Ca discute ferme du côté des Trois-Chêne. Dans les bistrots, les magasins, la rue, le projet d’urbanisation révélé par un flyer produit un peu l’effet d’une bombe. La Tribune de ce jour en fait sa manchette, ainsi qu’un article pleine page et un édito sous la plume de Dominique von Burg.
Le projet semble déjà bien avancé: présenté aux autorités communales en 2007, le gabarit et les affectations sont fixés. La tour de 20 étages semble prendre la place de l’actuel bâtiment des pompiers et du Centre de Loisirs.
Les autorités sont mal à l’aise: le projet devait être tenu secret jusqu’en janvier. Alors qu’il figure sur le site des CFF. «L’Exécutif (communal) regrette que de telles informations sans rapport direct avec la votation du 29 novembre aient été diffusées auprès de la population».
Mais alors, si ce projet n’a pas de rapport direct avec la votation sur le Ceva, pourquoi l’avoir tenu secret? Ce secret n’est-il pas l’aveu implicite de la crainte d’un débat impliquant justement le Ceva?
«Le conseiller d’Etat Mark Muller, qui maintenant pilote le projet pour l’Etat, explique que dans l’étape où en est la procédure, donc avant le plan localisé de quartier, il est normal que le projet ne soit pas public.»
Et pourquoi serait-ce normal? Il s’agit d’un gros projet qui va changer profondément le centre de la Commune. Cela doit se discuter. Certes une consultation du projet sera organisée, mais il est nécessaire que les habitants de la commune se préparent, laissent les idées tourner. Un vrai débat ne peut être tenu en quelques semaines.
De plus ce projet est maintenant entaché de soupçons. Soupçon d’avoir délibérément caché les choses pour des raisons politiques. Soupçon que le Ceva n’entraîne un certain nombre de «dommages collatéraux» urbanistiques. C’est particulièrement sensible dans une petite commune comme Chêne-Bourg, où les terrains sont rares et où l’opération financière mettra les tarifs au niveau du centre-ville, ou davantage.
Cela dit, il faut bien construire à Genève. Et construire en hauteur vu l’exiguïté du canton. On ne peut avoir le beurre et l’argent du beurre: vivre à Genève et n’avoir que des villas avec jardin autour de soi. D’autres communes ont déjà été sollicitées depuis des décennies pour construire des grands ensembles. Chacun son tour (ou sa tour...).
Mais la méthode du secret rejoint trop l’étouffoir habituel genevois pour sembler honnête. Un tel projet n’est quand-même pas un secret d’Etat: les autorités communales et cantonales, mandatées par le peuple, se doivent d’informer la population sur les grands projets.
«Béatrice Dupont Carrilho, maire de Chêne-Bourg, pointe le doigt vers l’Etat: Quand le plan nous a été présenté, on nous a demandé la confidentialité.»
Et qui a demandé à l’Etat de recommander le silence? Et au nom de quels intérêts?
La population a le droit d’avoir des réponses. Ou alors, il faudra dire ouvertement que nous ne sommes désormais plus en démocratie mais en autocratie.
PS: Les otages suisses en Libye (16 mois de rétention) connaissent bien ce qu’est l’autocratie, dans ce pays où visiblement il suffit de s’appeler Kadhafi et avoir une tête de mule pour disposer des gens à sa guise.
Commentaires
Depuis le temps qu'on dit que ce chantier cache quelque chose.
Mais chut!!!!!
Il ne fallait surtout pas parler de ça!
Bon maintenent que la Julie se rapelle qu'elle bénéficie de la liberté de la presse on peut y aller.
D'accord avec vous sur le fond : les autorités genevoises sont frileuses et ne savent pas communiquer avec la population résidente. Il serait temps qu'elles apprennent et qu'elles fassent confiance.
En revanche, on peut comprendre qu'elles aient souhaité que ce projet reste derrière le rideau jusqu'à la connaissance du résultat de la votation CEVA, craignant vraisemblablement une série d'oppositions supplémentaires au CEVA, par amalgame... Mais que tout cela est maladroit, malencontreux et complètement à côté de la plaque, puisque voilà le secret éventé.
Il est plus facile aux élus genevois de faire des conférences avec les élus de Haute-Savoie concernant le p'tit train de Bob l'Eponge que de dire la vérité aux genevois ! Et après ça, ils sont surpris de la montée du MCG ! Et dire que cette ascension n'en est qu'à ses balbutiements ! Bravo les cloches du Conseil des Tas !
Il faut absolument que le MCG passe, c'est la seule façon de stopper le foutage de gueule à notre encontre!