Cette info a réveillé la colère des féministes et, j'imagine, de nombreuses femmes. D'ailleurs la problématique peut sembler étrange à notre époque.
Je pense d'abord au drame des femmes dans certaines cultures. Mises à l'écart, devenues des citoyennes et des humaines de seconde zone quand elles ont perdu leur virginité, même par veuvage, est un sort inacceptable. Comment peut-on en arriver là alors que nous sommes fondamentalement, hommes et femmes, les deux composants d'une même humanité?
Ce n'est pas un hasard si l'Occident des lumières a délaissé la religion. Que de crimes contre l'intelligence et la liberté commises en son nom… Que d'aliénation justifiée par les dirigeants pour faire plier et dominer les consciences.
Mais après cette position fondamentale, regardons le fait de manière plus large que la supposée violence contre la liberté des femmes à disposer de leur corps.
Je pense bien qu'un couple désirant se marier se pose des règles du jeu et des principes. Le mensonge sur des principes doit forcément être très mal vécu. La notion de "qualité essentielle" inscrite dans la loi française me paraît intéressante et compliquée à la fois.
Comparons avec d'autres cas. L'adultère est cause de nombreux divorces. Qui s'en offusque? L'alcoolisme également. Imaginons un conjoint qui promet à l'autre fidélité, et qui le soir du mariage va coucher avec d'autres en revendiquant sa liberté. Ne serait-ce pas une cause d'annulation?
Ou bien un partenaire atteint du sida qui le cache à l'autre, n'a-t-il pas trompé et faussé le choix de son/sa partenaire?
Le tollé suscité par cette décision me semble juste en ce sens qu'une femme non-vierge est un être humain à part entière. Mais il me semble exagéré en ce sens que chacun a le droit de poser des principes et d'attendre pareil de l'autre.
En l'occurrence, le problème n'est pas d'abord la non-virginité, mais le mensonge. Construire une vie sur un mensonge est un abus de confiance. Comment lui faire encore confiance après?
Cette décision est intéressante pour la question qu'elle pose: peut-on s'engager en acceptant de l'autre ce qui va à l'encontre de nos convictions?
En allant plus loin la question est: jusqu'où peut aller l'amour dans l'acceptation de l'autre? Jusqu'où peut-on se laisser bousculer par l'amour? L'amour est-il, comme le soutenaient les romantiques, une force transformatrice? Ou bien le couple est-il fondé davantage sur les traditions, les normes?
A méditer.
Commentaires
Je suis convaincu que l'Amour (le vrai, celui de l'âme et du fond du coeur) est une force transformatrice ! Mais il est vrai que cet Amour nécessite transparence, honnêteté, humilité, avec une réelle volonté d'y arriver, réciproquement.
En effet, il n'y pas d'Amour sans un réel effort personnel offert gratuitement à l'autre.
Mais l'Amour c'est aussi et surtout : le pardon, la compréhension, la compassion et le partage des épreuves de l'autre.
Aimer ce n'est pas analyser, juger, comparer.... c'est simplement (ou parfois plus difficilement)accepter, partager, laisser son coeur ouvert.
La seule et vraie condition d'y accéder c'est : LA COMPREHENSION ET LA SINCERITE (non voilées) ! car nous sommes toutes et tous faibles !
Si on reconnaît ses propres faiblesses, alors comment peut-on pouvoir les reprocher à l'autre !? C'est le début de l'ouverture à l'Amour.......
Aimer c'est d'abord OFFRIR avant de RECEVOIR.
C'est mon point de vue....
Amitiés
Ivan
J'apprécie et admire, cher Yvan, votre manière plus sensible que la mienne de formuler le débat et l'essentiel... Merci.
Un homme qui demande à sa future épouse si elle est vierge est un pleutre, à moins de l'être lui-même et que cela soit un accord entre-eux. Dans ce cas là, la jeune femme n'avait pas d'autres choix que celui de mentir, sachant qu'un aveu pareil envoie chaque jour que dieu fait des jeunes femmes dans le bannissement et l'opprobre.
