Le Matin publie aujourd’hui une intéressante analyse de la situation des otages, en parallèle avec l’affaire des infirmières bulgares. Les ressemblances avec cette affaire sont nombreuses: promesses non tenues, procédures sans fin, manque d’information, etc. Au final, leur détention pourrait prendre jusqu’à huit ans!
Kad publie ses réflexions à ce sujet sur son blog. J’en propose une autre, certainement polémique, et qui n’a jamais été suggérée.
Les propositions de Kad sont fortes: réagir avec fermeté par une sorte de fin des relations économiques et de la circulation des personnes avec la Libye. Il faut voir si le droit autoriserait le gouvernement à, par exemple, bloquer les avoirs libyens, mais cela mérite réflexion.
Il y a peu d’options en réalité et la Suisse est actuellement démunie. Par son gouvernement elle est allée aussi loin qu’elle le pouvait, et je redis ici que j’estime l’action de Monsieur Merz courageuse et de bonne foi. Cela ne suffit visiblement pas. La Libye se moque du monde et ne fait que ce qui lui est utile stratégiquement ou utile pour renforcer la mainmise du clan Kadhafi sur le pays.
L’option militaire pour libérer les otages est évidemment impossible, sauf à faire appel aux services secrets israéliens dont l’efficacité est connue. Mais je doute qu’Israël s’engage dans une telle action pour deux otages, sans autre enjeu.
On peut aussi porter l’affaire devant l’ONU, tout en recherchant des appuis à l’extérieur - ce qui semble manquer actuellement.
Dans tous les cas de figure, soyons conscients d’une chose amplement démontrée par les faits: nous n’avons aucune prise sur le sort des otages. Kadhafi fera ce qu’il veut, sans aucun égard pour le droit international. On le voit bien, on le sait, pas la peine de croire autre chose que ce que nous voyons. Que nous fassions des efforts ou non, il gardera les otages aussi longtemps que cela lui sera utile au mépris du droit. Un chef d’Etat voyou est un voyou, c’est tout. Car s’il y a peut-être des reproches à faire à Genève pour l’arrestation d’Hannibal et de sa femme enceinte, Kadhafi n’a pas à utiliser les otages comme moyen de pression et monnaie d’échange. C’est du terrorisme. Kadhafi est resté terroriste dans l’âme et dans les méthodes.
Alors, négocier? Avec un voyou le droit ne compte pas. Les otages servent ses desseins, quels qu’ils soient. Sa seule force dans cette affaire, c’est l’attachement que nous avons à vouloir faire revenir nos concitoyens. Le pétrole? Comme le rappelle Kad, l’Algérie propose de prendre la place de la Libye. Les affaires? Vu le peu qu’il en reste, faisons-en ailleurs, quitte à dédommager les entreprises qui souffrent de la tension entre nos deux pays.
Alors, bien sûr: quel parent, quel frère ou soeur, quelle ami, ne voudrait pas voir revenir les otages? Cet attachement de coeur et d’esprit, par les liens familiaux, nationaux, éthiques, sont totalement légitimes.
Mais vu que les otages risquent de toutes façons de le rester longtemps, pourquoi ne pas les abandonner à leur sort et ne plus négocier? Nous enlevons à Kadhafi sa seule force, son seul levier contre nous - surtout si l’on se passe de son pétrole. Un telle hypothèse est évidemment choquante. Mais il n’est pas dit qu’elle soit déraisonnable. Si les otages ne lui servent plus à rien, Kadhafi pourrait même peut-être les libérer plus vite. D’autant plus si dans le même temps nous faisons appel à l’ONU pour lui rappeler ce qu’est le droit international. Cela l’affaiblirait.
Donc: notre soucis pour les otages renforce Kadhafi et nous affaiblit. Notre renonciation à vouloir les libérer par nous-même, les laissant à leur sort, l’affaiblirait, surtout si l’ONU s’en mêle. On pourrait me dire que les abandonner risque aussi de les faire condamner à des années de prison. Mais il faudrait des raisons, et rien n’a été invoqué jusqu’à présent par la Libye qui justifierait une condamnation. On peut encore me dire que si j’étais à leur place, un abandon serait probablement insupportable moralement. Mais l’abandon ne serait pas total. Nous irions devant l’ONU, nous pourrions rappeler chaque jour leur sort dans la presse, mettre dans les médias le décompte des jours de rétention, en parler dans les conférences internationales. Mais sans plus faire de négociation directe. Nous montrerions qu'à nos yeux Kadhafi n'est plus un interlocuteur crédible et respectable.
