La SocGen est gênée par le jugement rendu mardi. Conséquence inattendue de la condamnation de Jérôme Kerviel: la banque fait marche arrière sur le montant que celui-ci devra lui régler. En une journée la Société Générale était devenue un monstre et l’accusé une victime, à cause du montant inouï à payer: 4,9 milliards d’euros.
C’est la banque elle-même qui avait fait la demande de ce montant, qui recouvre exactement la perte causée par le trader.
J’ai dit hier ce que je pensais de Kerviel, à savoir qu’il n’est pas une victime à mes yeux. Mais l’énormité de la somme l’a fait passer dans les médias pour la victime d’une vengeance. De nombreux spécialistes ont souligné l’invraisemblance de la somme, du jamais vu, et qui ne tient pas compte de la situation de l’accusé.
Le résultat a été une dégradation supplémentaire de l‘image de la Société Générale. La banque voulait se blanchir avec la condamnation de Kerviel, le résultat est inversé: il est le petit lampiste écrasé et la banque est le repaire des requins qui s’en tirent toujours et qui n’hésitent pas à broyer le petit. C’est l’imagerie du gros contre le petit qui prédomine. Victoire à la Phyrrus donc pour la SocGen, de celles qui font plus de dégâts pour le vainqueur que pour le vaincu.
Au point où hier soir la banque a déclaré vouloir revoir le montant demandé. Elle brouille ainsi le jugement rendu (à sa demande pourtant) pour tenter de se montrer humaniste. Mais je ne vois pas où est l’humanisme. S’il y en avait il aurait amené la banque à reconnaître les manquements qui ont permis à Kerviel d’outrepasser son mandat. Non, il s’agit uniquement d’une opportunité de pub et d’éviter une altération supplémentaire en terme d’image.
«La Société générale tiendra compte de la situation de l'ex-trader Jérôme Kerviel, condamné mardi à rembourser 4,9 milliards d'euros, a indiqué mercredi la porte-parole de la banque.
Caroline Guillaumin a toutefois précisé que la Société générale attendrait le résultat de l'appel interjeté par le jeune homme de 33 ans.
…
Ces dommages et intérêts, c'était "symboliquement la reconnaissance de la responsabilité de Jérôme Kerviel et du préjudice subi par la banque", a déclaré sur France Info Caroline Guillaumin, directrice de la communication de la Société générale.
"Il n'est pas question de réclamer de telles sommes à un homme seul. Est-ce qu'on a l'intention d'aller endetter Jérôme Kerviel sur 177.000 années ? La réponse est non", a-t-elle ajouté.»