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“L’islam règnera sur la planète”

Peut-on critiquer l’islam sans être islamophobe? Les Droits de l’Homme ne seront bientôt plus universels. Et la liberté d’expression et de critique risquent d’être bannis de notre culture.

ContreDurbanII.jpgLa phrase titre de ce billet est un extrait du discours de Monsieur Khadafi, prononcé le 12 mars en Mautitanie. Cette déclaration ouvertement colonialiste a fait quelques remous, pas assez cependant. Surtout sachant que le “guide” libyen est président de la conférence de l’ONU contre le racisme, préparatoire à Durban 2 qui se tiendra à Genève du 20 au 24 avril. L'objectif de cette conférence est clairement d'interdire toute critique sur l'islam et ses pratiques. Le verrou tombera-t-il sur la liberté? Des lois interdisant la critique des religions seront-elles un jour mises en place? Si oui, alors il faudra résister, critiquer en masse et tourner les procès qui seraient intentés en manifestations de masse contre l'intégrisme et le colonialisme musulman tel que décrit par M. Khadafi, ou tout autre intégrisme. Science-fiction ou risque réel?

Sous le titre: “Islamophobie ou légitime défiance”, livre à paraître mardi, Mireille Vallette, féministe suisse, met avec fermeté et clarté les pieds dans le plat du politiquement correct et de la bien-pensence relativiste et pseudo-humaniste. L’article du Matin de ce jour résume son analyse et ses positions. Pour Madame Vallette, “l'égalité de l'homme et de la femme, la laïcité, la liberté d'expression et le respect des libertés individuelles” sont au centre de ses préoccupations, et peut-on ajouter au centre de la démocratie.

Puis elle précise: “l'islam, dans son interprétation littérale, ne respecte pas l'égalité de l'homme et de la femme. Cet islam ne respecte pas la laïcité. Cet islam ne respecte pas la liberté d'expression. Cet islam ne respecte pas les libertés individuelles fondamentales. Comme par exemple la liberté de renoncer à sa religion.”

On constate actuellement que toute critique de l’islam est considérée comme du racisme anti-musulman. Le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU tente d’infléchir la position de l’institution mondiale dans ce sens. Son président, M. Doru Romulus Costea, déclare en effet:

“…le Conseil des droits de l’homme "n’est pas préparé à discuter à fond des questions religieuses : en conséquence, nous ne devons pas ledurbanIIboycottgg.gif faire".

"Je promets que la prochaine fois que l’orateur émettra un jugement de valeur sur une croyance religieuse, loi ou document (religieux), je l’interromprai et donnerai la parole à l’orateur suivant", a prévenu le président du Conseil des droits de l’homme.

De son côté, le rapporteur spécial de l'ONU sur les formes contemporaines de racisme, Doudou Diène, déclare d'ores et déjà qu'énoncer une critique contre le port de la burqa constitue une agression raciste, que la laïcité est ancrée dans une culture esclavagiste et colonialiste et que la loi française contre le port des signes religieux à l'école participe du racisme antimusulman, renommé "islamophobie occidentale".

Je pense qu’il faut être très clair et ferme: la critique fait partie non seulement d’une liberté fondamentale, mais aussi d’une capacité irréductible de l’intelligence humaine. A ce titre, et si de nombreux musulmans que je connais sont respectueux des valeurs laïques et démocratiques, l'islam de M. Khadafi n'a pas sa place en occident.

Faut-il rappeler ce qu’est la liberté? La possibilité de choisir sa vie, sa façon de penser, son appartenance politique et religieuse, sa profession, entre autres. Faut-il mettre du relativisme culturel dans cette définition? Non car ce serait lui ôter toute valeur. La liberté telle que définie ici doit être reconnue dans toutes les cultures comme fondement des relations humaines respectueuses, malgré la mainmise d’élites ou de chefs autoritaires. Nul ne peut se substituer à l'autre pour décider de sa vie. D'ailleurs ceux qui le font, de quel droit se permettent-ils cet abus sinon de leur propre droit érigé en dogme universel? Ils se reconnaissent bien ce droit: qu'ils le laissent également aux autres humains. Tuer quelqu’un parce qu’il n’adhère pas à la religion domainte doit être considéré comme crime contre l’humanité. L’Europe est sortie de ses dictatures religieuses, péniblement et dans le sang. Ce n’est pas pour régresser sous l’influence des pays qui ne supportent pas la liberté.