Pour illustrer mon coup de gueule j'ai écrit une chronique autour de ce sujet que je vous invite à regarder sur le site de la BDE
www.la-boutique-des-ecritures.over-blog.com
Bonsoir Leila,
J'adhère à votre commentaire. J'essaie d'analyser le principe d'une telle décision de justice, son fondement, hors de l'émotion et de la récupération. Vous m'inspirez d'aller plus loin dans ma réflexion, ou plus précisément car j'avais abordé déjà cette question: qu'est-ce que l'amour?
Et la question suivante est: quel est l'amour de cet homme?
Mais c'est difficile à aborder sans tomber dans le piège du jugement. Elle avait ses raison, il avait les siennes. De mon point de vue, d'une culture qui s'est en partie débarrassée de du diktat de la virginité, je ne peux pas approver ce qu'il a fait en demandant l'annulation. De mon point de vue je pense qu'il est piégé dans la domination culturelle de son groupe, et prisonnier d'une religion aliénante comme nous l'avons été par le passé. Il n'ose pas affronter, assumer son amour, se tenir droit devant ses frères avec un drap blanc, et de toutes façons ces histoire sont pour moi le genre de perversion véhiculé par les "grandes" religions.
Mais je dirai la même chose pour elle: en mentant elle ne s'assumait pas non plus, ne se tenait pas droite devant sa communauté en disant: "Je suis moi-même".
Les deux sont lâches. Je pense qu'il peut être difficile d'assumer certaines situations, et que le mensonge est un moindre prix que l'on pense payer. Mais à long terme le prix du mensonge est aussi lourd que celui de la vérité. Parfois sur plusieurs générations.
Je vois cette femme et cet homme comme deux prisonniers d'une coutume dont on se demande bien quel en est le fondement et l'origine. Les deux souffrent probablement.
Maintenant, il y aurait en arrière-plan un autre débat: celui de l'insécurité de l'homme. Ca vaudra d'en parler une prochaine fois.
Bien à vous, je vais aller visiter votre site.
Bonjour
je pense qu'on se trompe lourdement de sujet dans cette affaire. En effet il ressort à travers les réactions de la majorité de l'opinion qu'on lit à droite et à gauche que ce cas relève d'une atteinte " aux droits des femmes" et qu'il faut tout faire pour sauvegarder "leur imprescriptible liberté sexuelle"
Mais où est l'atteinte des droits des femmes ici ? Cette dame a eu appramment la vie qu'elle voulait(c'est son droit le plus absolu) et il s'avère qu'elle a menti sur cet aspect de sa vie privée à un homme qui avait tenu à le connaitre avant de contracter le mariage.
Il a le droit (autant que la femme) au regard de sa culture et de ses convictions qui sont également inaliénables de se marier avec une vierge ou une non vierge, là aussi c'est son droit le plus absolu
Que cette façon de penser ou de concevoir le mariage soit moyennageuse est un autre problème et les paradigmes sociétaux dominants d'aujourdh'hui ne sauraient juger les choix personnels des individus au motif qu'ils heurtent les convictions de la majorité des citoyens
Ce qui s'est passé avant la rencontre et le mariage ne regarde pas le partenaire. Chacun est libre de conserver un jardin secret. Personne ne doit être obligé de rendre des comptes sur ses relations passées. Il n'y a aucun droit d'enquêter sur la vie privée d'une personne.
Le cas évoqué du SIDA et la comparaison avec la virginité est parfaitement malhonnête et écoeurante. La transmission volontaire du virus est un crime. L'absence de virginité ou le mensonge (même par omission) sur celle-ci est-il aussi un crime? Les personnes responsables peuvent demander un certificat médical de séronégativité. Ici il faudrait fournir un certificat de virginité? Belle mentalité!
Et puis dans les pays musulmans se faire recoudre un hymen est chose très courante. A bon entendeur.
Bonsoir,
Revenons au fond SVP et arrêtons les divergences stériles...
Amour, Vérité et Confiance = Base de la relation de couple
Parmi ces valeurs, lesquelles ont été spoliées?
A vous de répondre et de conclure objectivement sur cette affaire.
