Troisième partie de l’analyse des affiches de campagne. Cliquer pour agrandir les images.
11. MCG: affiche bourrative!
Pas de minimalisme ici. Comme d’hab le MCG nous propose une affiche bien remplie. Un Big Mac qui déborde presque de sauce. Le slogan: «Non à l’école bourrative» peut s’appliquer autrement: «Non à l’affiche bourrative». Beaucoup trop d’informations sur un seul support, et des infos étalées en largeur et en hauteur. Il y en a partout. Pas un espace de respiration pour digérer l’ensemble. Est-ce fait pour empêcher de respirer (de réfléchir) et pour stresser? Visuellement c’est une stratégie de la tension.
Le slogan du haut: «Manifs sans violence» désigne un problème précis: ce n’est pas la liberté d’expression qui est en cause comme on l’a vu précédemment, mais la violence dans certaines manifs. De ce point de vue le message est clair. Mais à quand des affiches moins bourratives?!...
12. Verts Libéraux minimalistes
Une information stricte. Une couleur tristounette. Le but n’est pas de séduire mais d’informer. Mais sans créativité, une affiche - même politique - est ennuyeuse. Aucune mise en scène visuelle.
Ils créent leur style et leur sillon campagne après campagne: toujours dans la sobriété. On aime ou on n’aime pas. L’affiche ne fait pas réfléchir ou réagir: elle rappelle simplement les consignes du mouvement. Rien de plus. Rien pour convaincre quelques électeurs de plus. L’important est d’être repéré et de montrer que l’on existe.
Le Parti du travail fait de même: juste de l’info textuelle. Ce qui est dit ici est valable aussi pour eux, sauf la couleur rouge plus tonique au PdT.
13. Jeunes Verts
Minimalistes eux aussi, mais dans l’image: le trait fin n’accroche guère l’oeil. Le concept des bulles de savon est compliqué, il faut trop de temps pour l’intégrer, il y a trop d’images détaillées et aux traits toujours aussi fins.
Le tout donne une impression de désincarnation. On n’a pas les pieds sur Terre. D’ailleurs il n’y a pas de pieds.
Le slogan: «Vous avez le droit de revendiquer vos rêves» est inapproprié. «Vous avez le droit de...»: comme si l’on avait attendu qu’on nous le dise, comme si le jeune prêtre Vert prêchait aux ignares que nous sommes. C’est rarement bon de dire aux gens ce qu’ils doivent faire. On pourrait éventuellement le voir dans l’autre sens: un appel amical à s’exprimer. Mais l’expression «revendiquer ses rêves» est particulièrement douloureuse. On a voulu coller ensemble à tout prix des mots qui ne collent pas. Rêver et revendiquer ne vont pas ensemble. Un rêve ne se revendique pas: il se vit, il se réalise, ou il reste comme une possibilité ouverte. Le rêve nous appartient si intimement qu’il n’y a pas à le revendiquer: on ne revendique que ce que l’on n’a pas.
14. UDC
Même mise en page que le MCG. Slogan plus généraliste, image plus effrayante. Passe encore sur cette violence. Ce qui dérange dans l’affiche est la proximité des deux images. La démarcation est très ténue, on pourrait presque associer les deux messages visuels: ces jeunes gens euphoriques se félicitent-ils d’avoir bouté le feu en haut?
Ce n’est bien sûr pas le message de l’affiche. Mais la proximité et le peu de délitmitation visuelle fait que l’oeil ne rencontre pas d’obstacle à associer les images et le cerveau doit mettre du temps pour les séparer. Trop de temps.
15. PLR: l’ennui
Pauvre petite fille seule! Comme l’école a l’air bien ennuyeuse. Elle boude presque, regarde ailleurs, rêve au lieu de travailler.
Bien sûr le message est plutôt: je réfléchis. Mais il n’y a que le crayon pour rappeler qu’elle travaille. Pas de feuille, pas de cahier, pas de prof pour la stimuler, et en plus une pomme. A quoi fait penser une pomme? Non, pas à la gravitation de Newton: à la récré!!! Pas à l’école.
L’image voudrait nous dire: non à l’école de mercredi matin, qu’on n’aurait pas fait mieux.
