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Lettre ouverte à Madame Doris Leuthard

Suite à mon billet d’hier, je reprends le thème en lançant cette fois une demande directe et une lettre ouverte à la Conseillère Fédérale Doris Leuthard, dont les propos hallucinants recueillis dans le Matin d’hier n’ont semble-t-il ému personne. Madame Leuthard qui a fait rire toute la Suisse, pour une autre raison: elle a affirmé que le discours de sa collègue Calmy-Rey avait été mal traduit en allemand - alors que MCR l’a prononcé en allemand! Madame Leuthard, le burn-out vous guetterait-il? Devriez-vous vous faire remplacer par un homme pour qui la fonction n’est pas un simple fun?


leuthard~s600x600.jpgMadame La Conseillère Fédérale Doris Leuthard,

J’ai appris, par l’interview que vous avez accordé à Mesdames Ariane Dayer et Sandra Jean dans Le Matin du 5 février 2010, que vous contraignez vos chefs d’office à nommer obligatoirement une à trois femmes.

Je vous cite:

«Dans mon département, tous les chefs d'office ont le mandat de nommer une à trois femmes. La règle est claire: s'ils ne l'appliquent pas, ils ne toucheront pas de prime et pourront même subir une diminution de salaire.»

Cette règle que vous avez instaurée a les caractéristique de l’instauration d’un quota et d’une discrimination positive. L’interview la place d’ailleurs directement dans ce contexte.

J’ai plusieurs questions à ce sujet.

1. Sur quelle base légale avez-vous décidé d’instaurer une forme de quota?

2. Ces quotas sont-ils plus déterminants dans la nominations des collaborateurs que les compétences, l’ancienneté ou d’autres critères liés au profil de l’emploi?

3. J’ai bien compris la règle que vous avez instaurée: au cas ou un chef d’office ne nomme pas une à trois femmes, il est menacé de voir sa prime supprimée et/ou son salaire diminué. Sur quelle base légale pouvez agir de la sorte? La prime, par exemple, est-elle contractuellement liée à la mise en application de cette règle? Cela correspond-il au cahier des charges et aux termes du contrat d’engagement des chefs d’office, et si oui pouvez-vous en fournir la preuve? Merci de nous ôter ce sentiment de voir une maman autoritaire punir son garnement.

4. Si ce n’est pas le cas cela ressemble à un abus d’autorité de votre part, voire à une forme dérivée de mobbing. La menace que vous brandissez est-elle une pratique normale en Etat de droit, et venant de la part d’une des plus hautes autorités du pays? Car, sans aucun doute, il s’agit bien d’une menace, la sémantique même de votre phrase le confirme: «s'ils ne l'appliquent pas, ils ne toucheront pas de prime et pourront même subir une diminution de salaire.» Ne doit-on pas considérer cette menace comme une forme de chantage envers vos collaborateurs masculin, qui, outre son caractère particulièrement désagréable et possiblement contraire aux loins du travail, les soumets à une discrimination négative inacceptable? Est-il normal que dans notre démocratie la moitié masculine de la population fasse partie d’un genre ouvertement discriminé?

Imaginez un instant, Madame la Conseillère Fédérale, la situation inverse: un chef de département qui menace ses employées femmes d'être privées de primes ou d'une partie du salaire si elle n'engagent pas des collaborateurs hommes: que se passerait-il? Ne verrait-on pas TV, presse, syndicats, féministes dans la rue, tollé pendant 2 semaines, manifestations, et au final déplacement du chef de service?

Une autre question se pose: quelle sera la position de la femme nommée parce qu’elle est femme au sein de l’office? Aux yeux des de ses collègues, sera-t-elle considérée comme une personne compétente ou parvenue à ce poste pas ses qualités personnelles démontrées ou sera-t-elle perçue comme une «pistonnée» du féminisme, voire une usurpatrice? De quel degré de respect et donc d’autorité jouira-t-elle aux yeux de son service? La comparaison entre un homme nommé pour ses compétences et une femme nommée pour son genre ne serait-elle pas de nature à causer un tort moral considérable aux femmes et à entacher leur réputation dans le monde du travail?

