Je m’adresse, mes chers frères, à vous qui êtes blancs et intersectionnellement hétérosexuels. Je vous dis « Mes frères » non pas comme un pasteur mais comme membre d’une même communauté, la communauté blanche caucasienne.
C’est important d’être entre mêmes. Meghan Markle déclarait dans sa récente interview que, je cite de mémoire: c’est bien de se trouver avec des gens qui nous ressemblent. Ah, être entre soi! Même pour les métis la différence reste difficile à tolérer.
Elle a été très audacieuse, Meghan. Oser valider et revendiquer une même origine ethnique pourrait passer pour du racisme.
C’est d’ailleurs la nouvelle forme du racisme, celui qui est bien, admis, valorisé: le racialisme. Mais chez Meghan ce n’est forcément pas du racisme: c’est bien. Elle est une victime de luxe imprégnée d’Hollywood.
Normal, elle est black. Enfin, black… Il y a beaucoup de lait dans le café. Elle est très claire.
Bon, mais après tout Meghan n’engage qu’elle-même. Peut-être est-elle critiquée pour ce positionnement communautariste, racialiste, excluant (tout communautarisme exclut par nature) et diviseur.
Mais elle n’est pas la seule.
Le Matin d’hier 14 mars faisait la part belle à la nouvelle coqueluche d’Hollywood, la Barbie Zendaya Maree Stoerman Coleman. Elle dit par exemple:
« Parce que ma peau est plus claire que celle de mes frères et sœurs afro-américains, je me rends compte que j’ai aujourd’hui plus d’avantages. »
Plus claire, c’est un euphémisme! Quant à ses avantages, je soupçonne qu’ils soient davantage dûs à sa plastique parfaite et sa story telling avantageuse qu’à sa peau légèrement métissée.
Au fait il existe des produits cosmétiques de blanchiment de peau. La firme Unilever (Dove) en fabrique. Depuis un an elle a décidé de supprimer toute mention de blancheur et de blanchiment, afin d’éviter que des personnes de couleur se sentent offensées par l’idée qu’il faudrait blanchir les noirs.
Pourtant beaucoup de personnes à peau noire cherchent à se blanchir, au sens propre. Et pas seulement feu Michael Jackson.
Notez, si un noir a de la patience, il deviendra blanc. En quelques générations quand-même, mais à l’origine l’humanité était noire. C’est ce putain de climat tempéré qui nous a blanchi. Le blanc est donc un noir. Il a déteint mais il est noir. Critiquer le blanc c’est critiquer le noir. CQFD. Tiens, si Coluche n’était pas mort, je la lui refilerais, celle-ci.
Et les blancs qui aiment se noircir ou bronzer au soleil, ou avec des pilules, est-ce une forme de racisme au 12ème degré? On ne sait plus quoi penser. Et est-ce que les pilules à bronzer aident à ne plus « penser blanc »?
Alors je fais comme tout le monde, je me mets dans l’air du temps. Valoriser sa couleur, se référer aux semblables, revendiquer son appartenance est à la mode.
Pourquoi serais-j universel et ne prendrais-je en compte que les qualités propres d’un individu, quand de plus en plus de néo-racistes et de woke (progressistes américains) subordonnent la valeur de cet individu à son origine ethnique?
Il faut être in the mood: l’universalité n’est qu’une version molle de l’oppression blanche.
D’ailleurs, quand j’adresse ce billet à Mes frères blancs, je parle aux mâles, pas aux femelles. Elles ont déjà ce qu’il faut. Sur Arte l’émission Vox Top est la voix du féminisme. Il y est entre autres question de l’éradication du patriarcat. La présentatrice terminait récemment l’émission en offrant sa sororité aux téléspectatrices.
La sororité à la télé? Gloussons de bonheur! Mettons aussi quelques bons couillus en train de se taper sur les burnes en buvant de la bière chaude.
Pour le reste, inventer de nouveaux apartheids ne va pas rapprocher les humains. Mais c’est à la mode chez les intellos progressistes. C’est l’air du temps.