Durban II s’annonce comme particulièment liberticide. Certains comparent déjà cette mascarade à un Munich religieux et culturel, une agression ouverte contre les valeurs de la démocratie.

Contre cette conférence, il faut ouvertement oser la critique contre l’islam et toute religion qui ne respecterait pas la démocratie. Laquelle démocratie est le seul système qui permet à toutes les religions et tous les pensées politiques de coexister.

Lire aussi l'article de Caroline Fourest sous le titre: Le cauchemar annoncé de Durban II)

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Catégories : société 13 commentaires

Commentaires

  • "Laquelle démocratie est le seul système qui permet à toutes les religions et tous les pensées politiques de coexister."

    Le problème est que les "démocraties" seraient plus crédibles si elles étaient davantage démocratiques elles-mêmes et si elles n'avaient pas constamment pillé le tiers-monde et bien trop souvent massacré les populations.


    "Cette déclaration ouvertement colonialiste"...

    Eh oui, c'est le monde inversé. A lire votre réaction, pouvez-vous seulement imaginer ce qui se passait et continue de se passer dans la tête de ceux qui ont effectivement subi le colonialisme?

    Par exemple des Chinois à qui les puissances occidentales ont imposé l'opium... en toute démocratie et pour promouvoir la "liberté" du commerce.

    Cela dit l'islamisme sous couvert de religion est une idéologie politique totalitaire, c'est-à-dire qui embrasse tous les champs du social.

  • A quelque mois de la votation déplorable sur le minaret on doit se poser des questions sur ceux, celle en l'occurence, qui tentent de faire leur beurre en surfant sur la vague d'un anti-politiquement correct pour finir tellement consensuel et démagogique.

    Pour commencer par la fin, on peut dire que voir apparaître un lien vers un article de Mme Fourest n'est pas étonnant, dommage qu'on ne l'ait pas plus entendue lorsque son confrère Siné s'est fait mettre à la porte de Charlie Hebdo pour avoir oser dénoncer l'arrivisme du fils Sarkozy, ce en quoi Charlie Hebdo, Caroline Fourest et le triste sire Philippe Val ont eux vu un antisémitisme infame.

    Pour en revenir à votre post:

    - Je relève que vous assimilez ici, sans appel et formellement, l'Islam à une religion qui ne respecterait pas la démocratie. Raison pour laquelle, si je vous suis, il faudrait absolument faire des critiques CONTRE l'Islam. C'est là que vous déviez pour moi. Garder son sens critique, ouvrir une critique sur une religion, est à mon sens quelque chose de sain, encore faut-il voir comment celle-ci est faite. Oser la critique CONTRE l'Islam n'est pas la même chose qu'être critique SUR l'Islam, cela dénote directement un parti-pris qui élude la réflexion. Comment dire... une opposition d'office face à une religion que l'on se représenterait comme un bloc alors qu'elle est multiple par essence. C'est une attitude négative, quelque peu guerrière, et qui ne peut que mener qu'à l'affrontement.

