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Appartenance

J’appartiens à la Terre. Elle m’a fait, engendré, porté comme un ventre. C’est elle que je mange dans la nourriture qu’elle m’offre. Je me vêtis de ses fibres et molécules. J’habite dans ses mains qui forment des murs. Je respire son haleine.

Beaux-paysage2.JPGJ’appartiens à la Terre dont je suis une poussière. Non, je n’appartiens pas à la Terre qui n’est que poussières agglomérées. J’appartiens aux étoiles, poussières primordiales.

J’appartiens à un endroit où je suis né et où j’ai grandi. Ma tête en garde les images, elle est remplie de ces souvenirs où je me reconnais. Où je peux retrouver les odeurs, les frissons et les sueurs. J’en ai reçu une carte où est écrite mon identité. Au cas où je l’oublierais? Où je douterais de ma provenance?

J’appartiens à un endroit dont je parle la langue et reproduis les coutumes. C’est un lieu sûr  où l’on ne me déniera pas mon existence. Car le monde est fractionné en lieux avec des couleurs, des langues, des drapeaux.

J’appartiens à cet endroit mais j’appartiens d’abord à la Terre.

J’appartiens à une famille venue poser ses pieds ici. Mieux vaut ne pas savoir d’où elle vient: des dizaines de milliers d’années d’errance dans les vastes continents ont brouillé les pistes. Il reste un nom qui m’appartient autant que je lui appartiens, et un homme et une femme dont je viens. Ce n’est plus un lieu, c’est un mouchoir de poche où j’ai grandi, avec des arbres, un grand pré derrière, un balcon, une route au milieu du village, et un monde déjà plein d’automobiles.
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J’appartiens aussi à ce pays plus au nord d’où venaient mes parents. Mais, non, je n’appartiens à personne.

J’appartiens aux idées qui ont loué une maison dans ma tête. Des mots, des pensées, une construction d’idées où s’entremêlent celles qui viennent de dehors et celles qui viennent de dedans.

Mais, même aux idées, je pourrais leur dire que je suis libre et ne leur appartiens pas.

J'appartiens aux parfums qui m'ouvrent des univers: parfums de prairies ou de forêts, parfum de terre au soleil d'été. J’appartiens à ceux que j’aime. Un peu. Mais pas à ceux qui s’approprient de moi.


Et qui est ce «je» qui appartiendrait ainsi au monde? Un agglomérat de tout cela, une configuration qui produit cette immense, cette incroyable possibilité d’être conscient d’être là. Cette conscience, seule identité permanente au-delà des changements du corps et des ressemblances ou appartenances temporaires. Seule véritable appartenance sans propriétaire.


Je veux bien appartenir à des paysages. Pourvu qu’ils soient beaux.

Catégories : Philosophie 1 commentaire

Commentaires

  • la Terre est trop possessive, quel pied si on pouvait flotter léger comme l'air ;))), bizzzouxxx!!!

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