Le parc naturel de Reinhardswald en Allemagne, à l’ouest de Göttingen et au nord de Kassel, inclut la grande forêt du même nom. Une forêt dite fermée, sans présence humaine.
Cette forêt est un lieu qui inspira des contes populaires, dont ceux des frères Grimm. Son château, le Sababurg, y figure celui de la Belle au bois dormant. Elle est située sur la « route allemande des contes » dont la ville de Kassel est la capitale. On y trouve des arbres très âgés.
« Des chênes noueux vieux de plus de 600 ans et d’impressionnantes structures en bois mort peuvent être vus ici. Ils ne sont pas seulement un pôle d'attraction pour les visiteurs, mais aussi un habitat précieux pour de nombreuses espèces animales et végétales. »
C’est donc un haut lieu de la biodiversité. Un lieu qui pourrait changer avec le parc éolien qui va y être installé. Les recours juridiques des habitants de la région n’ont pas abouti. Et les premiers arbres ont déjà été abattus.
Deux ans de travaux vont bouleverser la forêt. Création de voies d’accès, abattage d’arbres, forêt « scalpée » par endroits. Les initiants de ce parc invoquent le fait que la forêt est endommagée, pour minimiser les inconvénients de l’érection de cette vingtaine de mâts à pales.
« Une forêt commerciale depuis des siècles - mais les tempêtes de ces dernières années et l’infestation actuelle de scolytes causée par l’extrême été de 2018 ont massivement endommagé la population d’arbres. »
Les forêts ont toujours subi des dommages dus aux extrêmes météorologiques. L’ancienneté de celle-ci montre qu’elle a survécu aux stresses du temps et du climat. Par contre ces mâts sur site pendant des dizaines d’années vont probablement incommoder les espèces sauvages dont c’est l’habitat.
Je pense aux mammifères perturbés par les vibrations des pales et aux innombrables oiseaux qui nichent dans ce havre naturel jusque là protégé. On peut s’attendre à une hécatombe.
Je comprends que l’on veuille produire de l’énergie non carbonée, mais à quel prix? Je veux dire au prix d’atteintes visuelles et autres aux paysages? Avec un système qui n’est qu’intermittent et nécessite des centrales au gaz, pour démarrer rapidement la production d’électricité sans rupture pour le consommateur en cas de panne de vent (ce qui est fréquent)? En 2021 par exemple le vent a singulièrement manqué dans les pays européens à forte implantation éolienne.
Néanmoins il est remarquable que la ministre Verte chargée de l’environnement soutienne à fond ce parc, contre les éco-citoyens qui s’inquiètent de la destruction de sites rares.
C’est Verts contre verts.
La Fondation allemande pour la conservation de la faune alerte également sur la construction d’éoliennes dans les forêts. On peut lire dans un rapport daté de 2020 sur le parc éolien de la forêt de Dahlemer:
« Si les éoliennes conquièrent de plus en plus nos forêts, le conflit entre l’énergie éolienne et la protection des espèces en Allemagne deviendra encore plus aigu. De nombreuses espèces présentes dans la forêt autour de Dahlem souffrent déjà de la perte de leur habitat. Un fardeau supplémentaire des éoliennes est inacceptable du point de vue de la faune. »
Dans un précédent billet déjà ancien, un internaute avait commenté mon texte en mentionnant les éoliennes volantes.
Les avantages sont réels. Il n’y a qu’une très faible emprise au sol pour recevoir les câbles qui attachent l’éolienne à la terre et conduisent l’électricité. Elles ne présentent pas de risque pour la faune. Elles consomment beaucoup moins de matériaux pour leur fabrication que les mâts. De plus, en altitude, les vents sont plus constants, plus réguliers et plus forts qu’au sol.
Celle représentée par l’image 4 (clic pour agrandir) « … est arrimée à une station au sol par trois câbles, et règle son altitude et son orientation automatiquement pour capter les vents les plus forts qu’elle détecte à l’aide d’anémomètres. La BAT est capable de supporter des vents de 160 km/h, et elle résiste à la pluie ou la neige. En cas de problème ou si l’un des câbles se rompt, l’engin peut redescendre au sol grâce à un câblage de secours qui le protège également de la foudre. »
L’inconvénient est que les câbles interdisent le déplacement d’objets volants et avions à proximité. Ces éoliennes seraient dès lors exclues de certaines aires. Il faut aussi penser la hauteur stationnaire et la taille pour éviter d’avoir des escadrilles d’éoliennes volantes à portée de vue.
La promesse miraculeuse des éoliennes – avoir de l’énergie propre, abondante et susceptible de remplacer le nucléaire et le fossile grâce aux ressources du vent – est encore loin de se réaliser.
Commentaires
Un désastre écologique pour des moulins à vent! Elle et belle, la société occidentale de 2022!
L'éolienne est le point faible de l'écologie aujourd'hui. Elle cumule beaucoup d'inconvénients (construction et destruction non écolo, paysages abîmés, nuisances sonores, impact négatif sur la faune terrestre et marine, etc). Mais le plus grand défaut de cette production énergétique est sa dépendance à la météo, son intermittence. Le stockage de l'électricité n'est pas, pour le moment, très rentable. La transition énergétique, rendue nécessaire par le réchauffement et la population croissante, ne pourra se faire seulement avec l'éolienne et le solaire. On n'échappera pas au nucléaire, qui assurera le besoin énergétique de la planète pendant une période assez longue, car c'est aussi une énergie produisant très peu de gaz à effet de serre. Désolé pour les anti-nucléaires !
A propos d'idéologie, voici un conseil de lecture pour cet été. Le dernier livre de Guy Mettan intitulé LA TYRANNIE DU BIEN:
https://livre.fnac.com/a16594701/Guy-Mettan-La-Tyrannie-du-Bien-Dictionnaire-de-la-pensee-in-correcte
En voici un résumé:
Le Bien est partout. Il nous poursuit de ses assiduités. Il nous traque sans pitié. Il projette ses métastases jusque dans les plus intimes replis de nos vies. Il gère, manage, planifie, assiste. Il légifère, confine, vaccine, condamne, bombarde, tue. D'empire, le Bien est devenu tyrannie. Car la quête frénétique de la vertu est devenue une obsession universelle. Elle ne se limite pas aux cercles woke et aux ONG bienpensantes. Elle est aussi pratiquée dans les salons feutrés des conseils d'administration, les bureaux open space des managers, les antichambres inclusives des ministères, les amphithéâtres aseptisés des universités et sur les réseaux sociaux qui se sont mis en tête de censurer les manifestations supposées du mal.
Cette tyrannie, il est urgent de la dénoncer. C'est ce que se propose ce guide, qui piétine avec jubilation les plates-bandes du prêt-à-penser économiquement, culturellement et politiquement correct.
Dans la veine caustique d'un Philippe Muray, il désarme les ressorts de la softlangue, ce nouveau langage qui s'emploie à emmieller le vocabulaire et à le noyer de néologismes à consonance anglaise pour mieux répandre ses méfaits.
Il en ressort un inventaire des idées reçues qui réjouira ceux qui n'en peuvent plus des postures et des impostures, des hypocrisies et des faux-semblants engendrés par cette recherche éperdue d'un Bien qui finit par faire beaucoup de mal.
Guy Mettan n'est pas un robot ni un algorithme. Journaliste et?écrivain, il a écrit des centaines d'articles et une dizaine de livres. Il a notamment écrit Russie-Occident, une guerre de mille ans (éditions des Syrtes, 2015, 2022), traduit en six langues et Le Continent perdu (éditions des Syrtes, 2019).