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Vesoul : le procès de Jonathan Daval

BFMTV diffusait hier les deux premiers épisodes d’une mini-série de quatre sur l’affaire Daval. La disparition et la mort d’Alexia à Gray-la-Ville (image 2) avaient déclenché une forte onde de choc émotionnelle en France, il y a trois ans.

 

daval,jonathan,alexia,gray,vesoul,procèsLisse

Difficile de passer à côté de cette affaire. Comment fonctionnait ce couple? Que s’est-il passé dans la tête du mari? Nous voudrions en savoir plus, pour donner une explication cohérente à un drame jusque là incompréhensible.

Le premier épisode portait sur la personnalité et l’enfance de Jonathan Daval. Il est décrit comme introverti, réservé, souffreteux. Selon le rapport médical:

« Une surdité à une oreille dès l'enfance, un asthme sévère, une scoliose, un corset à l’adolescence, un suivi psychologique dès l’adolescence pour ses TOC... selon le Point qui cite le rapport psychiatrique, le mari d’Alexia Daval avait été fragilisé sur le plan psychopathologique. »

D’autres personnes de son entourage, y compris dans sa belle famille, confirment cette impression. Jonathan n’a rien d’un mâle alpha ou d’un macho. Dans l’épisode d’hier on découvre comment lui et Alexia se sont rencontrés. Il avait 21 ans, elle 16. Elle a fait les premiers pas et semble avoir d’emblée pris l’ascendant.

On a appris qu’il y avait entre autres des difficultés d’ordre sexuel, et une tension sur le projet non partagé d’avoir un enfant. Un message d’Alexia à sa meilleure amie, dévoilé hier, la montre désabusée, résignée, déçue, le coeur presque fermé. Il semble également qu’elle attendait plus de fermeté et d’autorité de sa part, plus de virilité.

Lui se plaint de l’autoritarisme d’Alexia, prompte à lui faire des reproches. Bref, le couple était loin d’être lisse et sans souci.

 

 

daval,jonathan,alexia,gray,vesoul,procèsPsychologie

La personnalité dynamique et déterminée d’Alexia l’a-t-elle inhibé, en appuyant sur ses failles? S’est-il senti dévalorisé au point d’exploser pour des mots de trop?

Selon Jonathan:

« Elle est devenue violente, en paroles et en actes, et m’humiliait en me disant que j’étais bon à rien, que je n’étais pas un mec. (…) Elle m’a dit, tu n’es pas un homme ! Elle m’a frappé avec les pieds et les mains, elle m’a poussé, alors je l’ai bloquée, je l’ai étranglée, et je l’ai frappée, je voulais qu’elle se taise. »

Cela pourrait expliquer la rage de cet homme contre son épouse. En effet le corps d’Alexia a été trouvé non seulement en partie brûlé, mais couvert d’ecchymoses et le nez écrasé, entre autres. C’est de l’acharnement brutal, qui dénote un défoulement incontrôlé. Deux ou trois coups forts suffisent pour tuer, mais pas pour apaiser la rage. La psy de Jonathan lui aurait dit en prison: c’est l’effet cocotte-minute.

Ce sont les propos du meurtrier. Veut-il charger la morte pour atténuer sa propre responsabilité? Je l’ignore mais quelle qu’ait été leur relation, personne ne l’a obligé à tuer. Il est pénalement seul responsable de son acte. Toutefois, cela ne permet pas de comprendre comment on en arrive là. Selon un des avocats:

« La psychologie et la dynamique du couple seront au cœur du procès” estime Me Schwerdorffer. Le soir du drame, “Jonathan Daval n’est pas seul, Alexia Daval n’est pas seule. Pour qu’il se passe ce qui s’est passé, il faut les deux, il faut comprendre comment les deux conjoints fonctionnent. C’est la combinaison de cet homme et de cette femme qui vont faire cette affaire extraordinaire. »

 

 

daval,jonathan,alexia,gray,vesoul,procèsCaractères

L’attitude de Jonathan avait ému la France, il avait joué le rôle du mari éploré. Devant les caméras, devant ses beaux-parents, il a tenu trois mois avant d’avouer. Un mensonge abyssal. 

Mais il n’est pas le premier. Menteurs et menteuses sont légion en matière pénale, à des degrés divers. Il y a par exemple Jean-Claude Romand, un escroc total et assassin sordide, « … qui a menti à ses proches pendant dix-huit ans sur ses activités en se prétendant médecin et chercheur. Le 9 janvier 1993, alors qu’il est à court de ressources financières et que son épouse est sur le point de découvrir la vérité, il la tue, ainsi que ses enfants, avant d’aller assassiner ses parents. » (Wikipedia)

Mentir pour cacher son crime, cela se conçoit. Mais entrer à ce point dans un personnage de victime aux yeux de tous, cela sort de l’ordinaire. Que se passait-il dans sa tête? Le saura-t-on lors des journées du procès?

