Les étincelles ont un panache fou dans la chevelure de flammes. Les volutes de fumée grises et orangées se marient si bien au bleu finissant de cette fin d’après-midi. Pourtant sous ces flammes c’est l’Histoire qui brûle. Ou qui revient.
Ce ne sont pas seulement les forêts d’Europe aux chênes millénaires, dont on a tiré les poutres de la toiture. Pas seulement l’exploit architectural réalisé par des artisans compagnons, ni l’élan de foi qui animait les populations d’autrefois.
Depuis plus de huit siècles elle porte dans ses pierres, dans sa lourde silhouette, son odeur, son climat tempéré et humide lui-même, dans son Histoire, elle porte la philosophie qui a construit la France.
À l’époque de son édification, les différences de classe, de genre, d’origine, étaient transcendées dans une quête de l’union dynamique du Ciel et de la Terre. Par exemple l’élévation individuelle primait sur la revendication de droits collectifs.
L’architecture gothique, ou ogivale, était en adéquation avec ce mouvement de renouveau technologique et spirituel. La recherche d’espace et de lumière dans les édifices religieux allait de pair avec la même démarche sur le plan mystique.
Cette obliquité reste de mise aujourd’hui dans des constructions modernes qui semblent défier les lois de l’équilibre (image 4).
« L’architecture gothique a eu un but : faire entrer le plus de lumière dans les cathédrales. Mais les innovations techniques avaient pour origine un changement de spiritualité. »
Ou encore, dit autrement:
« Grâce aux différentes innovations techniques de l’architecture gothique, la lumière devint si abondante dans les cathédrales que leurs constructeurs purent la colorer par des vitraux. (…) Ces innovations ont permis d’édifier des édifices beaucoup plus hauts et fins. En effet, l’arc brisé et la croisée d’ogive permettent de diriger le poids de l’édifice vers le sol. Les murs épais peuvent donc être remplacés par d’énormes piliers et être ouverts vers l’extérieur. »
Notre-Dame est un symbole de ce que ce temps avait de lumineux au sens physique et symbolique, ce temps des cathédrales, des grands bâtisseurs de la foi et de la pierre, ces débuts du toujours plus haut.
Notre-Dame de Paris est un marqueur d’identité. Identité française, un vilain mot pour certains et certaines. Ainsi pour Hafsa Askar, étudiante parisienne, membre du bureau de l’Unef (syndicat étudiant gauchiste) et apparemment vice-présidente de ce syndicat.
Dans un tweet (image 2) elle porte une polémique revancharde par cette petite phrase en mauvais français:
« Jusqu’à les gens ils vont pleurer pour des bouts de bois wallah vs aimez trop l’identité française alors qu’on s’en balek objectivement c’est votre délire de petits blancs ».
Balek? Un raccourci pour dire on s’en bat les couilles. Chère Hafsa, auriez-vous des couilles de mec, à l’insu de votre plein gré? Vous entretenez la haine de la France. Peu importent vos raisons: j’ose espérer que les français vous conchient, sans faute d’orthographe (on se demande comment vous avez été acceptée dans une université). L’identité française vous revient au visage avec cet incendie. Cette identité vaut bien la vôtre.
L’enjeu identitaire est présent dans les esprits et dans certains gestes: mardi, alors que des milliers de parisiens continuaient à venir se recueillir près de Notre-Dame, un drapeau français était brandi et battu au-dessus de la foule. Comme une réponse aux drapeaux maghrébins qui avaient marqué l’élection de François Hollande en 2012?
Autre réaction, la plus drôle que j’aie lue. Elle est signée Josée Beaupré, une progressiste auto-proclamée canadienne. Ce n’est pas du second degré et cela circule sur le net, posté sur le compte twitter de la députée féministe québécoise Manon Massé (image 3 copie d’écran):
« On peut se demander à juste titre si ce n’est pas le genre d’événement à prévoir de plus en plus vu les changements climatiques. »
À juste titre? Ben tiens… Surtout en avril, un avril jusqu’ici plus frais que la moyenne.
Sa présentation:
« Progressiste postnationale, world citizen, Québec Solidaire Féministe UQAM, vegan & pro-choix, histoire LGBTQ ».
Autant d’étiquettes à la mode pour crédibiliser un tel niveau de bêtise? Je serais admiratif si le prion de l’apocalypse climatique ne faisait pas autant de dégâts.
Heureusement il y a eu Marie-Amélie Tek. Une femme peu connue mais qui gagne à l’être. Elle est architecte du patrimoine depuis une quinzaine d’année, et passionnée de flûte, de chant lyrique et d’opéra comique.
Elle était hier sur le plateau de C dans l’air sur France 5. Je me suis régalé. Une intelligence et une parole à consommer sans modération. Je n’en dis pas plus. Ses interventions parlent pour elle. Elle est en ligne sur ce lien replay de C dans l’air (première intervention à 7’04’’).
