceux d'entre nous qui nous sont pas des fanatiques de telle ou telle religion, que celle-ci ont parfois joué un rôle dans le commencement ou la poursuite de certaines actions guerrières ou même de guerres tout court. Il s'agit là des "religions dans l'histoire" plutôt que de "l'histoire des religions".
L'Histoire de religions (avec H) est une discipline universitaire qui s'intéresse au phénomène de la religion sans être partie prenante dans aucune, au contraire de la Théologie qui étude une religion de l'intérieur. En allemand on parle souvent de Religionswissenschaft (science des religions), qui ferait alors partie de ce que nous appelons familièrement les sciences "molles" par rapport aux sciences "dures" que sont la physique et d'autres.
Cela pour faire court, nous savons tous que nos blogs ne se prêtent pas à des développements longs et complexes.
Rejetter hors du champ de la religion dont il se réclame une personne dont on estime qu'il se fourvoie dans son interprétation, on peut se passer de discuter des raisons (ou même de la Raison) qui permet ou facilite ces "dérives".
On peut faire une expérience à partir des blogs non en tant qu'auteurs mais commentateurs/trices.
Hébreux vient de Héber.
Ceux qui passent par-delà le fleuve
nomades errants
"Passons sur l'autre rive (évangiles) par Arnaud Desjardins devient "Méditons"!
Mais du juif Jésus de quelle rive peut-il s'agir "chemin" "vie" "vérité" soit "authenticité" sinon de la rive des origines!?
On note que les Hébreux nomades dès qu'ils s'établirent souffrirent de luttes internes puis les uns furent déportés les autres en exil longtemps.
On peut dont errer ou être nomades ou pérégriner de blogs ou blogs en se redisant ce que nul ne devrait refuser de réaliser et qui joue parfaitement avec nomades ou errants: "On ne fait que passer tout change tout le temps, nos cellules y compris... en revanche, nous dépendons étroitement les uns des autres."!
Ce qui oriente du côté de la dédramatisation comme de la relativisation.
L'islam, ou en tout cas la mouvance sunnite, n'a pas d'autorité suprême comme la religion catholique romaine, qui a le pape. Donc l'excommunication n'est pas possible. Mais de toute façon, l'islam n'a pas pour vocation d'exclure, mais seulement d'inclure. (on naît musulman, on meure musulman) Donc dans l'esprit de la religion, il est mal venu de refuser un coreligionnaire. Il aurait été plus intelligent de le dénoncer à la police avant qu'il commette un crime, à un moment où il était évident qu'il était radicalisé. Si les imams faisaient cela systématiquement, il y aurait beaucoup moins de problèmes.