Je dois ajouter ici un volet déplaisant de cette affaire. J’ai vu en effet des féministes déclarer qu’il s’agit d’un cas de domination masculine et de féminicide, Alexia ayant paraît-il été victime de violences antérieures de la part de son mari.

Je ne souscris pas à cet argument, qui est une manipulation politico-idéologique féministe de l’information. En effet le caractère des deux protagonistes s’oppose à cette hypothèse que rien par ailleurs ne confirme.

 

 

daval,jonathan,alexia,gray,vesoul,procèsInhibition

Jonathan Daval se serait réveillé un jour comme dominant et aurait décidé de tuer sa femme parce que c’est une femme? Allons, un peu de sérieux. Je ne vois d’ailleurs pas l’intérêt de développer cette piste, sinon pour charger un peu plus la barque des hommes dans leur ensemble.

Ce mot, féminicide, que tous les journalistes reprennent comme des moutons, n’existera dans mon vocabulaire que quand on traitera de manière égale toutes les violences dans les couples, que la victime soit femme ou homme.

Dans l’affaire Daval, selon les témoignages, il semblerait plutôt qu’Alexia ait été la dominante dans le couple et que Jonathan ait subi de sa part de la violence psychologique. Est-ce une mésalliance des caractères, ou l’a-t-elle instinctivement choisi plus faible qu’elle pour le dominer?

Il pourrait être de ces hommes qui donnent plus d’importance à la parole féminine qu’à la leur et qui inhibent l’expression de leurs besoins ou de leur ressenti. Quand le bouchon saute, attention les dégâts.

 

 

daval,jonathan,alexia,gray,vesoul,procèsL’enfer

Autre hypothèse qui m’est venue en regardant tous les témoignages: elle voulait divorcer. La manière dont elle a communiqué avec sa meilleure amie est significative. Une femme qui dit ce qu’elle dit de son couple à son amie intime est déjà en train de faire ses valises:

« C’est un cas désespéré, qui ne comprend rien aux femmes (à moi) et qui ne pense qu’à lui. À défaut d’être heureuse, j’apprends à vivre comme ça. Je pleure moins. Je me suis endurcie. » (à 19’42’’ sur le premier lien ci-dessous, avec une suite sur leur sexualité).

Dans cette hypothèse il aurait perdu le statut que la famille de sa femme lui avait apporté. Il serait redevenu le garçon souffreteux, et a peut-être été pris d’une colère et d’une angoisse insurmontables. Sa trop grande sollicitude habituelle – on le trouvait fayot – pourrait aussi montrer une immaturité émotionnelle, un trop grand besoin de se faire aimer.

Tout ce qu’il a retenu est remonté comme un tsunami. La violence qu’il a fait subir, tapant et tapant sur Alexia à tour de bras, est plus le signe d’une rage que d’une domination sordide. Il a tué non parce qu’il est homme sûr de son bon droit et que sa femme est femme, mais parce que dans son histoire il a basculé vers son propre enfer.

Cela n’excuse rien, et surtout pas les circonstances de dissimulation du crime, mais donne une piste raisonnable pour tenter d’expliquer ce drame. Je peux bien sûr me tromper. Peut-être n’est-il qu’un monstre ordinaire.

 

Cela ne changera pas la souffrance des parents et des proches, qui ont dû entendre la description et voir les images du corps d’Alexia lors de cette première journée du procès. Pour eux, l’enfer continue. La tristesse est entrée dans leur vie.

 

 

Le replay de l'épisode 1 sur BFMTV (23 minutes), sur la personnalité de Jonathan Daval, est disponible ici:

https://www.bfmtv.com/replay-emissions/ligne-rouge/episode-1-moi-jonathann-daval_VN-202011160378.html

 

Une version audio de ce premier épisode est disponible ici:

https://www.youtube.com/watch?v=1YUYnaQU0vw

 

 

Catégories : Divers, société 15 commentaires

Commentaires

  • Globalement, je suis tout à fait d'accord avec votre article. A un bémol près: je pense qu'une fois le crime exécuté, je suis tout à fait capable d'admettre le désarroi et la tristesse de cet homme. Ce qui, de fait n'excuse aucunement l'acte. Mais quelqu'un qui "redescend" après 24 ou 48 h et se rend compte qu'elle lui manque, même si il y a une bonne part d'auto-apitoiement, n'est pas surprenant. Il a menti pour se protéger, certes, mais je pense que sa tristesse et sa douleur étaient réelles.

    Pour le reste, je suis ok avec votre analyse.

    PDO.

  • Ce bémol peut entrer dans l'analyse, mais je me demande s'il tient la longueur sur trois mois.

  • Quand on ne s'entend plus on part mais on ne tue pas!

  • Je pense que le manque, la culpabilité, l'amour (pourquoi pas, même dévoyé) et la contrainte de "faire semblant" peut donner un cocktail détonnant. Surtout avec quelqu'un qui est clairement instable psychologiquement.
    Evidemment, le meurtre est impardonnable. On par de la réaction, ici.