En résumé: faut-il vraiment continuer à demander la libération des otages en risquant de prolonger leur rétention en Libye et renforcer Kadhafi, ou faut-il les abandonner avec la possibilité que Kadhafi perde ses billes et que, les otages ne lui servant plus à rien, il les libère plus vite?
15 mois qu'ils sont otages. Et l'on n'en voit pas la fin...
Commentaires
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Hommelibre,
au début de l'affaire nous avions tout :
1) une entreprise à majorité détenue par des Libyens : Tamoil
2) des fonds conséquents : 5 à 9 milliards dans nos coffres appartenant au clan Khadafi
Et rien... nous n'avons rien fait.
Et puis, il y a nous, qui avons soutenu les deux Suisses dès les premiers jours... des mois à relancer sur nos blogs, au quotidien... : à un moment où la presse et les médias s'étaient faits bien discrets.
Nous avons organisé trois manifs... pour soutenir les deux Suisses... et combien se sont déplacés ?
Les Suisses s'en foutent... ils préfèrent se mobiliser pour les bébé phoques, la glace de l'Arctique, les baobabs de la forêt, que pour deux familles qui vivent un cauchemar...
Au fond... ce n'est pas l'un des leurs qui est là bas...
Alors moins que maintenant pour les deux Suisses... de toute manière, ils doivent se sentir bien abandonnés...
Entre le rien actuel, et le rien que tu suggères, il n'y a pas vraiment de différence.
Triste constat d'un pays incapable de s'émouvoir pour les siens.
Bien à toi,
Stéphane
@ Stéphane:
En effet, nous avions tout... Avec 5 milliards il y avait de quoi négocier. Triste gestion de cette affaire...
Mais nous restons sur le pont!
Bien à toi.
"Si les otages ne lui servent plus à rien, Kadhafi pourrait même peut-être les libérer plus vite"
Si les otages ne lui servent plus à rien Kadhafi pourrait faire une action de représailles avec ces otages et cela on ne le souhaite pas, ce qui ne laisse guère d'autre alternative que la négociation même si elle prends 8 ans.
15 mois qu'ils sont otages mais il ne faut pas renoncer, il a fallut 6 ans a Ingrid Betancourt pour être libéré. Pourquoi , comment , contre quoi a-t-elle été libéré ? Personne n'a réellement posé la question après que la mission humanitaire est échouée et que Bernard Kouchner ait été envoyé sur place.
Patrick
@ Patrick:
Votre point de vue est en effet aussi à prendre en considération.
@hommelibre:
1) J'ai l'impression que la Suisse s'est tout soudain intéressée au sort de ses deux ressortissants un peu pour jouer le rôle de la victime. On parle d'otages, mais en fait on ne sait presque rien de leur situation juridique. On ne sait pas, en particulier, s'ils se trouvent en situation régulière ou non sur le sol libyen. A partir du moment où on a parlé d'otages, on a énormément dramatisé la perception de la situation (alors même qu'on ne connaissait pas la situation elle-même). Kadhafi a bien compris que s'il relâche les deux ressortissants suisses du jour au lendemain, il confirme par cette libération intempestive que leur rétention était sans fondement et qu'il s'agissait bien d'otages. Nous l'avons fait pat, comme on dit aux échecs (il ne peut pas jouer le coup qu'on souhaiterait et qui nous ferait gagner), alors qu'en manoeuvrant différemment on aurait peut-être pu le faire mat.
2) L'autre point que la Suisse n'a pas encore compris, c'est que la Libye bénéficie d'un crédit énorme auprès de certains pays occidentaux, dont il accomplirait les basses besognes. J'ignore si c'est vrai, mais il se raconte que des bus remplis d'émigrés refoulés partent vers le désert et reviennent vides.
Excellente analyse, Hommelibre, à laquelle je souscris! Les conditions pour une négociation n'ont pas été réalisées ...
@ Lord Acton:
Ce que l'on semble savoir d'eux est une question de visa. Cela justifie-t-il une mise en prison au début, et une si longue interdiction de quitter le territoire? Et leur arrestation concomitante avec l'affaire Hannibal semble tout sauf fortuite, d'autant qu'ils étaient sur le territoire libyen depuis longtemps. En ce sens, ils présentent les caractéristiques d'otages.
