Le rappeur américain Trick Trick a sorti un nouvel album. Pas anodin comme info lue dans Le Matin du jour: il y fait l’apologie du meurtre contre les homosexuel-le-s.
Mais dans quel monde vit-il? Quelles sont ses valeurs? Limite facistes.
C’est un bon vieux réflexe, ça, de vouloir supprimer les homos. Ca ne mange pas de pain, il y a assez d’individus pour le soutenir, hélas. Des mecs qui placent leur virilité dans leurs pénis. Car bien sûr, pour eux être homme se réduit à cela. Les homos ne sont à leurs yeux que des femmelettes, argument que j’ai souvent entendu et qui témoigne par ailleurs d’un mépris certain pour les femmes.
Les homophobes sont visiblement des mono-neurones, des simplistes, des misogynes également. Mais quand ils deviennent les vecteurs de l’incitation au meurtre, et qu’il utilisent pour cela un moyen de communication à large audience comme le CD et le rap cela devient dangereux.
Non seulement ce rappeur devrait être mis en accusation pénale immédiatement, mais s’il y a des meurtres homophobes dans les semaines à venir il devrait être inculpé d’incitation et de complicité.
Heureusement les principales chaînes de revendeurs refusent de le mettre dans les bacs, en Suisse au moins.
Si l’on n’accepte pas l’homosexualité c’est souvent au nom d’une ancienne morale qui imposait aux gens ce qu’ils devaient penser. Au nom de cette morale, on devrait - en suivant l’exemple dément de ce rappeur - éliminer: les personnes qui commettent un adultère, ceux qui copulent sans être mariés, ceux qui se masturbent, etc, etc. Cela réduirait singulièrement la population mondiale!
Quelle que soit la morale ou les valeurs de chacun, que l’on soit d’accord ou non avec l’homosexualité, il y a une règle plus grande qui prime: la liberté de choisir sa vie.
Cet appel au meurtre est un dérapage d’une extrême gravité.
Commentaires
Merci pour ce billet (et le commentaire laissé sur notre blog) qui fait chaud au coeur - d'autant plus qu'il intervient avant que je n'ai reproduit (si j'ose dire) le communiqué initial de Pink Cross sur le blog TdG.
Je voudrais juste revenir sur un point, qui peut être sujet à malentendu, même entre les gens les mieux intentionnés. Nous sommes bien d'accord: l'homosexualité n'est pas une opinion ou une philosophie avec laquelle on peut être d'accord ou pas d'accord. Ce n'est pas davantage un choix. C'est une orientation que l'on découvre (à un moment ou à un autre) en soi. Choix il y a quand on peut choisir d'assumer, de vivre cette orientation du désir et de l'affection (par exemple, une condition minimale du choix est d'habiter un pays où ce n'est pas puni de mort).
La composante sexuelle implique, selon nos valeurs occidentales actuelles, des adultes consentants. Parler de la morale, en l'occurrence, c'est parler de la manière dont on vit sa sexualité, c'est par exemple parler du respect que j'aurai ou non de l'autre et de moi-même.
Reste le vrai mystère posé par l'homosexualité, à savoir pourquoi elle fait pareillement problème.
A suivre. Encore merci pour votre contribution.
Bonjour, merci pour ces précisions. Les mots sont sensibles. J'ai utilisé le mot "choix" à défaut de mieux, et parce que je pense que choix suppose responsabilité, et responsabilité implique de s'assumer. Bref, je prends volontiers votre correctif.
La morale que je cite ici est la morale de jugement, de jugement sur le comportement (et surtout sur celui des autres!). Pascal disait entre autres:
"Ceux qui sont dans le déréglement disent à ceux qui sont dans l'ordre que ce sont eux qui s'éloignent de la nature.... comme ceux qui sont dans un vaisseau croient que ceux qui sont au bord fuient.... il faut avoir un point fixe pour en juger ; le port juge ceux qui sont dans le vaisseau ; mais où prendrons-nous un point dans la morale ?"
On voit par exemple que la nécéssité d'un point fixe est présente dans la morale, soit une référence permettant d'évaluer un comportement, une action, en somme un jugement (au sens d'avoir du jugement, pas au sens de juger les autres). La morale implique presque automatiquement les notions de bien et de mal, et de règles - d'ailleurs Pascal compare "ceux qui sont dans le déréglement" à "ceux qui sont dans l'ordre".
Le jugement moral, dans le sens d'évaluation d'un comportement, s'applique par exemple dans les lois qui condamnent le crime. Les lois sont sous-tendue par une pensée sur ce qui se fait ou non, ce qui est bien ou mal, profitable à un groupe ou non. Mais ici il s'agit d'actes commis par un individu au détriment évident de quelqu'un d'autre.
Tout cela pour dire que la morale en tant que pensée sur les comportements, sur la manière de vivre, etc, doit définir clairement le point fixe dont parlait Pascal. Pour le rappeur, sa dérive doit bien obéir à un point fixe par lequel il départage les hommes qui méritent de vivre ou non. On peut supposer qu'un tel appel au meurtre pourrait se faire contre n'importe quelle communauté humaine qui ne lui ressemble pas. Mais pourquoi tant de haine contre les homosexuels? Entre autres j'imagine parce qu'elle a été stigmatisée pendant longtemps par la morale religieuse. Mais peut-être aussi pour des raisons inconscientes qui ressortent de sa perception symbolique des orientations sexuelles et affective.
La morale, si elle a besoin d'un point fixe, doit le trouver au-delà des différences, dans quelque chose d'essentiel et intérieur avant d'être une simple norme de comportement - norme souvent édictée par quelques dominants qui prennent leur désirs pour la réalité.
Bien à vous