    PDO

  • Bonsoir et hola Homme Libre, je suis à la recherche d'une réponse...que vous avez peut-être.
    D'ici, je n'ai pas suivi l'affaire dans les détails (je viens de lire votre billet), mais toutes les radios, les chaînes de TV françaises en parlent sans cesse et je ne comprends pas pourquoi ce cas précis est si médiatisé, Étaient-ils connus?

    Bonne soirée.

  • Hola Colette,

    Ils n'étaient pas connu mais la famille de la victime avait une notoriété dans leur ville, et un commerce florissant. Lui venait d'un milieu moins aisé. Pourquoi un tel retentissement? La jeune femme était très appréciée. Il semble que les premiers articles viennent de la presse locale. Sa disparition angoissante a été très vite relayée dans la presse. On a vu une foule pour la marche blanche et les recherches.

    Ensuite il y a eu son mensonge, énorme, et quand le mensonge a dû faire place à la vérité, c'était un deuxième choc médiatique.

    Cela n'est pas très explicatif.

    Je pense que beaucoup de monde a pu s'identifier à la jeune femme, sportive, simple, pétillante, mais aussi au mari très normal en apparence. Le crime n'a pas été commis dans un milieu déjà criminel, au contraire.

    Je pense aussi que l'on avait la possibilité d'entrer plus loin dans le psychisme d'un meurtrier, il y avait beaucoup d'attente sur cela, mais aussi sur les détails précis du crime.

    Voilà en gros.

    Bonne journée Colette.

  • Merci à vous, je comprends un peu mieux tout en continuant à penser que cette couverture médiatique a été, est encore mais plus pour longtemps, disproportionnée.

    Bonne fin de journée, froide et grise ici.

  • Oui , je peux comprendre, c'est vrai qu'il y en a eu beaucoup. Mais cela a du sens si l'on a suivi l'affaire depuis le début. Il y a besoin de comprendre.

    J'ai par exemple appris lors du procès que la mère de la victime avait autorisé son gendre à l'appeler "maman" (alors qu'il voyait sa mère quotidiennement). Drôle de relation.

    Bonne journée Colette. Ici journées lumineuses et très fraîches, avec petite bise.

  • Ben quoi John, JJ Rousseau appelait bien "maman" Mme de Warens. Apparemment, à ce qu'il en dit dans ses Confessions, elle n'était pas vraiment sa mère...

  • Jacques Bainville a qualifié Rousseau de «simplificateur par excellence»; Françoise-Louise n'a guère contribué à l'améliorer et Mme Rabbit fait ce qu'elle peut (pour devancer votre répartie).

  • Rabbit (& co):

    Pour le moment je suis sans voix. Je cherche une répartie qui me fuit.

  • Madame Rabbit n’est donc pas votre mère non plus ? Quelque vains que soient ses efforts pour vous améliorer, elle n’en a pas moins droit à tout notre respect...
    Z’avez de drôles de lectures, Rabbit : Bainville, Voltaire, Rivarol, z’allez finir catalogué garenne de droite. Attention aux porte-flingues mouvance rose-vert lors de l’ouverture de la chasse…

  • Mme Rabbit doit plus être considérée comme la mère de toutes les batailles idéologiques dans cette partie de la blogosphère, que comme l'inspiratrice des bons sentiments qui émaillent parfois mes commentaires. Mais, lui attribuer un caractère de cochon serait parfaitement exagéré.

  • Si Mme Rabbit fait preuve d'un mauvais caractère, grogne dès que vous l'approchez, ne vous laisse pas la prendre, s'excite de partout et vous griffe quand vous la sortez de sa cage, c'est peut-être qu'elle fait une grossesse nerveuse (il paraît que c'est fréquent chez le pika d'Ili, une race de lapin originaire des montagnes du Nord-Ouest de la Chine). Il est aussi possible que ce soit une question d'hormones. Le mieux serait d'aller voir un vétérinaire qui pourrait recommander l'ablation des ovaires et de l'utérus.
    C'est en tout cas ce que j'ai compris en parcourant https://wamiz.com/rongeurs/question/lapine-sale-et-mauvais-caractere-11859.html (lire les commentaires de bas en haut).

  • À propos de la chasse et de mon rangement dans l'hémicycle parlementaire, je déplore avec véhémence l'annulation cette année pour des raisons covicieuses de la messe de saint Hubert, avec les trompes et les chiens. Mme Rabbit et moi sommes ulcérés: ce qui ne signifie pas forcément que la machinerie interne de celle-ci fut détraquée, mais qu'à notre âge avancé, il vaut mieux éviter de nous contrarier. Surtout elle, qui a le coup de baguette facile; autant elle est magistrale dans la direction de la 9e de Beethoven, autant elle peut s'emporter si on critique sa façon de manger les nouilles instantanées, et aveugler l'impudent sans plus de cérémonie. Xie Xie.

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