Détail: comme Bastié et d’autres femmes qui émergent en France, elle est croyante, sans effet de manche (ou de foulard). Je trouve intéressant de voir que le renouvellement probable de la pensée sociale et politique en France vienne de ces femmes libres dans leur tête, indépendantes, résolument modernes, et en même temps croyantes et plutôt de droite. Inattendu, non?
Commentaires
Voici l'avis de vrais experts qu'on ne peut pas qualifier de complotistes:
https://www.batiactu.com/edito/notre-dame-apres-incendie-rien-n-est-fini-selon-ex-56147.php
Très bien vu. Complétement d'accord sur votre jugement à propos de Marie-Amélie Tek, même si je vous soupçonne d'être influencé par son physique. (womanizer un jour, womanizer toujours...).
Sur Hafsa machintruc, c'est la preuve que les arabo-musulmans ont la conscience de la grande misère de la culture arabe, de la pauvreté de ses réalisations depuis la naissance de cette religion la plus stupide du monde,. comme le dit si justement Houellebecq...
Oups... oublié de mettre le lien vers C dans l'air et Marie-Amélie Tek. C'est fait dans le billet, et ici en plus:
https://www.france.tv/france-5/c-dans-l-air/951377-edition-speciale-incendie-de-notre-dame-de-paris.html
À propos, les liens ne s'activent plus automatiquement depuis la mise à jour du système.
À propos d'A-M- Tek, elle a en effet un joli physique. Mais j'apprécie réellement cette forme d'intelligence.
Patoucha sors de ce corps.
Bonsoir, je me pose des questions sur l’université française actuelle, y’a quelque chose de loupé si des personnes allant à l’université ne sont pas fascinés par l’histoire, la culture,l’art, la science etc... et même la théologie, l’histoire des religions est passionnante, l’université est la cathédrale du savoir, si c’est elle leur présidente et donc cerveau, qu’est ce que c’est les autres ;), en même temps est ce bien nécessaire de mettre en exergue 2 ou 3 commentaires d’homo débilitantis, il y a des millions de musulmans, étrangers et immigrés qui ont aussi eu le cœur serré en voyant ce triste spectacle. Pas top le procès d’intention que font certains ;(
@ Frieda:
Bien sûr qu'on devrait s'intéresser de près à l'histoire!
J'ai articulé autour de ces commentaires parce que, même minoritaires, ils drainent pas mal de monde derrière, dans des postures sans issue autre que la confrontation. Ce n'est pas ainsi que les cultures s'apprennent mutuellement, pas en superposant ces cultures comme des plaques tectoniques.
Je ne doute pas que des millions de musulmans aient eu le coeur serré. Ils savent la valeur de certains symboles. L'étudiante ne s'est d'ailleurs pas prévalue de l'islam. J'ai plus l'impression d'un nationalisme panarabe assez classique à une époque, saupoudré d'une stratégie de choc des civilisations.
Il y a là une blessure permanente en France, avec des théories comme la racialisation qui la creusent encore.
Je note que le sentiment collectif exprimé devant l'incendie, "N-D c'est la France", est apparu rapidement, et cette identification n'était pas hostile à d'autres sources identitaires. C'était une sorte de pèlerinage, pas une revendication.
L'identité est partout aujourd'hui, parfois connotée de vilaine manière, parfois revendiquée comme une conquête et une liberté. Je préfère la voir comme un fait digne d'observation et de discussion. L'égalité républicaine ne suffit pas à gommer les identités de groupes.
Pour moi les propos de l'étudiante impliquent davantage son milieu universitaire, dans lequel elle les diffuse, que les musulmans.
L'escalade des toits de Notre Dame de Paris était semble-t-il une échappée nocturne assez courue par une certaine jeunesse, en tout cas depuis le printemps 2018. Voir https://www.youtube.com/watch?v=VOW3ShO_DJQ
HL@ Vous avez envie de ricaner, lisez ceci :
http://alanganey.blog.tdg.ch/archive/2019/04/18/ellestoo-298373.html
Frieda@ J'habite en Suisse, mais j'entends d'ici les youyous de joie et de bonheur des femmes du 9-3 devant l'incendie du symbole de la grandeur de la France, ce pays détesté par tous les Algériens de France avec passeport français (malheureusement). L'armée française, appelés comme professionnels, a violé plus de 40'000 femmes algériennes durant la sale guerre. Tous les soi-disant Français arabo-musulmans ont une parente qui a subi ça. La haine a des raisons qui s'expliquent très, très bien.
Pour Frieda : https://www.dreuz.info/2019/04/18/pourquoi-tant-de-haine-et-de-jubilation-morbide-par-helios-dalexandrie/
"Tous les soi-disant Français arabo-musulmans"
Dont beaucoup furent aussi des harkis qui furent remerciés de la meilleure de façon par le gouvernement français de l'époque.
