Enola
(version musicale en fin)
C'est un beau paysage où coule une rivière
C'est un jour de moisson, et le blé qui s'éveille
Une brume effilée effleure les lisières
C'est un matin d'été juste avant le soleil
La terre est blonde et calme et pleine de ces bruits
Que font les pieds légers des renards attentifs
Et les furets cachés au profond des taillis
Imprégnés de parfums veloutés et festifs
La nuit s'en est allée à pas de souveraine
Et les feuilles frémissent comme frémit la mer
L'aurore si tranquille est venue par la plaine
Et voilà les oiseaux et le ciel déjà clair
Le vent glisse à l'indienne sur cette ancienne terre
Il garde la mémoire de tribus d'hommes sages
Et de guerriers venus du ventre de ces mères
Qui ont porté leur vie avec tant de courage
Ces mères dont le regard sans peur dit les orages
Et voit les convulsions dont nous sommes bercés
Elles guettent à l'horizon au-delà des nuages
Le retour des cœurs purs cherchant l'éternité
Qu'êtes-vous devenues femmes, et vous guerriers
Apaches ou Lakotas aujourd'hui disparus
La plaine a laissé place à une grande allée
Tracée dans la prairie comme un malentendu
La prairie est la même et les peuples ont changé
L'histoire de ces hommes qui allaient libr’ et nus
S'est mêlée à la brume et aux antres cachés
De collines dont ils ne sont jamais revenus
D'autres humains sont là sur cette grande allée
Près d'un étrange oiseau posé sur le béton
Ils attendent debout comme une absolution
Le moment d'accomplir enfin leur destinée
Les regards sont ailleurs et les visages pâles
Lentement les hélices, et le bruit, et le vent
Les hommes montent à bord le cœur en diagonale
Et les roues qui décollent, et personne devant
Le grand oiseau d'acier s'élance et se soulève
Lourd et lent voyageur aux ailes immobiles
Pendant que d'autres dorment et que la nuit s'achève
Quelque part là-bas sur une sorte d'île
Enola Gay s'avance par dessus la mer
Chacun est à sa place lui en haut eux en bas
C'est un matin d'été où coule une rivière
Au milieu d'une ville qui n'en reviendra pas
Qui renonce à la paix? Qui décide la guerre?
Qui décide du temps de vivre et de l'effroi?
Enola Gay vole au-dessus d'Hiroshima
Grand oiseau d'acier brillant dans la lumière
Un peu plus de huit heures un 6 août au matin
Chacun va dans sa vie et la ville est ardente
Le ciel est transparent mais personne ne voit
L'archange d'uranium achever sa descente
Quarante-trois secondes et dix mille soleils
Ecrivent le destin de cent mille humains
Collés dedans les murs, puis c'est le grand sommeil
Effacés à l'instant il ne reste plus rien
Puis encore le bruit le vent et la poussière
Et la boule de feu de ce matin d'été
Qui monte dans le ciel au-dessus des rizières
D'un côté c'est la mort de l'autre la liberté
Enola Enola Enola Enola
Enola Gay Mort et liberté
Mais qui se souviendra
De ce matin de feu
Et qui le pleurera
Verra brûler ses yeux
@ texte et musique John Goetelen
Commentaires
Très beau. Et j'ai honte car je n'ai pas acheté le dream catcher que m'offrait sans un mot un jeune indien devant la plaine de Wounded Knee.
Bel effort et progrès dans l'interprétation !!!
Merci à vous deux!
Ça me fend le coeur!
C'est très beau. Non ne me remercie pas je ne l'avais pas vu...
C'est à nous de te dire encore -merci- John.
A propos de chanson sur LA Bombe... Nous vous dédions celle-ci sur un autre genre de bombe.
http://youtu.be/HwELajFteTo
'tention les yeux et les oreilles.
Ps: un texte de chanson est une création certes, mais "Enola Gay" le jour de sa mission, n'a pas décollé d'une plaine autrefois foulée par les "pieds nus sur la terre sacrée", mais de l'île de Tinian. A 02h45.
Ils en parlent même dans le film "Les dents de la mer"/"Jaws".
Est-ce un échange commercial? Naaan! C'est un acte gratuit!
c'est un très beau poème !