Etre juste a deux sens: celui de la justice et celui de la justesse. La justice dépasse la dimension personnelle. Elle appelle à quelque chose qui règle les relations humaines sur la base d’une vérité autant que possible objectivable. En principe, justice et vérité sont associées.

D’ailleurs un témoin prête serment et jure de dire toute la vérité, rien que la vérité. On comprend l’importance que cette vérité prend quand on sait qu’une décision de justice engage la vie d’une personne. Je dirais donc que la justice ne dépend pas de son interprétation du réel mais de ce que nous pensons avoir constaté objectivement.

La justesse est quelque chose de beaucoup plus personnel. On parle de justesse de ton pour une chanteuse ou pour un politicien. On parle aussi d’attitude juste. Il s’agit ici d’une appréciation personnelle ou d’un ressenti. On ne commet pas de dissonance.

La justesse s’applique aussi aux relations humaines mais d’une manière plus intime. Dire les choses justes relève en partie aussi de la vérité mais d’une vérité plus intérieure et subjective. Dire son ressenti avec précision et justesse facilite la clarté dans la communication.

La justesse est associée à la loyauté. Dire les choses justes est une forme de respect de soi et de sa vérité. C’est une loyauté à soi-même. C’est aussi une loyauté envers l’autre et envers l’idée que nous nous faisons des relations humaines, sans tomber dans ce que je nomme les loyautés parasites.

Si être juste dans le sens justesse est important pour nous, nous aurons à coeur d’avoir la même attitude envers autrui. La loyauté est d’abord envers soi et ses propres principes, puis envers l’autre à qui nous témoignons de nos principes.

Plus que les théories, la justesse est une forme de pédagogie naturelle dans les relations. La loyauté, elle, en est un ciment invisible sans lequel nous deviendrions des forteresses imprenables sans portes ni fenêtres.

Image: hexagrame chinois du Yi King la Vérité intérieure.