Ce pourrait être la phrase de l’année. Elle fait un tabac. Dans la rue, au supermarkette, à la télé, elle revient en boucle dès qu’une conversation sort de la météo.

En exagérant à peine, cela donne:

– Eh, m’sieur Tintouin, comment vous faites pour aller au travail?

– Ben, dans les transports publics, ça tousse et crache, j’ose pas. Le vélo il fait trop froid. Et prendre la voiture est devenu immoral. Bref, c’est compliqué.

– Et vos enfants, ils font l’école à la maison?

– Oui, mais on n’a pas internet, alors ils prennent  les notes de leurs copains. Ils vont les chercher en bas de l’immeuble, enfin non parce qu’ils ont pas le droit de sortir avec ce virus, alors ils les font monter dans un panier. Les notes, je veux dire, pas les copains. C’est déjà assez compliqué comme ça.

– Comment voyez-vous la fin de cette crise sanitaire?

– Oh, ils vont faire un vaccin, il y en a même plusieurs à l’étude. Mais lequel choisir? Le vaccin russe sert le vilain Poutine, le vaccin américain donne des ailes à l’éléphant Trumpette. Je prends lequel? C’est compliqué, quoi.

C’est compliqué est une locution de la complexité. Elle signifie que l’on patauge un peu hors des rivières connues, pourpres ou non; que l’incertitude nous tient. Pire peut-être: que le doute ronge nos entrailles comme le castor cisaille un tronc.

Pourquoi? Parce qu’il y a plusieurs éléments ou options en cause dont il faut tenir compte simultanément.

Ce qui, pour nombre d'entre nous, est en effet assez compliqué.