Si une contraception efficace et généralisée avait existé aux temps de la préhistoire, l’espèce humaine aurait peut-être déjà disparu. Actuellement la natalité des pays industrialisés ne permet pas le renouvellement de l’espèce. C’est un bien ou un mal, selon de quel côté on regarde les choses.
La contraception: sécurité, liberté, dénatalité
Si l’on pense être trop nombreux sur Terre, la décroissance démographique est un bien. Elle conduira à solliciter moins intensivement les ressources de la planète. En même temps la société industrielle et technologique ne peut vivre que grâce à un grand nombre de consommateurs. L’automobile, les livres, les moyens de communication, ne sont accessibles à coût supportable que parce que le nombre d’objets produits - et donc de consommateurs qui les achètent - est important. Si la population baissait de moitié tous les produits renchériraient, limitant leur accès. Moins nous serions nombreux et moins l’industrie serait rentable et créatrice d’emploi. Nous reviendrions à une société de type 19e siècle, voire antérieure: peu de confort, sécurité et santé plus menacées, loisirs limités aux fêtes de village et aux concerts des bardes itinérants - sans sono ni effets spéciaux!
On peut imaginer une société intermédiaire, qui produit moins et plus durable, donc plus cher. Acheter un ordinateur pourrait demander des années d’économies, ou le remboursement de crédits importants.
Dans la décroissance démographique actuelle la contraception est probablement un facteur majeur. Aujourd’hui un couple peut décider du nombre d’enfants qu’il aura et quand il les aura. La contraception est devenue très populaire parce qu’elle répondait à un besoin. D’abord le besoin des femmes d’une plus grande sécurité face aux grossesses non désirées. Il faut garder à l’esprit le fait que la dissymétrie des sexes engage davantage la vie de la femme que celle de l’homme. Ensuite le développement d’une culture hédoniste: qu’il s’agisse de sexualité, de consommation, de loisirs, le plaisir a pris le pas sur la nécessité. Il faut noter que le taux d’enfants par femme diminue également dans les pays d’Afrique du Nord, et que le développement de l’économie africaine subsaharienne entraînant plus de confort, il est probable que le même phénomène se passe.
C’est ainsi. La liberté du choix de vie prime sur les exigences de la survie. C’est un constat, pas un jugement moral. On peut comprendre la recherche de la sécurité des femmes et du plaisir dans les relations de couple, qui vont avec un développement de l’individualisme, lequel va de pair avec un développement de la responsabilité personnelle. Ce sont les bonheurs de la contraception. Mais on ne peut éviter d’autres aspects. Individuellement il s’agit de la santé des femmes, du moins en ce qui concerne la contraception à base d’hormones. L’usage de la pilule n’est pas sans risques même si ces risques sont faibles.
Le principal risque semble toujours être la thrombose, conséquence du facteur coagulant de la pilule. Ce risque est augmenté par d’autres facteurs comme le tabagisme. La question de l’augmentation de certains cancers reste controversée. La pilule désorganise la physiologie féminine pendant la durée de sa prise, mais cette désorganisation cesse à l’arrêt du contraceptif.
A quand la pilule pour hommes?
Rien n’est anodin. Mais les bénéfices psychologiques de la pilule contraceptive semblent beaucoup plus importants que ses éventuels inconvénients. Cela dit on peut comprendre que la prise d’hormones de synthèse et leur action sur leur corps dérange nombre de femmes.
Cela pose la question de la contraception masculine. A part le préservatif, la vasectomie ou le retrait (dont la sécurité est aléatoire) la pilule pour hommes n’est pas encore au point. Depuis une dizaine d’année elle est régulièrement annoncée, mais sans suite. Pourtant la demande serait prête: un sondage en France mentionne que 60% des hommes seraient disposés à la prendre. Il est possible que les hommes y voient la même protection personnelle que les femmes il y a 50 ans: protection contre les grossesses non désirées ou imposées, maîtrise de la fécondité.
