C’est une machine extraordinaire. Son histoire commence il y a environ 2’200 ans, peut-être en Grèce ou à Rhodes. La première date que l’on sait d’elle est le premier siècle avant notre ère.
A cette époque un bateau romain transportant des objets de valeur originaires de Grèce est pris dans une tempête et coule près de l’île d’Anticythère, entre la Grèce et la Crête. La deuxième date est le tout début du 20e siècle: une autre tempête oblige des pêcheurs à se réfugier à Anticythère. Là, pêchant des éponges, ils découvrent l’épave du bateau romain.
Des recherches archéologiques sous-marines sont entreprises. On remonte des objets en bronze, verre, céramique, des bijoux, et des blocs métalliques qui se révéleront être des restes d’engrenages et de plaques munies d’inscriptions.
Bien qu’abîmés, ces restes intriguent les chercheurs. Plusieurs méthodes ont été utilisées au cours du siècle, dont les rayons X en 3 dimensions (tomodensitométrie). Cet examen a permis de reconstituer l’ensemble de l’appareil à partir des pièces restantes corrodées par leur séjour de 2’000 ans dans l’eau salée.
Et là, on se trouve devant une pure merveille: un calculateur-calendrier astronomique, capable de prévoir le jour et l’heure des éclipses de soleil et de lune, d’indiquer les positions des planètes connues à l’époque et celles des principales étoiles. On calculait même des dates des jeux olympiques des années à l’avance.
La machine associe le calendrier égyptien de 365 jours (tenant compte des années bissextiles) avec les cycles lunaires observés par la babyloniens.
Et tout aussi merveilleux, la technologie utilisée, extrêmement en avance pour l’époque. Imaginez des roues dentelées aux engrenages multiples et plusieurs fois démultipliés, avec des dents de 1 mm travaillées en très grande précision, avec des cadrans sur l’avant et sur l’arrière et une aiguille rétractable sur un des cadran. Sur les cadrans, des inscriptions en grec situent les planètes et les dates.
Un chef-d’oeuvre de technologie, de pensée, de complexité, de mécanique et de façonnage comme on n’en verra plus pendant 17 siècles.
Un travail tellement abouti que l’on ne comprend pas que la Grèce n’ait pas persévéré dans cette voie. L’écrivain de science-fiction Arthur C.Clarke décrit bien la situation en soulignant que «si la perspicacité des Grecs de l’Antiquité avait été à la hauteur de leur ingéniosité, la révolution industrielle aurait commencé 1 000 ans avant Christophe Colomb».
Les images (cliquer pour agrandir) sont tirées de différents sites que l’on peut facilement trouver en tapant «machine anticythère» sur google. Elles présentent un des vestiges dans son état actuel, et des recompositions virtuelles d’après les analyses aux rayons X.
Je suis fasciné par la capacité des humains à créer des machines aussi perfectionnées, comme celle-ci, ou comme l’ordinateur à notre époque. Et dire qu’il y a 2’000 ans ils étaient déjà si avancés!
PS: Max Göldi s’est rendu aux autorités libyennes pour éviter le pire, après que la Libye ait encerclé et menacé l’ambassade. On n’était pas loin de l’acte de guerre, et il semble bien que des plombs ont pété à Tripoli. Ce qui laisse entendre que Kadhafi est bien plus au abois qu’on ne l’imagine.
Commentaires
C'est marrant; mon dernier billet fait référence à des technologies anciennes ( sujet pas très terre à terre à vrai dire ).
D.J
La construction des pyramides ne vous a jamais interpelé HL?!!!!!!!!
L'océan doit regorgé de merveilleux trésors... j'aurais bien aimé mener des recherches archéologiques sous-marines moi-aussi, c'était mon rêve d'enfance mais la vie en à voulue autrement, sniff !
Pour les curieux et les connaisseurs :
http://www.youtube.com/user/antikythera2012?feature=mhee
Cordialement
@ Matthias: Merci.
C'est génial. Fascinant.