Admirés, portés aux nues, enviés, jalousés, décriés, descendus de leur piédestal, les chefs que l’on croit intouchables et inoxydables font partie d’une mythologie ancienne et toujours renouvelée sous différentes formes.
De Gengis Khan le sanguinaire, qui fonda un empire par la conquête et le sang, à Bill Gates qui su prendre les opportunités qui se présentaient, les chefs ont une psychologie à laquelle on ne s’attend pas toujours.
Pour les comprendre, René Delamaire, ingénieur et consultant, les a étudiés. Ses conclusions peuvent paraître surprenantes.
D’abord, les chefs sont souvent des êtres à la personnalité non finie, pas entièrement civilisée. C’est ce qui leur permet de transgresser les limites et d’être créatifs. Un sage, trop respectueux de la place des choses, ne saurait diriger une entreprise et donner du travail à des milliers d’employés. Pour gagner un marché il faut savoir parfois marcher sur des plates-bandes qui ne sont pas les siennes. Il y a chez le chef un côté mégalo et usurpateur qui le pousse à aller de l’avant. Sa seule légitimité est le résultat auquel il accède, car au fond le chef est dans une position bien plus fragile qu’on imagine.
Les leaders sont aussi des personnes disposant d’un bon recul dans les relations et assez libres. Un des cas cités dans le livre de René Delamaire explique ainsi qu’un employé l’a un jour remercié de savoir garder sa distance affective. Or c’est ce qui lui posait problème dans sa vie familiale: il ne savait pas être proche de sa famille. Ce défaut, il en a fait une force dans son leadership.
Un leader n’est ni un sauveur, ni un bon samaritain, ni un parent. Il doit prendre des décisions parfois très difficiles. L’auteur cite l’exemple suivant: imaginons un bateau à voile pris en pleine tempête. Un marin monte au grand mât pour affaler une voile, mais le vent fait se casser net le mât, qui reste en travers du bateau attaché par quelques cordages et menace de faite couler le navire. Le capitaine doit-il prendre le risque de sauver le marin prisonnier du mât quand la solution urgente est de couper les cordages pour éviter que le bateau ne coule? Entre sacrifier un homme pour sauver les autres, ou prendre le risque de les sacrifier tous pour ne même pas en sauver un, le choix doit être rapide: il sacrifie le mât et le marin.
Cette liberté affective est une nécessité pour un leader. Trop attaché, il va s’enliser et ne plus prendre les bonnes décisions, celles qui sauveront le groupe - même si c’est au détriment de quelques-uns.
Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il doive devenir méprisant vis-à-vis des employés, et il ne doit jamais oublier que sans eux le groupe ou l’entreprise ne tournerait pas. On peut être chef et néanmoins pédagogue avec un sens de la justice. Etre un tueur en affaire ne fait pas de lui un sociopathe.
La lecture de ce livre est très instructive. Elle est faite pour nous faire mieux comprendre le rôle de leader et éventuellement se réconcilier avec lui, sans aveuglement mais sans obstruction de principe.
J’en citerai quelques passages dans de prochains billets.
«Qu’est-ce que les chefs ont de plus que nous?», René Delamaire, éditions Eyrolles.
PS: Une pensée pour Max Göldi, otage suisse depuis 19 mois, en prison en Libye.
Commentaires
Cette analyse du leader est aussi valable pour les leaders politiques ou intellectuels. On critique souvent Sarkozy pour son besoin de pouvoir, éventuellement compensatoire d'un manque intérieur. Ségolène Royal, à sa manière, a la même soif de pouvoir que lui, elle transgresse également. Ce fut le cas de Chirac et d'autres. Ce qu'ils en font après est une autre histoire.
Cher Homme Libre, "On peut être chef et néanmoins pédagogue avec un sens de la justice. Etre un tueur en affaire ne fait pas de lui un sociopathe." Et un braqueur de banque, c'est fatalement un sociopathe? et aussi encore une autre question, sans vouloir vous rendre fumasse qu'est-ce que c'est un opposition de principe? Vous qui êtes libre, vous en avez une d'opposition de principe?
A la tyrannie du pognon, à l'injustice, et autres joyeusetés, ce que défendent les Leaders qu'on laisse vivre?
Parce que les leaders ou les non-leaders qui ont des oppositions de principe à ce genre de choses nombreuses, ben il semble que les Leaders,les vrais, les riches ceux qui en ont dans le calbard, leurs coupent,la parole, le micro ou les zigouillent, ou plutôt fasse zigouiller parce que zigouiller ça tache le costard et la rolex! Ces derniers sont-ils des Leader's darwinien's, au sens social's non-sociopathe's?
Nous trompons nous dans l'erreur, et allons-nous être zigouillés en tant que surplus mauvais pour le commerce mondial?
Ou ne sont-ce là que phantasmes abrutis de sociopathes?
Qu’est-ce que les chefs ont de plus que nous ?
ou au nom de l'église, de sarko et de freud, $Rahhhhhhhhmène$: comment à base d'exemples compréhensibles (pour sa clientèle ?) un jeune centralien maintenant devenu coach psycho-social :D explique sa vision des choses ... mouais ...
Salut rene
Peux tu m envoyer ton numéro de port sur le mien car g change de port et ai perdu le tien et de surcroît ton numéro est masque :-(
Je peux causer au tel demain dimanche 2 nov
Bizderic
Bon. Alors voilà, je voudrais dire à Zézette qu'elle aille directement chez René parce que comme j'ai paumé les clés du camion, on va être emmerdés pour lui livrer l'armoire.