Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mamina rêvait

Elle est morte samedi matin. C’était attendu. Elle était au bout de son corps.

Martha m’a téléphoné à midi moins le quart. Je suis allé à l’appartement. Mamina reposait dans son fauteuil, le visage calme. Je l’ai prise dans mes bras. Elle était légère Mamina. Légère comme un enfant. Je l’ai allongée sur son lit, qui devenait une une barque. Elle partait en voyage.

monet3-62.jpgJe ne savais pas quel rituel faire. On a besoin de rituels pour terminer les choses et les vies. Alors j’ai embrassé son front. Il m’a fallu plusieurs heures pour réaliser qu’elle ne parlerait plus. Qu’elle n’était plus là. Une si longue histoire, si remplie. Une présence lumineuse. Une femme solide. Un jour je lui ai donnée ce surnom: Mamina. C’était pour abolir la distance de l’âge et des générations. Une sorte de tendresse. Elle aimait bien.

Elle avait toujours été à son affaire, et son esprit - vif et clair jusqu’à cet âge avancé - ne baissait jamais pavillon. Elle avait pourtant perdu son père toute petite, et vu partir son mari et deux de ses filles. Elle a tenu bon, Mamina. Sa tristesse lui appartenait. Elle la partageait peu. Elle disait: «Il faut voir le positif». C’était sa devise. Depuis quelques semaines pourtant elle semblait parfois absente. Un jour où nous mangions ensemble je lui demandai pourquoi elle gardait les yeux fermés. «Je suis dans mon imagination», répondit-elle. Je lui avouai que moi aussi parfois je rêvais. Alors elle a gardé ce mot.

Je crois qu’elle a revisité sa vie durant les dernières semaines. C’était cela son rêve. Parfois elle voyait quelqu’un de son passé près d’elle, ou un objet d’avant. Puis elle revenait au présent et je lui demandais à quoi elle avait rêvé. Elle me donnait des réponses précises et je sentais qu’elle disait vrai.

Elle savait qu’elle rêvait!
monet2.jpg
Elle a revisité sa vie, a retrouvé des personnages et des paysages. Je crois qu’elle se réappropriait toute son histoire, pour pouvoir la lâcher enfin. Elle faisait un dernier tour avant de quitter la maison. La maison du corps, la maison de sa vie. Comme pour voir si elle n’oubliait rien en s’en allant.

Je ne sais pas s’il y a une suite à cette vie, ou si nous retournons à l’état de particules virevoltantes dans le voyage de l’univers.

Où que l’on aille, où que l’on rêve, je te dis: merci Mamina, et bon voyage. Tu n’as pas besoin d’ailes, pas besoin de cerf-volant pour te tirer vers le haut, comme sur les longues plages de la mer du nord. Tu es devenue si légère ce samedi de juin: un souffle, et tu es déjà de l’autre côté du soleil.

Bon voyage petite mère. Tu vas manquer.



 

Illustrations: Claude Monet

 

 

Le diable en été

CouvDiable.jpg

Catégories : Mamina 9 commentaires

Commentaires

  • De tout coeur avec vous. Condoléances John.

  • @Hommelibre cette histoire est touchante qu'elle a dû être heureuse de ne pas partir toute seule cette Mamina,votre geste a été salvateur ,car il n'y a pas plus bel instant que celui de pouvoir tenir la main d'une personne qui part pour l'au-delà,elle vous en est reconnaissante et reste tout près de vous,n'en doutez jamais!
    Courage pour vous!

  • Croyez-vous à la vie .... après la naissance ?

    Dans le ventre d'une femme enceinte, deux bébés ont une conversation. L'un d'eux est un croyant et l'autre est un athée.

    L'athée : Crois-tu à une vie après la naissance ?

    Le croyant : Bien sûr. Tout le monde sait qu'il y a une vie après la naissance. Nous sommes ici pour grandir et être assez forts et préparés pour ce qui nous attend après.

    L'athée : Allons donc ! Il ne peut pas y avoir de vie après la naissance ! Peux-tu imaginer comment cette vie serait ?

    Le croyant : je ne connais pas tous les détails, mais je crois qu'il y a plus de lumière, et peut-être que nous nous promènerons et nous nous nourrirons là-bas.

    L'athée : N'importe quoi ! Il est impossible de marcher et de nous nous nourrir ! Ridicule ! Nous avons le cordon ombilical qui nous nourrit. Je veux simplement te faire remarquer : la vie après la naissance ne peut pas exister parce que notre vie, le cordon, est déjà trop courte.

    Le croyant : je suis sûr que c’est possible. Ce sera juste un peu différent. Je peux l'imaginer.

