Mon billet sur le syndrome du couple Cohen (lien plus bas) m’a donné envie d’explorer d’autres couples récents ou anciens. Il s’agit de vrais couples dont la vie est en partie connue, mais aussi de mythes car ils sont un reflet, une représentation du couple d’une époque ou de la manière dont on voyait les hommes et les femmes.
Alfred de Musset (1810-1857) est un exemple d’homme de la période Napoléonienne. Le code Napoléon avait sur le papier mis les femmes en tutelle de leurs maris. Mais cette époque était en réalité bien plus diversifiée et nuancée. La situation de certaines femmes ressemblait déjà à ce qu’elle est aujourd’hui: union libre, homme follement amoureux, indépendance de la femme, rupture initiée pas la femme. Cela s’est passé ainsi entre Musset et Georges Sand. Musset est un homme sentimental et très romantique. Sand, indépendante, prend pour amant le médecin qui les soigne lors d’un voyage en Italie, puis un an plus tard quitte Musset pour cet homme. L’écrivain restera blessé à vie par cette séparation. Ce brillant esprit, à l’écriture si vive et moderne, qui n’avait rien d’un homme dominateur, écrira encore avant de sombrer dans l’alcoolisme. Georges Sand restera ensuite longtemps seule, blessée elle aussi, avant de rencontrer Chopin, autre romantique blessé.
Pierre et Marie Curie ont formé un couple de chercheurs et d’enseignants. A la fin du XIXe siècle elle étudie à l’Université de la Sorbonne. Elle travaille avec son mari Pierre Curie, lequel abandonne ses propres recherches pour se consacrer à l’étude de l’uranium avec elle. Ils recevront ensemble le Prix Nobel de physique en 1903. Voilà donc un couple uni par une même passion de la science, travaillant et vivant ensemble, partageant savoir et honneurs à égalité.
Fin du XIXe siècle encore, Lou Andréas-Salomé et Frédéric Nietzsche ont vécu un amour platonique intense. En fait il s’agissait d’une sorte de trio amoureux, complété par le philosophe Paul Rée. A leur séparation il est de dit Nietzsche qu’il fit une dépression, et que dans ce temps il écrivit Ainsi parlait Zarathoustra. Lou Andréas-Salomé a voyagé à travers l’Europe très librement, puis a été la maîtresse du poète Rainer Maria Rilke, plus jeune qu’elle de 14 ans, qui lui voua une grande affection même après leur rupture.
Dans la mythologie égyptienne, le dieu Osiris est considéré comme l’initiateur de la religion. Jaloux de lui son frère Seth le noie et le coupe en 14 morceaux qu’il disperse. Isis était la soeur et l’épouse d’Osiris. Elle retrouve les morceaux du corps et lui redonne vie. Le phallus ayant disparu elle en fabrique un en argile et lui insuffle vie. Elle engendre un fils avec Osiris: le dieu Horus. Isis a donc réunit les membres d’Osiris, lui permettant plus tard d’accéder à l’éternité. Elle le ressuscite et lui rend sa puissance et son attribut viril. Le rôle symbolique attribué à la femme est ici particulièrement puissant. C’est elle qui ressuscite et soigne le dieu originel, Osiris. Elle qui lui rend sa virilité et donc le rend fertile. Elle qui engendre le grand dieu fondateur, Horus.
La mythologie grecque met en scène plusieurs couples, dont Zeus et Héra. Zeus est infidèle et couche avec toutes les femmes possibles - et peu lui importe qu’elles soient mortelles. Le désir et le plaisir réunissent le monde des immortels et celui des mortels. Sa femme Héra est d’une jalousie féroce. Leur couple est fait de tensions, déchirement, violences. Mais ils ne se séparent pas. C'est leur mode de fonctionnement. Ce couple préfigure un archétype répandu en Europe depuis des siècles: l’homme volage et la femme contrôlante.