Pour revenir aux faits: votre comportement a-t-il une base démocratique démontrable? Et si non, n’est-il pas hautement préjudiciable pour notre démocratie et le respect de la justice de voir une Ministre se positionner au-dessus de la loi et n’en pas tenir compte? N’y a-t-il pas risque de voir entachée la fonction que vous occupez, voire même votre propre compétence à l’occuper?

Etant très inquiet de voir cette pratique réalisée dans votre département et sous vos ordres, je vous demande donc de fournir rapidement à la population les preuves de la légalité de ladite pratique ainsi que la copie du cahier des charges et du contrat de travail des directeurs d’offices. Il serait également souhaitable que la population soit informée des compétences comparatives des candidats nommés et de ceux qui ne l’ont pas été.

Dans l’attente, je vous prie d’agréer, Madame la Conseillère Fédérale, l’expression de ma considération.

John Goetelen, Genève

 

PS: Les otages suisses regardent le ciel par la fenêtre et se demandent quand ils vont rentrés. Retenus enLibye depuis 568 jours.

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Catégories : Politique 11 commentaires

Commentaires

  • Vous n'être qu'un aigri; votre haine des femmes vous perdra.

  • Si j'ai aimé la plus grande partie de ses propos, cette partie m'a moi aussi un peu perturbé. L'idée qu'on puisse choisir une femme juste parce qu'elle est une femme me déplait tout autant que l'idée qu'on ne choisisse pas une femme juste parce qu'elle est une femme. La discrimination est condamnable dans les deux sens.

  • @ Kad:

    Pour moi c'était celle qui avait le plus d'ouverture dans sa communication. Soit je n'ai pas vu cet aspect soit elle a pris la grosse tête. Mais mes questions demeurent sur les bases légales de cette décision et sur le possible abus de pouvoir lié au chantage qu'elle exerce.

    @ Sandra:

    N'avez pas d'argument de fond? Ce serait plus utile que des projections déplacées.

  • "il est menacé de voir sa prime supprimée et/ou son salaire diminué. "

    LOL! c'est de la dictature ou je ne m'y connais pas!

    Ces politiques, dès qu'on leur donne le pouvoir, n'ont plus de juste milieu. On les découvre, hélas, dans les malheureuses décisions qu'ils prennent!

  • Pardon de mêler mon grain de sel - je vais encore me faire insulter... La discussion de fond est du plus haut intérêt. Mais Hommelibre dégaine un peu vite et pas forcément à bon escient... A propos de MCR : j'ai, comme tout le monde, entendu les propos la défendant et j'ai entendu dire de mes propres oreilles qu'il pouvait s'agir d'un problème de traduction d'allemand (plus exactement du suisse-allemand, langue que MCR parle parfaitement) en français. Quelqu'un a peut-être fait un lapsus quelque part sur une onde égarée... Faut-il faire la révolution pour autant ? Ce sont les risques de l'immédiateté médiatique. Si on sursautait à chaque lapsus, à chaque faute d'orthographe sur Internet, le burnout nous guetterait tous à très brève échéance !

    Quant aux propos de Madame Doris Leuthard, du moins ceux que lui prêtent les journalistes du Matin, j'y vois encore moins de raisons de m'exciter... La vraie problématique est du reste évoquée dans le corps de l'article même : soit un politicien communique et il prend tous les risques de voir ses propos déformés et instrumentalisés, soit il se tait et ne parle sérieusement que dans des cénacles appropriés. Nous savons tous que Le Matin n'a pour seule ambition que de distraire les gens pendant qu'ils prennent leur café-croissant le matin, à défaut de pouvoir encore le faire en tirant sur leur clope (je suis non-fumeur !), et que cela s'arrête là. S'indigner devant ce qui se dit et s'écrit dans un tel espace d'insignifiance, de n'importe quoi, c'est se tromper de cible. Je ne suis pas certain, du reste, expérience faite depuis quelques mois, que la blogosphère de la Tribune soit un lieu plus approprié...

    Je ressens pour ma part, face à la mode Internet et la dérive "People" de la presse écrite, que je ne décrie pas mais dont je découvre comme tout le monde les perversions et les limites, le besoin d'un espace de dialogue et de débat d'idées tant soit peu sérieux et crédible, où on soit à l'abri non pas de la contradiction, mais de l'insulte et de la diffamation permanentes de quelques malades mentaux qui monopolisent si j'ose dire le crachoir...

