Après avoir plongé tant et tant de fois l’or remonte. Pas de petit pull marine pour marquer le coup. Le grand bleu ne sera bientôt qu’une mémoire. Un autre bleu le remplace, le bleu à l’âme. La mémoire s’oublie. La mémoire, déjà...

Mémoire brûlée au soleil d’or. Fulgurance. Eclat des flashs. Séisme dans l’hexagone. Sommets atteints presque sans efforts. Oublié la peine, les heures de travail: l’or est facile, simple, immédiat. Promesse d’un avenir mythique dont on parlera comme d’une référence dans 50 ans. Une fierté pour un pays. L’or tous azimuts.

50, 100, 200, la cote monte inexorablement. L’or fait les unes. Attire toutes les mises. L’or vaut cher en argent et en affection, en projections.

Puis l’or plonge. Dans la piscine, sans pull marine. Dans les chronos, dans la cote. Laure plonge et pleure. Et pleure encore. Comme un simple Pékin.

Mais l’or exerce toujours autant de séduction. On continue à miser sur cette valeur intemporelle. L’or passe au-delà du mythe, atteint l’inextinguible soif d’impossible, de promesse non tenue. L’or de Laure.

L’or de Laure restera comme un ovni, comme un étonnement indiscible.

Laure lâche enfin. Renonce. Abandonne.

Se retire de la compétition. Charisme et séduction intacts. Dans son retrait reste une musique. Une musique que nous nous composons. Faute de l’entendre encore, de voir encore ses signes dans sa paume, sa beauté renversante et sauvage.

Dieu, qu’elle est belle en rebelle, enfance à fleur de peau dans ce corps de femme qui se cherche! Même sans pull marine, au fond de sa piscine.

Laure remonte l’échelle. Remonte au bord, là où nous sommes dans l’extase de son talent d’or.

Laure Manaudou. Une autre vie devant elle.

Et pendant ce temps nos otages se noient dans les sables de libye...