"mais j'entends d'ici les youyous de joie et de bonheur des femmes du 9-3 "
Geo-grandes-oreilles? Je viens de dire un truc super intéressant à un ami, l'avez-vous entendu aussi?
@ Géo
"La haine a des raisons qui s'expliquent très, très bien."
vous êtes pas tombé sur la tête par hasard.
les musulmans foutent le même bordel dans toute l’Europe pays colonisateurs où non
"La différence avec les années 90 est que certaines idéologies ont été abondamment diffusées par des groupes associatifs et politiques, et ont donné lieu à des versions internet très violentes. Notamment toutes sortes de discours qui héroïsent et justifient les actions violentes en leur fournissant une explication stéréotypée jouant de l’inversion de culpabilité. Ce sont ces discours simplistes et manichéens, qui vont fournir une cohérence et une identité en liant des éléments chaotiques et en leur donnant une apparence de sens. Ainsi, à cette immaturité subjective se superpose une posture d’ex-colonisé, indigène de la République, victime du néo-colonialisme républicain, descendant d’esclave, victime du racisme et des discriminations, condamné au chômage ou au rejet sur le seul critère de son appartenance ethnique. Ces idéologies sont d’autant plus propagées et facilement intégrées qu’elles reposent sur une base de vérité, importante à reconnaître et à faire connaître, et que du coup, elles touchent une corde sensible dans l’opinion. Le racisme, l’exploitation et l’humiliation des dominés, c’est ce que nous ne voulons plus ni subir, ni faire subir, pour nous-mêmes ni pour nos enfants. Les enfants apprennent très tôt, et intuitivement, à utiliser les arguments qui leur donnent prise sur les émotions des adultes : il n’est pas sûr qu’ils auraient été convaincus par ces références mémorielles bien lointaines, et parfois complètement en porte-à-faux par rapport avec la réalité de leur filiation, s’ils n’avaient perçu d’abord le pouvoir d’intimidation qu’elles leur donnent sur les « autres » (le prof, le journaliste…). C’est le propre de l’idéologie, d’être non pas un mensonge ou une erreur, mais une vision tronquée de la réalité, mystifiante du fait qu’elle est simpliste et univoque. Lorsque le débat se situe entre intellectuels sur la question des postes à créer dans l’université pour des études post-coloniales, pas de problème, quelque polémiques et anachroniques que puissent être les dénonciations de la francité, de la République, de la société blanche et esclavagiste… Mais la vulgarisation démagogique et venimeuse des mêmes débats a des effets désastreux sur une jeunesse déjantée, qui, faute de pouvoir élaborer une subjectivité cohérente et réaliste, se précipite sur un discours qui lui donne non pas une épaisseur, mais un contour, non pas une consistance, mais une posture. ",
https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/notre-dame-paris-societe-mosellane-bras-qui-restaurait-fleche-s-exprime-face-presse-1656892.html?fbclid=IwAR3ol1ZoPzb9WhDI8I-J_339t2mSEK-lriQEV7vBeLQrenhq-7h-7Z8UUi8
et
https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2019/04/17/notre-dame-de-paris-lorigine-accidentelle-de-lincendie-est-elle-credible/
L'ex architecte en chef de Note Dame s'exprime:
https://www.youtube.com/watch?v=9_qJuCgLEz4&feature=youtu.be
Très bon billet chez Montabert. 875 églises brûlées en 2018 en France, pour répondre à Omar et à Frieda...
http://stephanemontabert.blog.24heures.ch/
J'ai rarement lu chez Géo une idée originale. Il passe son temps à poster les articles et les commentaires écrits par d'autres. ET maintenant de poster le blog de Montabert, un français qui prétend s'être installé en Suisse pour des raisons politiques (si si sans blague! c'est lui qui l'a écrit; et certainement pas pour profiter de notre confort, bien sûr que non) et dont les articles fleurent bon le fumet des haleines avinées des discussions de bistrot en France voisine. Je me demande Géo si vous ne devriez pas emménager chez vos potes de l'autre côté de la frontière avec qui vous avez tant en commun.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/notre-dame-le-maroc-annonce-une-contribution-financiere-pour-la-reconstruction-20190418
Je ne nie pas qu’il y ait des personnes haineuses, mais force est de constater qu’il y a aussi des personnes de bonnes volontés.Vous vous maltraitez bien l’oreille à entendre le plus mauvais son, écoutez plutôt ce qu’il y a de plus beau, pour vous détendre:
https://youtu.be/HuBqE9xGtiQ
"Vous vous maltraitez bien l’oreille à entendre le plus mauvais son," C'est tellement peu la question ! Je voudrais comme vous que tout le monde il soit beau et gentil. Mais ce n'est pas le cas, madame. Je pourrais m'en foutre complétement, j'ai 67 ans et pas d'enfants. Et cela va bientôt arriver. Vous vous débrouillerez sans moi et pour ma part, je pense que la guerre civile est proche. Vous êtes une femme et ferez partie comme d'hab des victimes...