Eric Stauffer complète sur son blog la question des cellules en conteneurs qu’il propose d’installer en zone aéroportuaire. Il parle de 200 à 300 conteneurs à installer. L'idée étant spectaculaire et audacieuse, il faut voir si elle est réaliste. En particulier au niveau du coût puisque dans une précédente livraison le candidat proposait de renoncer à la politique de la prime au départ au profit de 18 mois de détention administrative. Mais il ne dit rien sur les coûts d’une telle opération. Voyons donc ce qu'il est possible d'estimer.
La Nouvelle-Zélande a été le premier pays, semble-t-il, à faire usage de conteneurs-prisons. L’Australie lui emboîte le pas. Un conteneur d’une capacité de logement d’environ 3 à 6 détenus coûte entre 40‘000 et 65‘000 CHF selon différentes sources. Cela à condition qu’ils soient installés dans une prison existante et que les détenus travaillent à leur aménagement pour en faire baisser le coût.
Si on veut les installer à un endroit où il n’y a pas de prison le coût par conteneur monte à 270‘000 CHF. La zone de l’aéroport n’est pas une prison. Il faudrait donc tout y installer: infrastructure sanitaire, intendance, moyens de surveillance, clôture infranchissable. Il faudra aussi engager des dizaines ou centaines de nouveaux gardiens. Il faut aussi compter avec la grande sensibilité des conteneurs aux expositions climatiques: même isolés le froid et la chaleur y sont extrêmes. Il faut donc: chauffage pour l’hiver et climatisation pour l’été (50° vite atteints à l’intérieur). A 3 ou 6 détenus selon la grandeur du conteneur, bonjour les dégâts.
Si évidemment le but est de les faire craquer comme le souligne M. Stauffer («Les gens ne tiennent pas 18 mois avec une heure de sortie par jour. Ils craquent.»), on n’a même pas besoin de chauffage. Il y a des méthodes plus expéditives, si c’est là le but.
Si vraiment ils craquent, ce qui n'est qu'une hypothèse. Mais restons-en au coût.
270‘000 CHF pour 3 à 6 détenus. Allons pour 6. Amortissement du conteneur-cellule en 5 ans: 54‘000 CHF par an les 5 premières années, soit un peu plus de 10‘000 CHF/an par détenu. Admettons qu’ils tiennent les 18 mois de détention administrative, cela mène à 15‘000 CHF par détenu. Le coût d’un détenu à la collectivité est à Genève d’au moins 350 CHF/jour, soit 191‘000 CHF sur 18 mois. Plus les 15‘000 de conteneur, et sans compter des frais divers (justice, police, etc), l’aménagement et l’entretien d’accès spécifiques par l’aéroport: j’arrondis à 200‘000 CHF par détenu par 18 mois. Chaque détenu coûte donc près de 12‘000 CHF par mois.
Le montant de 4‘000 CHF (équivalent-prime au départ) est atteint en 10 jours. Et cela est calculé au moins cher.
Pour la surface nécessaire il faut compter 20‘000 m2: 5‘000 pour 250 conteneurs, plus les dégagements, miradors, double clôture, intendance, allées, postes de surveillances, bureaux administratifs, bâtiment des gardiens, infirmerie, bâtiment des visites, réception.
Qu’est-ce qui est le plus rationnel: tenter la prime de départ, ou y renoncer et payer l’équivalent de la prime tous les 10 jours au minimum, en ayant de fait installé une nouvelle prison sur l’aéroport au vu de tous les touristes, ce qui améliorera à n’en pas douter l’image de Genève? En bordure de piste, on ne sait pas vraiment où, les 20‘000 m2 minimum nécessaires seront une attraction indéniable. Et quant au fait que les détenus subiront de grosses chaleurs et un bruit incessant sans protection (le but étant de les faire craquer), nul doute que des méthodes aussi expéditives amélioreront l’image de Genève, celle défendue par le candidat lui-même.
En résumé: installer 250 conteneurs dans une zone à créer: 250 x 270'000 CHF d'investissement, soit environ 67 millions de francs. On ajoute le coût journalier d'un détenu. La proposition semble pour le moins avoir été bâclée et lancée sans véritable étude de coût et de faisabilité, ni anticipation des conséquences en terme d'image.
Images: 2 modèles (crédit adelaïdenow) et intérieur. Cliquer pour agrandir.
Commentaires
Vous avez raison les conteneurs c'est pas la bonne solution. Je suis pour un camp de travail en zone inhabitée pour y casser des cailloux ou a planter des choux peux importe le travail physique procure une saine fatigue. Mais beaucoup de nos politiciens qui n'ont jamais eu de cassins aux mains ne peuvent pas le savoir. La vie au grand air il n'y a rien de meilleur surtout pour ceux qui cherche toujours une combine pour quitter le droit chemin. On pourrait exporter nos centres pénitentiaires dans des pays ou ça coûte moins cher et apporter une manne non négligeable à des états qui souvent nous fournissent en délinquants. On est jamais si bien servi que par soi-même.