Je ne sais pas si Kadhafi est pat. J'ai surtout le sentiment, à voir le déroulement des choses, qu'il fait ce qu'il a envie.
Pour votre deuxième point, je ne connais pas cette information. Se cela est vrai, c'est dramatique et grave. Mais il faudrait avoir des sources certifiée, car une telle accusation devrait faire l'objet de toutes les unes.
Je ne sais pas si ça changerait grand chose de ne plus parler d'eux. Comme le dit Stéphane, ça ne changerait pas grand chose par rapport à maintenant. Mais tant qu'ils seront là-bas, il restera des gens pour s'inquiéter de leur sort. C'est ce que Kadhafi souhaite et utilise. Je pense que c'est illusoire de penser qu'on puisse décréter leur oubli. Donc je pense qu'on est condamné à l'action.
Lord Acton, il y a une grande différence avec l'affaire Betancourt. En dehors du fait qu'elle a elle aussi été enlevée pour servir des intérêts politiques, elle a été enlevée par les FARC, un mouvement avec lequel la France n'entretient aucune relation (officielle en tout cas) et avec lequel la Colombie est ouvertement en guerre ! Je trouve pour ma part indécent de conserver des relations économiques avec un pays qui détient 2 de nos ressortissants en otage.
Autre chose, vous dites qu'on ne sait pas s'ils sont otages. Mais il est évident qu'un problème administratif concernant la validité d'un visa ne justifie pas la détention pendant plus d'un an ! Et même, normalement ça devrait plutôt être un motif d'expulsion...
De plus, des relations normales entre états impliquent que la représentation diplomatique puisse contacter à tout moment ses ressortissants sur le territoire dont elle est responsable. Ça n'est actuellement plus le cas depuis plusieurs semaines. Je trouve qu'on ne devrait pas minimiser ce fait.
Quant à votre point 2, je ne sais pas si c'est vrai, (et j'espère que non) mais ce qui est sûr, c'est que Kadhafi tient le couteau de l'immigration clandestine par le manche. S'il cesse de bloquer les immigrants africains, c'est par centaines de milliers qu'ils débarqueront en Europe. Je pense aussi que ça joue un grand rôle dans le nouveau statut de respectabilité qu'il a acquis ces dernières années.
Pardon Lord Acton, c'était Patrick Nouhailler qui avait parlé d'Ingrid Betancourt !
Monsieur HL (pas BHL, heureusement!),
Vous dites:
"Dans tous les cas de figure, soyons conscients d’une chose amplement démontrée... . Kadhafi fera ce qu’il veut, ... . On le voit bien, on le sait, pas la peine de croire autre chose que ce que nous voyons. ..., il gardera les otages aussi longtemps que cela lui sera utile... . Un chef d’État voyou est un voyou, c’est tout."
Alors, vous qui n'êtes pas "aidé" par un staff de pro, comment ce fait-il que vous sachiez tout cela et que Merz puisse se laisser berner comme un bleu?... Et pourtant vous dites que ce Merz est courageux et de bonne foi. Quelque peu contradictoire tout cela!... Non?
Le dessin de Burki expliquera mieux que moi ce quil faudrait penser des gesticulations de Merz: http://www.24heures.ch/files/imagecache/1024x768/dessins/Burki201009.jpg
En préambule, merci à tous celles et ceux qui s'engagent pour cette cause !
J'adhère à l'analyse d'Hommelibre, mais aussi à celle de Kad (voir son blog) ...
Je comprends également la déception exprimée par Stéphane Valente dans son commentaire, lui qui s'est beaucoup battu pour faire connaître le sort de otages et pour éviter qu'ils ne tombent dans l'oubli. Quant à moi, je ne pense pas que la Suisse "oublie" ses otages, ni qu'elle ne s'émeut pas de leur sort. Elle cherche simplement aujourd'hui la clef d'une solution évanescente.
Difficile dans ces conditions de répondre à l'attente des otages et de leurs familles, mais aussi à l'opinion publique suisse, même si de nombreux ténors, tous mieux avisés les uns que les autres, de Jean Zigler à Dominique Warluzel, lequel ce matin encore sur la RSR prodiguait ses conseils à nos dirigeants politiques.