@ Johann:
L'annulation concerne justement ce qui est d'avant le mariage. Et chacun a le droit de choisir sa vie et ses principes. Cela je le défends, même si je ne suis pas en accord avec la virginité comme condition du mariage. Mais si deux personnes font un même choix, et que ce choix n'est pas criminel, cela leur appartient.
J'ajoute que selon ce que j'ai lu et entendu, l'islam ne demande pas la virginité au mariage. C'est une tradition méditérranéenne que l'on retrouve également en Sicile, pays catholique.
PS @ Johann:
J'ai cité le SIDA parce que j'ai vu quelques femmes accepter de se marier avec un homme séropositif, en connaissance de cause. Par contre la non-information de ce fait serait non seulement une tromperie, mais aussi un crime.
Au sujet du mariage.
"Une grande société d'Etat iranienne a exigé de ses employés célibataires qu'ils se marient d'ici au 21 septembre prochain sous peine d'être renvoyés, a rapporté mardi la presse iranienne."
http://www.tdg.ch/pages/home/tribune_de_geneve/info_express/monde/detail_monde/(contenu)/235334
Le juge n’a violé quant à lui aucun principe de laïcité parce qu'il n'a ni cherché à deviner la nature des motifs ayant amené cette condition à devenir fondamentale, ni surtout ne s'est autorisé une quelconque appréciation de ces motifs. Seul compte le consentement vicié.
Le juge est resté juge, voilà ce qui vous dérange. Vous l’auriez aimé aussi militant et embrigadé que vous... que la République nous en protège !
Vos arguments ont le défaut ironique d’opposer à la morale religieuse une autre morale qui condamne justement les principes de ces appréciations religieuses, ors il s'agit ici de droit privé. Par contre, ce qui reviendrait à une "ouverture républicaine à l'idée d'intégrisme islamique" comme j’ai pu l’entendre serait de permettre à des tribunaux religieux de statuer sur ce genre d'affaire comme cela existe en Grande-Bretagne (communautarisme quand tu nous tient...).
@ fatima_83
Je vous comprends bien. Ce débat est complexe. D'une part j'admets qu'un couple se donne des principes fondamentaux, et que la confiance soit indispensable pour construire. Et je vous rejoins, le juge n'a pas statué sur autre chose que cela. Il n'a en rien invoqué des motifs religieux généralisables, mais a évalué cette situation précise.
Après vient le débat sur la valeur de la virginité en tant que telle, mais c'est un autre débat. La politisation de ce point est pour moi inadéquate et je le déplore. Comme je le dis dans un autre billet, si la raison de la virginité est perçue comme discriminante pour des femmes, alors la raison de l'impuissance masculine doit être perçue comme discriminante pour les hommes. Or il y a chaque année des annulations pour cause d'impuissance.
Après encore vient le débat sur la possibilité d'annuler un mariage. J'ai avancé dans ma réflexion, et je crois que fondamentalement nous devons assumer ce que nous faisons. Annuler, gommer, ne me semble plus être défendable. Réfléchissons avant, assumons nos engagements, ou alors ne nous engageons pas.
Bien à vous.
je pense que le droit à l'annulation est assez appréciable, cela donne une liberté. En démocratie on choisit le partenaire que l’on veut. Si l’idéal et le choix de vie de cet homme étaient de partager le reste de ses jours avec une femme qui n’a jamais fait l’amour avant, perso je trouve cela regrettable mais c’est son choix. Des centaines de couples divorcent bien pour pleins de raisons que nous pouvons juger machistes, égoïstes ou futiles (mon mari travaille trop, j’ai rencontré une fille plus jolie et plus jeune … etc.). Pour ma part, je ne veux pas que ce soit l’Etat qui m’impose mes « qualités essentielles ».
je trouve que ce débat est faussé. histoire que les accusations soient plus légitimes et basées sur des textes juridiques, on peut rajouter dans la loi que la virginité ne peut en aucun cas être considérée comme étant une qualité essentielle. Mais doit-on tout régenter dans la vie des gens ?
