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La fin de l’oppression

Les textes et débats riches et intéressants de ces derniers jours, sur ce blog et sur d’autres (Carlitos, Djemâa, Redbaron), m’inspirent cette nuit ce billet, alors que j’ai la chance de me réveiller libre à 5 heures du mat’ pendant que d’autres attendent les 40 coups de fouet pour tenue indécente.

oppression3.jpgL’oppression n’a ni religion, ni sexe, ni parti politique. L’oppression est là où est un esprit dominant, autoritaire, intolérant.

Elle se tapit dans les pédagogies qui marchent à la punition, à la contrainte plus qu’au dialogue et à l’explication.

Elle se nourrit du sang des populations que des fractions politiques prétendent libérer à coups de fusils, d’inquisitions ou de fatwas.

Elle se sert de tout: argent, peur, excommunication, pouvoir, pour assouvir son seul but: dominer, dominer et encore dominer, et s’enrichir d’or, de bouffe, de prestige, quand des fantômes affamés rasent les murs de sa nuit.

Elle est dans ces religions, croyances, traditions, qui imposent leurs dogmes dès le plus jeune âge à ces jeunes têtes enfantines et à leurs esprits qui ne demandaient pas à se refermer avant même que de s’être ouverts. Elle est dans les jugements de valeurs, le mépris, la haine de l’autre, inculquées par des groupes, des individus, qui ont leur fond de commerce à la soumission des humains.
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Elle rampe la nuit dans les favellas de Rio, où des commandos tuent les enfants par dizaines. Elle est dans les yeux de ce mollah qui fait pendre une iranienne de 16, dans les mensonges de Georges W Bush, dans le cul assis devant le caviar des dominants qui se demandent s’ils doivent acheter une Rolls ou un jet pendant que dans leurs usines, les enfants d’Asie travaillent pour presque rien.

Elle est dans ces parents qui, sous prétexte d’aimer, font de leurs enfants des petits robots obéissants, par les coups ou par le chantage affectif.

Elle est dans ces amants qui, se séparant, méprisent la souffrance et dansent sur le ventre des amours blessées.

Elle est dans nos gestes, dans nos pensées, souvent cachée et invisible, habillée de bonne foi et d’aveuglement.

La fin de l’oppression: a long, long way to home, long chemin politique, philosophique, mais aussi individuel car, même si le groupe joue un rôle dans la mise en place de systèmes d’oppression, elle reste une reproduction individuelle, une faille de la conscience.

La fin de l’oppression: un idéal pour longtemps.

«L’oppression», de Léo Ferré, version Olympia 1972. Version originale sur ce lien: http://www.youtube.com/watch?v=V1Xn4y2COs0&NR=1


 

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Catégories : société 14 commentaires

Commentaires

  • Encore une fois bien touché, hommelibre. Nos batailles navales sont hélas des bateaux imaginaires qui terrassent des cuirassés bien organisés dans la défense de leurs intérêts. L'être humain a tendance a préféré l'enfermement docile à la liberté qui lui impose de se construire tout seul, de s'instruire du mieux possible, d'échanger avec le plus d'envergure possible. Les peuples commencent à lutter pour la liberté quand l'oppression devient insupportable. Nous vivons en permanence dans ce monde du "juste joug" où chacun compare ses intérêts personnels aux intérêts du couple, de la famille, de la communauté. La liberté absolue n'existe que dans nos schémas mentaux, notre jardin secret. Bien entendu, je vous suis sur le chemin de la liberté. Mais parfois, à force d'attitudes trop personnelles, on crée les possibilités de brèches terribles dans notre carlingue. Et l'on devient vaisseau fantôme, incompris de beaucoup, aimé de peu, condamné à l'exil si ce n'est à l'asile de dingues. Manu Chao vient de sortir un disque librement téléchargeable qu'il a fait avec des patients d'un asile psy. Très intéressante, sa démarche. Qui est le plus aliéné? Le système carcéral qui dirige le monde ou les fous déclarés tels qui végètent ou s'instruisent culturellement dans les asiles?

  • @ pachakmac: nos bateaux imaginaires pourraient-il un jour naviguer sur tous les océans, sans canons, avec pour arme leur seule foi dans la liberté? Long way. Le vaisseau fantôme est un risque, oui, mais faut-il par peur rester dans la procession des lamentations à suivre d'improbables leaders aux habits différents mais aux intonations identiques, plutôt que de courir le long des ruisseaux, avec renards, merles et vent pour amis?

    Et qui sait: peut-être sommes nous plus nombreux que l'on imagine à aimer courir le long des ruisseaux...