La question la plus brûlante de la contraception est paradoxalement la moins visible: la dénatalité. Ce qu’elle apporte en confort individuel, en plaisir et en sécurité entraîne la décroissance démographique et le non-renouvellement de l’espèce. Historiquement les diminutions de populations étaient causées par des guerres ou des famines. Les guerres décimaient les hommes ou les tenaient éloignés de leurs compagnes. Ces diminutions étaient suivie de retour à une forte natalité dès la fin de la guerre - on l’a vu avec le baby boom qui a suivi la seconde guerre mondiale - ou lors de période d’abondance alimentaire.
La contraception correspond à une époque où le choix, la sécurité et le plaisir individuels priment sur l’intérêt collectif. Aujourd’hui un couple avec trois enfants est presque une famille nombreuse. Ajoutés à la sécurité et à la culture hédoniste favorisés par la pilule, le mode de vie actuel, le travail des deux parents, l’éloignement des grands-parents, l’étroitesse et la cherté des appartements, la perte d’influence des religions, contribuent à limiter la natalité.
Conflit de pouvoir
Si la pilule contraceptive a amené à une révolution culturelle sans pareil par la maîtrise de la fécondité, si elle a donné aux femmes le contrôle de la grossesse, il faut en même temps constater que la reproduction d’une espèce n’avait jusqu’alors jamais été à ce point conséquence d’une décision volontaire. La reproduction est vitale pour toute espèce sous peine de disparaître. La maîtrise de la reproduction pourrait-elle sonner la fin de l’humanité, alors même qu’elle est censée ouvrir de nouvelles portes: choix plus conscient de l’enfantement et de la parentalité, place plus grande donnée aux enfants parce que moins nombreux, croissance du principe de plaisir, sécurité des femmes?
On ne peut exclure que les couples décident volontairement d’avoir plus d’enfants. Mais cela suppose plus de moyens de les accueillir et de les élever. Et à une époque où les femmes sont l’objet de fortes incitations ou pressions pour développer une carrière professionnelle, voudront-elles faire plus d’enfants? Car en envisageant un plus grand partage des tâches d’éducation et de gestion du quotidien, cela se ferait inévitablement au détriment des carrières des hommes. Si la vie professionnelle des femmes leur demande plus de temps pour s’y investir, cela suppose un vase communicant: on prend sur le temps de l’homme. Or leur désir de s’investir professionnellement n’est pas moins légitime que celui des femmes. Faut-il leur imposer d’y renoncer? En invoquant la raison du partage des tâches, on masque le fait qu’on leur impose un choix qui ne vient pas d’eux.
N’y a-t-il pas potentiellement autour de la natalité, et à une époque où le statut de mère a perdu de sa fonction ancienne d’éducatrice et de pourvoyeuse de soins, une source de conflit de pouvoir?
Avant le 19e siècle les femmes travaillaient essentiellement dans l’exploitation familiale ou dans l’artisanat, en plus d’éduquer les enfants. Paradoxalement la contraception favorise le travail des femmes dans l’industrie mais pourrait mettre en péril la survie même de l’espèce, annulant ainsi tous les avantages qu’elle procure par ailleurs.
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Commentaires
Hommelibre vous passez bien vite sur le sujet de la pilule (ou équivalent) masculine et ses conséquences.
De toute évidence la pilule masculine sera non hormonal et sans effet secondaire et d'une fiabilité sans équivalent dans les contraceptions jusqu’à maintenant.
La première pilule (gandarusa) devrait être commercialisé cette année en Indonésie.
D'autre piste comme le risug qui devrait être commercialisé en 2015 en Inde la aussi 100 % fiable pas d'effet secondaire.
Si la pilule féminine (et les contraceptions qui ont suivies) a été une bombe pour les sociétés qui l'on démocratisé, alors ne doutez pas une seule seconde que la pilule masculine sera pas une bombe de moindre mesure bien au contraire.
Si la pilule masculine est démocratisé comme la pilule féminine il est fort probable que la natalité dans les pays occidentaux passe sous la barre des 1.
Non mais c'est vrai quel homme voudrait faire des enfants dans une société qui non seulement a tué le père et donne moins de légitimité au père qu'a la mère surtout lors des séparations.
Sa donne envie a qui être d’être papa du weekend et portefeuille sur patte?
Soit il y aura une adaptation/évolution soit la société occidentale tirera le rideau de fin.
Cher HommeLibre,
Des photos d'hommes préhistoriques et maintenant la capote parfum chocolat ou la pilule emballée dans des boyaux de mammouth!