A ce moment là, lançons le vrai débat qui vous tient à cœur : Vous voulez dénoncer le statut de la femme dans la religion musulmane ? En tant que femme et musulmane, j’en serai ravie ! Mais alors faites-le franchement, sans vous cacher derrière la dénonciation d'une décision de justice qui, juridiquement parlant (parce que pour commenter une décision de justice, il faut se placer dans le registre de la "justice" et non celui de "morale") n’a rien d’illégitime.
Pour ma part, ma position est claire: de ce que j'en connais, je désapprouve sans ambiguité le statut de la femme dans la culture musulmane. La relation homme-femme doit être réciproque. c'est donc valable partout, non seulement dans la culture musulmane. Toutefois je sais que les tunisiennes par exemple ont plus de réciprocité - ou d'égalité - que dans d'autres pays. Je pense que nous sommes à une époque où nous ne devons plus nous accorcher aux traditions sans réfléchir au pourquoi, et à ce que nous voulons vraiment. C'est une époque de grande remise en question, et je suis partant pour cela.
Je souhaite aussi qu'on ne réglemente pas chaque moment de la vie des gens. L'Etat policier n'est pas loin. Donc la loi n'a pas à préciser si loin les détails de la vie, il faut laisser une marge d'appréciation aux juges. ou alors, comme je disais, il faut aussi refuser l'annulation pour impuissance, ou pour beaucoup d'autres raisons. Laissons les gens vivre.
je suis assez d'accord avec le second chapitre. Bien sûr nous avons le droit d’être choqués par cette histoire, mais les frontières de la morale et de la justice ne sont pas les mêmes. Je suis personnellement déçue que la virginité d'une femme demeure encore en 2008 la "condition essentielle" d'un mariage pour certaines personnes, cependant, se baser sur cette affaire et les émotions qu'elle peut susciter pour conclure que l'islam est incompatible avec la démocratie relève, si ce n'est de la bêtise, d'un raisonnement intellectuellement malhonnête et douteux quant aux convictions qui l'animent. dans cet exemple ci, il semble assez clair que les raisons qui ont motivés l'ex-mari à exiger l'annulation sont d'ordre religieux, mais parler de laïcité dans cette affaire reviendrait déjà à faire un procès d’intentions à tout époux (surtout musulman) qui demande la nullité du mariage pour des raisons qui peuvent être assimilées à des raisons religieuses. Je trouve dommage que certaines personnes voient dans cette affaire l'occasion de rechercher l'affront par les travers de la stigmatisation ... sinon je ne sais pas comment ça se passe en Tunisie, mais je répète de temps en temps, il est bon de le rappeler, qu'il y a un monde entre les extrémistes religieux qui ont, comme pas mal de monothéistes qui prennent les textes religieux un peu trop à la lettre, une vision peu flatteuse de la femme, et le musulman lamda (au Maroc, par exemple, c'est le pays que je connais) qui a un petit peu dépassé ce genre de bloquage, selon d'ailleurs le milieu social dont il est issu ou son niveau d'étude plus que sa foi.
Je vous j'entends bien, et jne suis très touché de l'importance que vous amenez à répondre sur ce blog.
J'apprécie votre analyse et votre plaidoyer. Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vous livre un aspect très prégnant de la perception arabo-musulmane ici. . D'abord il n'y a pas assez de musulmans et surtout de musulmanes qui parlent comme vous- La frontière entre les utilisations faites de l'islam et de la culture arabo-musulmane telle que vous l'évoquez d'une part, et l'amalgame fait en occident entre islam et guerre idéologique (attitude alimentée par des caricatures - un peu comme si vous jugiez le christianisme sur les franges intégristes) mais des caricatures qui ont la peau dure, tout cela créée une méfiance..
Il y a tant de mythes véhiculés ont ne sait plus par où. C'est un profond travail que nous avons tous à faire. Il faut comprendre notre réaction comme symptôme de notre sentiment de frustration à l'égard de ce monde. Ce n'est pas forcément du racisme. J'essaie d'analyser. Il y a un sentiment que ce monde, et ses communautés habitant en France, n'en fait pas assez pour s'intégrer. Et en face, il est réclamé de respecter les identités - donc celles-là.
