Attachante, l’émission consacrée à Patrick Sébastien mardi soir sur France 2. L’homme toujours en haut de la vague depuis plus de 25 ans de carrière est un guignol, un beauf - il le revendique - mais il est tellement plus.
Mardi il dévoilait un homme plus intérieur, plus intime, parlait de ses blessure avec authenticité et simplicité. Dans cette fougueuse et permanente créativité, où est le vrai Sébastien? Partout. La phrase d’Alphonse que j’affectionne et que j’ai mis dans ma présentation sous à propos, lui convient parfaitement: «N’être qu’un, oui, mais lequel?»
Et il le prouve: chanteur-amuseur et chanteur sensible selon les chansons (à écouter: Saltimbanques, imitation de Serge Lama), animateur sachant mettre en valeur les talents, rugbyman et président du club de Brive qu’il a mené à la victoire en coupe d’Europe, bluffeur sincère, amuseur, réalisateur, acteur, humaniste, caractère impétueux, provocateur amoureux des humains. Un de ces hommes qui fait constamment bouger les lignes du convenu.
Il n’a pas volé son succès. Il s’est exposé, a pris des risques, a su s’entourer d’une équipe performante. Alors qu’il avait réalisé la meilleure audience de tous les temps pour une émission en France, dépassé ensuite uniquement par la finale de la coupe du monde 98, il provoque au point de se faire détester par la presse et les humanitaires officiels français.
Je pense ici au sketch dans l’émission Osons, où il parodiait Jean-Marie Le Pen. Imitant une chanson célèbre de Bruel, il chantait: «Casser du noir». Il était bien évident qu’il caricaturait à l’extrême les thèses racistes de l’extrême droite française. Et pourtant il a été condamné pour incitation à la haine raciale parce que, selon les attendus du jugement, «les français ne comprennent pas le deuxième degré». La vidéo ci-dessous reprend ce sketch et la polémique qui a suivi.
Sébastien s’amuse ouvertement. Il se gratifie par une attitude que certains trouvent trop égocentrique. Je n’y vois aucun inconvénient dans le mesure où cette attitude est largement compensée par une très grande générosité de coeur. Et le succès de ses diverses émissions, de Carnaval au Plus Grand Cabaret du monde, montrent que sa générosité est bien perçue dans le public. Et puis les artistes qu’il présente ont un talent et un professionnalisme sans faille. Sébastien ne se moque pas du public.
Il incarne l’animateur populaire au sens ou populaire serait non pas de se la péter à la une des magaz people, mais d’aller faire la fête ensemble et de partager de l’amour. Cet amour dont il parle si souvent, sans aucune gêne.
Sébastien provoc, drôle, tendre, profond, déconneur, exigeant, simple, formé à l’école du rugby d’avant, celui où règne le respect, où l’on se forme à la virile mais où les plus durs peuvent pleurer comme des enfants, où l’amitié est solide comme les monts de sa Corrèze natale.
Patrick Sébastien: un saltimbanque. Et encore bien plus.
Commentaires
Je l'aime bien aussi, il a une façon amusante et intéressante de présenter son émission. En attendant, je vais bientôt me sauver dans les montagnes fraichement enneigées, en allumant un bougie pour économiser l'énergie et appeler mon parrain TON, pour économiser le GAS (oui GAS-TON).
Joyeux Noël et sorry de ne pas pouvoir suivre vos nombreux commentaires intéressants. Je ferai peut-être mieux une fois la page du politiquement "annus horribilis" tournée.
PS. J'étais hier à Zurich et le journal gratuit Blick du Soir a annoncé en grand, entre autres scoops, la libération des 2 otages. J'étais aux anges pour un court instant; lisant de plus près, j'ai constaté que c'était des voeux exprimés en petites lettres pour 2010! Typiquement Blick ! Ceci devrait ne pas nous empêcher d'envoyer un petit message à Tripoli (l'adresse se trouve sur mon blog Entre nous - titré Allah akbar - pour les amateurs)!