Laissons donc l'espèce humaine disparaître, après tous les dégâts qu'elle a causés à la planète, ce ne serait que justice;
la belle bleue a bien besoin de souffler pendant quelques millénaires.
L'espèce humaine? une fichue invention méprisable et inutile pour la planète.
C'est la première fois que j'entends parler du danger de la dénatalité au niveau planétaire.
La croissance de la population mondiale s'est emballée depuis 50 ans, il y a une réelle explosion démographique. Certes, pas dans les pays occidentaux...
Personnellement, je ne trouve pas horrible la perspective de vivre dans une société qui ne permettrait pas d'acheter des objets d'une certaine importance sans économiser longuement. C'est d'ailleurs le sort de beaucoup de personnes en Suisse, qui arrivent juste juste à payer les factures et qui doivent ruser pour pouvoir manger même les derniers jours du mois.
Si on lit bien le raisonnement, il faudrait que les femmes occidentales fassent davantage d'enfants qu'actuellement, pour assurer un nombre suffisant de consommateurs, qui feraient ensuite tourner la machine économique à plein régime, en achetant et en produisant des déchets.
Jusqu'à présent, il me semblait que le degré de développement d'un pays se mesurait, entre autres, au fait que les femmes mettaient moins d'enfants au monde. Cela semble évident que d'avoir une ribambelle que l'on arrive pas à nourrir n'est pas un projet positif.
Je ne vois pas comment réaliser ce projet consumériste au niveau planétaire. Les Chinois, Indiens, Brésiliens voudraient tous à avoir une voiture, un frigo, une télé, une machine à laver, un aspirateur, comme nous. Pourquoi est-ce qu'ils n'y auraient pas droit ? On sait que pour cela, il faudrait 3 planètes comme la nôtre.
Le petit bonnet-capote lui va très bien, à ce petit Schtroumpf !
Comme le silencieux, je pense que la Terre n'a pas vraiment besoin de l'espèce humaine, surtout depuis qu'elle a pris un tel ascendant sur les ressources naturelles.
La dénatalité n'est pas encore un phénomène mondial, en effet. Les projections montrent que le nombre global d'humains augmentera possiblement pendant encore un siècle, puis la courbe redescendra. La décroissance déjà entamée en Europe se généralisera, surtout avec la facilité d'accès à la contraception partout dans le monde et l'augmentation du confort qui va de pair avec la diminution de la population.
L'emballement dont vous parlez est réel mais temporaire. A partir de la contraception généralisée la tendance s'infléchit. L'emballement est aussi lié au fait que les populations vivent de plus en plus longtemps. La durée de vie à presque doublé ces derniers siècles. C'est ce que les démographes nomment la transition démographique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Transition_d%C3%A9mographique
Pendant un temps la population croît, puis elle stagne et finalement devrait suivre ce qui se passe chez nous: une décroissance. Cette décroissance n'est pas simultanée partout dans le monde.
Les migrations en Europe compensent la réduction de la natalité. Mais les populations immigrée tendront à assimiler le mode de vie d'ici: la contraception offre des avantage de vie certains, et le niveau de vie ainsi que l'organisation de la société ne permet plus d'avoir des familles de 8 ou 10 enfant, ou seulement exceptionnellement. Le fait que le taux de fécondité ait chuté est significatif de l'évolution. En Tunisie par exemple le taux a chuté en moins de 50 ans de plus de 7 enfants par femme à deux actuellement.
Un jour l'immigration ne compensera plus la dénatalité. Et les pays qui actuellement envoient des immigrés suivront aussi cette évolution et auront un jour besoin de garder leur population.
Vous avez raison sur le point que le degré de développement se mesure entre autres par le moins grand nombre d'enfants par femme. Mais cette mesure pourrait s'inverser en cas "d'hiver démographique", soit une décroissance forte. La contraception semble pousser le mouvement dans ce sens. Et pourtant je suis pour la contraception, et j'ai aussi bénéficié de ses avantages.
Vivre autrement, pourquoi pas. Il faut mesurer l'étendue de la perte et s'y préparer. L'industrie ne répondant plus à des besoins de masse elle régressera, ainsi que les places de travail. Le volume de travail devra être partagé. Il faudra vivre à plus dans de petits appartements. L'eau, l'électricité seront plus chers - tout sera plus cher. Un ordinateur par famille deviendra la règle. Il faudra s'organiser!...