    Comme une religion n'existe que par ceux qui la pratiquent et en définissent donc ses normes utilitaires, pour voir si celle-ci respecte la démocratie il faut donc voir si la pratique des musulmans en Suisse va à l'encontre de la démocratie. Lorsque Mme Vallette critique le fait que les musulmans en Suisse ne veulent pas s'exprimer sur les situations en Afghanisatan, ou qu'un M. Ramadan ne se prononcerait pas sur l'excision, elle procède à la fois avec une mauvaise foi apparente, et une ignorance crasse. Les musulmans de Suisse, souvent suisses, parfois même pas de confession originelle musulmane, n'ont pas plus à voir avec les talibans, que vous et moi avec les évangélistes intégristes du film Jesus Camp. Nous avons la possibilité de critiquer ces illuminés, mais cela ne devrait en aucun cas être un devoir, pareil pour la communauté musulmane. De même, si Mme Vallette connaissait un peu mieux son sujet elle n'aurait pas osé prendre l'exemple de l'excision et de l'instrumentaliser à son profit politique, sa petite gloire du moment, qui la fait enfin appraître au firmament des 4 premières pages de google, là où, j'aurais envie de dire "évidemment", on ne voit apparaître aucune de ses actions féministes. Pour quelqu'un qui tient à faire passer son engagement à tel point qu'elle a besoin de le faire mentionner sur un article du matin et bien...ce n'est pas très glorieux. Mais je reprends: l'excision est une pratique CULTURELLE, pratiquée depuis des temps ancestraux, notamment chez les chrétiens coptes en Egypte aujourd'hui. L'excision n'a donc absolument rien à voir avec l'Islam et donc, en ce cas, on ne voit pas plus pourquoi un islamologue devrait se prononcer sur la chose qu'un curé, un pope ou un rabbin.

    C'est en ce sens que souvent ce qui se dit une "critique" de l'Islam en revient finalement à un instrument pour attiser les haines culturelles, puisqu'on ne peut pas parler d'ethnie ici. Ce que fait ici Mme Vallette ce n'est pas une critique, c'est un pamphlet sans queue ni tête, apparemment mêlant pêle-mêle crime d'honneur, hijab, excision, lapidation, ceci j'imagine sans aucune once d'objectivité. Tout cela sur fond de volonté d'interdiction des minarets, votation qui elle aussi se voulait propre à lancer un débat "critique" mais dont il n'est pas besoin, pour une fois, d'avoir fait l'ENA pour comprendre qu'elle n'est qu'une attaque de plus face à une population déjà diabolisée. C'est tellement facile. Pour faire mieux, cette chère "féministe", aurait peut-être pu préciser qu'aucune des religions du livre, prise dans une interprétation littérale, ne respecte l'égalité homme-femme. Comme on dit, à défaut de connaître, il vaut mieux parfois balayer devant sa porte. Elle aurait ainsi pu épargner la coupe inutile de quelques arbres qui ne le méritaient décidément pas, et l'arrière train de quelques mouches en option.

    Vous dites qu'il faut "oser" la critique contre l'Islam, pour ma part je ne vois aucun courage là-dedans. Cette critique est déjà omniprésente, la preuve encore s'il en était besoin avec ce livre, avec les forums amplis de haine qu'on voit depuis de nombreuses semaines sur le sujet des minarets, la preuve sûrement avec les messages qui vont suivre le mien sur ce post, des forums qui font regretter que les musulmans n'aient pas leur CICAD, afin que ceci cesse enfin. Lorsque les musulmans sont assimilés à un "peuple", ce que j'ai pu voir sur nombre de forums où quelqu'un prétendait les reconnaître dans la rue, pris dans un bloc monolithique, cela devient de la xénophobie.

    Si les musulmans en Suisse représentent une véritable atteinte à la démocratie, encore faudrait-il le prouver. Même lors de l'affaire des caricatures, ces personnes ont respecté la démocratie, en usant d'un de ces droits fondamental, le droit de manifester. Elles ont manifesté leur peine et le fait qu'elles étaient choquées, c'est un droit, tout comme le droit de critiquer les religions.

    Chaque religion est, par essence, anti-démocratique, puisque produisant la vérité d'un chef tutélaire, Dieu, et de commandements tout aussi suprême révélés aujourd'hui la plupart du temps par le livre dont elle se reconnaît. Refusant la hiérarchie comme le protestantisme, L'Islam dans sa conception originelle est donc peut-être plus démocratique que le catholicisme lui-même. Mais vous voyez comme moi que réfléchir ainsi est absurde, et qu'il faut donc tenir compte de la pratique, de la routinisation de la religion. En ce sens ce ne peut donc être l'Islam qui est anti-démocratique, expression d'ailleurs totalement anachronique, les religions du livre étant toutes antérieures à la démocratie.

    Il y a des intégristes anti-démocratiques, et ce dans toutes les religions. Assimilez Khadafi à un maître à penser de l'Islam, prendre l'exemple particulier d'un tel pour en faire une généralité est, je m'excuse, malhonnête intellectuellement parlant, et très peu judicieux en cette période.