Commentaires
Tiens, vous n'avez pas analysé ma préférée, celle du "petit livre rouge" :-)
http://www.ja-zum-buch.ch/wp-content/uploads/2011/12/A4_Plakat_franzoesisch1.pdf
Ah, pas encore photographiée. Elles ne sont pas encore toutes affichées dans la banlieue. Elle est très belle, un visuel de rêve, mais avec une phrase bien étrange: "Grande offre - meilleur prix". Une telle phrase se conçoit s'il y a la concurrence, chose que le prix unique éliminera. J'y reviendrai.
J'ai lu les trois volets de votre analyse des affiches du 11 mars.
Je suis étonné par votre manque de méthode analytique.
Vu les textes de votre blog, on imagine que vous lisez plus du Eric Zemmour que du Roland Barthes ou le Mercator, mais tout de même : c'est le degré 0,5 de l'analyse.
Pour quelqu'un qui se pousse du col en permanence, ça la fout mal.
@ Bourmaud:
Vous avez raison en ce qui concerne les affiches: j'ai choisi une approche moins carrée que dans d'autres textes, et j'y mets une pointe d'humour si possible. Si l'on compare avec mon récent billet sur la "démocratie Suisse, modèle pour la France", l'écriture n'est pas la même.
J'ai choisi de traiter ce qui se voit ou se ressent rapidement, la coloration immédiate de l'affiche et du message, tel qu'il peut être perçu en marchant dans la rue. C'est là où une affiche trouve son impact et sa vérification. J'observe aussi comment le public les regarde, le temps qu'il passe, les expressions du visage, le mouvement des yeux. J'assume l'approche subjective et interactive que je fais, à souligner un trait ou une dominante plus qu'à proposer une approche exhaustive.
Je propose aussi une lecture de choses que l'on ne voit habituellement pas, même quand elles sont devant nous.
Non je ne lis pas Zemmour. Dans ce genre d'exercice je reste simplement très libre de la forme d'écriture et d'analyse. Je cherche le vivant de l'image, le vivant de l'interaction. C'est mon choix d'angle de vue.
Et je comprends que l'on puisse ne pas le partager.
Quant à me pousser du col, non, vous n'y êtes pas. Peut-être m'attribuez-vous cela pour des raisons qui vous appartiennent. Moi je dis les choses comme je les vois, les ressens et les pense. Je fais juste mon job comme chacun fait le sien et je m'y expose. Je suis quelqu'un de très simple. Je ne vous demande surtout pas de m'accorder une importance qui m'encombrerait. J'essaie d'être juste, soit ni au-dessus ni en-dessous de ma valeur. Parfois un peu au-dessus quand-même, cela fait avancer. Mais pas la peine en sens inverse de me déguiller - peut-être par jalousie: j'y suis imperméable. Je ne prends que les critiques qui me font grandir. Les autres je ne prends pas.
Peut-être êtes vous concerné, personnellement ou autrement, par ce que représente l'une des affiches. Citer Barthes n'est pas anodin, surtout en reprochant à quelqu'un de "se pousser du col". Ce que vous faites vous aussi subtilement en posant cette référence de Barthes, sans autre développement: sans analyse critique de mes textes selon lui, sans éléments de méthode proposés, sans critères d'analyse suggérés. Cela ne mange pas de pain de citer un nom sans rien en faire. On rencontre cela parfois chez des gens qui veulent se montrer au-dessus sans avoir à en payer le prix: "Je cite une sommité mais je ne dis rien, ne donne rien, je reste protégé". Je vous dis cela sans aucune animosité, je vous rassure, juste un regard étonné sur le manque de fond de votre critique. Pour ma part je lis divers penseurs qui m'inspirent, mais pas pour faire une thèse sur eux ou pour m'enfermer dans leur méthodologie. Je cherche ma propre mise en pratique, ma propre synthèse, je mélange à mon expérience ressentie et analysée, et peut-être qu'un jour cela produira quelque chose d'intéressant. Cela veut en tous cas dire que je ne m'interdis aucun champ dans l'écriture: surf ou spéléologie, labourage ou jardin japonais, jachère, forêt, promontoire, tout me va. Je suis assez fidèle à cette phrase d'Alphonse Allais: "N'être qu'un, oui, mais lequel?".
Au fond vous pourriez le prendre comme un challenge: faites mieux que moi, faites avec ce qui selon vous me manque. Ce sera à coup sûr intéressant.