Débit du Rhin en 2021: 4’000 m3/s. Et en 1926: 12’000 m3/s. La crue d’il y a 95 ans était trois fois plus intense que celle d’aujourd’hui. Mais on n’avait pas d’images télé montrant avec insistance les détresses et les pertes subies par la population.
L’effet loupe, ce grossissement médiatique, et la fascination de l’image, amplifient la dramatisation des événements.
OLa télé montre en détail la crue de 2021. Mais comment se représenter celle de 1926, trois fois plus intense? Je n’ai pas trouvé beaucoup de photos de l’époque, et aucune vue aérienne. Dans mon précédent billet je citais cette description: « Mêlée à celle de l’Ill en Alsace, l’inondation s’étendit autour de Strasbourg sur un rayon de 30km… ».
Pour se faire une idée, voici quelques comparaisons de surface (indépendamment des collines ou montagnes) avec une grande ville au centre et un cercle de 30 km de rayon.
Un rayon de 30 km est énorme. Cela fait (clic sur les images pour agrandir):
la région de Zürich, de Baden au nord à Zug au sud, de Winterthur à l’est à Bremgarten à l’ouest (image 2, carte Michelin);
la région de Genève, de Nyon à Annecy et de Bonneville à Bellegarde, image 3;
enfin celle de Strasbourg, image 5.
La crue de 1926 et les inondations qui ont suivi restent celles de référence en Europe de l’ouest, possiblement une crue des mille ans.
Celle de 1480 fut-elle plus forte? Difficile à dire. Mais elle a marqué les esprits:
« Dans les faubourgs de Strasbourg, l’inondation fut si terrible que les gens se réfugièrent dans les étages. Toutes les berges de l‘Ill étaient sous eau et les campagnes alentour ressemblaient à un grand lac. Le 22 juillet, tôt le matin, les flots renversèrent la tour de la Porte de Pierre, qu’ils avaient sapée. Près de 150 maisons à l’intérieur de la ville connurent ça et là le même sort. »
Un autre chroniqueur, Jean-Jacques Meyer, écrivait aussi:
« Au cours de l’été 1480, il y eut une période de pluie qui dura neuf semaines. A la sainte Madeleine, les eaux montèrent au point que les gerbes sur les champs furent emportées. Le Rhin et l’Ill gonflèrent tant qu’entre Bâle et Strasbourg, aucun moulin ne demeura au-dessus de l’eau, et sur terre, beaucoup de gens se noyèrent. Beaucoup de maisons et de villages furent détruits, et les gens durent se réfugier dans les arbres. L’eau charriait aussi toutes sortes d’horreurs : des reptiles, des grenouilles, des sangsues et autres vermines en grande quantité. L’air et la terre s’en trouvèrent empoisonnées et il s’ensuivit une grande mortalité. »
En 1953 la Hollande a connu un autre type d’inondation catastrophique (images BNS 6 et 7):
« Dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1953, un ouragan d’une rare intensité secoue violemment la mer du Nord avant de s’abattre sur les côtes belges, anglaises et hollandaises. Combinée à la marée haute, la tempête s’avère particulièrement meurtrière dans le sud-ouest des Pays-Bas.
Un gigantesque raz-de-marée provoque la rupture des digues sur des centaines de kilomètres et inonde la province du Zélande, constituée d’îles et façonnée par les deltas du Rhin, de la Meuse et de l’Escaut. (…) Au total, on déplore plus de 1800 morts, 70’000 personnes évacuées, 4500 habitations détruites et 50’000 autres bâtiments endommagés, sans compter les 200’000 hectares de terres submergées par les flots qui, à certains endroits, atteignent une hauteur de 4,5 mètres. »
« Le 30 janvier, une zone cyclonique se créa au sud de l’Islande avec, derrière elle, une forte dépression. La tempête se dirigea vers les Pays-Bas et poussa énormément d’eau vers le Pas-de-Calais.
Le passage étroit fonctionna comme un entonnoir, ce qui poussa l’eau toujours plus haut. La tempête se renforça sous l’influence d’un ouragan au large de l’Ecosse. Déjà, dans certaines régions des Pays-Bas, l’eau passait déjà par-dessus les digues.
Dans la nuit du 31 janvier, la tempête gagna encore en violence au-dessus de la Mer du Nord. A la côte, on observait des vents de 10 Beaufort. De plus, la tempête se combinait à une marée de vives eaux. Lors d’une telle marée, le niveau des eaux est plus élevé que la normale à cause de la position du soleil et de la lune. »
Le Giec lui-même était presque prudent dans son rapport de 2012 consacré aux événements extrêmes, comme le rappelle Drieu Godefridi:
« En résumé, persiste le manque de preuve à l’appui d’une tendance claire dans la magnitude et/ou la fréquence des inondations à l’échelle globale.” (page 214). Sur la foi, indubitable, de ces derniers rapports disponibles du GIEC — spécial et général — il est donc faux d’affirmer la réalité scientifique d’un lien entre les inondations actuelles et le réchauffement global. Ce sont des propos erronés qui induisent gravement le public en erreur et qui ne devraient pas être proférés sur les plateaux de télévision sans contradiction. »
On le voit, quoi qu’en disent les climato-alarmistes, leur angoisse ne se vérifie pas dans les faits. Et selon le directeur des unités territoriales du Rhin aux Voies navigables de France (VNF): « Pour autant, il ne s’agit pas d’une crue exceptionnelle. Pas plus que la décision de mettre en eau le polder situé à Erstein. »
Nous devrions être plus circonspects avant de mettre chaque événement majeur sur le dos du réchauffement, et donc d’incriminer les humains et de les soumettre par la peur.