Jusqu’au 12e siècle environ, la composition musicale était monodique: elle comportait une seule ligne mélodique, chantée ou produite par un instrument.
Dès le 12e siècle la polyphonie se développe et prend peu à peu le dessus. Il y a cette fois plusieurs lignes mélodiques qui se superposent. Elles peuvent être à l’unisson, décalées, avec des rythmes différents, mais il y a toujours des consonances, ou des harmoniques. Le chant en canon est une sorte de polyphonie.
Dans la musique de variété actuelle, il y a une ligne mélodique principale, tenue par le chanteur, et des arrangements avec des parties instrumentales variées. Mais les lignes mélodiques d’arrangement n’ont pas la même valeur que la principale, elles soutiennent. Dans les polyphonies du Moyen-âge chaque ligne mélodique est aussi importante que les autres. Ce qui donne l’impression d’un volume sonore particulier, d’accords étranges, d’une plénitude intérieure.
Dans ce premier exemple, extrait de deo Gratias du compositeur flamand Jean Okeghem (1420-1497), on trouve une polyphonie ou lignes mélodiques majeures, équivalentes et superposées. Ce morceau assez unique voit se répéter et s’envoler les voix d’une manière très jubilatoire qui souligne la notion d’action de grâce. C’est un chant d’allégresse dont l’aspect répétitif peut faire penser à un mantra.
Les consonances polyphoniques sont réglées en général sur la tierce ou la quinte. Dans ce deuxième exemple, on dirait au début un chant grégorien monodique classique. Mais rapidement le thème passe en polyphonie et l’on reconnaît les consonances habituelles de la musique médiévale:
Josquin Desprez (ou des Prés, ou des Prez) fut contemporain d’Okeghem, et a donné une forte impulsion à la musique baroque de la Renaissance. Ce Kyrie illustre la plénitude de la musique polyphonique:
PS: Dans le concert d’instruments désaccordés où se joue la polyphonie politique entre la Suisse et le klan Kadhafi, les otages suisses du kolonel aimeraient bien entendre une ligne unique: celle qui les ramène chez eux...