Maintenant que le délai des 60 jours échoit aujourd'hui et qu'il est évident que la Libye ne respectera pas ses engagements - mais en a-t-elle eu seulement l'intention ? -, il est souhaitable que le Conseil fédéral sorte de son mutisme auquel il s'est astreint et communique sa nouvelle stratégie. Il ne peut s'y soustraire au risque de perdre d'avantage encore de sa crédibilité. Gageons que cette nouvelle stratégie soit empreinte de fermeté comme le suggèrent "Hommelibre" et "Kad" dans leurs billets respectifs.
Pour ma part, je pense à une opération qui n'a à ma connaissance pas encore été explorée à ce jour, celle du lancement d'une souscription publique, d'une récolte de fonds, à l'image de la "Chaîne du Bonheur", destinée à financer une opération médiatique dans les plus grands journaux du monde, en Europe, aux USA, en Afrique - dont Kadhafi s'est auto-proclamé roi - mais aussi dans les pays arabes, pour rappeler ce qu'est la Libye, ce qu'est son régime, sa famille qui capte les rentes pétrolières de ce pays, ce qui est très bien résumé dans ce billet :
" Un chef d’Etat voyou est un voyou, c’est tout ..."
" ... C’est du terrorisme. Kadhafi est resté terroriste dans l’âme et dans les méthodes... "
Après tout nos deux otages valent-ils moins que les victimes d'un tsunami ou d'un tremblement de terre survenu à l'autre bout du monde ?
Pourquoi la violence d'état, celle de la Libye, ferait-elle moins souffrir que le déchainement de catastrophes naturelles ?
Bien à vous tous !
Vous avez raison, il n'y a RIEN à négociezr car Kadhafi n'en a rien à foutre. Le seul plaisir de ce mécréant est de se délecter de notre pays qu’il peut traiter comme un vil torchon. Et ce faisant, il est lui-même fidèle à ses convictions. La parole d’un musulman ne vaut qu’en sa demeure. Il y accueillera dignement son ennemi, mais le tuera dehors.
La seule solution serait d'emprisonner quelques libyens importants sous prétexte d'espionnage. Et alors ce serait ce truaznd qui reviendrait à la charge.
@ Père Siffleur:
"Alors, vous qui n'êtes pas "aidé" par un staff de pro, comment ce fait-il que vous sachiez tout cela et que Merz puisse se laisser berner comme un bleu?..."
Bien sûr, j'ai un staff: quelques milliards de neurones qui observent et constatent. Kadhafi représente l'Etat, Ziegler a dit une fois que rien sans lui ne peut se décider, alors quelle que soit la configuration des rapports de force et de pouvoir en Libye, on peut considérer que c'est encore lui qui décide. Lui ou l'Etat Libyen, ou des factions rivales. Si ce n'est pas lui, qu'il le dise, et qu'il dise qui a pris la décision de cacher les deux ressortissants suisses et pourquoi l'ambassade ne peut entrer en contact avec eux. Sur quel fondement légal retient-il si longtemps deux suisses pour une question de visa?
Merz a fait un peu bouger les lignes, la balle est dans le camp de la Libye, et nous saurons ce soir si ce pays respecte ses engagements de normalisation.
Pas d'accord avec le dessin que vous mentionnez. Merz a pris un risque, je pense qu'il a bien fait, il joue peut-être sa carrière, il le sait, et je doute qu'il regarde son horoscope pour savoir ce qui va lui arriver. Il endosse les conséquences de ce qui n'a visiblement pas été fait avant. Rappelez vous: "Nous sommes à 2 mm d'un accord...". Sans autre commentaire...
@ Lambert:
Je comprends bien votre envie. On pourrait même geler des avoirs libyens privés. Mais en Etat de droit, ce n'est pas possible. De telles décisions seraient cassées par des juges.
Ou alors il faut accorder au Conseil Fédéral des prérogatives exceptionnelles comme en temps de guerre. Et pour cela il faudrait déclarer ouvertement la guerre à la Libye.
Notez qu'une telle décision ferait écho sur la planète entière...
@ Père Siffleur:
J'ajoute à propos de M. Merz qu'en agissant comme il l'a fait, la Libye n'avait plus d'alibi (sans jeu de mot) pour ne pas honorer l'accord. La Suisse a joué le jeu. En ce sens il a fait bouger les lignes: la Libye n'est plus "victime" de l'affaire Hannibal, elle redevient manipulatrice. A elle maintenant de faire preuve de cohérence et d'honnêteté. Mais apparemment elle ne semble pas pressée...