    En des temps comme ceux-ci j'ai honte de mes concitoyens, honte pour tous ceux qui peignent le diable sur la muraille, se cachent derrière la critique d'une religion tel Mme Vallette, pour lancer leur haine nourrie de méconnaissance profonde. Si je voulais être méchante je pourrais comparer "l'anti-politiquement correct" de cette dame, à celui d'un Eric Zemmour. Lorsque le troupeau bèle d'un commun accord, et ce qui se vérifiera je le crains cet automne, on a du mal à voir où est l'anti-politiquement correct, si ce n'est dans le pouvoir d'un mot qui peut faire paraître pour des visionnaires ceux qui ne font que remuer la boue du passé.

    Je vous souhaite un très bon courage pour modérer ce post qui va certainement en avoir bien besoin.

  • Bonsoir Hommelibre,

    Dans votre rappel de ce qu'est la liberté, vous avez omis de mentionner la liberté de s'exprimer. Est-ce involontaire ? Ou bien cette liberté n'est accordée qu'à ceux qui ont l'approbation de la "masse" ? Quelle soit intellectuelle, culturelle ou sociale ?

  • @ Loredana: omission non intentionnelle. La liste n'est pas exhaustive. La liberté de s'exprimer est l'une des plus importantes, de débattre, d'être en désaccord ou en accord, de se tromper même, ce que le dialogue franc peut faire parfois évoluer. Je laisse d'ailleurs beaucoup de place à cette liberté d'expression ici sur mon blog. Je n'attends pas que l'on soit d'accord avec moi.

    @ Audrey: Que voulez-vous dire à propos de Madame Fourest? La question de Siné a certainement été traitée avec inconvenance par M. Val. Et je ne partage pas toutes ses vues. Cela ne m'empêche pas de trouver certaines de ses analyses méritent l'attention. N'est-elle pas de votre obédience? je vous trouve soudain un peu stigmatisante sur les personnes, ce qui me surprends un peu je l'avoue. Même M. Zemmour n'est pas une simple caricature. Cette façon de juger et mettre en boîte sur certaines idées ne me convient pas, et si je m'y laisse prendre parfois je travaille à m'y soustraire. Mais je n'ai pas de leçons à donner sur ce point. Je m'étonne, simplement.

    Pour préciser ma position, je conteste globalement les religions, pas seulement l'islam. Je conteste le système même de la croyance, la soumission à une autorité religieuse, la foi en un livre immuable et un sauveur unique. J'ai déjà écrit ailleurs que je reconnais aux religions une fonction d'unification à certaines époques, de même que la tentative - pas toujours heureuse - de transmettre des valeurs. Mais je réfute l'emprise des religions sur l'Etat et sur toute la structure d'une société. J'ai donc en effet un parti pris que j'assume, ce qui ne m'empêche pas de trouver dans des textes mystique une sagesse ou une réflexion sur l'humain. Par ailleurs j'ai aussi écrit que je reconnais en nombre de croyants (de quelque religions qu'ils soient) une quête de paix, de justice et de vérité en quoi je peux me reconnaître aussi.

    Les intégrismes sont ce qu'ils sont: un mouvement politique instrumentalisant les croyants par le biais d'une communauté religieuse articulée autour d'un livre et d'un clergé.

    J'ai écrit dans un billet sur le traditionalisme chrétien, lui contestant même l'appellation de traditionalisme - car ce n'est pas la tradition primitive. J'ai parlé de ses liens avec l'extrême droite. Je conteste d'où qu'elle vienne toute tentative de prendre une société en otage et de mettre la main sur les structures de l'Etat et sur les relations libres entre les personnes. J'ai des amis chrétiens, musulmans, je me bats actuellement pour faire libérer et défendre un accusé musulman dont j'ai la certitude qu'il est innocent. Je n'ai pas de problème avec cela.

    Il y a 20 ans je suis allé plusieurs fois au Maroc et en Tunisie. J'y ai rencontré des gens formidables. Mais l'intégrisme semble avoir fait changé les choses: par exemple il y a de plus en plus de femmes portant le voile. Je connais des musulmans en France et en Suisse, et je vois d'abord des personnes que j'apprécie et qui goûtent à la liberté dont nous disposons - en particulier les femmes.

