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Etre autonome ou être dépendant? Etre contradictoire et complexe!

J’emprunte aujourd’hui quelques réflexions à l’une des lumières de notre époque: Edgar Morin. Cet ancien marxiste est un scientifique et philosophe. Sa vision et sa pensée sont aussi vastes que son langage est simple.

morin2.jpgJe passe sa bio que vous trouverez aisément sur le net. J’aimerais surtout donner envie de le lire ou relire et partager quelques étincelles de cette pensée féconde et enthousiasmante.

Son étude est le fonctionnement psychique de l’humain et les fondements de la pensée et de la connaissance. Et l’un de ses thèmes est la complexité du vivant. Voici un premier extrait:

“Dans la vision classique quand apparaît une contradiction dans un raisonnement, c’est un signe d’erreur. Il faut faire marche arrière et prendre un autre raisonnement. Or, dans la vision complexe, quand on arrive par des voies empirico-rationnelles à des contradictions, cela signifie non pas une erreur mais l’atteinte d’une nappe profonde de la réalité qui, justement parce qu’elle est profonde, ne peut pas être traduite dans notre logique.”

Quand je lis cela je reste un moment rêveur comme après un très beau poème. Et je m’y replonge:

“ La notion d’autonomie humaine est complexe puisqu’elle dépend de conditions culturelles et sociales. Pour être nous-mêmes, il nous faut apprendre un langage, une culture, un savoir, et il faut que cette culture elle-même soit assez vaste pour que nous puissions nous-mêmes faire le choix dans le stock des idées existantes et réfléchir  de façon autonome. Donc cette autonomie se nourrit de dépendance; nous dépendons  d’une éducation, d’un langage, d’une culture, d’une société, nous dépendons bien entendu d’un cerveau, lui-même produit d’une programme génétique, et nous dépendons aussi de nos gènes.”

A ce point, mes orteils s’écartent et je regarde si je suis encore bien au sol, et quelles sont mes multiples dépendances, et je me demande quelle part de liberté est la nôtre. Puis je continue:

“On croit souvent que les tenants de la complexité prétendent avoir des visions complètes des choses. Pourquoi le penseraient-il? Parce qu’il est vrai que nous pensons qu’on ne peut pas isoler les objets les uns des autres. A la limite, tout est solidaire. Si vous avez le sens de la complexité vous avez le sens de la solidarité. De plus, vous avez le sens du caractère multidimensionnel de toute réalité.”

Là, je me lève et vais marcher sur la plage, dans le vent du large, les embruns sur le visage, et j’écoute, j’écoute…morin1.jpg

Et enfin un petit dernier pour la route:

“Dans la voie que nous avons suivi, on voit que les alternatives classiques perdent leur caractère absolu, ou plutôt changent de caractère: au “ou bien/ou bien” se substitue à la fois un “ni/ni” et un “et/et”. Ainsi en est-il, avons-nous vu, de l’opposition entre unité/diversité, hasard/nécessité, quantité/qualité, sujet/objet, etc..”


Et là je m’assied en méditation.

Je vous le dis: Edgar Morin, c’est de la poésie.

 

 

 

demilibres.jpg 

Catégories : Philosophie 6 commentaires

Commentaires

  • L'introduction à "pour une politique de civilisation" est une excellente critique de notre mode de développement basé sur la croissance, la prédation de la nature et l'absence de limites. Personnellement, je le considère comme l'un des grands penseurs contemporains fortement empreint d'écologie politique (au sens profond du terme) et je m'avoue surpris que vous l'encensiez ainsi!

  • Je suis aussi surpris que vous appréciez Morin, car ceux de vos commentaires que j'ai lus ne respirent pas l'adhésion à la complexité de la pensée. Comme quoi... Nous avons au moins ce point en commun: de considérer Edgar Morin comme l'un des plus grands penseurs de notre temps. Son approche de l'écologie politique est forte mais je suis plus branché par La Méthode (je n'ai pas encore tout lu), la pensée complexe, la compréhension du fonctionnement humain et la manière de poser de nouveaux paradigmes pour envisager le réel en psychologie et en science. Cela dit sa critique de notre mode de développement est utile mais il faut bien comprendre que nous avons toujours avancé avec l'état de nos connaissances et possibilités ,et que c'est souvent après, expérience faite, que nous réalisons ce qui est à changer. Sur la croissance, c'est un autre chapitre, vaste, que je ne vais pas commenter maintenant.

  • @ Tatage: si vous me lisez aujourd'hui, il y a dans ce billet un bout de réponse à la question que vous me posiez il y a quelques jours: quelles valeurs positives sont les miennes? La complexité et la multidimensionnalité en font partie. Vécues dans ma vie quotidienne. Par exemple, cela veut dire être à la fois plongé dans les combats et les tendresse de la vie, et en recul sur la relativité de toute chose par rapport à une autre; à la fois faire des choix, prendre des positions, poser mes cadres, référents et limites, et considérer la vie en regard de l'éternité et de son lent déroulement. Cela veut dire que je ne pourrais jamais être happé par un quelconque intégrisme, par exemple, et que marquer sa différence n'est fondamentalement pas exclure l'autre, car après toute prise de position ou toute critique, il y a l'attente et l'écoute de la réponse de l'autre, et ainsi de manière dialectique jusqu'à un palier de la compréhension, ou un aboutissement et un changement de vision.

  • Merci pour vos explications. L'intégrisme ne saurait vous toucher écrivez-vous, j'en suis fort aise. Parlez-en à vos colistiers du MCG, expliquez leur la complexité des choses et du monde dans lequel nous vivons et allons devoir vivre. Certains d'entre eux (si ce n'est la majorité) semblent plus que tentés par l'intégrisme, les idées simplistes et populistes, que ce soit pour exclure des travailleurs venus d'ailleurs, des courants de pensée éloignés des leurs ou pour interdire la liberté de choix de moyens d'enseignement à des profs qu'ils aimeraient bien mettre sous tutelle d'un organisme dont ils auraient l'entier contrôle.

  • Tatage, je ne rencontre pas ce que vous dites parmi les membres du Mouvement citoyen genevois. La charte est d'ailleurs tout sauf intégriste: http://www.mcge.ch/Chartemcg.html . Les co-listiers sur la liste MCG Mouvement changer Genève pour la constituante sont des gens ouverts, intelligents, plein d'idées et très dialoguants. Nous parlons beaucoup de gérer la complexité, justement! Le MCG parti ou liste n'ont rien d'intégriste ou d'extrême droite comme il est parfois dit. Après, que l'on soit pour ou contre ses propositions, c'est autre chose. Vous faites erreur dans votre jugement. Et sur les étrangers vous faites fausse route. lisez la charte.

  • Sur le MCG, je partage l'avis de P. Souaille, exprimé dans cet article http://philippesouaille.blog.tdg.ch/archive/2008/09/21/facho-le-mcg.html
    Votre mouvement ne règlera aucun des problèmes complexes du futur.

    "les objectifs et les moyens d'une bonne gouvernance à moyen et long terme sont contradictoires avec ceux qu'impose une vision courte sur le seul lendemain matin"

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