Les Verts genevois manquent de candidates pour compléter leur liste en vue des élection de cet automne. Ils se sont imposés une parité absolue, et voilà qu’elle n’est pas adaptée à la réalité.
Il est probable qu’ils finiront par trouver les candidates manquantes. Mais cela soulève diverses réflexions. Sur la parité d’abord. La volonté de faire autant de place aux femmes qu’aux hommes en politique est louable. Il est normal que ceux et celles qui veulent s’engager dans cette voie ne soient pas freinés par une discrimination de genre.
Mais la situation des Verts est symptomatique du biais produit par une parité imposée comme un dogme. Car il y a dans ce parti des hommes engagés de longue date, prêts à s’investir, mais qui eux seront empêchés à cause de la parité. Les femmes complémentaires qui seront trouvées auront-elles un parcours politique, une expérience, une volonté, une ambition? Ou seront-elles sur les listes simplement parce qu’elles seront des femmes?
La question serait la même si en sens inverse il y a avait des difficultés à trouver des hommes, ce qui pourrait arriver un jour. Il y a de nombreux domaines où les femmes sont davantage représentées que les hommes. Il n’y a rien de gênant à cela. S’il y avait plus de femmes élues, il n’y aurait rien de gênant non plus. Ce qui est gênant est l’obligation.
De même vouloir inscrire la parité dans la prochaine Constitution genevoise: une Constitution n’a pas pour objet d’établir des distinction de genre, pas plus d’ailleurs que de race, de religion, etc. Elle préserve les institutions et la liberté de chacun en démocratie. Elle prévient toute discrimination au nom de l’égalité. Si l’on impose la parité de genre, on devrait aussi imposer une représentations des députés par religion, par couleur de peau, par âge, par profession, bref on tomberait dans un blocage et une contrainte ôtant tout sens à la liberté de choix et toute mobilité à la vie politique.
Les députés doivent être élus sur leurs idées, leur programme, leur parcours, leur expérience, leur motivation et ambition, leurs compétences. Quels que soient les classifications de genre, d’âge, de profession, ce sont au final les idées et les compétences qui priment.
Concernant le manque de femmes en politique, on attribue cela à une difficulté de choix entre famille et vie publique, ou indisponibilité en raison des tâches domestiques. Peut-être. Peut-être pas. Les femmes qui ont eu l’ambition d’être élues sont en place, jusqu’au plus haut niveau dans de nombreux pays.
Et si elles avaient moins que les hommes cet esprit de conquête et de lutte indispensable à une carrière politique? Et si, pour nombre d’entre elles, la carrière politique n’était pas comme pour l’homme un objet de réalisation personnelle? Peut-être par l’héritage culturel, peut-être parce qu’elles n’y sont pas assez encouragées. Ou peut-être parce que nombre d’entre elles ont d’autres priorité.s On sait combien l’éducation, laissée majoritairement aux mères, est importante pour l’individu et la société: si elle tenaient à assumer cela plus qu’à se battre dans des hémicycles? Si elles étaient - pour quelque raison - plus gestionnaires que conquérantes (sans attribuer de différence de valeur entre ces deux options)? Plus douées pour la survie et la vie que pour la bataille? On en voit pourtant des conquérantes, comme celles représentées sur ces photos: Maud Fontenoy, Catherine Destivelle, Elle Mcarthur. Des femmes qui sont de vrais bonheurs à écouter en interview. Il y en aurait beaucoup d’autres à citer.
Cela pourrait bien sûr être culturel. Mais la construction culturelle des rôles étaient peut-être fondée, même si elle est décriée et refusée aujourd’hui. Une femme est souvent fière de son homme quand il est conquérant. Il assure un territoire, un revenu. En sens inverse un homme serait-il fier d’avoir une compagne conquérante? Pourquoi pas? Mais peut-être n’est-ce pas l’attente des hommes à l’égard des femmes. Dans l’archétype masculin, le héros conquérant est très fort. Culturel ou autre, cet archétype fait partie de sa construction intime. Est-il possible de respecter l’égalité tout en respectant aussi des besoins qui, même s’ils sont en partie culturels et donc relatifs, participent à la construction psychologique et sociale des hommes?
Pour en revenir à la parité, je préférerais voir en politique des femmes conquérantes, motivées, douées, que des femmes imposées sur la liste pour faire le nombre voulu par le dogme.
Commentaires
Bonjour hommelibre !
La parité est une ânerie, je ne cesserai de le répéter !
On voit bien que ce n'est pas si simple dans la pratique.
A supposer qu'elle soit érigée en dogme, l'incompétence deviendrait elle aussi un dogme, puisque toute femme - aussi incompétente soit-elle - pourrait se réfugier derrière le seul critère qui l'a faite élire: la parité, justement.
Allons, Mesdames, ce sont vos qualités de femmes que nous voulons voir à l'oeuvre, et pas votre qualité de "Femme".
:o)
le femmes doivent pouvoir en avoir des experiences...
sans ça les competences elle iront ou se les faire ?
la parité expliquée aux ânes...
@ luzia: l'expérience en politique est la même pour les hommes et les femmes. Elle n'est pas innée chez les hommes. Ils apprennent dans leur parti, puis dans des élections de moindre importance avant d'aller plus loin. Hommes et femmes ont autant besoin d'en faire l'expérience pour développer des compétences. Compétences qui peuvent aussi se faire en partie ailleurs, pour les hommes comme pour les femmes: profession, milieu associatif, par exemple. Pas d'accord avec votre argument.
Vu sous l'angle de la conquête, la société est responsable des préjugés décriés ici : elle n'aime pas les femmes conquérantes. En management comme en politique, on observe souvent ce type de réaction, somme toute assez primaire malgré les années d'éducation et d'efforts de civilisation. Du point de la compétence (laquelle s'acquiert en l'exerçant plutôt qu'en la présumant innée), si les hommes réussissent beaucoup mieux, ça n'est pas, comme on le croit si facilement, à cause d'une différence de taille à ce niveau-là mais parce que les hommes prennent le pouvoir là où les femmes font office de petites mains.
N'étant pas membre d'un parti de gauche, je suis d'autant plus libre de le dire: l'article sur les Verts et leur demande de parité n'est pas correct. Celui-ci a été lu dans le sens qu'il manque des femmes compétentes pour se lancer, ce qui ne fait aucun sens, d'autant que la compétence dérange plus qu'elle n'est admirée, encouragée. Des femmes de valeur sont écartées, surtout au niveau des postes rétribués, au profit d'hommes totalement incompétents, qui, bourdes sur bourdes, restent là, bien implantés, affichant le plus grand mépris de la chose publique.