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Une société de plus en plus policée

Le débat sur la sécurité dans les établissements scolaire en France pose bien des questions sur notre société.

violence1.jpgLa violence n’est pas nouvelle. Elle a hélas toujours été présente à toutes les époques. Statistiquement, et proportionnellement au nombre d’habitants, notre époque est même relativement plus sûre que d’autres dans le passé.

Le doit de vivre tranquillement, en sécurité, est un droit fondamental. On ne devrait pas avoir à se demander si la journée sera normale, si l’on peut rentrer le soir tranquillement, ou si les cours vont être perturbés. A force d’actes violents amplifiés par les médias une psychose s’installe.

La réponse hypersécuritaire à la violence est à la mode en France. On va donc faire vivre des lycéens dans des forteresses. L’école sera isolée de la vie, la peur présente et rappelée par les mesures de police. Notre société glisse de plus en plus vers le contrôle policier des citoyens: vidéosurveillance, judiciarisation de plus en plus fréquente des conflits qui autrefois se réglaient par la parole. Bref, c’est assez oppressant. Un autre blog, celui de blogres, en parle aussi aujourd'hui, avec des commentaires intéressants.

Je comprends parfaitement que l’on ne puisse laisser la situation se dégrader sans réagir. Mais la menace policière n’est pas de nature à modifier ce qui dysfonctionne en amont.
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Il y a la perte du sens civique et citoyen. On se fout de casser quelque chose hors de chez nous, ce n’est pas nous qui payons. Et pourtant si: d’une manière ou d’une autre, par les impôts, les primes d’assurances, etc, c’est bien nous qui payons.

Il y a l’éducation qui n’est pas toujours assurée, les parents travaillent, les relations se réduisent au repas - le reste étant dévolu à la télé ou à la console de jeux. Il y a une sous-culture prégnante sur certains ados, comme la violence banalisée de certains raps.

Les clips vidéo, tiens, parlons-en un peu. Certains sont directement violents, les images montrant des scènes très hard et les textes étant parfois saturés de rage “commerciale” (la rage rapporte commercialement plus que la beauté). De plus les clips sont faits en images hachées, très rapides, qui ont pour objectif de créer un désir frustré pour donner envie de revoir et d’acheter. Avec ces défilement d’images il n’y a plus de temps pour réfléchir, prendre son temps. La frustration peut s’exprimer dans n’importe quelle situation tant soit peu conflictuelle. Ou à titre de défoulement.

Devrait-on mettre dans les établissement scolaires des permanences de parents plutôt que des policiers, afin de dialoguer et montrer une image de la société où l’humain reste plus important que la répression? Mais les parents travaillent, n’ont pas le temps.

Le respect de soi et des autres s’apprend dès l’enfance, et continue à l’âge adulte. Je suis surpris parfois de constater que hors de chez eux, les adultes n’ont pas le même respect que chez eux. Deux exemples ras des pâquerettes: chez soi on urine proprement en principe. Pourquoi uriner à côté quand on est ailleurs? Car les wc hommes, mesdames, sont souvent à vomir. Chez soi on ne laisse en principe pas ses cheveux traîner dans un lavabo. Pourquoi le fait-on à l’extérieur?

Il y a quelque chose de l’ordre du respect du monde qui est à remettre en place. Mais pour le remettre en place, il faut d’abord le pratiquer soi-même. Dans plein de domaines nous pouvons chaque jour faire en sorte que le monde soit un tout petit peu meilleur. Il n’est pas exclu que cela crée un appel d’air vers le respect et la beauté des relations, plutôt que vers la rage et la menace que l’on voit assez souvent.

Tiens, un exemple de rap violent. Franchement, pourquoi créer cela, pourquoi le commercialiser?

 

 

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Catégories : société 7 commentaires

Commentaires

  • Si les parents n'ont pas le temps, il est clair qu'il faut donner plus de prérogatives aux professeurs, qui prennent en charge les enfants pendant que les parents sont au travail. Il est illogique d'avoir ôté aux professeurs de leurs prérogatives au profit des citoyens parents, et dans le même temps d'avoir encouragé les parents à travailler. Les professeurs doivent représenter pleinement les parents à l'intérieur de l'école, et cela veut dire que les professeurs par exemple doivent pouvoir fouiller les sacs s'ils en ont envie, comme peuvent aussi le faire les parents. Cela peut bien sûr entraîner des conflits; mais des conflits entre des parents et leurs enfants lorsque les parents veulent faire preuve d'autorité et fouiller les sacs des enfants, est-ce qu'il n'y en a pas?

    Les professeurs ne doivent pas avoir l'obligation de fouiller les sacs: ils doivent seulement en avoir le droit. Comment résoudre un conflit si on n'a pas de possibilité d'agir sur ceux dont on a la responsabilité théorique? La théorie ne donne aucune forme d'autorité. C'est un leurre. Fouiller un sac entré dans l'enceinte de l'établissement, c'est normal. Le sac scolaire n'est pas un lieu privé.