John, c'est tout-à-fait vrai l'histoire des bus. L'Italie est complice. C'est un article du Temps, dont je n'ai malheureusement pas la référence, qui mentionne le chantage permanent de Kadhafi. Il fait avec les humains comme il fait avec le pétrole. Il ouvre ou ferme les vannes de l'émigration en fonction de ses intérêts personnels et des avantages obtenus. L'Italie marche. Sauf erreur l'Espagne et la France aussi. Concernant l'abandon des otages à leur triste sort, ça ne marchera jamais. Tous les otages oubliés n'ont jamais retrouvé la liberté. Ils ont du subir des années de détention ou alors trouver eux-même une opportunité de fuite. bonne soirée. La lutte continue. Notre place est confortable mais nos cerveaux bouillonnent et on ne va pas lâcher comme cela nos deux ressortissants. "Un pour tous, tous pour un". C'est de Guillaume Tell, non? Bonne soirée.
La Julie nous l'apprend :
" Affaire Kadhafi : Décompte des jours de détention des otages: la TSR refuse !
Le municipal UDC de Vernier Stéphane Valente a demandé à la chaîne d'afficher un décompte des jours de détention des deux hommes. Une requête qui a été refusée. "
http://www.tdg.ch/decompte-jours-detention-otages-tsr-refuse-2009-10-20#comment-form
Pour ma part, je trouve que ce serait une excellente idée et regrette le refus de la TSR.
Mais pourquoi ne pas revenir à la charge par le biais d'une interpellation au Conseil national en demandant que ce décompte des jours de détention ne se limite pas à la seule TSR, mais à l'ensemble des chaînes publiques du pays, dans les trois langues : TSR, SF et TSI.
Les chaînes publiques diffusent actuellement des messages destinés à diffuser des informations d'intérêts nationaux tels ceux ciblés actuellement sur la grippe porcine, alors pourquoi ne pas étendre ce principe à cette prise d'otages ?
"Affaire Kadhafi : Décompte des jours de détention des otages: la TSR refuse !"
Ce serait deux journalistes de la TSR,ce serait fait depuis longtemps.
D.J
@ Jean et D.J.:
Bon, peut-être ne veulent-ils pas prendre le risque d'envenimer, peut-être y a-t-il des recommandations politiques. Mais quand cela s'est fait en France, cela a été plutôt positif.
L'idée d'une pétition: pourquoi pas?
Pourrait-on la faire partir des blogs? J'imagine 3,5, 20 blogs ou plus faisant un même billet le même jour, et on comptabilise tous les soutiens exprimés dans chaque blog. La pétition pourrait être adressée aux médias et relayée par des politiques qui souhaitent le faire.
Bien sûr tout cela sans aucun clivage politique.
Qui le souhaite?
J'apprécie ce débat, qui me fait aussi avancer. Chacun apporte un éclairage, et peu à peu la réflexion avance.
@ Hommelibre :
" L'idée d'une pétition: pourquoi pas? "
" Pourrait-on la faire partir des blogs? J'imagine 3,5, 20 blogs ou plus faisant un même billet le même jour, et on comptabilise tous les soutiens exprimés dans chaque blog. La pétition pourrait être adressée aux médias et relayée par des politiques qui souhaitent le faire. "
Pourriez-vous s-v-p. préciser votre pensée ?...
Quant à moi, je pencherais plutôt pour des annonces dans la presse mondiale, arabophone incluse, opération financée par une souscription publique ou par un appel de fonds tel que le pratique la "Chaîne du Bonheur" par exemple ...
Dans un premier temps, il va de soi que je serais tout à fait d'accord de signer une pétition indépendante de partis politiques !
Bien à vous !
@hommelibre:
Il y a un problème majeur avec ces "otages" (je me refuse à utiliser le terme sans guillemets car il s'agit d'une qualification juridique, alors qu'on ne connaît pas les faits). C'est que de toute évidence, leur existence est instrumentalisée.
- Je soupçonne que dès le départ, les autorités suisses ont évité d'accorder à l'affaire libyenne toute l'attention qu'elle méritait dans le but de couvrir les erreurs commises par les autorités genevoises dans l'affaire Hannibal Kadhafi (il me semble qu'on a considéré que les "otages" étaient moins importants que les magistrats genevois).