  • Joliment écrit, hommelibre. Oui. Forcément je vous suis le long des ruisseaux, non en aveugle qui suit une pensée mais en éclaireur qui pose comme vous des questions au monde. Les gens sous influence sont souvent des naïfs qui s'ignorent mais les gens sans influence sont encore plus naïfs. Parce que personne ne les suit dans leur démarche extrême. Savoir être un rider de l'extrême liberté en gardant un oeil acéré sur la réalité quotidienne. Comme celles et ceux qui descendent le Bec des Rosses de Verbier. Ils nous faut savoir dire au monde que l'on est fou mais que l'on est des fous crédibles et dignes de confiance. Ce n'est pas toujours évident quand parfois une avalanche nous tombe dessus la figure. Les gens ont vite fait de juger et d'écrire ou de dire que nous avions pas mesuré les risques à leur juste valeur. Mais si l'on survit à ces accidents de montagne, c'est que peut-être nous nous étions bien préparés à l'avalanche, donc pas si inconscients que ça. Non?

  • @ pachakmac: yesss! Et cette liberté en effet n'est pas suivre une pensée (sauf la sienne, et encore), ou en tous les cas ne pas s'inféoder à une pensée: elle est un état d'esprit, un questionnement, une attention permanente, une adaptation, une vision holographique du monde, un espace plus qu'un plan.

    Déjà, là, il y a un joli chemin mais du boulot. Après, passer cela en concret, en social, en politique, en culturel...

  • La remarque la plus intéressante est de réaliser la liberté, passer cela en concret, en social, en politique, en culturel... C'est bien joli d'affirmer qu'il faut combattre le joug, l'oppression, défendre la liberté (les libertés) mais encore faut-il savoir ce que cela signifie en réalité. Beaucoup finissent effectivement par y perdre la raison ou la vie...

    Sommes-nous ici libres? Je ne le crois pas! Plus seuls, certainement, mais plus libres, non. N'importe quelle affirmation de soi - raisonnée ou éthique - tombe sous le coup de la réprobation sociale, voire de l'opprobre.

  • @ Roxane:

    "N'importe quelle affirmation de soi - raisonnée ou éthique - tombe sous le coup de la réprobation sociale, voire de l'opprobre."

    Pas d'accord. A l'heure actuelle, beaucoup de gens peuvent s'affirmer dans leurs particularités sans être mis à l'index. Par contre, il n'est marqué nulle part que les autres doivent automatiquement être d'accord ou ne rien dire. La liberté inclut la critique, le questionnement, la réaction personnelle selon ses propres valeurs. La liberté pour moi, ce n'est pas le monde du silence ou plus personne ne dit plus rien à personne et sur rien.

    D'autre part, il y a une énergie, une tension nécessaire à mettre dans l'affirmation de soi et de ses particularités. Cela nous renforce, cela crée un champs de réalité qui n'existait pas encore. C'est aussi un test pour notre force de conviction.

    Et puis toute façon de voir, tout mode relationnel, tend à se fixer et à se pérenniser, et par cela à devenir une sorte de nouvelle norme, qu'il faudra ensuite elle aussi remettre en question. Mouvement permanent, dynamique entre la nécessaire stabilisation des formes (biologiques, culturelles, relationnelles) et leur tout aussi nécessaire évolution.

  • Bonsoir hommelibre,

    en lisant ce billet j'ai de suite pensé à toi :

    http://engrevepoursonfils.blog.tdg.ch/archive/2009/07/27/des-questions-qui-se-posent.html

    ;O)bien à toi

  • Vous êtes bien entendu libre de ne pas me répondre, voire même de me mentir, mais j'aurais plaisir à savoir si vous avez lu Dune, de Frank Herbert ?

    Cyniquement, je vous livre un point de vue qui n'est que le mien, dans mes jours de froide lucidité :
    La seule vraie liberté qu'il nous reste, c'est de nous donner la mort avant qu'elle ne vienne d'elle-même. Mais c'est un choix il est vrai malheureusement définitif ET irréversible...

  • @ MUR: oui, je viens de mettre en ligne un billet sur cette affaire. Merci!

  • @ Greg: dur dur, comment saurez vous si je mens ou pas, quelle que soit ma réponse? :=)

    Non, pas lu, mais si c'est de ce livre qu'est tiré le film du même nom, j'ai vu le film. Je ne me souviens pas de cette phrase.

    Mais pas d'accord. J'ai bien d'autres libertés. Je suis libre de penser, d'écrire même si je ne suis pas d'accord avec des institutions comme la Justice (la preuve ici), de créer, d'avoir fait mon chemin dans un domaine exclu il y a 25 ans (médecines douces), d'organiser des conférences sur des thèmes qui déplaisent à l'institution médicale, et de bien d'autres choses encore.

  • Greg, mal compris, la phrase n'était pas du livre. Je peux comprendre ces moments où rien ne semble plus avoir de sens. Vous pouvez écoutez ma chanson "Novembre noir", écrite avant mon procès en 2007:

    http://www.goetelenjohn.ch/goetelenjohn.ch/creativite_john_goetelen.html

    Mais voilà, j'aime la vie!