    Ensuite, John, que veut dire couper une école de la vie? Est-ce qu'il n'y a pas de vie, dans l'école? Est-ce que la planète Terre est coupée de la vie parce qu'une grande distance la sépare du Soleil? L'école a sa vie propre. Elle est ouverte sur son propre foyer de vie, qui n'est pas du tout à l'extérieur, mais pleinement à l'intérieur, car ce foyer, ce sont en fait les enseignants qui enseignent. C'est l'être humain. C'est aux environs de s'ouvrir à l'école, à ce foyer de vie et de culture qu'est l'école, et non l'inverse.

    Si les enseignants veulent relier leur enseignement à la vie extérieure à l'école, il faut se souvenir qu'il n'est en rien enchaîné: il peut sortir de l'école, et y ramener ce qui lui plaît. Quant à l'élève, en tant que mineur, en tant qu'enfant, il doit rester protégé soit dans la cellule familiale, soit dans la cellule scolaire. Je pense, honnêtement, qu'on ne peut pas vouloir que l'école "s'ouvre sur le monde" et en même temps critiquer ce que l'élève verra hors de l'école.

  • La culture africaine, plus encore que l'européenne actuelle, est gavée de violence. Il suffit de se référer à tous les conflits africains existants. Je suis un amoureux de l'Afrique. Hélas, ce continent continue a fonctionné avec ses chefs de clans, sa corruption, ses rois, ses mâles puissants, ses femmes dominées et souvent violées en toute impunité. Si la violence monte chez nous en Europe, c'est que peut-être nous ne sommes plus assez sûrs de nos valeurs, de notre paix civile, de notre amour pour la culture de nos grands cinéastes, écrivains, philosophes qui ont proposé un modèle de tolérance, de multiculturalisme, un monde fait de beauté et d'échanges. Il faut se battre avec les armes de la culture dans les lycées. Et arrêter d'écouter Sarkosy, sa culture de la peur, son instinct d'homme inquiet, peu sûr de lui malgré les apparences. Dans les bras de Carla, il ressemble à un petit garçon qui a besoin de sa maman. Ce n'est pas injurieux. C'est l'impression qu'il laisse au monde qui l'observe. Le premier, il a besoin d'être rassuré sur sa virilité et son pouvoir. Décevant comme président d'une grande nation européenne.

  • Mais ils pètent ma bagnole.... ces p't cons cagoulés.

  • Le problème avec le trop sécuritaire, c'est que c'est presque une façon d'accepter la violence. Des sparadraps...

    Il me semble que le sens civique et citoyen prend de plus en plus du plomb dans l'aile.
    Nous cultivons le mythe du gagnant, du rebelle et de l'indépendance.

    Lors des débats à propos des chiens dangereux, j'avais été soufflée par une proposition. Celle de donner des cours aux enfants afin qu'ils sachent comment se comporter devant un chien méchant, se mettre en boule, à terre, en position de soumission.
    Un drôle de message à mes yeux.

  • @ Pascale: en effet. La performance a du sens dans des cas précis, mais quand c'est un système, elle devient polluante. Pour les fabriques de rebelles, ça marche commercialement, faut pas chercher. Les rebelles véritables ont de vraies causes. Aujourd'hui on est rebelle pour choquer. C'est une posture, alors que cela devrait être une conviction pour des raisons précises.

  • @ Rémy: par école ouverte, je pense à l'école que j'ai connue, où l'on n'était pas sous le coup des menaces de violence comme actuellement. Trop de contrôles, c'est valider et banaliser la menace. C'est cloisonner un peu plus le monde. Cela dit, la montée de la violence n'est pas simple à résoudre. En ce qui concerne la fouille des sacs, peut-être avez-vous raison. Cela permet, en cas de problème, de créer une relation directe et une discussion entre l'enseignant et l'élève, voire avec les autres aussi. Mais on demande aujourd'hui aux profs d'enseigner, de remplacer les parents, et de faire la police... C'est l'ensemble de l'organisation de la société qui est cause. Cela touche aussi bien le travail, en effet, que la manière de transmettre les valeurs par l'éducation, la gestion des conflits... Mais je pense qu'en accentuant la répression on ne traite pas les causes.

  • John, c'est un constat général. On dit facilement qu'autrefois, la société était plus fraternelle, plus soudée. Quoi qu'il en soit, il s'agit de savoir comment résoudre les problèmes. Si on demande tout cela aux enseignants, je veux bhien, mais il faut qu'ils aient les moyens d'agir. Sinon, on ne leur demande rien: on leur fait simplement porter le chapeau. Je suis donc favorable à ce que les enseignants aient le droit - mais pas l'obligation - de fouiller les sacs. Il faut accroître les droits des enseignants, qui sont concrètement face aux élèves. Or, on les a réduits. Et pour moi, c'est une des causes du problème. Peut-être même la principale, qui sait? Mais sinon, la violence n'est qu'une énergie mal canalisée. Et je pense que le goût des élites pour un comportement aseptisé, dénué d'émotion, comportement d'ailleurs aussi conseillé aux enseignants perçus comme simples "transmetteurs de savoirs" favorise par contrecoup la violence. L'énergie peut trouver à s'épanouir dans l'art, la poésie, la créativité. Il y a trop de technicité dans l'enseignement.

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