Vous posez très clairement le débat.
cela fait sept ans que j'habite en France. je ne suis pas particulièrement choquée par les clichés qui circulent ici, toute personne interprète le monde à travers des codes, et il y a autant de préjugés au Maroc à propos des occidentaux qu'en France sur les musulmans. cela devient dangereux quand c'est récupéré par des discours politiques.
la seule arme contre ce phénomène de simplification est d'abord la lecture, et puis surtout le voyage, car il y a ce que j'appelle un déclic visuel qui se déclenche quand on se déplace dans un pays. c'est là qu'on constate à quel point les gens sont subtils, cultivés, nuancés, plus romantiques et soumis au charme et à l'intelligence féminine qu'on ne pense, et surtout à quel point la psychologie et la culture des musulmans est plus complexe qu'on voudrait croire.
l'homme peut partout faire son péteux, il la ramène moins dès lors qu'il est amoureux, n'est ce pas ? ;-) le musulman n'échappe pas à cette règle.
mon séjour en France m'a désabusé, je suis sure que ça peut être réciproque, quoique j'ai la chance de parler le français aussi bien que l'arabe, et parfois notre vision d'une culture est aussi inconsciemment dictée par la langue que l'on parle et les mots qu'on utilise, eux même encodés par notre héritage culturel. il serait pas mal d'enseigner l'arabe à l'école française, car en ayant la chance d'écouter et de comprendre de si grands chanteurs tels que Abdel Halim Hafez et la façon dont les poètes arabes perçoivent et décrivent la femme, on peut s'apercevoir qu'ils sont plus fragiles et respectueux de la femme qu'on ne pense.
la culture a beau déterminer notre comportement et nos jugements, mais le plus important c'est de rester convaincu qu'au fond on fonctionne tous pareils, que le coup de foudre, les colonies, le racisme, l'angoisse et l'aspiration à un monde après la mort sont nés aux quatre coins de la planète en chacun de nos ancêtres.
Les aspects de la culture arabe que vous évoquez sont en effet peu connus. J'ai pu lire personnellement quelques textes de poètes arabes ou musulmans-soufis, qui sont d'une très grande beauté et sensibilité, bien loin des clichés véhiculés en occident.
Notre époque offre l'opportunité de connaître d'autres cultures, d'accéder peut-être peu à peu à une philosophie de la vie qui dégage l'essentiel de toutes les cultures. Ce serait une forme de mondialisation utile et que je souhaite. Les particularités resteront, mais seront comprise dans l'acceptation de la différence et non dans la confrontation. Beaucoup de penseurs actuels, partout dans le monde, tentent d'aller pas à pas dans cette direction. Mais collectivement nous sommes encore à défendre nos chapelles.
En même temps comment rendre possible la cohabitation de cultures et religions différentes sur un même territoire? Comment laisser une priorité aux populations initialement présentes par rapports aux "nouveaux venus" sans exclure ces nouveaux? (Car après tout, un pays est comme une maison, ceux qui l'habitent ont besoin de cet ancrage de s'y sentir chez soi). Mais aussi comment établir un respect mutuel des cultures sans promouvoir les communautarismes?
Je vous rejoins quand vous dites plus haut que par exemple les tribunaux religieux ne doivent pas avoir une influence sur les règles du jeu de l'Etat laïc. Au Canada, il y a eu un débat il y a quelque temps, certains voulant autoriser le jugement d'affaires civiles (pénales aussi je ne suis plus certain) par des tribunaux pratiquant la charia. Cela pour permettre de préserver la culture des communautés musulmanes. Cela me paraît incompatible avec l'Etat de droit laïc.
Dans la république la loi et la constitution cadrent la vie en commun, indépendament des choix politiques, religieux ou personnels. Cela je le soutiens. Il ne peut y avoir deux sortes de droits et deux sortes de tribunaux dans la république ou dans la démocratie, car cela disloquerait le fondement même de l'Etat de droit qui garantit à chacun les droits fondamentaux, dont la liberté de conscience et de religion. On ne peut par exemple accepter que l'excision se pratique en France sous le prétexte du respect d'une culture.