- On a commencé à entendre parler des "otages" (dans le grand public) au moment où M. Merz est parti en Libye, et on a voulu lier la survie politique de M. Merz au retour des otages dans les dix jours (ceux qui n'ont pas apprécié les courbettes de M. Merz ont voulu utiliser l'absence des otages comme preuve de son erreur - les "otages" importaient peu, il s'agissait de laver un affront national en essayant de faire tomber M. Merz). Cette mobilisation a été perçue comme quelque chose de positif, mais il ne faut pas se cacher que c'est peut-être à cause de cette mobilisation (certains médias goguenards ont évoqué la possibilité d'une intervention de troupes spéciales) que les "otages" ont été déplacés dans un lieu inconnu - autrement dit: tout ce qu'on a gagné à vouloir rouler les mécaniques est que l'on a perdu le contact avec les otages...
- Aujourd'hui, on essaie de créer - un peu artificiellement - un sentiment national de deuil autour des "otages", cela donne à des politiciens l'occasion de se profiler, alors que finalement on ne sait quasiment rien de nos "otages". Personnellement, je trouve qu'il y a quelque chose de très abstrait là autour.
Pour conclure: si on veut faire quelque chose, il faut rechercher d'abord les faits (combien d'Occidentaux, combien de Suisses en Libye? que faisaient-ils là-bas? que dit leur employeur? leurs papiers étaient-ils en règle? comment et où ont-ils vécu exactement durant les premiers 13-14 mois de leur "détention"?). Il faut ensuite se demander par quel levier on souhaite provoquer ou accélérer leur libération (est-ce qu'on veut exercer une pression sur les autorités suisses ou sur les autorités libyennes? si c'est sur les autorités libyennes, cela ne marchera pas - elles ne vont jamais agir tant qu'elles auront l'impression d'obéir à quelqu'un; si c'est sur les autorités suisses, ajouter de la pression ne les fera que se prendre encore plus les pieds dans le tapis...), et se demander si cela a une chance de fonctionner (soit on veut réellement être efficace, soit on veut juste se donner bonne conscience - les deux objectifs sont possibles, mais il faut être au clair là-dessus). Et il faut, aussi, finalement, se demander combien de temps on est prêts à maintenir l'effort. C'est pour ça que, s'agissant d'une pétition, je me demande ce qu'on souhaite atteindre, et comment?
Les Kadhafi agissent hors du droit, selon leur bon vouloir, soutenus qu'ils sont par des personnalités occidentales (!) qui prétendent toujours que la Suisse doit accueillir en grande pompe Hannibal Kadhafi afin de laver l'affront qu'on lui a fait subir à lui et sa famille. Alors de deux choses l'une. Soit on bousille nos valeurs et notre soutien aux droits humains en accueillant à Berne la famille Kadhafi avec le tapis rouge plus les compensations qui ne manqueront pas d'être exigées, soit on soutient la démocratie, les droits de l'Homme, au risque de voir nos deux otages restés encore longtemps prisonniers du clan Kadhafi. Entre deux, il n'y a pas grand-chose à négocier. Si l'on tient d'abord à la vie de nos otages, à leur liberté, on doit s'écraser. Si l'on tient d'abord à la force de l'idéal démocratique, on doit résister. C'est une guerre, une vraie guerre, et les chacals attendent dans le désert libyen de dépouiller le cadavre de Dame Démocratie. Vichy et Pétain ou De Gaulle et la Résistance. C'est terrible mais c'est comme ça. Les Kadhafi n'ont pas envie de nous tendre la main pour un autre choix, un choix d'amitié entre les peuples et les gouvernements.
@pachakmac:
Honnêtement, je ne suis pas sûr que nous soyons si bien placés que cela, dans l'affaire libyenne, pour nous prévaloir de l'idéal démocratique. L'arrestation de Hannibal Kadhafi et de son épouse ne respectait vraisemblablement pas notre propre constitution, et la justice ou la police n'ont apparemment rien trouvé de mieux à faire que de laisser parvenir à la presse des photographies de l'arrestation (qui sont couvertes par le secret de l'instruction). Nous devons balayer devant notre porte, même si bien sûr on voit davantage le sable devant la tente du voisin.