    Il y a toutefois une distinction à faire entre ces personnes et les dirigeants politiques ou religieux qui se réclament de l'islam. Que Khadafi ne soit pas vraiment un chef spirituel, en effet. Mais il instrumentalisme l'islam avec d'autres intentions que de parler de religion. L'intrication entre la religion et l'Etat n'est pas porteuse de liberté et de libre choix. La liberté inclut la contradiction, qui vient naturellement entre deux individus différents.

    Si L'ONU adopte la recommandation d'interdire toute critique de l'islam, cela peut devenir à terme contraignant, tous les Etats devant inclure cette donne au nom des lois anti-racistes. C'est une manoeuvre perverse. La religion n'est pas un fait de race, mais un fait culturel variable selon les époques et les lieux.

    Les autorités en matière de religion sont souvent assez suspectes. J'en ai déjà écrit à propos du pape actuel. Je dis de même pour celles qui défendent l'intégrisme, qu'il soit chrétien ou musulman ou sikh. Un blogueur qui écrit sur l'islam dans ces blogs n'a jamais condamné explicitement la lapidation, par exemple. Et la charia veut être la loi unique au détriment de lois laïques tout aussi valables mais moins extrêmes. Couper la main d'un voleur empêche toute réforme de l'individu. La peine de mort idem.

    Que les religions n'aient pas fait une grande place aux femmes, oui et non. le christianisme des début était très égalitaire, selon les textes connus. C'est depuis l'apôtre Paul que les choses ont tourné, et ensuite lors de la construction de la foi en structure politique et économique.

    Maintenant à propos de Madame Vallette, nous ne connaissons de son livre que ce qu'elle en a dit par avance dans l'interview puisqu'il n'est pas encore paru. Je me fonde donc sur l'article. Elle exprime je crois une perception de l'islam au travers de ce qui en est montré et dit par ceux qui parlent. Nieriez-vous que nombre d'imam prêchent la destruction d'Israël et de l'occident? Nieriez-vous les pogroms anti-occidentaux lors de l'affaire des caricatures? Ces actions sont peut-être commandités par certains groupes, mais ils entrent en résonance avec la population qui, elle ne se démarque pas en nombre contre cette violence.

    Je ne comprends pas très bien votre position dans ce commentaire, ni les présupposés qu'elle contient.

    En résumé je conteste les religions par principe. L'éthique existe sans elles. Et si ce billet parle de l'islam c'est bien en rapport avec Durban 1 et la prochaine Durban 2, et avec les déclarations que j'ai citées. Cela dit, que le pape conteste la démocratie ne lui vaudra pas plus d'égards. Je reconnais qu'il y a sur de nombreux forums des propos haineux contre les musulmans, et cela est regrettable et inacceptable. On doit faire la différence entre le dogme religieux et les humains qui le suivent. L'initiative contre les minarets me semble de ce point de vue à côté du sujet. Dans une société laïque les minarets ne posent pas plus de problème que les clochers. Ou alors il faut se définir comme exclusivement de tradition chrétienne (qui est d'ailleurs une tradition juive détournée).

    Mais pour autant, avoir honte de vos concitoyens me semble quelque peu exagéré et partisan.

  • @ Johann: les colonisations ont existé de tous temps et dans tous les sens. Colonisation des empires de l'antiquité, de l'Egypte sur le Soudan, des Ottomans sur une partie de l'Europe de l'est et du proche orient, des Maures en Espagne et en Europe, des Vikings, etc, etc.

    La colonisation n'est pas un simple fait occidental. Le monde a déjà été renversé plusieurs fois. Y a-t-il eu des dédommagements pour la colonisation de l'Espagne par les Maures? Non.

    Nous n'avons rien inventé. Cela n'est pas spécifique aux occidentaux blancs.

