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Colibacille hémorragique: qui est responsable des 35 morts?

L’Allemagne confirme: la bactérie ECEH proviendrait bien d’une exploitation de graines germées. La suspicion et l’embargo sur les cucurbitacés espagnols, les tomates et les salades ne sont plus de mise. Mais que penser du traitement de l’information dans cette affaire? Et où sont les éventuels tueurs?

La source de l’épidémie serait donc identifiée. C’est ce qu’a affirmé hier soir la présentatrice du 19-20, le journal de France 3. C’est aussi ce qu’affirme TF1.

La presse écrite va dans le même sens. Le Figaro en ligne dit ceci:

«Très populaires dans la restauration, les graines germées de lentilles, luzerne, ou soja sont servies notamment dans les salades et les sandwichs. Appréciées parce qu'elles étaient censées être bonnes pour la santé, elles sont cultivées dans la chaleur et l'humidité ce qui en ferait un vecteur de bactéries.»

bactérie11.jpgL’enquête n’a pas démontré la présence de la bactérie elle-même dans les environs de la ferme de graines germées. C’est un consensus fondé sur un faisceau important d’indices qui permet de la désigner comme responsable. Toujours selon le Figaro:

«L'exploitation a été mise sens dessus dessous. Graines germées, engrais, eau, matériel agricole, personnel, animaux : tout a été passé sous le microscope… sans succès.»

Aujourd’hui c’est à peine si l’on rappelle l’origine de la bactérie. Cela semblait pourtant confirmé hier après analyse du génome: ce n’est pas un colibacille bovin. Son origine humaine paraissait nettement démontrée. Aujourd’hui, nouveau recul: «L'Institut d'hygiène de l'université de Münster, en contact étroit avec les chercheurs chinois qui ont déchiffré le génome, se montre plus prudent quant à l'origine de la bactérie. Une série d'analyses en cours doit encore établir avec certitude si le réservoir de la souche était humain ou s'il se situait dans l'estomac d'un ruminant.»

Ce matin seul France-Soir évoque encore la thèse de cette possible contamination par des employés malades de la diarrhée quelques jours avant l’apparition de l’épidémie. Hier soir les jouranux télévisés de France 3 et de TF1 accusaient la ferme de graines germées mais ne citaient pas la possible contamination humaine.

Peut-être les autorités allemandes sont-elles enfin dans le vrai quant à l’origine géographique de l’épidémie. Il convient toutefois de garder une certaine prudence: c’est la troisième fois qu’un coupable est désigné. De plus la mise en cause de cette ferme n’explique pas comment la contamination a pu se faire. On n’utilise pas d’engrais ou de substance d’origine animale pour faire croître les graines germées. L’eau utilisée viendrait-elle d’un forage utilisé par la ferme et qui serait contaminé? Ce qui supposerait que la bactérie viendrait quand-même des ruminants. Ou est-ce bien une contamination humaine, volontaire ou involontaire, par des employés malades ne respectant pas les règles d’hygiène? Des employés qui eux-mêmes n’ont pas été atteints par la diarrhée hémorragique. Donc l’évolution vers la bactérie tueuse s’est fait plus loin dans la chaîne. Où et comment?

On voit que nombre de questions restent sans réponse à ce jour.

Il reste l’impression d’un désordre dans le traitement de l’information. Les nouvelles contradictoires se sont succédées en s’accélérant depuis une quinzaine de jours. La psychose a atteint presque toute l’Europe. On peut parler de psychose puisque des tonnes de concombres analysés et déclarés propres à la consommation, ont été détruits. Le comportement du consommateur a perdu sa rationalité. La presse écrite et télévisée a démontré sa capacité à amplifier une info et à participer sans recul à cette psychose.
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Mais pouvait-on faire autrement? La désignation comme coupable du concombre espagnol par les autorités devait être relayée auprès des consommateurs afin qu’ils évitent de se faire contaminer. Il n’y a pas de contre-pouvoir à l’information dans ce cas: les médias transmettent ce que le pouvoir transmet. Le but est évidemment de protéger la population. Toutefois on remarque que la presse perd ici toute capacité d’être ce contre-pouvoir tout en affirmant de manière éclatante son pouvoir sur l’opinion.

L’opinion quant à elle est prête à croire aveuglément ce qu’on lui dit. Elle n’a pas les moyens de faire autrement. Mais imaginons que le pouvoir de la presse soit utilisé à d’autres fins que protéger la population: l’opinion croira-t-elle tout aussi aveuglément ce qu’on lui dit? La réponse est: oui. On l’a vu avec les soi-disant armes de destructions massives à l’époque de Georges W. Bush. Il y avait eu au mieux une interprétation légère de la réalité irakienne par la CIA puis par les politiques, au pire une volonté de désinformation pour justifier la guerre.

Nous sommes des moutons. Encore et toujours. Pour ne plus être des moutons il faudrait avoir des moyens de vérification des informations, moyens impossibles à développer au niveau individuel. Mais imaginons un instant qu’il n’y ait ni laboratoire d’Etat, ni autorités sanitaires, ni presse pour relayer l’information: ce serait pire. Personne n’aurait rien su de l’épidémie qui se serait probablement répandue à bien plus large échelle.

Une question reste, plus encore que les autres, et qu’aucun média n’a abordé à ce jour: où sont les tueurs? Car il y a bien quelqu’un qui a contaminé la chaîne à un moment, par négligence ou manque d’hygiène, qu’il s’agisse d’une contamination humaine ou animale. Il y a plus de 30 morts. Il y a pour le moins homicide par négligence, me semble-t-il.

Ou bien ces morts passeront-ils au profits et pertes?

