Aux armes citoyens! pourrait-on dire. Quelques affiches de la campagne des votations du 13 février sortent du lot. Les thèmes passionnés facilitent l’exagération. Il faut toucher vite et fort si l’on veut que le message passe.
Comme d’habitude dans ce genre d’exercice, je ne prends pas parti sur le fond, je m’intéresse uniquement à la forme: le message et son impact. Il y a une part subjective dans mon appréciation. J’assume. D’ailleurs on peut contredire ou compléter. L’exercice est amusant et l’interactivité m’intéresse.
Je commence par l’affiche qui suscite le plus de débats: les jeunes UDC. Cliquer sur les images pour les agrandir.
Jeunes UDC: sexe viril et fôte hénaurme!
Une chose est sûre: on ne la rate pas. Elle attire l’oeil par la nudité. Cette immense plage de chair claire et lisse, offerte, sensuelle, cette position bien droite (la position du piquet...), ce regard déterminé porté vers l’avenir: virilité stricte et érotisme provocateur.L’effet est renforcé par la barbe - vraie ou rajoutée par Photoshop - qui rajoute une couche de virilité sur un menton bien marqué et volontaire.
Ah, le sexe et la mort... Tirons un coup, tirons en deux, tirons en rafale! Mesdames, des zigounettes comme ça vous n’en verrez même pas chez les personnes de couleur africaine!
Le visuel est excellent, très efficace. On y sent la mère Patrie. Le contraste du sérieux et du sexe à fleur de peau est saisissant. La symbolique est transparente, immédiate, délivrant un message clair: l’arme identifiée au pénis montre bien qu’il s’agit d’avoir des couilles. En creux cela signifie que les initiants opposés aux armes veulent émasculer la Suisse.
L’image ne fait pas que valoriser l’armée de milice: elle relègue la gauche (opposée aux armes à la maison) au rang d’ennemie de la mère Patrie, ramollie par le cannabis (les pacifistes sont forcément des fumeurs de pétard) et les hommes couchés devant les mamans féministes qui leur apprennent qu’il faut ranger son outil bien sagement, le mettre sous contrôle. Bref: l’image prête à tous les délires et c’est sa force. Le texte n’ajoute rien et c’est mieux: plus aurait été trop.
Par contre, les jeunes UDC auraient été bien inspirés d’aller un peu plus longtemps à l’école, ou de lire autre chose que les aventures de Popeye. Cela leur aurait évité la honte publique: démanteler s’écrit avec un A après le M...
PDC: on a tous quelque chose en nous de Charles Ingalls, ou d’Horatio Caine
Le PDC propose une image déprimante. Le choc émotionnel voulu est terrifiant. L’idée est que les armes à la maison peuvent se retourner contre les membres de la famille, en particulier contre les enfants. L’effet du nounours est saisissant. On pense au «Dormeur du val» de Rimbaud: «Il a deux trous rouges au côté droit». C’est encore plus triste que La petite maison dans la prairie.
Là aussi on trouve un puissant contraste. D’un côté le nounours, symbole d’un monde enfantin protégé, où la violence n’existe pas - même pas de grizzli à tirer au fusil du côté de chez les Ingalls! Et de l’autre, ce même nounours couché, mort. Il ne se relèvera plus. L’enfant est mort. Même les Experts Miami n’y pourront rien. On imagine déjà leur petits bâtons ouatés plonger dans la plaie comme dans une tranche d’agneau saignant pour déterminer le calibre de la balle. Après ils mettront des lasers pour en préciser la trajectoire. On entend déjà la phrase finale d’Horatio Caine, plein d’affect et le regard à demi baissé pendant que retentissent les premières notes de Sunday, bloody Sunday de U2 et que la caméra fait un travelling vers un plan où le soleil devient flou et plonge dans le mer scintillante. Le volume de la musique monte et la révolte ou le désespoir montent aussi en nous.
L’image est forte, autant que la précédente. Il reste comme un malaise. Le sang sur le nounours, la mort comme seule illustration des armes à la maison, c’est bien vu. Le malaise est voulu.
Le texte aussi joue sur ce contraste. Le mot «Protégeons» est l’équivalent écrit de l’image du nounours, et la police d’écriture utilisée pour cette phrase est aussi dans la rondeur, la douceur. Une image très maternante.
Entre ces deux images les archétypes sont bien mis en avant: image de l’homme viril, l’image maternante du nounours.
Et le paradoxe est qu’au fond ils expriment la même chose: PROTEGER. Protégeons le pays d’une part, protégeons la famille d’autre part.
Etonnant, non?
A suivre.
Commentaires
"démanteler s’écrit avec un A après le M..." Ca saute aux yaux, n'est pas ?
J'ai fait une petite faut, je me corrige alors: "démanteler s’écrit avec un A après le M..." Ca saute aux yaux, n'est-ce pas ?
;-)
@ benpal Ça saute... ou Cela saute..., au lieu de Ca saute... ;-)
M'enfaim, benpal, où avé vous appris l'or t'au graphe?
:-)
Kissa: où ca? ....
....... ;-)
Ouaip, ben moi je dis que les jeunes UDC, ça fait pas envie ;-)
Et pis j'aime pas les barbus!
Pour l'orthographe, doivent pas connaître, ou ont du croire que ça avait un rapport avec "dément". Hé mec! Ca* dément tellement que les armes ce serait dangereux!
Mais je vous rassure, les nounours ensanglantés non plus.
Bref, ni pour ni contre, bien au contraire! Je ne m'en sortirai pas.
*rien que pour Kissa ;-) le ç en majuscule, je sais pas faire...
Lala: sur Mac, c'est option-4.
Mais qu'insinuez-vous donc à propos de barbus?... Lala, confondriez-vous le romantique européen et d'autres barbus moins couleur locale?
Etonnant, non ? On a remarqué le C sans cédille (C avec cédille est absent de mon clavier et je ne vais pas changer mon clavier pour une telle peccadille), mais on n'a pas remarqué "yaux" ? Expérience réussie !
Vous avez vos yaux dans la poche ?
@ Lala Je ne savais pas non plus, mais je le sais depuis peu (on apprend tous les jours) ;-) Sur PC, c'est Alt + 0199.
Ah, les barbus! On aime ou on n'aime pas... La barbe sied à ravir à certains et pas du tout à d'autres.
Benpal, ce sont des yaux... de poil? (au menton).
Benpal Cela crevait tellement les yeux, votre "yaux", c'était si gros que je me suis concentrée sur les détails. ;-)
ça me tue les gens qui viennent corriger en faisant des fautes? C'est bien du "bienpal"..... LOLLLL
"Ah, le sexe et la mort... Tirons un coup, tirons en deux, tirons en rafale!
MDRRRRR c'est plus un sexe mais une mitrailleuse....
Mesdames, des zigounettes comme ça vous n’en verrez même pas chez les personnes de couleur africaine!
Pour cela faudrait avoir un sexe à la place du cerveau, non?!!!!!! :)))))))
Décidemment, les affiches des partis politiques donnent lieu à de nombreuses analyses ces derniers temps :
http://loeilsurgeneve.blog.tdg.ch/archive/2011/01/30/nudite-la-guerre-des-affiches-ps-udc.html
Preuve que le citoyen comprend très bien les idées que l'on fait passer par le biais d'une image.
Pourquoi pas des cours d'éducation à l'image pour les jeunes ?
Ce serait une excellente idée qu'il y ait des cours d'éducation à l'image!