    Evidemment, cher Hommelibre, vous n'auriez pas dans une telle agora l'audience que vous faites dans la blogosphère de la Tribune... Mais le débat y gagnerait en qualité et en crédibilité. Ce qui paraît dans un journal comme le Matin ne mérite que haussement d'épaules. Je sais de quoi je parle, puisque j'ai travaillé pendant mes études à... La Suisse ! Nous étions parfaitement lucides quant à la finalité ultime de notre journal : emballer les salades du jour puis celles du lendemain ! Sur ce plan-là, rien de nouveau sous le soleil...

    Alors, oui, parlons sérieusement avec Mme Leuthard du sujet de la promotion des femmes au niveau des responsabilités suprêmes, puisque la question se pose bel et bien. Mais de grâce, choisissons un cadre sérieux où je ne doute pas que les propos tenus seront d'une tout autre nature...

  • "Je sais de quoi je parle, puisque j'ai travaillé pendant mes études à... La Suisse ! Nous étions parfaitement lucides quant à la finalité ultime de notre journal : emballer les salades du jour puis celles du lendemain ! Sur ce plan-là, rien de nouveau sous le soleil..."

    Edward Gobits, à quel média faudrait-il se référer pour nous faire une opinion sérieuse? Personnellement, je me réfère à ce que dit le correspondant à Berne!

  • Hello John,

    Je ne reviendrai pas sur le thème de la fameuse parité,etc, tu ne connais que trop bien mon avis, je te rejoins donc sur ce point :-)

    Maintenant, concernant nos sages à la Bern fédérale, je suis d'avis que leurs rôles ne doivent pas être aisés-drôles tous les jours, s'agissant de gouverner un pays, de prendre des décisions..ainsi, parfois le peuple juge ces dernières comment étant judicieuses, ou à côté de la plaque, nulles, que sais-je encore.

    Ces décisions ne sauraient faire l'unanimité, contenter tout le monde, c'est ainsi..

    Aussi, on entend souvent certains politiciens condamner l'ensemble du gouvernement (les 7 donc), les jugeant globalement-totalement incompétents..je me demande bien si ces mêmes politiciens seraient en mesure d'espérer tenter l'aventure d'un sage ne serait-ce que quelques petits mois..encore faudrait-il qu'ils soient élus et obtiennent un des 7 sièges..Je trouve ainsi ce genre de jugement trop facile, surtout lorsque l'on n'y est pas..cela a comme un goût
    amère d'envie-de jalousie.

    Doris... il est un fait qui mérite néanmoins d'être relevé, car bien trop rare..malheureusement : c'est bien la seule qui a proposé de se délester de 10% de son revenu annuel (40'000 sur 400'000 sauf erreur) et ainsi créer un poste pour un-e stagiaire. Combien de politiciens-ennes à l'Exécutif (fédéral, cantonal ou communal) seraient prêts-es à en faire autant..pas assez c'est certain...

  • @ Edward Gobits

    "Evidemment, cher Hommelibre, vous n'auriez pas dans une telle agora l'audience que vous faites dans la blogosphère de la Tribune... Mais le débat y gagnerait en qualité et en crédibilité. "

    moi ce que je vois surtout. c'est que si hommelibre a écrit cette phrase.

    "«Dans mon département, tous les chefs d'office ont le mandat de nommer une à trois femmes. La règle est claire: s'ils ne l'appliquent pas, ils ne toucheront pas de prime et pourront même subir une diminution de salaire.»"

    c'est que Mme Doris Leuthard la dite. et vous n'êtes mêmes pas capables de vous en indigner, tout en soulignant que les débats ici sonts de faible qualité et peu crédibles.

    vous avez une attitude bien vaniteuse et pédante.

  • @ Edward:

    Vous ne craignez pas d'insulte de ma part. Votre lecture différent est un élément du débat. De plus vous avez raison de dire que parfois je dégaine vite, sur ce genre de sujet en particulier, et ce malgré l'aspect approximatif d'une information dont la provenance n'est pas directe. Mais qu'un tel principe puisse être envisagé est en soi une anomalie et je doute sérieusement de la légalité d'un tel procédé. Et après le rejets des candidats ambassadeurs hommes par MCR il y a deux ans parce qu'ils étaient surnuméraires, je suis attentif à cela.