A part cela, je pense aussi que le fondement des comportements, individuels ou collectifs, est commun à toutes les cultures. Toutes - chacun à son tour - a pratiqué le colonialisme, l'invasion d'autres pays, l'oppression. Et toutes aussi ont développé l'intelligence, la poésie, la philosophie, le droit, etc. Les formes varient mais le fond est commun.
Je me souviens d'avoir vu dans un village du Nigéria, une petite fille de 3 ans mettre ses pieds dans les grandes sandales de sa mère, et d'essayer de marcher avec la fierté de se sentir plus grande. Cela se passe partout, les fillettes suisses ou françaises font la même chose spontanément. J'ai vu là combien les mécanismes de base des comportements sont communs d'une culture à l'autre.
Je pense que la cohabitation des cultures et des religions n'est vraiment pas si difficile à obtenir. J’habite dans le onzième à Paris, ville cosmopolite par excellence, et j'ai des amis français, allemands, asiatiques et arabes, tous très ouverts, nous avons en commun la jeunesse avec tous ses petits problèmes, que ce soit d’ordre affectif ou financier, l'humour, la curiosité, nos petits chagrins d'amour et nos soirées… je n'ai jamais eu l'impression que le fait que je sois musulmane contrarie cette harmonie.
Je ne pense pas qu'il y ait de priorité à laisser aux populations les plus anciennes et qu'il faille donner aux personnes d'origine étrangère un statut de « nouveau venu ». cette étiquette est vraiment pénible à porter et n’a pas lieu d’être selon moi, elle pose une hiérarchie de légitimité assez vicieuse, voire humiliante...
c’est comme quand Sarko dit « la France, tu l’aimes ou tu la quittes », mais les plus grands auteurs et penseurs français ont critiqué la France, ont remis en cause ses lois, justement parce qu’ils l’aimaient. À partir du moment où quelqu'un est né en France et qu'il y a passé toute son existence, il est en soi aussi ancien que son voisin qui y a vécu le même nombre d'année, bien que ce dernier ait été devancé par les générations de ses parents et grands-parents.
Regardez moi, je ne vis en France que depuis 7 ans, j'y suis venue à l'âge de 18 ans, donc tous mes souvenirs d'enfance et d'adolescence sont au Maroc, et pourtant je me sens française à part entière alors que je n'ai même pas la nationalité, pour peu que j'ai vécu ici une part importante de ma vie et que je la partage avec des gens que j'aime.
Il ne faut pas croire que, dès lors qu’on respecte une culture, le communautarisme devienne fatal, bien au contraire, ce repli est une réaction psychologique (pas très confortable d'ailleurs pour ceux qui s'y réfugient) qui se déclenche justement lorsqu'ils perçoivent une incompréhension et un non respect de leur culture. C’est ce que j’appelle presque une réaction d’égo, et quand on ne met pas l’égo à mal, il ne réagit pas par la provocation ou le repli. Le plus important, comme vous le dites, c'est que l'on reste égaux devant la loi, et c'est pour cela que je critique énormément le système en grande Bretagne.
... vous citez un peu malencontreusement l'excision, mais j'espère que vous savez qu'elle est formellement interdite au Maroc, et je pense aussi dans la majorité des pays musulmans, tout simplement parce qu’elle n’est en rien citée dans les textes religieux de l’islam.
sinon pour en revenir au débat, vous semblez dans cet article beaucoup vous offusquer que l’on remette en cause la séparation de l’état et de la religion, mais que dire des réactions des membres de l’exécutif lesquels remettent en cause, à leur tour, la séparation des pouvoirs au nom de la laïcité ? N'est-elle pas inscrite dans notre constitution? Depuis quand les politiques contestent-ils une décision de la justice? N’y a t'il pas une justice libre et indépendante dans notre pays ?
Bonsoir,
Pour éviter tout malentendu, j'ai parlé de la circoncision parce que c'est une souffrance qui me touche. Il y a une campagne actuellement en Suisse, qui se termine samedi. Je ne comprends pas qu'une tradition justifie la mutilation, surtout sur des enfants. En effet, je n'en parlais pas à propos des pays du nord de l'Afrique, car elle n'y est pas pratiquée à ma connaissance. Vous le confirmez.
