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Cancell Chronickel (1) : Le bal des Lazes

Seuls les êtres parfaits ont l’autorité morale et la légitimité pour en annuler d’autres. Les imparfaits errent en cohortes grises sur les chemins d’une possible rédemption par la soumission.

 

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Moi qui suis si imparfait, je ne peux annuler personne, même pas les annuleurs. Mais pour le fun j’ouvre cette nouvelle chronique. Avec humour et parfois grincements je présenterai ponctuellement ce qui devrait être annulé pour faire de ce siècle déjà vieillissant un moment néanmoins parfait.

Je commence avec la chanson de Michel Polnareff. Sur une musique langoureuse et prenante le parolier Pierre Delanoë a écrit une histoire d’amour impossible. Un roturier est amoureux de la fille du château des Laze. Mais elle est promise à un autre, qu’il tue par jalousie. Il finira pendu.

Cette chanson fait l’apologie du crime sordide, du crime de jalousie, de la haine de l’éconduit contre l’élu. Elle est diaboliquement efficace puisque nous sommes pris dans l’ambiance et enclins à avoir pitié pour l’assassin. Bertrand Dicale, un spécialiste de la chanson française cité par Wiki, la considère comme la plus aboutie du chanteur:

« La mélodie au pas ample et élégant, le dialogue de l'orgue classique et de la basse électrique, l'ambiance du texte — mi-Lawrence, mi-Brontë —, tout est magnifique et révolutionnaire. »

Cette chanson est d’évidence immorale. D’abord on ne convoite pas une femme comme un vulgaire saucisson, sauf quand on est jeune et con (je l’ai été, je connais). Surtout celle d’un autre. D’ailleurs on ne convoite pas: on courtise.

Wikipedia résume ainsi l’état d’âme du sombre héros:

« Caché dans le jardin durant le bal qui suit les fiançailles, le narrateur est ivre de rage. »

 

Bouddhas

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Les paroles ne mentionnent pourtant pas le mot rage:

« Moi le fou que l’on toise / Moi je crevais de haine / Caché dans le jardin / Moi je serrais les poings / Je regardais danser / Jane et son fiancé ».

Le sombre héros cultive des sentiments forts négatifs et très préjudiciables aux bonnes relations inclusives: la haine, la jalousie, le désir de posséder cette jeune femme, toussa toussa.

Ladite jeune femme est présentée comme lâche et infidèle puisqu’elle reste avec son promis, même si « elle aimait bien l’amour que l’on faisait tranquilles loin du château ».

Pour terminer, pensez-vous que le prétendant violent devenu assassin ait du remord? Surtout pas. Son seul regret est qu’une fois châtié, il ne pourra pas supprimer le nouveau fiancé que l’on donnera à Jane.

« Mais ma dernière phrase / Sera pour qu'on me plaigne / Puisqu'on va lui donner / Un autre fiancé / Et que je n' pourrai pas / Supprimer celui-là ».

Si donc vous plaignez ce méchant roturier assassin, vous n’avez aucune morale.

Voilà pourquoi, comme les Taliban l’ont fait avec les bouddhas de la falaise, il faut faire tomber Polnareff et ne plus diffuser ses chansons et ses images.

L’ordre du Bien, la Paix sur la Terre, la rotation de la Lune et la sécurité publique sont à ce prix: fired Popol! Cancelled!

Fired? Oui, il y a du Trump dans la pratique de l’annulation.

 

 

Le bal des Laze:

 

 

 

 

P.S.: encore des notes qui ne paraissent pas dans la page d’accueil du portail Blogspirit. Trois en deux semaines. 

La dernière est ici: Le nationalisme Mapuche.

Et puisqu'on y est: bonne nouvelle année quoi qu'il arrive!

 

 

Catégories : Cancell Chronickel, Humour, société 8 commentaires

Commentaires

  • Mais pourquoi donc « canceller » Polnareff pour le Bal des Laze…? Quelle drôle d’idée? Vous aurez tout de même noté que le protagoniste ne tue pas Jane, ce qui aurait été constitutif du crime impardonnable et inexpiable de FÉMINICIDE, mais simplement… le fiancé cocufié. Ce qui est, vous l’admettrez, infiniment moins grave du point de vue de la doxa moderniste! Et même excusable si l’on part du principe que Jane était fiancée contre son gré et, si ça se trouve même, victime ou future victime de violences conjugales. Donc, absous, Polnareff et Delanoë!

  • :-)
    C'est vrai que ce n'est pas la pire.

  • Il y a bien d’autres chansons à effacer, et en premier lieu le Requiem pour un fou… je n’en reviens d’ailleurs pas que David ait été autorisé à en faire une reprise l’an passé!

  • À propos de cancel culture, j’apprends à l’instant que la RTS suspend la diffusion de tous les films avec Gérard Depardieu… bon cela ne me fait rien à titre personnel vu que je ne regarde plus la télé sauf pour des films et séries de location et donc choisis, mais je pense que c’est une raison de plus de couper les vivres à ce « machin »!

  • J'ai aussi vu cela pour la RTS. Je trouve choquant. Mais c'est la RTS. J'en ferai peut-être un billet.

  • Tout d'abord, merci d'avoir choisi le château de Trévarez et son magnifique parc pour illustrer la chanson. Cela me rappelle la Bretagne que j'ai provisoirement quittée pour la Savoie. Près de mon village breton, existe un autre village qui s'appelle "Kerlaz". La traduction donne ker=château, et lazh=tuerie ! Polnareff avait-il des liens avec la Bretagne ?

  • Oui Henri, il y a un lien familial que j'ai découvert dans Wiki:

    "Le texte de la chanson prend une autre dimension quand on connait l'origine géographique de la branche maternelle de Michel Polnareff : Saint-Hernin, au centre du Finistère. Le pays des montagnes Noires. À quelques encablures, il y a une bourgade nommée Laz. Non loin de là, on trouve le château de Trévarez dont la construction s'est achevée à l'orée du xxe siècle, qui est situé au cœur de l'ancienne forêt de Laz."

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