    J'ai tendance à prendre ici l'info car elle est précise (cela n'est pas une garantie totale pour autant). Je laisserai volontiers la parole à un collaborateur ou une collaboratrice de Madame Leuthard s'exprimer ici et rectifier s'il y a lieu.

    Sans revenir trop long sur la parité le volontarisme manifesté en politique me paraît plus électoraliste que sincère. Et puis faut-il aller chercher de force des femmes pour faire de la politique ou des hommes pour être puériculteurs si ni les unes ni les autres ne le souhaitent? Cette notion de parité est bien étrange, car elle est présentée comme un déficit global des femmes dans les monde du travail alors que dans les milieux de l'éducation et de la santé par exemple, elles sont surnuméraires. La situation est nuancée mais n'est pas présentée comme telle. Et puis éducatrice, médecin, infirmières, ne sont pas assez des postes de pouvoir et d'argent.

    C'est aussi cela que je tente régulièrement de souligner: la cupidité et le nesoin de pouvoir guide en filigrane la quête de parité sans le dire ouvertement. "On veut les bons postes et le pouvoir" serait un slogan plus honnête que de dire: "Les femmes sont encore discriminée". D'ici à penser qu'il y aurait une "internationale féministe" dont le but est la maîtrise du monde, il y a un petit pas très tentant à franchir. Après tout, cela n'aurait rien d'extraordinaire. Mais en tant qu'homme je me refuse à entrer dans un jeu dont le but est de me contrôler et me dominer. Parano, hommelibre? Pas vraiment. Le temps me donnera raison.

    Alors Edward, parlons de la promotion des femmes, oui, de celles qui le souhaitent, de celles qui en seraient empêchées et discriminées. Mais n'en faisons pas une religion: ni toutes les femmes ni tous les hommes ne veulent ces postes. D'ailleurs on pourrait aussi favoriser la promotion des hommes "oubliés du pouvoir": ouvriers, artistes, petits commerçant, ceux qui depuis des générations n'ont eu ni la naissance ni la fortune pour y accéder. Ils en sont écartés au même titre que certaines femmes.

    La ligne de démarcation est infiniment plus complexe que celle du genre, et faire du genre ce fourre-tout de la discrimination est limite un hold-up intellectuel.

    C'est aussi cela que je veux mettre en lumière: ce hold-up intellectuel, cette ligne de démarcations abusive. Alors, Edward, vous êtes bienvenu quand vous me rappelez qu'il y a parfois plus de relativisation à faire, je prends volontiers. Mais accordez-moi que dans ce genre de billet délibérément offensif, j'ai le mérite de rappeler que la société n'est pas une image d'Epinal. Et j'aime parfois le ton polémiste dont l'intérêt est de soulever un débat, mais dont l'inconvénient, je vous l'accorde est parfois d'être réducteur.

    Sur le fait d'être sur une plate-forme moins polluée par quelques énergumènes, même avec moins d'audience, cela me conviendrait aussi car j'aime le débat et la réflexion sur le monde. je n'ai certes pas les compétences d'un analyste professionnel, mais je pense savoir parfois soulever des lièvres, inverser la pensée habituelle et ouvrir le débat (même si je m'y fais aussi tacler, mais c'est le jeu).

    Merci de me lire et bien à vous.


    @ Valérie:

    Tu fais bien de rappeler le geste de Doris Leuthard. Bien d'accord aussi que la charge de CF ne doit pas être une sinécure. Raison de plus de se fonder au maximum sur un cadre constitutionnel comme support à son action. Si la règle instituée par Mme Leuthard est bien pratiquée comme elle le dit, elle se met elle-même en position de fragilité.

  • Merci, hommelibre, d'avoir pris l'initiative de confronter cette dame à ses faux-pas politiques et humains.

  • "Mais de grâce, choisissons un cadre sérieux "

    Vous ne faites pas sérieux, très cher, de poster ici, malgré votre expérience dans la blogosphère de la Tribune, face à la dérive d'Internet?!

    Dès lors, devrions nous nous fier au commentaire peu avenant que vous nous laissez....

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