Je rappelle ici le couple formé par les parents de l’écrivain Albert Cohen, que je mentionnais dans mon précédent billet en tant que syndrome du couple Cohen, et qui parle de manière très contrastée de ses deux parents:
«... douce épouse et servante qu’un regard du mari faisait pâlir, sévère regard du mâle assuré de son droit et privilège, grotesque regard impérial de l’animale virilité. Assez, j’ai réglé maintenant mon compte avec l’omnipotent de mon enfance, le chef aux effrayantes moustaches sans cesse orgueilleusement recourbées, le monarque aux sourcils froncés de puissance et de sévérité, lamentable monarque dont j’ai soudain pitié, une étrange tendresse de pitié, pauvre qui ne savait pas le mal qu’il faisait.»
Ce modèle, au demeurant assez rare et fruit d’un caractère dominant ou d’une culture particulière, ne semble toucher qu’un pourcentage restreint de la population européenne. C’est pourtant ce type de modèle qui inspire les théories féministes sur la domination masculine, par une généralisation à l’ensemble de la société. Dans la réalité il semble que ce type de couple fut minoritaire, de même probablement que l’inverse soit la femme dominante et l’homme soumis. On est en tous cas loin de la théorie d’une domination masculine généralisée, esclavagiste, méprisante.
On pourrait encore citer Bonnie Parker et Clyde Barrow, couple célèbre de gangsters unis dans la même violence meurtrière contre la société. Ou Napoléon et Joséphine, couple où l’homme d’Etat ne s’embarrasse pas de respect envers sa femme et dont la misogynie était parfaitement exécrable.
On pourrait aussi citer les couples de la Bible où certaines femmes disposent d’une grande puissance et jouent un rôle important dans le dénouement de batailles. On peut penser à Judith tranchant la tête du roi ennemi Holopherne, ou à la présence active des femmes dans l’entourage de Jésus. Le Cantique des Cantiques est une allégorie qui parle de l’union de l’âme avec Dieu. L’image utilisée est une relation entre un homme et une femme racontée avec beauté et sensibilité.
On raconte moins volontiers l’histoire des mariages arrangés lorsqu’au Moyen-Âge, par exemple, les filles de 12 ans et les garçons de 14 devait accepter le choix que leurs parents faisaient pour eux. Si ces mariages arrangés ont eu une fonction de préservation des biens familiaux ou du clan, ils n’étaient pas marqués du sceau des sentiments. Certains apprenaient à s’aimer en acceptant l’autre comme il ou elle était. D’autres fonctionnaient en respectant les codes sociaux imposés. C’étaient les normes d’une époque.
C’est au Moyen-Âge que la légende de Tristan et Yseult prend naissance. Ce couple symbolise l’amour involontaire, n’obéissant ni aux lois sociales ni aux parents mais uniquement au coeur. L’amour sans limite qui préfigure le romantisme et l’éclosion pleine et entière (quoique déjà existant dans les milieux ruraux) du couple formé par des sentiments et un consentement mutuel.
Commentaires
coucou Sir Homme Libre,hommes volages,pas d'accord,hereusement y'avait la ceinture de chasteté, d'ailleurs y'en avait pas pour les hommes, c'est bien qu'elles étaient plus volages qu'eux bon en même temps pas sure qu'ils aient eu le temps de penser au luc entre la guerre de 100 ans etc...;)))!!!Tristan et Iseult, un filtre d'amour, une belle histoire de together forever!!!bizzzouxxx!!!
Sarah, la guerre de 100 ans... pffff... même pas possible d'aller le samedi en boîte! C'est pas glop.
Pour les ceinture de chasteté, ben... roooohhhh.... quel appétit elles avaient, ces dames!!! Elles pensaient au luc pour 2. Ben quoi, il fallait bien renouveler le stock de soldats morts! On ne dira jamais assez que les femmes savent penser à tout.
... filtre d'amour... together forever... z'êtes mon Yseult virtuelle, Sarah!!!
:-))))))))
bizzzouxxx!!!