La médecine de pointe, qui fonctionne grâce à la technologie, à l'industrie, et au fait que la plupart des gens ont des assurances pour payer les soins, risque de devenir de plus en plus chère, voire inaccessible à certaines parties de la population.
La croissance infinie est impossible. Ça on peut le concevoir. Mais la perte du niveau de vie et de facilités n'ira pas sans poser de problème. Or le niveau de vie est une quête historique, légitime. L'invention de la roue, la domestication du feu, la machine à laver, le tracteur, etc, sont des aides à la vie. Tout se tient: la recherche spatiale, le CERN, les scanners, les produits anesthésiques pour opérer les gens. Le téléphone portable fait partie du lot. Et la quantité vendue enrichit des sociétés qui ont les moyens de faire de la recherche.
Par exemple les nanotechnologies sont peut-être la prochaine révolution technologique. Elle illustrent la recherche de produits plus performants, plus durables, moins chers. Sans richesse globale grâce entre autres à l'industrie, les chercheurs n'auraient pas de moyens pour faire ces recherches.
Moins de population, moins de travail, moins de richesse, moins de recherche, un budget des Etats dont les priorités seront redéfinies (armée, routes, fonctionnaires). L'aide sociale sera supprimée faute d'argent et les gens devront s'entraider.
Bon, pourquoi pas? Moi je souhaite que l'on puisse maintenir suffisamment notre niveau de vie, avec peut-être de nouvelles technologies. Le problème restera le volume de travail et la distribution de l'argent.
A part cela, oui les indiens, les brésiliens, tous voudront leur voiture. Et pourquoi pas? Nous l'avons bien, nous. Mais je ne sais pas encore comment on va faire.
@ Critérion:
Je vous entends bien. Votre réflexion est troublante. Je la reprendrai peut-être pour en faire un billet car derrière il y a un fait de société dont de plus en plus d'hommes sont conscients. Le papa de week-end et le porte-feuille à pattes, cela devient une discussion sensible même parfois le matin au bistrot.
Silencieux,
Peut-être. Mais c'est une vision assez pessimiste. Dans 100 ans on en saura plus!
"L'espèce humaine? une fichue invention méprisable et inutile pour la planète"
Je suis on ne peut plus d'accord avec celà.
Je ne suis pas sûre que la contraception soit véritablement le point-clé du dénouement du destin de l'humanité.
Il y a tant d'autres facteurs qui peuvent nous déstabiliser, simplement la folie de la guerre ou le manque de ressources naturelles. Le bien le plus précieux est limité : l'eau potable.
Je ne serai plus là pour voir comment ça se passera dans 100 ans et bien sûr que j'espère que l'on aura trouvé l'oeuf de Colomb d'ici là. En attendant, je table sur une certaine mesure dans le gaspillage. Je me suis reproduite, donc j'espère que mes gènes survivront ...
Pour moi, le bonheur ne se trouve pas dans la consommation.
Je crois que c'est mon vieux prof d'Allemand qui m'a instillé un doute fondamental et existentiel en 3-4è du Collège :lorsqu'on arrivait à un point crucial dans une lecture, il posait toujours la question : "Aber sind sie glücklich ?" La classe l'attendait, on pouffait de rire, mais je me rends compte que pour finir c'était pas si bête.
Lorsque j'ai lu votre billet en définitive si optimiste, qui dépeint l'avenir comme un endroit où on aurait crû et on se serait démultiplié pour assurer un confort matériel à tous(enfin, je l'espère, car le modèle actuel est très déséquilibré), une fois que j'avais mis de côté tous les doutes au niveau des ressources, je me suis demandé : aber werden sie glücklich sein ?
Calendula,
Merci d'apporter vos réflexions. Mon prof d'allemand ne faisait que nous faire répéter le vocabulaire du Wir Sprechen Deutsch, et aujourd'hui je regrette parfois d'avoir retenu si peu de cette belle langue.
"aber werden sie glücklich sein ?"