  • @GREG ???????

    "Cyniquement, je vous livre un point de vue qui n'est que le mien, dans mes jours de froide lucidité :
    La seule vraie liberté qu'il nous reste, c'est de nous donner la mort avant qu'elle ne vienne d'elle-même. Mais c'est un choix il est vrai malheureusement définitif ET irréversible..."

    Que dois-je comprendre? A moins que cela ne soit la réponse à la "liberté" telle qu'hommelibre la conçoit?! Dans ce cas me voilà rassurée! Dans le cas contraire, rassurez-moi. Merci!

  • "Le monde du silence", hommelibre, est comparable à l'omerta, les affaires de crimes. En effet, se taire mène à l'étouffement et à l'enfermement de la personne concernée alors que la réprobation sociale mène tout de même au questionnement de l'exercice de sa propre liberté, Patoucha. Le coming out est préférable au silence car il permet à toute personne d'exister par elle-même, de connaître le libre-arbitre de ses choix face à l'opinion publique. C'est pourquoi je ne distingue pas en tout et pour tout vie privée et vie publique. Quand on mène un combat, on ne peut pas faire abstraction de sa propre réalité en défendant des valeurs et des principes alors que peut-être on cache certaines attitudes de sa vie privée. Prenez le combat des gays et lesbiennes. Nous avons connu des politiciens qui s'attaquaient à l'homosexualité alors qu'eux-mêmes, en cachette, avaient des moeurs homo. C'est pareil dans tous les domaines, en finance particulièrement où je suis convaincu que de très nombreuses personnes défendent des principes et font l'inverse dans leur réalité quotidienne. Difficile le travail de transparence. Nous avons tous des comportements parfois difficilement avouables. Et parler de notre vie privée en public nous aide et aide la société à développer de nouvelles perspectives démocratiques. C'est pourquoi je me méfie plus des personnes qui défendent trop farouchement leur vie privée. Elles ont peut-être des choses à cacher... Je déteste par contre les paparazzis qui viennent se mêler de l'histoire des gens juste pour en tirer un salaire. c'est du vampirisme de bas étage qui ne mérite qu'un poing dans la gueule. Ce que certaines stars n'hésitent pas à faire quand elles sont importunées par ces personnes pas très délicates.

  • Dune est une oeuvre de science-fiction majeure. Le film, j'ai préféré ne pas le voir, donc no comment.

    Frank Herbert est un gars intéressant : il a fait barman, photograghe de guerre en europe pendant 39-45, plongeur professionnel en hauts fonds, une license en psychologie, une en écologie, il a bricolé ici et là...

    Dune le livre est intéressant pour son approche de la religion en tant que moyen de contrôle des populations. Il y a aussi une réflexion sur la prédiction de l'avenir et ses grands inconvénients, entre autre le manque de libertés...

    Moi qui ai été (au passé!) un adorateur de la science, qui dans certains aspects ressemble à bien des religions, je vous signale que d'un point de vue théorique, soit l'Univers est déterminé, soit il ne l'est pas.

    S'il l'est, la prédiction de l'avenir est donc théoriquement possible (pour la pratique, cela reste impossible), donc l'avenir est déjà complètement écrit et il n'y a aucune liberté.

    S'il ne l'est pas, d'une part l'avenir est indéterminé donc imprévisible (au revoir à pas mal de charlatans et religieux divers...), d'autre part l'Univers est en partie soumis à des lois que nous commençons à bien connaître, et en partie soumis au hasard le plus chaotique.
    Ce doux mélange fait que ce que nous pensons être des libertés de choix dans nos vies pourraient tout aussi bien se résumées à des non-choix qui nous sont imposés sans que nous ayons la lucidité de nous en rendre compte, ou à des non-choix qui tiennent du hasard.

    Donc, entre l'inné non choisi, l'acquis rarement choisi en complète connaissance de cause, que reste-t-il de vraiment choisi dans vos vies ?

    La liberté est un joli concept, abstrait, pour lequel bien des couillons sont morts, manipulés dans leur liberté qu'ils croyaient dur comme fer défendre en mourant, n'est-ce pas formidablement paradoxal ?

    Donc, je vis parce que des millions de choses non-choisies sont arrivées avant moi, et parce que je fais le choix que ma vie vaut encore la peine d'être vécue. C'est le seul choix que je fais vraiment, pour le moment, continuer à vivre. Mais avec qui, dans quelles conditions, je n'ai plus la moindre illusion d'avoir un choix total et complet de mener la vie que j'aimerais. Ceux qui ont encore cette illusion sont destinés à vivre dans l'illusion, et même si j'admets que ce n'est pas la pire des drogues, cela n'en reste pas moins une.

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