Pour ce qui est de la cohabitation des culture, il y a une tension entre d'un côté un nécessaire échange interculturel, et le besoin de garder une identité qui nous est propre. Il y a un équilibre à trouver. Il y a des lieux, de circonstances de vie qui permettent de trouver cet équilibre, comme vous semblez le faire quand vous décrivez votre groupe d'amis et votre vie.
Il faut dire que vous êtes une personne qui analyse bien les choses, votre point de vue est exprimé clairement. C'est d'ailleurs intéressant. Je vois dans notre correspondance que nous n'avons pas toujours la même connotation sur certains mots, et que régulièrement nous précisons l'un et l'autre notre pensée. Je dis cela parce que, quand je parle avec par exemple une personne d'éducation chrétienne, il y a des implicites que nous avons en commun et que nous n'avons pas besoin d'expliquer (quoique, parfois il vaut mieux vérifier que l'on s'est bien compris). Alors qu'avec vous je suis plus attentif à être clair et à repréciser.
Cela dit, ce n'est pas forcément la différence de culture qui produit cela. Ce peut aussi être simplement la nature des personnes, ou bien la différence tout court. Cela montre l'importance de communiquer. Par exemple, je ne suis pas d'accord avec vous sur les "anciens" et "nouveaux" habitants d'un pays. J'entends bien que vous vivez mal ce terme de nouveau, et vous vous en expliquez. Ok, mais dans les faits le sentiment d'appartenance existe, et la filiation sur plusieurs générations favorise et ancre ce sentiment. A tort ou à raison, je ne dis pas que cela doit être, je constate seulement que cela est.
Il y a des références collectives liées à une histoire, donc à un territoire. Je n'aime pas particulièrement la notion de frontière, j'aimerais mieux que la Terre soit à tout le monde. Mais un pays est, un peu comme le corps humain et son immunité, dans une tension entre le soi et le non soi, si vous connaissez ces notions d'immunité. En plus grand un pays reproduit cela. De même pour assimiler et "faire sien", le corps a besoin de malaxer, broyer, tester ce qui entre en lui.
Quand j'ai passé un peu de temps au Maroc, en Tunisie et en Egypte, la différence culturelle était toujours marquée, même s'il était possible avec certaines personne d'aller plus loin. Elle revenait régulièrement, et on me la rappelait régulièrement. J'acceptais cela parce que j'estimais que c'était à moi de faire le chemin vers eux, je n'avais pas à demander une acceptation d'emblée. Cela ne me choquait pas.
Voilà pour l'instant. J'apprécie nos échanges, alors à la suite j'espère. Je serai peut-être absent demain et samedi, je vais faire de la musique chez des amis.
PS: A propos de la remise en cause d'une décision de justice par les politique: entièrement d'accord, c'est navrant... C'est un genre de dérive auquel il ne faudrait pas s'habituer.
La chronique dont je parle plus haut n'existe plus, trop de réactions pas sympas, disons. Je l'ai donc supprimée, non pas par intimidation, il en faut davantage pour me faire tressaillir, mais pour revenir à la fonction principale de la BDE, la passion de la langue française et l'amour de la littérature.
Voilà...
A bientôt.
L-m
Merci pour votre info. Je comprends. Je me suis abonné à votre newsletter, car j'aime aussi la langue française. Je travaille actuellement sur un livre et sur des chansons. Bonne journée.
Il y a plusieurs déclinaisons du féminisme en Occident.
On retrouve 2 clans chez les féministes occidentales quand vient le temps de parler de féminisme et d’islam.
Il y a celles qui soutiennent que la rhétorique féministe occidentale, qui a déconstruit les grands mythes du patriarcat chrétien, s’applique aussi bien au patriarcat musulman.
Les similitudes entre les 2 patriarcats justifieraient une analyse et des actions similaires.
D’un autre côté, il y a celles qui rejettent toute intervention du féminisme occidental dans les affaires des femmes musulmanes.
Leur logique est qu’il faut éviter de tomber dans une forme de néo-colonialisme féministe.