D'abord permettez-moi d'admirer votre soin à mettre les espaces avant les points d'interrogation. Je ne le fais ni dans mes billets ni dans mes commentaires! :-)
La question de votre prof me paraît à la fois légitime et dangereuse. Car elle en pose une autre: le bonheur est-il un but en soi? Ou même simplement une condition de vie?
Une condition, probablement pas, quand on voit les souffrances et les difficultés par où sont passé et passent encore les humains. Si le bonheur était une condition de la vie, notre espèce aurait déjà disparu.
Des bonheurs pris ça et là, additionnés, reliés, qui jouent à saute-mouton par-dessus les difficultés, cela me paraît plus raisonnable. Des moments de bonheur à graver pour faire balance avec les moments sans, oui. Avoir un capital bonheur accumulé dans l'enfance, pour essuyer les pertes possibles de l'âge adulte, oui.
Pas une condition de vie. Mais un but? Le laisser penser pourrait devenir une tyrannie, et l'on n'accepterait plus les difficultés.
Il me semble que cette idée est relativement récente dans la philosophie. Je ne sais pas exactement à quand elle remonte. J'ai trouvé sur le net cette citation:
« Le bonheur date de la plus haute Antiquité. Il est quand même tout neuf car il a peu servi. »
de Alexandre Vialatte
On pourrait faire remonter le bonheur au Jardin d'Eden C'est un mythe mais à travers ce bonheur perdu l'idée du bonheur est déjà présente.
Travailler à être heureux est certainement une activité utile: d'un point de vue pragmatique il est plus agréable d'être heureux que malheureux. Prendre sur soi de faire son bonheur sans se plaindre du monde me paraît être un beau projet personnel. En même temps je vois que les blessures existent, que la peine existe, que la dureté de la vie fait qu'il faut aussi savoir serrer les dents et traverser le désert. "Il faut imaginer Sisyphe heureux" écrivait Albert Camus. Je pense que sur ce point, la chute de l'écrivain est un peu rapide. A moins que la persévérance ne soit un attribut du bonheur!
Le bonheur peut-il être un but, ou doit-il être considéré comme la cerise sur le gâteau? Dépend-il de notre choix de vie ou vient-il comme une grâce? Un peu des deux, serais-je tenté de dire.
On pourrait aussi situer le bonheur au niveau d'une félicité spirituelle, d'une extase, un état à atteindre de manière permanente. Mais cela, c'est une autre histoire.
A défaut de bonheur permanent, je pense que l'on ne peut négliger l'aspect apaisant et bienfaisant d'un certain bien-être. Mais on sait aussi que l'on pourrait avoir tout: le dernier iPad, une Rolls, la possibilité d'aller sur la Lune, le bonheur n'est pas pour autant garanti.
La consommation a son utilité réelle. Il faut apprendre à faire la part entre le vrai besoin et la course contre l'angoisse qui fait accumuler toujours plus. Mais alors j'aimerais étendre la notion de consommation à plus large que la seule accumulation de biens matériels. L'intensité recherchée des relations peut aussi être une forme de consommation. L'état amoureux par exemple est une excitation, une intensité qui remplit. Mais quand il faut passer à autre chose, par exemple quand il y a des enfants, savons-nous donner de nous ou sommes-nous encore dans le besoin de consommer de l'intensité affective et amoureuse?
La quête spirituelle, à méditer des heures par jour, est-elle vraiment un détachement intérieur, ou est-ce une consommation d'états psychiques qui sont plus des effets que l'on accumule que de véritables clairvoyances bienveillantes sur soi-même et le monde?
La vie urbaine favorise une consommation sans frein. Je ne crois pas non plus que le bonheur soit dans la consommation. Les civilisations qui ont connu la richesse n'ont souvent pas su la gérer avec sagesse, et se retrouvent avec plus rien, comme s'il fallait réapprendre un bout. Peut-être sera-ce notre sort.
Une forme de sagesse serait quand-même pour moi le fait de produire mieux, plus durable, de maintenir ce mode de vie plus facile pour lequel des générations se sont battues depuis des siècles (par exemple la machine à laver plutôt que laver à la main au ruisseau), mais d'apprendre à garder une distance intellectuelle et émotionnelle devant la multitude des sollicitations.