  • @ homme libre

    Que Mme Fourest rentre ou non dans mon "obédience" n'a rien à voir ici, j'ai critiqué sa position double, pas son universalisme, même si celui-ci est notoire. Mme Fourest n'avait peut-être pas la liberté de critiquer l'éviction de Siné, peut-être au risque de perdre sa place. Pardonnez-moi mais lorsqu'on fait de la liberté d'expression son combat, et que le journal pour lequel on travaille la respecte quand bon lui chante, alors on se doit de quitter son travail, juste une question de rester crédible. Si on se montre ostensiblement aussi peu crédible, alors même que l'on avait et que l'on continue à avoir tout de même de positions très strictes sur le sujet, "radicales", il faut attendre à être jugé, ou tout du moins à susciter de grosses interrogations sur son véritable combat.

    "Nieriez-vous que nombre d'imam prêchent la destruction d'Israël et de l'occident? Nieriez-vous les pogroms anti-occidentaux lors de l'affaire des caricatures? Ces actions sont peut-être commandités par certains groupes, mais ils entrent en résonance avec la population qui, elle ne se démarque pas en nombre contre cette violence."

    Nombre? C'est-à-dire? Il faut faire attention, des propos imprécis de ce genre ne sont propres qu'à attiser un sentiment de peur. Que quelques illuminés dans des madrasas du bout du monde tiennent des discours haineux devrait-il obliger chaque musulman de Suisse à intervenir à la télévision pour condamner ceci? L'Islam n'a pas de hiérarchie, donc pas de représentant par essence. Chacun peut s'y exprimer en son nom, M. Ramadan le fait notamment. Que serait se démarquer en "nombre"? Combien vous faudrait-il d'interventions télévisées? Combien de fois par mois pour qu'enfin les musulmans ne soient pas soupçonnés par avance? Et quelle population? Quel rapport entre un musulman Suisse, disons originaire de l'ex-yougoslavie, et un iranien? Ni l'origine, ni l'ethnie, ni la culture, ni la langue, et enfin ni la religion dans un certain sens. Autant demander à "nombre" de protestants de s'élever contre les propos du pape sous peine de mettre en accusation la chrétienté dans son ensemble.

    "Un blogueur qui écrit sur l'islam dans ces blogs n'a jamais condamné explicitement la lapidation, par exemple."

    La lapidation n'est pas musulmane, elle existait déjà il y a plus de 2000 ans. Aujourd'hui elle est certes pratiquées dans des Républiques islamiques mais dans des courants généralement extrêmement minoritaires, ce qui ne lui enlève bien évidemment pas son caractère sordide. Cet homme a peut-être envie d'écrire sur les bons côtés de l'Islam, c'est son droit. Pensez-vous qu'une personne tenant un blog sur la chrétienté devrait sans arrêt revenir sur tous les massacres de l'histoire, sur tous les problèmes liés à l'avortement, sur tous les meurtres liés à des adultères commis par des fanatiques, sur toutes les mouvances extrêmistes de la chrétienté, sur les excisions par les communautés coptes, etc. etc. etc. Et puis, tant qu'à faire, sur tous les cas de témoins de jéhova refusant les transfusions? Après tout, ce sont des chrétiens aussi. Si on ne devait à chaque fois parler que des illuminés, que des travers des religions, autant ne pas tenir de blog sur ce sujet. Ce n'est pas parce qu'une personne ne s'acharne pas, à chaque minute de sa vie, à montrer les travers de certains qui sont censés être dans la même foi, qu'elle y adhère! Dans un registre plus léger c'est comme si vous deviez écrire des pamphlets contre des masculinistes "déviants" tous les jours, afin que nous soyons sûr que, non, vous n'êtes pas misogyne. Si vous voulez son avis là-dessus, et bien allez lui demander, de la même manière qu'ici les questions de vos commentateurs vous permettent de préciser votre pensée!

    "Mais pour autant, avoir honte de vos concitoyens me semble quelque peu exagéré et partisan."

    Avoir honte de mes concitoyens tenant des propos bassement racistes comme on en trouve nombre sur les blogs ne me paraît pas exagéré. C'est ma manière à moi de me démarquer, de dénoncer les travers d'une idéologie de la peur qui envahit mon pays, tend à remettre en question sa neutralité confessionnelle, et par-là même, une de ses libertés fondamentales que vous chérissez apparemment vous aussi. Et puis j'ai honte de leur ignorance et de leur arrogance lorsqu'ils parlent effectivement de terre "chrétienne" alors même que la Suisse a pendant longtemps été ce territoire morcellé, où il n'aurait pas fait bon être protestant en Valais, de la même manière que les "papistes" n'étaient pas très considérés à Genève.