    L'athée : Mais il n'y a personne qui n’est jamais revenu de là ! La vie se termine simplement par la naissance. Et franchement, la vie est une grande souffrance dans l'obscurité.

    Le croyant : Non, non ! Je ne sais pas comment sera exactement la vie après la naissance, mais en tout cas, nous allons rencontrer notre mère et elle prendra soin de nous !

    L'athée : Mère ? Tu penses que nous avons une mère ? Alors, où est-elle donc ?

    Le croyant : Elle est partout autour de nous, et nous sommes en elle ! Nous bougeons à cause d'elle et grâce à elle, nous nous déplaçons et nous vivons ! Sans elle, nous n'existerions pas.

    L'athée : Absurdité ! Je n'ai jamais vu une telle mère; donc, il n'y a personne.

    Le croyant : je ne peux pas être d'accord avec toi. En fait, parfois, quand tout se calme, on peut l'entendre chanter et sentir comment elle caresse notre monde. Je crois fermement que notre vraie vie commence seulement après la naissance.

  • @migueltioz007,seul l'esprit demeure et c'est tellement visible qu'il faut vraiment prendre le temps après le décès pour s'en assurer,c'est une métaphore il va de soi,mais pour ceux dans le désespoir du rester dans un monde ou tout le monde parle de tout souvent sans savoir qu'il est alors encourageant de trouver des indices permettant alors de vérifier l'authenticité de cette phrase,tout négatif comporte sa part d'objectivité et celle-ci alors conduit à connaitre des instants de bonheur vous permettant de revivre avec la personne décédée le destin parle au coeur innocent l'accompagne nuit et jour et redonne de la lumière ou le monde se complait dans l'obscurantisme absolu, ceux nés jute après la guerre reçurent pour beaucoup un don du ciel comme pour se faire pardonner d'avoir laissé partir dans les camps leurs aimés,et pouvoir contrer les coups et humiliations qui leur était réservés leur petite enfance serait l' enfer d'un d'exutoire hors du commun ils devraient payer pour ceux qui n'avaient pas eu le courage de dénoncer simple réflexe d'une peur psychologique qui dura jusqu'en 70 et qui peu à peu revient signifier aux humains qu'ils ne sont rien qu'un petite molécule de poussière mais pouvant briller comme un carat pur or,caché au creux de la main,seule une poignée de main entre humains permet de contrôler cette métaphore d'ou l'importance de celle-ci lors d'un engagement professionnel,là aucune erreur n'est possible! je ne peux m'empécher d'avoir un sourire en repensant au salut nazi,aucun de ces maitres du monde ne donnait jamais la main ce qui prouve bien la vérité sur la poignée de mains
    votre histoire avec les nouveaux nés est très jolie,mais elle permet de se recentrer et accompagner ces 30 000 femmes d'amérique du sud stérilisées de force et très souvent enceintes,parcontre il est rassurant pour elles de se dire qu'enfin nombreux sont ceux maintenant qui savent la raison du pourquoi de leurs répulsions face à un système anihiliste
    bonne journée à vous
    excusez la longueur de ce commentaire!

  • Cher John, toutes mes condoléances pour ce tragique événement. Que Mamina repose en paix.

  • Cher - Chère lovsmeralda, la petite histoire de "la vie après la naissance" a été écrite par la Doctoresse Jirina Prekop , psychologue philosophe tchécoslovaque.

    En ramenant cette histoire ici; je n'avais que pour seul but de réconforter l'auteur de ce blog et non pas de réveiller une quelconque réaction histrionique chez qui que ce soit.

    Bien à vous.

  • Bien reçu de toutes et tous. Merci. J'ai hésité à partager cela. Etait-ce trop personnel? Finalement le sentiment de l'hommage rendu a prévalu.

  • @miguelitoz007, ces jours de mémoire pour les être chers partis dans les camps Tchèques sont des instants remplis de souvenirs et d'intenses émotions , voyez la coincidence une de plus,ce texte est écrit par une doctoresse Tchèque comme quoi ceux partis veillent sur ceux qui trouvent toujours un moment pour leur envoyer des pensées d'amour surtout aux périodes anniversaires comme celui d'Anne Frank le 13 juin et les massacres d'enfants d'Oradour et de Lucidie en Tchecoslovaquie aujourd'hui 10 juin alors bien au contraire ce poème montre bien la réalité du fil invisible entre âmes séparées aussi soyez rassuré grâce à vous je me sens comblée par le destin!
    bonne soirée à vous

  • Je viens d'être informé de cette disparition.....Désolé John. Nous pensons à vous très sincèrement....

    "ne soyez pas triste de ma disparition, soyez heureux de m'avoir connu..."

Les commentaires sont fermés.