En même temps, la compétition qui habite l'humain risque encore longtemps de faire que certains auront envie de la dernière technologie à la mode avant les autres... Ce qui alimente la consommation.
@hommelibre : C'est déjà un petit bonheur de pouvoir communiquer sereinement !
Merci de me répondre si longuement.
On est parti des heurs et malheurs de la contraception, pour rappel.
J'en suis venue à focaliser sur le bonheur, parce qu'il me semblait que, selon vous, la dénatalité globale pouvait, in fine, amener à devoir renoncer au progrès et aux biens de consommation auxquels nous aurions si facilement accès de nos jours. Je dis "aurions", parce qu'en réalité, même en Suisse, pas tous y ont accès. Dans les pays plus pauvres, simplement l'accès à l'eau potable est actuellement un problème.
Le bonheur comme but unique dans la vie ? Effectivement cela nous met en situation d'échec. En revanche, ça pourrait être un but parmi d'autres.
Le bien-être est certainement un autre but assez légitime.
La recherche s'intéresse depuis peu au bonheur et c'est, à mon avis, un domaine très intéressant. Cela permet aussi de réfléchir sur le malheur et le mal-être.
Si on a d'abord vécu dans la précarité, le ressenti du bonheur fait un énorme bond, une fois les besoins fondamentaux satisfaits. Ensuite, la seule chose qui procure une véritable avancée de ce sentiment, c'est l'interaction réussie avec d'autres êtres humains. Ne me demandez pas comment ils mesurent ça !
L'autre chose étudiée : le bonheur procuré pas l'acquisition d'un nouvel objet convoité. Ce bonheur dure environ 15 jours, puis on passe à autre chose, à un autre désir.
C'est pour cela que j'écrivais que le maintien de notre niveau de consommation actuel ne me semble pas être un but tenable même à moyen terme. Surtout si l'on admet que les Occidentaux ne sont pas les seuls à y avoir droit.
Au fond, comme moi, vous faites l'éloge de la mesure. En amour, dans la quête spirituelle, dans l'accumulation des biens matériels.
Pour en revenir à la pertinence de la contraception, il me semble que d'engendrer le nombre d'enfants que l'on se sent capable d'élever dans une certaine dignité relève de la juste mesure. C'est un choix personnel qui est soumis à des incertitudes. Comment savoir si on sera à la hauteur pour être un couple et un parent raisonnablement polyvalent ?
Autrefois, il fallait un village pour élever un enfant. Maintenant, ça ne se passe plus comme ça et je comprends que les couples hésitent à avoir 4,5,6 enfants.
L'étude dont vous parlez est très intéressante, Calendula. J'aime et adhère à la constatation que "la seule chose qui procure une véritable avancée de ce sentiment, c'est l'interaction réussie avec d'autres êtres humains."
Cette notion me parait très fondamentale. Cela a été un questionnement permanent dans mon travail, et dans ma vie personnelle aussi. Je suis très sensible aux interactions.
Sur la contraception et l'éducation d'un nombre x d'enfants, la limitation est rendue nécessaire entre autres par l'éclatement des familles. Comme vous le dite avant il y avait une communauté, familiale et péri-familiale, qui s'occupait des enfants, dans les villages. Aujourd'hui ce temps est révolu. Entre le temps disponible, la surface des appartement, l'éloignement des grands-parents, le coût de la vie, l'isolement fréquent des famille (les amis ne peuvent pas tout remplacer) il faut préserver du temps et de la qualité de relation avec les enfants.
La limitation du nombre d'enfants est aussi la conséquence des progrès médicaux. Avant la mortalité infantile était plus importante.
Mais si les conditions qui font que la vie a changé sont multiples, j'ai le sentiment que la contraception est l'outil fiable pour pouvoir concrètement limiter les naissances tout en donnant la sécurité aux femmes et en libérant le plaisir. Du plaisir sans angoisse de grossesse non désirée, c'est un plus!
"...j'ai le sentiment que la contraception est l'outil fiable pour pouvoir concrètement limiter les naissances tout en donnant la sécurité aux femmes et en libérant le plaisir. Du plaisir sans angoisse de grossesse non désirée, c'est un plus!"
C'est un poisson d'avril?
J'oubliais: Un autre commentaire etc etc Merci!