    Vu que certains sont peut-être fiers de leurs propos haineux, en avoir honte est forcément partisan. Etre partisan c'est aussi avoir le "courage" ou tout du moins la volonté de se positionner...du moment où l'on vote, on est forcément un peu partisan n'est-ce pas, j'accepte donc volontiers ce terme.

    Effectivement vous avez écrit cet article en lien avec la conférence de Durban 2, sur laquelle nous partageons dans le fonds le même point de vue. De la même manière, je suis fondamentalement athée. En revanche, et pour me limiter au contexte suisse, je crois qu'il faut sensiblement faire attention aux attaques sous-jacentes à des "critiques" de la religion. Et puis tenir compte aussi de l'asymétrie des rapports de force. Critiquer en Suisse le pape, jésus, ou dieu, ce n'est pas la même chose que critiquer Mahomet ou Allah. Les communautés catholiques ne sont pas remises en cause dans leur légitimité sur notre territoire, et ce quelque soit les travers de leurs co-religionaires. En revanche, beaucoup de musulmans font partie de cette deuxième, troisième génération qui est suisse, mais auquels on fait aussi sentir qu'elle ne l'est peut-être pas "vraiment", qu'en tous cas on "pourrait" en douter, qu'ils faudraient qu'ils sachent montrer qu'ils sont "modérés", et surtout qu'ils critiquent dès que ça leur est possible les travers de leurs co-religionnaires, ou en allant jusqu'à interdire la construction des minarets par exemple, alors même que les clochers fleurissent partout.

    Ce qui m'a beaucoup dérangé dans votre article à vrai dire, c'est la façon dont vous m'avez semblé adhérer, ou du moins ne pas vous distancier, du propos tenu par Mme Vallette qui s'il est peut-être vrai au demeurant, quoique la plupart d'entre nous n'avons pu lire le coran dans le texte, donc d'une manière "littérale" (une traduction est déjà une interprétation), témoigne pour ma part d'une offensive évidente puisque ne replaçant pas du tout les choses dans leur contexte et n'établissant en ce sens aucune symétrie avec les autres religions du livre. Si la chrétienté des premières années était peut-être plus favorable à l'égalité des sexes, il n'en reste pas moins que la genèse, ouverture de la bible, n'est pas triste en ce sens.

    Ainsi comprendrez-vous peut-être mieux ma position et mes "présupposés". Peut-être les ai-je fait attivement. Il est vrai qu'à partir d'une recherche google jai seulement pu qu'apprendre que Mme Vallette travaillait à l'hospice général, peut-être a-t-elle également une véritable connaissance de l'Islam et que je l'aurais mal "jugées". Néanmoins, le cas contraire, je me demanderais bien quelle est sa légitimité d'écrivain sur un sujet aussi compliqué que la doctrine islamique, même pour les islamologues, et je trouve qu'il y a des raisons de se poser ces questions lorsqu'un livre sort dans pareil contexte de battage médiatique.

    Ma position était d'exprimer un autre point de vue, librement. Si j'ai été très tranchante pour le coup c'est que je l'avoue, une affirmation telle que celle-ci "l'islam, dans son interprétation littérale, ne respecte pas" me fait hérisser les cheveux sur la tête tant je la trouve hâtive et stigmatisante. Il est vrai que céder à la tentation de répondre aux discours obtus par des "mises en boîte" n'est pas forcément très louable, mais on est humain n'est-ce pas :-)

    Et puis, de la même manière que vous n'aimez pas qu'on utilise le féminisme à n'importe quel sauce (cf votre lettre à Christiane Brunner), j'ai peu apprécié que Mme Vallette associe ce mouvement à un livre dont le rapport est plutôt lointain, et hautement contesté dans certains milieux féministes.

  • nb: hâtivement évidemment, pas "attivement"...

