En écoutant la chanson de Sting mise en fin de mon billet d’hier, «They dance alone», je repensais à ces femmes, mères, soeurs et filles d’hommes enlevés, torturés et tués par la dictature argentine entre 1976 et 1983. Je pensais au courage de ces femmes qui bravaient la violence d’un pouvoir sans merci, qui dénonçaient la mort atroce de ces milliers d’hommes, résistants à l’oppression, étudiants, syndicalistes, cibles automatiques du pouvoir.
Ces mères allaient danser tous les jeudis pendant une demi-heure sur la place de Mai, devant le Palais présidentiel, prenant tous les risques pour demander des comptes sur la disparition de leurs hommes. Elles dansaient en rond, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, comme pour remonter le temps et retrouver les disparus.
"L'association des mères de la place de Mai avait été formée dans l'espoir de trouver les fils et filles disparus, enlevés par des agents du gouvernement argentin pendant la guerre sale, de 1976 à 1983. La plupart ont été torturés et tués. Les 14 fondateurs de l'association, Azucena Villaflor de De Vincenti, Berta Braverman, Haydée García Buelas, María Adela Gard de Antokoletz, Julia Gard, María Mercedes Gard et Cándida Gard (4 sœurs), Delicia González, Pepa Noia, Mirta Baravalle, Kety Neuhaus, Raquel Arcushin, Sra. De Caimi, ont commencé les manifestations sur la place de Mai, devant le palais présidentiel Casa Rosada, le 30 avril 1977. Villaflor avait passé 6 mois à chercher l'un de ses fils et sa nièce avant la création de l'association. Elle a été emmenée au camp de concentration ESMA le 10 décembre 1977. Deux autres fondatrices du mouvement ont aussi « disparu ».
En janvier 2003, le cadavre de la nonne française Leonie Duquet, une supportrice du mouvement, a été exhumée, sans que son identité fut alors établie. Sa disparition avait causé un scandale international envers le gouvernement militaire argentin. Les tests ADN ont ensuite bien conclu, le 30 août, que le corps exhumé était celui de Duquet.
Le corps d'Azucena Villaflor, avec ceux des deux autres fondatrices Esther Careaga et María Eugenia Bianco, ont été aussi identifiés mi-2005. Les cendres de Villaflor ont été enterrées au pied de la pyramide de Mai, sur la Place de Mai."
Le mouvement des mères de la place de Mai s’est par la suite politisé et demande une reconnaissance de la responsabilité de l’Etat dans ces disparitions.
Ce que je retiens, c’est l’exemplarité de la folie magnifique de ces femmes, dont beaucoup ont payé de leur vie. Par leur corps, par leur danse, par les mots silencieux et si expressifs de leur corps elles ont parlé publiquement, devant le Palais du dictateur, pour rappeler que leurs maris, leurs fils, leurs frères, avaient disparu.
Mais qu’ils ne disparaitraient jamais de leur mémoire.
Les mères de la place de Mai: une leçon de courage.
Pour leur mémoire, je rediffuse la chanson de Sting.
PS: Les otages sont aussi dans nos pensées. Partout où des humains se dressent contre l’arbitraire et la dictature, l’humanité reste source d’espoir.
Commentaires
Merci pour cet hommage à toutes les mères de disparus d' Argentine mais aussi des Amériques. Je le partage sur mon mure de Facebook.
encore merci
Martina
Merci pour cet hommage à toutes les mères de disparus d' Argentine mais aussi des Amériques. Je le partage sur mon mure de Facebook.
encore merci
Martina