 

 

Le diable en été

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Catégories : société 7 commentaires

Commentaires

  • @Hommelibre sacré mystère pour répondre à votre question surtout qu'en 1950 il n'y avait ni concombres ni grandes surfaces cette bactérie a une souche bovine ,et quand on sait les souches des vaccins utilisés par la médecine sur les militaires lors de 39_ 45, le débat sur les vaccins va pouvoir reprendre! il y a un paramètre dont personne ne parle accuser les légumes soit,mais avec les coups de chaleurs supportés ces dernières semaines les glaces ingurgitées et souvent soldées là Tournesol Tryphon est de moins en moins convaincu de la responsabilité des concombres surtout qu'on sait aussi que tout estomac n'aime pas les aliments contrastés,entre chaud et froid celui -ci surtout par grosses chaleurs aime mieux les aliments tempérés, ne dit on pas que l'amour passe aussi par l'estomac mais pas à coups de gueuletons pour faire carême et ensuite s'envoyer des glaces souvent re-surgelées
    bonne journée à vous!

  • oups oubli,en 1950 y'avait des marchands de glace les enfants s'en goinffraient pour caler les estomacs vides,c'est alors que Canard WC peu à peu vit le jour,la Javel ne suffisant plus! hé oui manque d'hygiène manquant sérieusement de la part des vendeurs,seule consolation les pipirooms dans les villes qui étaient légion et gratuits!

  • Je ne peux que féliciter l'auteur de cet article ! ENFIN un rédacteur réfléchi, posé et qui essaie de faire réfléchir à l'objectivité de nos connaissances actuelles sur le sujet ! C'est bien le premier article intelligent que je vois depuis le début de cette histoire, j'ai donc eu raison de ne pas me cantonner à la presse française ! Cela dit, si l'opinion est si suiviste et qu'elle n'a (ou parce qu'elle n'a) pas de moyens de vérifier elle-même, rien ne l'empêche d'avoir un sens critique. Lorsque l'on nous débite des tas de conclusions dans jamais nous donner la totalité des éléments qui amènent à ces conclusions, il faut bien se dire qu'on nous prend pour des idiots et on peut se demander si on ne nous cache pas quelque chose en cherchant à nous empêcher d'avoir un avis personnel. En effet, la manipulation de l'opinion est aisée si celle-ci n'a, justement, pas d'opinion préalable.

  • Oui, bravo pour cet article, ainsi que pour son auteur ! Un journaliste courageux, et qui est plein de bon sens... Mais, maintenant que le mal est fait, et que l'opinion publique croit dur comme fer de l'origine végétale de cette bactérie, il sera bien difficile de faire admettre à cette même opinion publique qu'il s'agit bien d'un réservoir animal.

  • Je suis d'accord avec vous Laurent ! Comme par hasard au moment où ils ont besoin de preuves afin de manipuler l'opinion, quelqu'un ramène un sachet de graines contaminées alors que jamais avant ça la bactérie n'avait été trouvée ! C'est vraiment trop gros pour être crédible ce truc ! Enfin, comme ça vlan on donne un gros coup sur la tête de la filière bio, les multinationales doivent s'en frotter les mains, qu'elles soient de l’agroalimentaires (notamment l'industrie de la viande) ou même pharmaceutiques puisque manger de la nourriture normale (pour ne pas dire bio qui est quand même la nourriture qu'on a toujours mangé avant les années 50 et maintenant on ne jure plus que par tout ce qui est modifié alors que pendant des millions d'années jamais on n'a mis un grain de matières synthétiques sur ce qu'on mangeait, donc le bio n'est rien d'autre que de la nourriture normale...) limite les maladies et fait un gros manque à gagner aux industries pharmaceutiques (ça fait 5 ans que je ne suis pas rentré dans une pharmacie, plus besoin !). Dans ce monde de fous qui ne réfléchissent pas, heureux de voir que je ne suis pas seul à me méfier... !

  • L'éditeur MASSON a publié un ouvrage sur la bactériologie. Il semble que cette bactérie serait d'origine animale. On peut aussi imaginer que cet "eucaryote" sorte d'un laboratoire. Cette affaire fait que nous sommes tous en droit de poser des questions. Tout comme l'affaire des farines animales, qui avait mis en cause les prions. reste un principe simple, on a jamais que les réponses qu'aux questions que l'on se pose. Il est donc sage de poser toutes les questions sur le pouvoir pathogène de cette bactérie. De la même manière qu'à ce jour on ne sait toujours pas pour quel motif le VIH possède une affinité pour le lymphocyte T 4 . L'une des réponse se trouve dans l'expression génomique du virus vers l'enveloppe virale. On vient de découvrir que la mécanique quantique aurait son mot à dire dans le champ de la biologie.
    Il n'y a plus qu'à soumettre le problème au génial Stephen HAWKING.

  • Merci des précisions Glentir, malgré tout, je souhaite corriger votre erreur inattention dans le respect de la véracité des informations : une bactérie est toujours, par définition, un PROcaryote (une bactérie est une cellule qui ne possède pas de noyau à proprement parler) et non un eucaryote (les eucaryotes sont des organismes à cellule(s) qui contiennent un vrai noyau, Cf. racines grecques des mots). Mais je suis tout à fait d'accord avec la possibilité qu'il s'agisse d'une fuite, volontaire ou non, d'un laboratoire. Il est également sûr à 100% que le lieu de développement de prédilection de cette bactérie est l'intestin des animaux en général ; E. coli est d'ailleurs une bactérie très représentée dans les intestins, c'est juste que cette souche là est particulièrement virulente. Malheureusement, spéculer ne nous mènera à rien, nous ne saurons probablement jamais la vérité...
    En ce qui concerne la mécanique quantique, on a déjà essayé de l'appliquer à la génétique par le passé, sans rien obtenir, mais qui sait, peut être maintenant cela servira... C'est un tout autre sujet !

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