  • L'affaire des minarets vient à point nommé.

    Chacun se pose la question de l'utilité de la Religion dans nos vies.

    A chaque civilisation, une religion naît avec ses anges et démons. Le pire et le meilleur se côtoient avec une inconcertante hypocrisie.

    Aujourd'hui, en Suisse, en tant que femme née dans une société démocratique, je ne veux qu'aucun religieux dicte ma conduite.
    Ce n'est ni de l'arrogance, ni de la condescendance, mais du simple bon sens. Car sous la protection d'un clocher, d'un minaret.... ou tout autre symbole phallocratique se cache un pouvoir tentaculaire, vicieux et malsain.

    Un minaret, cela semble anodin, mais en tant que femme je n'abandonnerai jamais ma liberté.

    Liberté de pensée
    Chaque jour, me remettre en question, sans qu'un pape, un pope, un imam, un rabin m'impose son diktat.

    Liberté vestimentaire et autres...

    Aucun voile ne sera posé sur ma tête, en signe de soumission ( A Ecône, aussi..)

    La piscine sera accessible aux femmes, hommes et enfants.

    Ma nourriture sera saine et équilibrée, selon mes goûts et mes envies, sans le poids de la culpabilité, si
    je mange de la viande le vendredi chez les catholiques
    du porc chez les musulmans
    si je ne m'alimente pas avec de la viande cachère chez les juifs


    De milliers d'incohérences de ce type pourraient être développées.

    Je suis née, selon la Déclaration des droits de l'homme" libre et égale en dignité et en droit. Je suis douée de raison et de conscience.

  • Bonjour à toutes et à tous,

    Bonjour hommelibre,

    il y existe une phrase pour résumer l'ensemble :

    « Que dire d’un homme qui préfère obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes, et qui en conséquence a la certitude d’entrer au Paradis en vous tranchant la gorge ? » - Voltaire

    Cela résume en une seule phrase l'abbération des religions et quelle qu'elle soit.

    Marre des religieux...

    Bien à vous hommelibre,

    Stéphane

  • Le sujet vient à point nommé. Avec la venue très probable du président lybien à Genève pour l'événement cité, on peut imaginer qu'il nous dira les bienfaits de l'islamisation, lui-même s'évertuant à propager des mosquées dans tous les pays africains,en précisant que ce sont avant tout des écoles où l'on y apprend à lire. La volonté de formatage est bien là, la propagande des normes sociales bien rigides hors conscientisation, l'aliénation de peuples entiers pour la puissance et la gloire d'un clan de tarés est au rendez-vous!

    On peut ainsi se réjouir (rions jaune) avec le journal "Rue 89" : « Le leader libyen sera très présent cette année sur la scène internationale. Il est invité en juillet par l'Italien Silvio Berlusconi à la prochaine réunion du G8. Il s'exprimera également en septembre devant l'assemblée générale de l'ONU à New York au nom de l'Afrique. Il veut aussi rencontrer le président américain Barack Obama pour le sensibiliser aux problèmes africains. Et il veut profiter de la tribune de Durban II pour dénoncer le racisme occidental à l'encontre de l'Afrique et la guerre contre l'islam. »

    Sur ce dernier point, peut-être faudrait-il réactualiser la lecture du "Sanglot de l'homme blanc" de Pascal Bruckner.

  • Je lis dans la TdG de ce matin qu'un projet d'accord est actuellement discuté avant Durban 2. La Suisse veut éviter l'échec de la conférence, et le texte qui sera proposé évacue en fait les sujets qui fâchent, comme celui qui est cité dans ce billet, soit d'inscrire la critique de l'islam (et au final un jour de toutes les religions) comme une diffamation et du racisme. Il semble que l'on s'oriente vers un peu plus de raison.

  • @ Audrey: pas de soucis pour les fautes de saisies, il y en a peu et j'avais corrigé de moi-même. Vous avez remarqué d'ailleurs que moi-même il m'arrive aussi d'en laisser passer...

    (:o)

  • Bonjour,

    Outre le fait que je souscris à ce regard sur Durban II, je relève qu'on parle toujours des droits de l'homme et fort rarement des devoirs.

    C'est dommage....

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