Donc d’un côté, un féminisme qui s’arrime à une vision du monde dans lequel il existe certaines valeurs universelles et de l’autre un féminisme tenant du relativisme culturel.
Quand des femmes d’ailleurs viennent s’établir en Occident, le féminisme est mise à dure épreuve et les factions s’opposent.
Peut-on agréé à des demandes d’accommodements raisonnables jugées sexistes selon les valeurs occidentales, sous prétexte que ce serait agir de manière colonialiste, voire raciste ?
Il semble que pour certaines, ce soit préférable.
Nous vous proposons de découvrir ces positions divergentes par le biais d’entrevues avec deux féministes de chaque camp.
À vous de juger.
Dans le camp pro valeurs universelles : Marie-Andrée Bertrand
Dans le camp contre un colonialisme féministe : Christine Delpy
http://pointdebasculecanada.ca/spip.php?article84
Remercions vivement Louise Arbour...encore quelques jours...
On parle de la femme vierge ou pas. On ne dit rien sur l'époux. Etait-il vierge, lui aussi ou pas?
A-t-il le droit de copuler autant qu'il le veux quand il le veux et d'exiger en même temps de sa femme une exemplarité dont il est lui même incapable?
Je vois véritablement une lutte entre les diverses facettes des religions monothéistes patriarcales, pour imposer aux femmes LEUR supériorité.
Nous avons tous une mère dont nous sommes certains.
Le père l'est moins (certain), d'ailleurs les prophètes, en savent bien des choses à ce sujet (mères vierges ou stériles).
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Matriarcat
2. http://fr.wikipedia.org/wiki/Patriarcat_(sociologie)
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Patriarcat_(%C3%89glise)
En anthropologie, il est distingué
* une société matrilocale : l'époux va habiter dans le village de l'épouse,
* d'une société matrilinéaire où la transmission du statut social avec nom et fortune passe par la lignée maternelle.
Une société matriarcale est à la fois matrilocale et matrilinéaire.
Les sociétés ancestrales étaient matriarcales ou simplement matrilinéaires (dans le cas où l'épouse va habiter chez l'époux, la société est patrilocale, ce qui est la généralité dans le patriarcat).
En Europe occidentale, les sociétés germano-scandinaves sont encore, dans leurs profondeurs, matriarcales et matrilinéaires.
Il est admis que le matriarcat a précédé le patriarcat dans les sociétés de cueillette et de chasse, puis dans celles d'élevage avec la "Déesse Mère".
Charles Fourier considérait le « matriarcat » dans son sens de «société matrilinéaire» comme la troisième des ses 7 périodes de «l'enfance du genre humain», succédant à la «sauvagerie» et précédant la «barbarie».
Johann Jakob Bachofen utilisa peu après le terme dans son sens actuel de société humaine où la dominance aurait été exercée par les femmes et fondée sur le concept du « droit maternel », c'est-à-dire sur un statut issu de la maternité.
Appliqué à l'origine aux sociétés humaines exclusivement, il arrive aujourd'hui qu'on l'emploie pour décrire des organisations sociales chez les animaux.
On a pu ainsi observer des sociétés matriarcales chez de nombreuses espèces animales, notamment les lions, les éléphants, et surtout les hyènes, chez lesquelles on peut observer une hiérarchie basée sur la femelle dominante et sa descendance.
@ fatima_83:
Si vous me lisez encore, regardez mon billet du jour sur mon blog: http://hommelibre.blog.tdg.ch/archive/2008/07/07/nous-sommes-tous-des-femmes-musulmanes.html
Oui comme vous le dites c'est la question a discuter. De quelle virginite pouvons-nous parle si les gens commencent a creer leur famille a l'age de 30-35 ans. Et est-ce que c'est possible de conserver sa morale, si il y a des choses naturelle. Mais d'un autre cote il faut faire toutes les precautions pour que le couple soit fonde sur la norme, sur la confience.
Merci pour votre article. Je m'irteresse beaucoup a ce sujet. Je pense que cette information peut etre utile pour moi. Si vous avez encore queque chose, ecrivez-vous.